D’ après Cette hypothèfe, on pourroit peut - être
concilier tous les paffages de l’Ecriture fur Thar/îs,
avec les propolitions fui vantes.
Il n’ y avoit qu’une Thar/îs proprement dite , que
l’on connut d’abord ; favoir, Tharfes Si les environs
, connus en-fuite fous le nom de Cilicie.
Les Phéniciens vers le tems de Jofué , ayant fait
des établiffemens en Afrique , leurs vaiffeaux fréquentèrent
le port de Carthage.
Cette navigation les mena peu-à-peu vers le détroit
de Gibraltar, St leur fit découvrir le pays de
Thar/îs en Efpagne ; c’eft de cette Thar/îs, du détroit
ou des environs , que Salomon tiroit tant d’argent,
d’ivoire , &c.
La Thaï fis d’Holoferne eft la Tharjis de Cilicie, Si
ne peut être l’Arabie. C ’eft auffi celle du pfeaume ,
oîi il eft parlé des rois de Tharjis Si des îles.
Pour aller à Tarjîs , on s’embarquoit à Joppé ,
comme Jonas, ou à T y r fur les vaiffeaux des marchands
dont parle Ezéchiel.
Les paffages que l’on cite du livre des rois Si des
Paralipomenes, pour en conclure que la flotte de
T h a r j i s partoit d’Afiongaber, ne le difent point ; Si
il eft plus naturel Si plus raifonnable d’entendre dans
lesparoles mêmes de l’Ecriture, une diftinftion réelle
entre ces deux flottes Si ces deux voyages, que de
donner lieu à une contradiction dont on ne fait comment
fortir. (Le c h e v a l i e r D Ë J a u c O U R T . )
TH AR TA C , f. m. ( Critique facrée. ) nom d’une
idole qu’adoroient les Hévéens , IV. Rois , xvij. j /.
Elle eft repréfentée fous la forme d’un homme à tête
d’âne, tenant un petit bâton à la main. (D . J .)
THASE , ( Géog. anc.') île de la mer Egée, fur la
côte de la Thrace , à l’oppolite de l’embouchure du
fleuve Neftus. La plupart des géographes écrivent
Thafus ; mais Polybe Si Etienne le géographe, difent
Tha/fos, Si Pline Tha/fus.
Thaffus fils d’Agenor, roi des Phéniciens, paffe
pour avoir peuplé cette île , Si pour y avoir demeuré
plufieurs années : il lui donna Ion nom. L’île fut en-
fuite augmentée d’une nouvelle colonie grecque,
qu’on y avoit menée de Paros; ce qui la rendit confi-
dérable entre les autres îles fituées dans la mer Egée ;
mais elle ne continua guere de jouir de cette heu-
reufe pofition : elle tomba fous la domination des
Cériniens & des Entriens. Ces peuples s’y étoient
rendus de la Thrace, ou des confins de l’Afie. A la
fin les Athéniens fe rendirent les maîtres de Thafe ;
ils la dépouillèrent entièrement de fa liberté, en de-
farmerent les habitans, Si pour les tenir plus aifé-
ment dans la fujétion , ils les accablèrent de continuels
impôts.
Les Athéniens en furent dépoffedés par les Macédoniens
, Si ceux-ci par les Romains. Thaje effuya
depuis le gouvernement tyrannique de plufieurs ufur-
pateurs , Si finalement elle fut contrainte de fuivre
le fort de l’empire de Conftantinople, Si de fubir le
joug de la domination turque. Mahomet II. s’en empara
dès l’an 1453 ; elle fut traitée d’abord avec la
derniere rigueur ; mais dans la fuite, les Turcs même
y établirent un négoce ; ce qui y attira derechef de
nouveaux habitans.
Cette île contient aujourd’hui trois bourgs affez
peuplés, Si mis par des fortifications en état de dé-
fenfe. On donne même au plus grand de ces bourgs
le nom de ville de Thafo. Les deux autres bourgs retiennent
en quelque maniéré leurs anciens noms;
l’un eft appeîlé Ogygia ou G i f , Si l’autre Etira, ou
Tyrra. Le commerce y attire des étrangers, Si plufieurs
bâtimens dans le port ; il en vient fur-tout de
Conftantinople.
Le terroir de cette île abonde en toutes chofes
néceffaires à la vie ; les fruits particulièrement font
délicieux ; Si elle a un excellent vignoble, célébré
déjà dès le tems de Varron; Virgile, Géorg. I. II,
v. g 1. en parle ainfi :
Sunt Thafià vitts , funt & Maraotides alba.
Pinguibus ha terris habiles, levioribus ilia.
Cette île a encore des mines d’ôr Si d’argent, 6t
des carrières d’un marbre très-fin. Pline remarque
que ces mines Si ces carrières rapportoient beaucoup
dès le tems d’Alexandre le grand. Les empereurs ottomans
ne les ont pas laiffees en friche ; Sélim I. entre
autres, Si Soliman II. en ont tiré un profit con-
fiderable. Le fultan Amurath fit creufér avec fuccès
dans la montagne qui eft vers le feptentrion de r île ,
vis-à-vis de celle de Neffo : mais au bout de cinq
mois, on difcontinua ce travail, parce que la veiné
étoit manquée , ou plutôt parce qu’on aVoit perdu:
le fil.
Les habitans de l’île de Thafe avoient jadis fait une
alliance étroite dtig\<* ceux de là ville d’Abdera, à
deffein de fe mettre^ couvert des incurfions des Sar-
rafins, Si d’autres peuples barbares de l’Afie ; mais
ils les abandonnèrent dans les plus preffans befoins ,
lorfque ces bafbares vinrent avec une armée ravager
toute la côte méridionale de la Thrace. Après leur
départ, ceux d’Abdere s’étant remis, penferent aux
moyens de fe venger des Thafiens qui avoient manqué
à la foi promife, dé s’affilier mutuellement; ils
abordèrent pour cet effet à l’impourvu dans Cette
île , Si firent tout leur poffible pour s’en rendre les
maîtres. Les peuples voifins prirent part à cette guerre
, Si ils obligèrent les Thafiens à donner une fatis-
faâion convenable aux habitans d’Abdere.
Théagene étoit de Thafe ; il fut fouvent couronné
dans les jeux de la Grece , Si mérita des ftatues Si
les honneurs héroïques dans fa patrie. Un de fes ennemis
ayant voulu un jour infulter une de fes ftatues,
vint de nuit la fuftigerpar vengeance; comme
fi Théagene en bronze eût pu fentir cet affront. La
ftatue étant tombée tout-à-coup fur cet infenfé, lé
tua fur la place. Ses fils la citèrent en juftice, comme
coupable de la mort d’un homme, Si le peuple dé
Thafe la condamna à être jettée dans la m er, fuivant
la loi dé Dracon, qui veut que l’on extermine juf-
qu’aux chofes inanimées, qui, foit en tombant, foit
par quelque autre accident, ont caufé la mort d’un-
homme.
Quelque tems après, ceux de Thafe ayant fouffert
une famine eau fée par la ftérilité de la terre, envoyèrent
confulter l’oracle de Delphes : il leur fut
répondu que le remede à leurs maux étoit de rap-
peller tous ceux qu’ils avoient chaffés ; ce qu’ils firent
, mais fans en recevoir aucun foulagement. Us
députèrent donc une fécondé fois à Delphes, avec
ordre de repréfenter à la Pythie qu’ils avoient obéi,
Si que cependant la colere des dieux n’étoit point
ceffée : on dit que la Pythie leur répondit par ce
vers :
E t votre Théagene e/l-il compté pour rien !
Au milieu de leur embarras, il arriva que des pêcheurs
retrouvèrent la ftatue perdue, endettant leurs
filets dans 4a mer. On la remit dans fon ancienne place
; Si dès ce moment le peuple de Thafe rendit les
honneurs divins à Théagene ; plufieurs autres villes,
foit grecques, foit barbares, en firent autant. On
regarda Théagene comme une divinité fecourable,
Si les malades fur-tout lui adrefferent leurs voeux.
( Le chevalier DE JAUCOURT. )
THASIUS, (Mythol. ) furnom d’HercuIe, pris de
la ville de Thare, dans une île de la mer Egee : les
habitans de cette ville honoroient Hercule, comme
leur dieu tutélaire, parce qu’il les avoit délivrés de
quelques tyrans dont ils étoient opprimés. (D .J . )
THASPE, ( Géog. anc. ) ville de l’Afrique propre,
dans la province proconfulaire. C ’eft-là oit Juba
ayant pour ainfi dire ranimé les reftes de la guerre
civile en Afrique , pat les cottfeils de Julius Seipion,
Si de Caton, eut le malheur d’être défait par Jules
Céfar, à cette bataille qu’on nomma la journée de j
Thafpe. Cette ville eft préferttement un lieu ruiné, i
dans le royaume de Tunis, entre Souzet Si Elfaque.
( D . J .)
TH A T A , ( Géog. mod.) Dotes par les Allemands,
Totis dans la carte de la Hongrie de M. de Lifte, en
1 7 1 7 ; Tata dans celle de 1703 , Si c’étoit mieux,
car les Hongrois écrivent Thata ; c’eft une petite
v ille , aujourd’hui bourgade de Hongrie, entre Ja-
varin Si Grau» ( D. J. )
TH AU , f. m. ( Gram. 6* Critique facrée. ) derniere j
lettre de l’alphabet hébreu, qui avoit d’abord la for- ;
me d’une el'pece de potence, avant que les Juifs fe '
ferviffent du caraélere chaldaïque, Si qui du tems de
S. Jérôme, confervoit encore cette figure dans l’alphabet
famaritain. Dans la fuite, on l’a un peu changée
, Si on lui a donné la forme de T , qu’elle a en
partie aujourd’hui H ; cette lettre tire fon origine
d’un mot hébreu, qui fignifie marque, jigne ; S i c ’eft
par ces derniers mots que les feptante ont traduit
le paffage d’Ezéchiel, ch. ix. 4. en difant : « mettez
» une marque ( un Jignal ) au front de ceux qui font
» dans la douleur, & qui gémiffent de voir toutes
» les abominations qui fe font dans la ville >1. (D . J.)
T h AU, V étang de, ( Géog. mod. ) étang de France
fur les côtes de Languedoc ; cet étang1 eft nommé
Taurus par AVienus , Si Lattrra par Pline. Il s’étend
prefque de l’eft à l’oueft, environ douze bonnes
lieues au midi du diocèfe de Montpellier, & d’une
partie de celui d’Agde. On lui donne dans le pays les
différens noms à!étang de Frdntignan , de Maguelone,
& de Péraut, que l’on emprunte de lieux qui font
fur fes bords. Cet étang fe débouche dans le golphe
de Lyon par lé grau de Palavas, ou paffage de Maguelone
, Si par le port de Cette, où commence le
canal de Languedoc. ( D . J. )
THAULACHE, f. f. ( Anc. mil. franç. ) forte
d’armes des anciens frahçois, dont les unes étoient
offenfives en formé de hallebarde ou cf épieu ; les autres
étoient du nombre des armes dérenfives , Si
étoient des efpeces de rondelles, ou petits boucliers.
{D .J . ')
THAUMACl, (Géog. dnc.) Ville de laPhthiotide ;
Tite-Live, l. X X X I I . c. iv. dft qu’en partant de Py-
læ, Si du golfe Maliactts , St paffant par Lamia , on
rencontreit cette ville fur une éminence, tout près
du défilé appellé Cale. Ilajoute que cette ville domi-
noit fur une plaine d’une fi vafte étendue que l’on ne
pouvoit en voir l’extrémité, Si que c’eft cette efpece
de prodige qui étoit l’origine du nom Thaumaci. Etienne
le géographe prétend que ce fut Thaumacus fon
fondateur qui lui donna fon nom ; ce feroit un fait
' difficile'à vérifier, ou du moins il faudroit aller chercher
des preuves dans des fiecles bien reculés, car
cette ville fubfiftoit déjà du tems d’Homere, ILiad.
B. v. j i & .:-
Oi l'a pu Mnûtovov ®av/u.ctKi»v ivtptcflo.
Qui vero Methonem & Thaumaciam habita banc.
Pline , /. IV. c. ix. nomme auffi dette ville Thau-
macia , Si la met dans la Magnéfie ; je ne fais fur
quoi fondé. Phavorirt , lexic. dit qu’il y avOit une
ville nommée Thaumatia, dans la Magnéfie, & Urte
autre de même nom fur le golfe Maliaque ;.il poûr-
roit bien multiplier les êtres. Ce qu’il y a de certain,
c’eft que la ville de Thaumaci de Tite-Live, étoit dans
Tes terres. (D . J.)
THAUMANTIADE , ( Mythol.) la déeffe Iris
fut ainfi nommée , foit parce qu’elle étoit fille de
Thaumas Si d’Eleélre , lbit du mot grec &etvy.«Çà,
f Admire, parce que les couleurs de fa belle robe excitent
l’admiration de tout le monde. ( D . J . )
THAUMATRON , f. m. ( Antiq. grecq. ) mot grec
qui fignifie la récompenfe qu’on donnoit à celui qui
avoit fait voir quelque choie de merveilleux au peuple
; cette forte de libéralité de deniers fe prélevoit
fur le montant de la fomme payée par ceux qui
avoierit affilié à cefpectacle. Le thaümatron reVenoit
au nicetium des jeux olympiques, Si du cirque , Siaux
brabeia, que l’on dpnnoit aux a fleurs de théâtre *
aux baladins , Si aux pantomimes. (D . j . )
THAUMATURGE , f. m. Si f. ( Hijl. eccl.j fur-
nom que les catholiques ont donné a plufieurs faihts,
qui fe font rendus célébrés par lé grand nombre, Si
par l’éçlat de leurs miracles.
Ce mot eft formé du grec èetu/Mt, merveille , Si
tpyo:1, ouvrage.
Saint Grégoire de Neo-Céfarée, furnommé Thaumaturge
, fut difciple d’Origène vers Pan 113 , Si
depuis évêque de Céfarée dans le royaume de Pont :
il affilia en cette qualité , au premier concile d’Antioche
, Si à celui d’Ephèfe , contre Pâulde Samofa-
te. Saint Léon de Catanée fut fürnommé auffi Thaumaturge
, il vivoit dans le huitième fiecle, Si fon corps
eft honoré encore aujourd’hui dans l’églife de faint
Martin de Tours à Rome. Saint François de Paule ,
Si S. François Xavie r, font les grands Thaumaturges
des fiecles derniers. Voye^ Miracle.
TH AU N , ( Géog. mod. ) petite ville , ou pouf
mieux dire * bourg d’Allemagne dans le Palatinat, au
comté de Spanheim, Si aü confluent des rivières de
Nalu Si de Simmeren. ( D. J. ).
THÉ , f. m. ( Bot. exot. ) C’eft une petite feuille
défféchée, roulée, d’un goût un peu amer légèrement
allringent, agréable , d’une douce odeur, qui
approche de celle du foin nouveau Si de la violette.
L’arbriffeau qui porte le thé t s^ppelle chàa par C.
fl. P. 147. thea frutex , boni, e-onythô afiînis, arbùr
orientalis, nucifeta, flore rofeo, Pluk. Phyt. mais cet
arbriffeau eft encore mieux défini par Kcempfer i thea
frutex, folio cerafi, flore roja fylveflris , früctu uni-
cocco , bîcocco, & ut plutihiufn tricocco ; c’eft-à-ditê ,
qu’il a la feuille de cerifier, la fleur femblable à la
rôfe des champs, Si que fon fruit n’a qu’une , ôu
deux , ou tout au plus trois coques: lès Chinois lô
nomment theh, leslaponoisesjad, Ou tsjarioki.
Ce qu’il y a de plus Commode dans une plante fi
débitée , c’eft qu’elle ri’occupe point de terrein qui
puiffe fervir à d’autres ; ordinairement On eil fait
les bordures des champs de blé, ou de r iz , Si les endroits
les plus ftéfilés font ceux où elle vient le mieux •
elle croît lentement, Si s’élève à lâ hauteur d’une
braffe, Si qüelque chofe de plus ; fa racine eft noiré,
ligneufe , Si jette irrégulièrement fes branches; la tige
en fait de même de fes rameaux, Si de feSrejet-
tons ; il arrive affez fouvent qu’on voit fortir enfém-
ble du même tronc , plufieurs tiges fi fefrées l’une
contre l’autre, Si qui forment une efpece "de büiifofi
fi épais, que ceux qui n’y regardent pas d’affezprès,
croient que- c’eft un même arbriffeau ;. au-lieu que
cela vient de ce que l’on a mis plufieufs graines dans
la même foffe.
L’écorce de cet arbrifféau eft couverte d’üne peau
fort mince , qui fe détache lorfque l’êçpfçe devient
fechë ; fa couleur eft de châtaigne, grifâtre à jjf tige ,
Si tirant fur le verdâtre ; fon odeur approche fort de
celle des feuilles du noifetier, excepté qu’elle, eft
plus défagréabie; fotr goût eft amer, dégoûtant, 6c
afiringertt;lë bois èft aufyCOmpofé'de fibres fortes
Si épaiffes r d’une couleur verdâtre tirant furie blanc,
Si d’une fenteur fort rebutante .quand il eft verd ; la
moche eft fort adhérenté aü'bçrâs...."
Les feuilles tiennent à une queüe ou pédicule,
. Court, gros, & v e fr, affez rond, Si uni eK-deffouS ,