date ; mais le même Pline ne tarde pas à nous' avertir
que ce fut en cette occafion qu’on vit paroître lés
premiers v<x/« m y r r h in s ; vafes qui furent reçus avec
une admiration mêlée, fi on pèutle dire, de refpètt,
jnfque-là que Pompée crut qu’il étoit de fon devoir
d’en confacrer au moins fix dans le temple de Jupiter
capitolin,
f Ces v a f e s précieux par-leur belle forme, leur éclat,
leur tranfparence en plufieurs endroits, nous ignorons
quelle en étoit la matière ; mais on conçoit bien
qu’elle n’étoit pas de myrrhe , cette idée feroit ridicule.
Plulieurs fçavansont jugé que ces v a f e s étoient d’une
forte d’agate , comme par exemple de celle que
Pline nomme a n ta c h a te s ; mais cette conjeâure fouf-
freaufli de fortes difficultés. Ces v a f e s m y r r h in s étoient
d’une grandeur confidérable , ayant une même dif-
pofition de figures , avec des ornemens de couleur
différente du fonds ; or la nature produit rarement
des morceaux d’agate d’une certaine étendue; on n’y
trouve jamais les mêmes difpofitions de figures; il eft
contre le cara&ere de l’agate d’être litée en l’ens contraire
comme il le faudroit pour rencontrer dans le
même morceau des ornemens d’une couleur différente
du fonds.
Ces raifons ont déterminé quelques favans à pen-
fer que les v a f e s m y r r h in s étoient des procédés de
l’a r t , & c’eff peut-être le feul fujet fur lequel Jules-
Céfar Scaliger & Jérôme Cardan fe foient accordés.
Ils ont avancé tous les deux Cjue les v a f e s m y r r h in s
venoient de l’Inde , & qu’ils etoient de porcelaine.
M. Mariette a adopté dernièrement la même opinion
, & s’ eft fi bien attaché à la faire valoir dans Ion
traité des pierres gravées ; que M. de Caylus avoue
que ces preuves l’ont convaincu. Elles me paroiffent
en particulier d’autant plus vraiffemblables, que Pro-
.perce dit pofitivement que les v a f e s m y r r h in s fe fai-
■ îoient au moyen du feu.
M y r r h e a q u e in c a r t h is p o f c u l a cocia f o c i s .
V a s e s d e th é â tr e . ( A n t i q . g r e q . & r o m . ') C ’é-
toient, félon Vitruve, certains vaiffeaux d’airain ou
de poterie qu’il appelle e c h e ia ., qui fe mettoient en
des endroits cachés fous les degrés de l’amphithéatre,
-& quifervoient pour la repercuffibn de la voix.
Lorfque les Grecs eurent bâti des théâtres folides
& d’une vafte étendue, ils s’apperçurent que la voix
.de leurs afteurs ne pouvoit plus porter jufqu’aubour,
ils réfolurent d’y fuppléer par quelque moyen qui en
pût augmenter la force, & en rendre les articulations
•plus diftinftes. Pour cela , ils s’aviferent de placer
dans de petites chambres pratiquées fous les degrés
du théâtre , des v a f e s d’airain de tous les tons de la
-voix humaine , & même- de toute l’étendue de leurs
.inftrumens, afin que tous lésions qui partaient de la
/cène puffent ébranler quelqu’un de ce? v a f e s , fui-
yant le rapport qui étoit entr’eux, & profiter de leur
.confonance pour frapper l’oreille d’une maniéré plus
forte & plus diftinfte.
Ces vafes étoient faits dans des proportions géométriques
y & leurs dimentions dévoient être tellement
compaffées, qu’ils -fonnaffent à la quarte , à la quinte
-les uns dés autres , & formaffent ainfi tous les autres
-accords jufqu’à la double oftave. Il faut entendre par
ileurs dimenfions leur hauteur , leur largeur , leurs
idifférens degrés, & la courbure de leur évafement.
On les arrangeoit enfuite fous .les gradins du théâtre
. dans des proportions harmoniques, & il falloit qu’ils
.fuffentplacés dans leurs chambres de maniéré qu’ils
. ne touchaffent point aux murailles, 8c qu’ils euffent
; tout-aii-tour, 8c par deffus, une efpece de vuide.
Vitrüve ne. nous apprend point quelle figure ils
-avoient; mais comme il ajoute qu’ils étoient renver-
Verfés ôc foutenus du côté de la fcene par des coins
de demi-pié de haut, il y a bien de l’apparence qu’ils
avoient à-peu-près la forme d’une cloche ou d’un
timbre de. pendule, car c ’eft la plus propre au reten-
tiffement dont il s’agit,.
Pour les chambres où ils étoient placés , il y en
avoit treize fous chaque étage de degrés, 8c comme
elles dévoient être difpofées de maniéré qu’il y eut
entre-elles douze efpaces égaux , il falloit qu’elles
fuffent fituées dans le milieu de ces étages, 8c non
pas au bas comme le marque M. Perrault, à caufe
des portes 8c des efcaliers qui fe trouVoient au-def-
fous. Aulli Vitruve dit expreflement que fi le théâtre
n’a qu’un étage de degrés , ces chambres doivent être
placées dans le milieu de fa hauteur, 8c qu’il faut lès
difpofer de même dans les autres étages, fi le théâtre
en a plufieurs '; car il y en avoit jufqu’à trois rangs
dans les grands théâtres, dont l’un étoit pour le^enre
enharmonique, l’autre pour le cromatique, 8c le troi-
fieme pour le diatonique, 8c dont les vafes étoient par
confisquent arrangés fuivant les différentes proportions
de Ces trois genres de mufique.
Toutes ces chambres au refte dévoient avoir par
en bas des ouvertures longues de deux pies, 8c larges
d’un demi-pié , pour donner paffage à la v o ix , 8c il
falloit que leurs voûtes euffent à-peu-près la même
courbure que les vafes, pour n’en point empêcher le
retentifièment. Par ce moyen , dit Vitruve, la voix
s ’étendant du centre à la circonférence , ira frapper
dans la cavité de ces vafes, 8c les ébranlant fuivant
leur confonance , en fera non-feulement rendue plus
forte 8c plus claire , mais encore plus douce 8c plus
agréable.
On prétend qu’il y a des vafes de l’efpece de ceux
des anciens dans l’églife cathédrale de Milan, qui eft
très-propre à l’harmonie ; mais on prétend communément
des chôfes , qui bien examinées , nefe trouvent
pas vraies. ( D. J. )
V A S G A U , (Géog. mod. ) Voyt{ V asgaw.
VASIERE , f. f. ( Saline. ) grand baflîn dans les
latines , où on fait venir Sc où on laiffe chauffer l’eau
pour la faire couler dans les villers par l’arene 8c les
canaux. (D . J . )
VASILICA , ( Géog. mod. ) ou Ba silico , félon
M. de Lifte , lieu de la Morée, aux environs du golfe
de Lépante, à l’occident de Corinthe , anciennement
Sicyon.
Va s il ic a , du tems que les Vénitiens poffédoient
le pa ys , étoit une petite ville ; aujourd’hui c’eft un
petit hameau à trois ou quatre milles de la mer. Il n’y
a pas douze rnaifons dans ce hameau. ( D .J . )
VASILIPOTAMOS ou Ba s il ipo tam o , ( Gèog.
mod. ) c’eft-à-dire le fleuve R o y a l, riviere de Grece
dans la Morée. Elle coule en lerpentant du nord au
midi, dans la province de Brazzo di Maifia ,'baigne
Mifitra, 8c va fe jetter dans le golfe de Colochine ,
entre Paléopoli 8c Caftro-Rampano.
Cette riviere eft l’Eurotas des anciens , fi célébré
chez les poètes qui nous peignent ces bords plantés
de myrtes , de lauriers 8c d’oliviers. C’eft près de
ces mêmes bords que Caftor 8c Pollux avoient coutume
de s’exercer, qu’Helene fut enlevée deiix fois,
8c que Diane fe plaifoità chaffer. Ce petit fleuve étoit
honoré chez les Lacédémoniens par une loi expreffe.
Voye{ donc EUROTAS. (D .J .')
VASIZA , la (Géog. mod. ) riviere de l’Amérique
feptentrionale dans la Louifiane. Elle fe jette dans le
golfe du Mexique, après un cours d’environ trente
lieues. (D .J .y
VASSAL, f. m. (Gram. & Jurifprud.) en latin vaf-
f allas, &C autrefois vajfus &cvavajfôrf lignifie préfèn-
tement celui qui tient en propriété un fief de quelque
feigneur à la charge de la foi 8c hommage.
Qn appelle aufn le vajfal feigneur u tile, parce que
c’ eft lui principalement qui retire l’utilité du fiefferr
ya nt*
Les YqJJflM.x fout aulfi appelles hommes du feigneur>
^ capfo 4ë l’hommage qu’ils lui doivent
En quelques endroits on les appelle hommes 4$
f i e f . 0 m fefief^ fMÿfâki du feigpeuf.
T l n’y a gueré de terme dans la jurifprudfinçe dont
l’éiymolftgfo ait plu? e.xç.rcé fos -fayans que celui
ci.
Jfofçhprnin? prétend que vajjiis, vaffal, yienf du
celtique gWOfQ U qui fignifie f e r v u s ^ f a r p u l u s ^ fofquels
termes latin? fignifioient chez les anciens un
jeune homme, un adojefcenç,
Gofidaft yeijt que vqffus fqjt venu de vade.vqdimo-
nium , gage, parce que le vajfal donnoit, dit-il, yp
gage à fon feigneur pour le bénéfice qu’il reçevoït de
lui.
Turnebu§ croit que l’pia a „dit vujfps quufivqfafiosy
parce que les yaffauç étoient des cliens qui étoient
prépofes for la vaill'elle 8c meubles des nobles.
Frédéric Bapdius foit dériver YQ.Ûys de l’allemand
qui fignifie pbliger » lier, vincire, parce que
les vajfauy étoient attachés,à un feigneur.
Pithpu i en fç,5 notes fur Les capitulaires, tient qup
Je terme yafod > ? efi françojs, que Yajfas fir
gnifie fpryilis ; ü cite aufli plufieurs auteurs faxons ,
fuivant lefquels vajfus chez les Saxons fignifie fervUis;
fintr’autres Ttwcb^foe? > abbé d’Lfoe > en la vie de S.
Lefivin j lequel dit que lanaficu des 5?¥pns étoit partagée
eu troia ordres » favojr, les nobles , Les ingé-
jnus j & cen x qu’on appelloit lÆ * ce qu’il traduit par
fervilçsr ■
L’opinjon de Bandips , qui fait vepir vaffu,s de l’allemand
vajj'en , eft celle qui nous paroît fo plus vraif-
femblable.
Il eft certain en effet qu’anciennement par Le terme
de vaff#$, yaffal, pp entendqit HP familier pu fto-
jneftique du ro i, ou de quelqu’autre prince pu feigneur
, & qu’il étoit obligé 4e lui-rendre quelque fer-
.vice.
Ce terme de vajfus étoit ufité dèç le çommence-
jpept de fo moparchie, 8c bien ayant l’inftitutjop des
nefs;il eft parlé des voffaiix du roi 4? des autres princes
dans nps plus anciennes lois , telles que les fois (ali-
ques, la I91 d^s Allemands dans les capitulaires ? daus
les conciles de ce tems, dans les plus anciens
auteurs f tels que Grégoire de Tours, Marculphe,
f a . •• ; •
Q u e lq u e s ru n s ç>pf p ré ten d u q u e v a jf u s & v u jf c f c
lus n’étoient pas la meme chofe ? que vqffullm étçil
lç client dç çelui qu’op appelfoit T # * » niais il paroît
que y%{[uî eft le nom primitif, que l’pn a enr
fuite appelfé indifiérem,mept les perfonpes cje cette
condition vâjji feu vaffali ; ^c ep qpeLqfies epd*QitS
Yfljfaliitff çp vqjfalubi, à moins qpè l’on pe veuille
dire que yajjqli étoit fin diminutjf de yqfji, 8ç que
par fo terme dp ou vaffaiupi pp çntepefoit les
enfans des vfljfuw?! f e CFOifPÇ3nU»oips pfofot que
yqffalubi éjto^çpt ppp pqs des qxnereryqjfqux ; mais
des vajjaux op dpmeftiques d’un ordre inférieur.
Les vajfaux qui etoient du nombre des familiers pq
dpmeftiques du roi ou de l’çmpereur, étpjept appelles
vqjfi ffgfi(esfat. domjfkci.
. fl ne ftipt pas çroire que ces yqjfflux royaux ne
fuftent que des gens de condition fervile ; ils étpfopt
au-contraire fi confidérables , qu’ils fopt nommés les
premiers qprg$ >le§ çom.tes ,i pn ÇQmpreppit foqs çe
litre de vaffaux, tous ceux qui étoiept lfos enyers le
rpi par forefigiondu formept.
Ils avofopt auffoup privifogq fingulier ; favpir, quç
ouan.d Us étffient acçufés de quelque prime, qu’ils
Cfoient obligé? 4e s’en purger par ferment, ils p’çn
Soient pasi ofifigé? de le faire ep pçrfpnpe; ijs foifoient
forer pour gp# cfifo dp fours hommes qfoétPèçfo pjus
Tome X F I t
CQnfidérabfo, j8f qui méritoir le plus de créance.
Ces v.ufqupe royaux étoiept quelquefois envoyés
par le prince dans les provinces, pour affifter les
comte? dans l’admimftration de )a jnfti.ee, 8c autres
affaires publiques ; on trouve npinbre dp jugemenç
rendus par les comtes avpples v(ijjaux\ ç’eftpôurr
qnpi çps yaffiux étoient quelquefois appeÜés les vaffaux
des comtes , quoique daps fo vrai ifs fuffent le$
YojJuUZ du rp i, qui fos donnoit pour collègues aux
comtes » ils étoient, comme pp voit, à l ’egard 4es
comtes, çeque font encore dans certaines çoutump?
les hommes ae fief ou pairs à l’égard du feignçur.
Qp envpyojt aufo quelquefois çes vqffeux royaux
fur Les marches frontières du royaume pour les garder
& défendre.
D ’autres étpient envoyés dans le? domaines du rpi
pour les exploiter, 8c l’on trouve des preuves qup
ceux qu’pn appelloit villici velprepofiti avoient été anciennement
vajjali.
Lorfque les vajfaux royaux alfoient au lieu de leur
commifoon, ou qu’ils y étoient réfidens, ils rece-
vpiept des co.ntribvftions dp môme qne Ce$ çommif-
faire? dp roi, qu’op appeftpit miff dominici;ils étoient
fubordonnés aux comtes, 8c fournis à leur jurifdiç-
tion.
Le pfinçç dpnnpit à fos vajfaux des terres dans les
provinces pour en jouir à titrp de bépéfiçe çiyi{ yjure
heueficii ; çoncefoon dont le premier ufage étoit venu
des Romains, 8ç dpnt> par fuccefoon de tems, fe
formèrent Ips fiefs.
Çes cppceftions de bénéfices qui étpjpnt faites apx
vajfaux n’étoient pas perpétuelles; elfes n’é$oipnt
qu à vie , 8c même amovjbfos ; majs elles ne poy-
vpfont être ptçes fans caufe légitime. Qdpn , abbé
de Cluny, eu la vie de S. Gerand, diç qu’il np fouf-
frpit point qu’auçun feigneur, fewcirt6\fy par çapfïce
à fop vqjfeü fos bénéfice? qu’il tenoit. Ç’eft un fies plus
ançiçns exemples que l’pn ait trpuvé de la fobprdina-
tipn du yujfal à fou foigneur à raifpu dp fon bénéfice
ou fief : fo mime Qdop dif que l’ordre fie l’état étpit
telfomeuttroublé,.que fos marquis QU gouverneurs
des frontières avpient ppuffé l’mfofoncè jufqu’à fo
foumettre fos ypfjaux dp coi.
Les bénéfices obligeoient fos yaffeux non ifeufoment
à rendre fo jeftiçe ? mais a«® à perceypfo au
npm du feigneur fo? ÿpits qyi eji dépendoiçnt pour
raifon de qnoi il? lui payèrent une redevance anr-
UHçlle.
Us étofont avifit pb}igé?au forvjçe militaire, c’eft
derlà qujs d?q? 1e dixième fieçfo tout poffefiéur du
fief prit le titre de mifes, au lieu de celui dç Vftjfus.
- On diftiugHpft, Ppwe encore à préfont, deux
fortes de vm cfHx \ fayoir, le? grand?, wujpw, & fos
petits, minores.
Les pringes s’étant créé? dç? yqffeuy immédfots ;
par la cQncejfion (fos bénéfice? civils, fé firent aufli
de? YUjfïFz médiat?, en permettant aux nobles de fo
créer de même ides vetffaux , ce qyi eft l’origine den
fpU&-in£eQ4ations, 8ç de? arrforerfiefs 8c ^rfiere-vaf-
faux.
Les yqffûux de? prince? figpoient autrefois en
cette qualité, foyr? Chartres agr,è| lç§ grgnds ofo.çfors >
comme ifo firent encore pendant quelque tem?,.avec
cette di^reuce , qufouTfieu d’ajouter à four nom fo
qualité de yaffaflus , ils mettpjent celle fie miles,
pu-rbien four npm fimpîement fon? 3ucune qualité*
Qn trouve une charte de Guillaume % -sgmfié de
Provence, qui eft dite avoir été faite en préfence-de?
-vufumç royaux, i ,
tam, romftftfs, quqm falic\$, çe qui fait connoître qye
fos yaffquxfxoïeryt quelquefois diftingûés p^r la nature
de leurs bénéfice? , cfontle? uns tiro^ent four
origine des ft.omuin?, fo? autres de la loi folique.
Aprcs aYob' ainé expliqué; aw î ce .qui concerne