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telles , au fujét duquel du Bellai fit ces deux jolis
vers:
Paule , tuum infcriüs, Nugarum nomine tîbrum,
In loto libro nil melius titulo.
C ’eft un bon mot, mais qui ne doit point détruire
le mérite de l’ouvrage même, dont Erafme faifoit
grand cas. Bourbon étoit fils d’un riche maître .des
forges, ce qui lui donna lieu.de publier fon poème
de la forge en latin ferraria. 11 décrit dans cet ouvrage
tout le travail de la forge , & de l’occupation des
ouvriers qui coupoient le bois, qui faifoient le charbon
, qui fouilloient la mine , qui la nettoyoient,
qui la voituroient au fourneau pour le fondeur, 6c
pour les forgerons ; il les met tous én afrion , & il
ne laiffe à fôn pere que le foin de les payer 6c de
veiller fur le produit.
Il eut un petit n eveu, nommé comme lui Nicolas
Bourbon , 6c comme lui très-bon poète latin. Ce
neveu fut de l’académie françpife, & mourut comblé
de penfions en 1644. âgé d’environ 70 ans. Ses
poéfies parurent à Paris l’an 1630. in - 12. On fait
grand cas dans ce recueil de la piece intitulée : imprécation
contre le parricide d'Henri I P Les deux beaux
vers en l’honneur de ce prince , qui font à la porte
de l’arfenal de Paris, font encore du même poète ;
les v o ic i, quoique tout le monde les fache par coeur,
ou fi vous voulez, par cette même raifon :
Ethna bac Henrico vulcania tela minfirat,
Tela gigantceos debellatura furores.
(D . J .)
VANDOISE, f. m. ( Hiß. nat. Ichthiolog.) poiflon
de riviere , qui eft uneefpecèdemuge quel’on nom-
mefuiffe à Lyon, 6c dard en Saintonge 6c en Poitou,
parce qu’jl s’élance avec yme vîtefîe femblable à celle
d’un dard ; il a le corps moins large que le gafrdon,
& le mufèau plus pointu ; il eft couvert d’ecailles. de.
moyenne grandeur, 6c il a plufieurs ; petites lignes
iongitudinalés fur la partie fupérieure des côtés du
corps ;,fa couleur eft mêlée de brun, de verd, & de
jaune ; ce poiflon devient fort gras , il a la chair
molle 6c d’un affez bon goût. Rondelet , hiß. des
poißons de riviere y chap'.xiv. 1 -
VANG , f. m. (Hiß. modi) ce mot, lignifie petit
roi ou roitelet : l’emp.ereur de la Chine le conféré
aux chefs ou kans des Tartares monguls qui font fournis
à fon obéiflance , 6c à qui il ne permet point de
prendre le titre de kan , qu’il fe réfervè ; ;ces-rangs
ont fous eiix des peït-fe 6c des kong, dont les titres
répondent à ceux de ducs 6c de comtes parmi nous.
VANGERON-, f. m .(H iß . nat. I M . ) poiflon
qui fe trouve dans le lac de Laufane ; il reflëmbleaux
muges par lq mufeau , & à la carpe par la forme du
corps & par la qualité de la chair ; il a deux nageoires
de couleur d’or près des ouies , deux jaunes fous
le ventre , une au-delà de l’anus, 6c une fur le dos ;
la queue eft fourchue 6c revêtue à fon origine , par
des écailles peu adhérentes. Rondelet, hiß. des poif-
fons des lacs , chap.ix. Voye{ POISSON.
VANGIONS , LES, (Géog.'anc.) Vangiones ; peuples
de la Gaule belgique, 6c originaires de la Germanie.
Céfar, dans les cçmmentaires, bel. G all.l.I.
dit qu’ils étoient dans l’armée d’Ariovifte, avec les
Tribocci & les Nernetes ; 6c Pline , l. IV. c. xvj.. nous
apprend qu’ils s’emparèrent de la partie du pays des
Médiomatriccs , le long du rivage du Rhin.
Cluvier , Gtrm.ant. I. II. c.x. croit que ces peuples'
étoient" établis dans les Gaules avant la. guerre
d’Ariovifte, parce que les Marcomans, les Sédu-
fiens , les Harudes, 6c les Sueves, que ce prince
avoit amenés avec lu i , ou qui l’avoient joint depuis
fon arrivée., furent tous chafles dt la Gaule, après
que Céfar les eut battus : au-lieu que lesNémetes ,
VAN
les Vangions, 6c les Tribocci demeurèrent toujours
dans leurs terres , fur la rive gauche du Rhin.
- Il paroît que ces trois nations lï’ étoient point fou-
mifes à Ariovifte , puifqu’elles demeuroient dans la
Gaule belgique. Elles pouvoient être feulement en
alliance avec lu i , ou peut-être même fous fa protection
; ce qui les engagea à. lui donner du fecours contre
les Romains.
On ne fait point en quel tems les Vangions pafle-
rent le Rhin pour s’établir dans les Gaules. Ils occupèrent
une partie des terres de Mayence & du Pa-
latinat. Borbetomagus, ou Borgetomagus, aujourd’hui
Worms, étoit leur ville capitale. (D . J.)
VANILLE, f. m. ( Hifi. nat. Bot. ) vanilla, genre
de plante à fleur poly.pérale , anomale 6c compofée
de fix pétales, dont cinq font femblables 6c difpofés
prefqu’en rond ; le fixieme occupe le milieu de la
fleur, 6c il eft roulé en forme d’aiguiere ; le calice
devient dans la fuite un fruit en.forme de corne molle
6c charnue , qui renferme de très-petites femen-
ces. Plumier, nova plant, amer. gen. Voyeç Plante.
V anille , f. f. (Botan. exot.) goufle amériquaine
qui donne la f o r c e l ’odeur, 6c le goût au chocolat;
cette boiflon dont les Efpagnols font leurs délices ,
6c qu’ils n’aiment pas moins que l’oifiveté. Quoiqu’ils
tirent ce fruit depuis près de deux fiecles, des pays
qu’ils ont fi cruellement ravagés , ils ne favent pas
même aufli-bien que nous , ce. qui concerne les ef-
peces , la culture , la multiplication, 6c les propriétés
de la vanille. Nous ne leur devons point le peu
de lumières que nous en avons , & fur tout le refte,
ils nous ont bien dégagés de la reconnoiflance.
La vanille eft du nombre de ces drogues dont on ufe
beaucoup, 6c que l’on ne connoitqu’imparfaitement.
On ne peutpas douter que ce ne foit une goufle ,- pu
filique, qui renferme la graine d’une plante , & delà
lui vient le nom efpagnol de vaynilla, qui lignifie
petite guaîne ; mais on ne connôit ni le nombre des
efpeces ," ni quelles font les efpeces les plus eftima-
bles de ce genre de plante, en quel terroir elles viennent
le mieux , comment on les cultive y de quelle
maniéré on les multiplie, &c. on n’a fur tout cela que
des détails peu fûrs 6c peu exa&s. Meilleurs les académiciens
qui ont été au Pérou, ne nous ont point
fourni les inftru&ions qui nous manquent fur cette
plante. -
Les Amériquains font feuls en poffeflion de la vanilley
qu’ils vendent aux Efpagnols , 6ç ils confervent
foigneufement ce tréfor qui leur eft du moins refté,
apparemment parce que leurs maîtres n’ont pas fu ie
leur ôter. -On dit qu’ils ont fait ferment entr’eux de
ne révéler jamais rien aux Efpagnols , fût-ce la plus
grande de toutes les bagatelles ; c’ eft en ce. cas une
convention tacite dont ils ne rendroient que de trop
bonnes raifons ; 6c fouyent ils ont fouffert les plus
cruels tourmens , plutôt que d’y manquer.
D ’un autre cô té, les Éfpag'nols contens des richef-
fes qu'ils leur ont enlevées,de plus accoutumés à une
vie parefleûfe, & à une douce ignorance, méprifent
les curiofités d’hiftoire naturelle, 6c ceux qui les étudient
; em un mot, fi l’on en excepte les feuls Her-
manclez , 6c le pere Ignatio, efpagnols, ç’eft aux curieux
des autres nations., aux voyageurs , aux né-
gocians , 6c aux confuls établis à Cadix , que nous
lommes redevables du petit nombre de particularités
que nous avons fur cette , drogue précieufe, 6c qui
formeront cet article,. i:, V '
Noms & defcriptions.de la,vanille. Elle eft nommée
des Indiens mècàfubUy 6c par nos botaniftes vanilla,
vaniglia , vayniglia yvanillias ,piperisarborljamàicen-
fis innafeens, Pluk. almaq. 30/.
C’éft une petite goufle prefque ronde , un peu ap-
platie , longue d’environ fix pouces, large de quatre
lignes, ridée, rouflâtre, mollafle, huilc.ufe, grafle,
VAN
cépetidaflf ïa flahte, 6c comme cofiacè à 1-éxtéfieîif.
La pulpe qui ,ëft en dedans, eft rouffâtrè, remplie
d’une itïfînité dé petits grains, noirà , lùifefns ; elle
eft un peu âcre, grafle, aromatique, ayant fiodètû*
agréable "du baume‘du Péf<^': ôfl nèùïs l’àppôrte du
Pérou 6c du Mexique; elle vient dans les pays les
plus chaux de l’Amérique , & principalement dans la
nouvelle Efpagne ; ôn la prend fur des montagnes
âtceffibieS aux feuls Indiens, dansles lieüiôiiSPfë
trouve qùelque humidité. '
• S es efpeces. Qn diftinguè trois- foftés principales de
vanilles s là première eft appèllée par les Efpagnols,
pompona ou bova, c’eft-à-diré ènflee ou bouffie•; Celle
de leq y la marchande ou" de bon àloi ; tefîmarohn
ou bâtarde ; les goufTes de la pompona fodt gfcdflès
& courtes; celles de la vanille de leq, font plus déliées
6c plus longues ; celles dé la Jîmàrona font lèS
petites en toute façon.
La feule vanille de leq eft la bonne ; elle doit être
d’un rouge brun foncé, ni trop noire , ni tfop touffe
, ni trop gluante , ni trop deflechée ; il fàtit qûé
fes goufles quoique ridées , paroiflent pleines , 6c
qu’un paquet de cinquante pefe plus de cinq onces ;
celles qui en pefe huit eft la fobrebuena, l’excellente;
L’odeur en doit être pénétrante & agréable ; quand
on ouvre une de ces goufTes bien conditionnée 6c
fraîche, on la trouve remplie d’une liqueur noire ,
huileufe 6c balfamique. , oii nagent une infinité, de
petits grains noirs, prefque àbféiurnent imperceptibles
-, 6c il en fort une odeur fi vive , qu’elle aflou-
p i t , & caüfe une forte d’ivrefle. La pompona a l’odeur
plus forte , mais moins agréable ; elle donne
des maux de têtè, des Vapeurs, 6c des fülfbcations.
La liqueur de la pompona eft plus fluide, 6c fes grains
plus gros , ils égalent prefque ceux de la moutarde.
La fimarona a peu d’odeur, de liqueur & de grains.
On ne vend point la pompona y 6c encore moins la
fimarona, fi ce n’eft que les. Indiens en gliflent adroitement
quelques-goufTes parmi la vanille de leq. Qp
douté fi les trois fortes de vanilles en queftion , font
trois efpeces , ou fi ce n’en eft qu’une feule , qui varié
félon le terroir, la culture & là faifon où elle a
été cueillie.
Dans toute la nouvelle Efpagne , on ne met point
de vanille au chocolat ; elle le rendroit mal fain, 6c
même infupportable ; ce n’eft plus la même chofe
quand elle a été tranfportée en Europe. On a envoyé
à nos curieux des échantillons d’une vanille de Cafaca
& de Maracaybo , villes de l’Amérique méridionale
; elle eft plus courte que celle de leq, moins grof-
fe que la pompona , & paroît de bonne qualité ; c’eft
apparemment une efpece différente : on parle auflx
d’une vanille du Pérou, dont les goufles fechées font
larges de deux doigts, 6c longues de plus d’un pié ;
mais dont l’odeur n’approche pas de celles des autres
, & qui ne fe conferve point.
Lorfque les vanilles font mûres, les Méxiquains
les cueillent, les lient par les bouts , 6c les mettent,
à l’ombre pour les faire féeher ; lorfqu’elles font fé-
ches & en état d’être gardées, ils les oignent extérieurement
avec un peu d’huile pour les rendre fou- ;
î>les , les mietTX conferver, empêcher qu’elles ne fe
lèchent trpp , 6c qu’elles ne fe brifent. Enfuite ils les
mettent par paquets de cinquante , de cent, ou de
Cent cinquante, pour nous les envoyer.
Prix & choix de la vanille. Le paquet de vanille
compofé de cinquante goufles, fe vend à Amfterdaiii
depuis dix jufqti’à vingt florins , c’ eft-à-dire depuis
vingt & une" j.lifqu"'à quarante-deux livres dé nôtre i
iiionrtoie, fuivant la rareté, la qualité , ou la bonté : ’
on donne un pour Cent de déduaioii pour le prompt ;
payement. On choifit les vanilles bien nourries, greffes.,
longues , nouvelles , odorantes, pefantes , un
"peu molles, non trop ridées ni trop huileufes à l’ex- .
Tome X V I t
VAN Ijï
'teneur ; il né faut pas qu’elles ayent été mifes dans «n
lieu -humide , car alors-éllêS tendroient à fe ihoiflr,
j 'ôti le feroientfdéjà ; elles doivent non-feulement être
i exemptes du moifi , mais être d’une agréable odeur;
grafles&fouple$. IlfàutentJôfepréndÿe^gârde quelles
fofent "égales, parce que fouveftt le milieu dei
paquets n’éft rempli que de petites vanilles -fe ches 6c
de nulle Ôdeur ; la graine du dedans qui eft■ extrêmement
petite, doit être noire & luifànte : on né
doit pas rejetter la vanille qui fe trouve coüvérté
d’une flèur fâline , où dé pointes falines très-fines 1
entièrement femblables aux fleurs de benjoin : cetté
fleur n’eft aùtre chofé qu’un fél effentiel dont ce fruit
eft rempli, qui fort aù-dehors quand on rapporté
ifans un tems trop chàùd.
Quand on laifle la vanille rAute trop lôrig-tems fur
la plante fàhs la cueillir, elle éreve , & il én diftillé
une petite quantité de liqueur balfamique , boire &
odorante , épiife condçnfe en baume : oh a foin de là
i-amàffér dans de petits vàfés de terré ; qù’on placé
fous les gOùffes : nous ne Voyons point en Éürôpé
de ee baume, foit parce qu’ il ne fe eonfervé pasdans
lé tranfport, foit parce que les gens du pays le retiennent
pour eux , foit parce que lés Efpagnols fë
le rélèfventi
FalfificâtioA de la vanille. Dès qu’il n’eri fort piiri
de liqueur balfamique, il y a des Méxiqifôins qui
éonnoiflant le prix qu’on donne en Eiirope à lavanil-
le y ont foin , après avoir cueilli ces fortes dé gôùftês ;
de les; remplir de paillettes & d’autres petits corpâ
étrangers , 6c d’en boucher les ouvertures avec un
peu de colle ; dit de les cOudre adroitement ;-ëhfüite
ils les font féeher, & les éritrémêlertt avec la bonne
vanille: Les goufTes ainfi falfifiées, n’ont ni bonté ni
vertu , & nous ne manquons pas d’en rencontrer
quelquefois de telles , avec les autres bonnes ft-
liquès.
Noms botaniques de la plante à vànille. Céttë planté
a les noms ftiivans dans les livres de botanique.
Vdubilis j Jiliquofa , mexieana , foliisplaniàgihîs j
R a ii, hift. 1330.
Aracus aromaticus... Tlixôehitl ,feufios higir, mé-
xicanis diclus, Hermand 38.
Lathyrus mexicanus ,Jiliquis lûngïffimis ; mofehatis ;
nigris ; Ammon. char: plant. 436.
Lobus oblongus , aromaticus. Cat. jani. 70.
Lobus aromaticus , fubfuficas, terebentki càrûiculis
fimitis. C. B. P. 404.
Lobus oblongus , aromàticits , odore fe û belruini |
j. B. I.4Z8.
Defcripcions de cette plante. Nous rt’avôris point encore
de defeription exafre de la plante qui fournit là
vanille du Méxique , de fês caraûeres , 6c de fes ef-
pecès;
Les itns la rangent parmi les lierres ; félon eux ;
fa tige a trois ou quatre lignes de diamètre, & n’eft
pas tout-à fait ronde. Elle eftafleà dure , fans être
pour cela moins liante & moins fdtiplê ; Téeorëê qui
la couvre eft fort mineé, fort adhérente, & fort vérité
; la tige eft partagée par dès noeuds éloignés leS
unçv des autres de fix à fept polices ; e’eft dé ces hôèùdS
que fôrtent les feuilles toüjôhrs èôuplées ; elles rél-
fem'bient beaucoup pour là figure à celles du làiirief ;
mais elles font bien plus longues. ; plus larges ; plus
épaifles , 6c plus charnues i leur longueur ordinaire
eft de cinq à fix pouces , fur deux & delîii de large ;
elles font fortes & pliantes comme un cuir, d’un béait
verd vif, & comme vernrfTées par-defTus ; & un peu
plùS pâles par-defToils;
Hermandèz , dont le témoignage pàreît être ici
d’riiï grand poids , prétend que cette heriie’eft une
forte de liferen , qui grimpe le long dés arbres, 6k
qui les embrafTe ; fes fèuilîes ont, fûivabt lui, onze
pouces de longueur ou de largeur ; font de Jaiigùfé
N N h il fl i j
l