
Y E N
W o n vienne attaquer, ou que l’on cbaffé. !
Pour faire un bon valet de limier>, il faut choifir
•parmi les dix valets de chiens, celui qui ale plus de
bonne volonté , de .goût pour la chaffe, de bonne
i'anté , vigoureux , intelligent ; le mettre entre les
•mains d’ufi maître habile,, & l’y laîflèr deux ans
pour qu’il connoiffe chaque façon de travailler au
bois dans les différentes faifons , & à juger les cerfs
dans les différentes forêts, dont les pies ne fe reflèm-
blent point ;d’après cela lui confier un limier & une
quête :s’il-ne iê dédit pas après qu’il aura l'habit galonné
, s’il a de la v o ix , de la trompe, qu’il fâche mener
un cheval, & qu’il ait de la conduite, on peut après
l’avoir éprouve étant valet de chien à cheval , fi 1 on
en a été content, le faire monter à cheval pour faire
avancer les relais ; c’eft-là l’ecole pour faire un piqueur
; „fi. tous. les fuffrages fe réunifient en fa faveur,
on peut lui donner la première place qui viendia à
vaquer dans cette partie , & l’on feroit des eleves ;
par ce moyen il y auroit toujours des fujets prêts à
reiçphtcer ceux qui manqueroient, fans s’arrêter aux
rangs;-ce n’eft pas que je confeille l’injuftice, au contraire
à-chaques fujets qui au.roient les qualités fufdi-
tes , il y -en auroit une bien grande de leur faire des
paffe-droits A leurs ran g sm a is je parle de ceux à
qui la nature n’a .pas donné les dons néceffaires pour
la chaffe ; il faut leur trouver des places à quoi ils
puiffent être bons, qu’elles l'oient à-peu-près équivalentes
à ce qu’ils perdroient, afin qu’ils fe trouvent
dédommagés du tems qu’ils auront paffe à faire
leur poffible pour atteindre aux talens qu’ils n’ont
pas pu acquérir ; cela feroit des heureux , des con-
tens, & l’équipage du roi fe trouveroit rempli de
fujets capables; bannir les ivrognes, les libertins, les
pareffeitx , & faire faire un .noviciat de fix mois ou
un an à ceux fur lefquels on jetteroit les yeux pour
les recevoir dans le fervice ; il ne -faudrait pour cela
ni protefteurs ,-ni recommandation, que lesdifpo-
fitions feules. : 1 . • ,
Valets deûmiers. L ’habillementdes valets de limiers
eft pareil à celui des piqueurs fans nulle différence.
• Les appointemens font de 360 liv. par an , payés
fur l’état de la vénerie ; on leur a donné du vivant de
monseigneur le comte de Touloufe, grand-veneur,
par fupplément qui eft enregiftré à la chambre des
•comptes, à chacun 150 liv. qu’ils reçoivent tous les
ans ; une partie ont des penfionsde 300 liv. chacun.
Le roi leur donne à la S. Hubert à chacun 24 liv..
Le grand-veneur. 10 livres , aux étrennes chacun
48 liv.
Sa majefté leur donne au freouet à chacun 100 liv,
& le grand-veneur 1 2 liv. 10 fols. Ils ont chacun environ
fix affemblées par année qui font compofées
de trente bouteilles de vin commun, pris à l’échan-
fonnerie du roi ; vingt livres de viande au grand
commun, & vingt livres de pain à la panneterie ,
ce qui peut valoir en argent environ 7 1 liv. .
Ils ont du grand-veneur y liv. 10 fols par chaffe,
& chaque fois qu’ils vont au bois pour reconnoître
par ordre qu’il leur fait, environ 50 liv. .
Jls ont 10fols par jour en campagne hors de Ver-
failles , ce qui leur fait 100 liv.
Cela leur fait environ 1200 liv. avec penfion ;
ils ont encore en fus les débris de leur habillement
100 liv. qui leur fait 1300 liv.
Chaque veneur qui va au bois doit avoir deux
limiers , afin que s’il arrive accident à u n , l’on ait
pourreffource un autre qu’on aura dreffé, ce qui
mérite être expliqué.
Affemblées. Les affemblées autrefois étoient les dé-,
jeunés de chaffe que l ’on faifoit porter aux rendez-
y o u s , compofées comme il eft d it ci-deffus , de la
quantité de pain , vin & viande 4 depuis un tems
dont je ne trouve nulle part la date.,on a réglé „les
V"E N
affembléeS à deux par femaines ; les valets dè liihierfc
en ont u n e , & les valets de chiens l’autre ; que la
meute du roi chaffe ou ne chaffe pas, elles font délivrées
fur le certificat du commandant, deux par
femaine comme il eft dit à la louveterie ; ils en ont pareillement
deux,, & au vautrait, qui eft l’équigage
du fanglier , la même chofe , & même quantité de.
l’un & de l’autre.
Le jour de S. Hubert, elle eft donnée double à la
v enerie.
Valets de chiens. Pour le fervice des chiens il y a
dix valets.de chiens dans la vénerie, dont trois à cheval
& fept à pié. Les trois à cheval vont au bois, &
mènent chacun un relais pour la chaffe. Le premier
eft la vieille meute; le deuxieme la fécondé; le troi-
fieme les fix chiens : ils ont chacun un valet de chiens
à pié. Chaque relais eft compofé de 16 à 18 chiens
en deuxhardes , une pour lé valet de chiens à cheval,
& une pour celui à pié: ainfi des deux autres relais.:
Le valet de chiens à cheval étant arrivé à la place
où doit être fon relais, & avoir.mis fes chiens à l’ombre
dans l’été, & au foleildans l’hiver, à l’abri des
mauvais vents & pluie, il laiffe auprès d’eux le valet
de chiens à pié pour prendre garde qu’ils ne fe mordent,
ne fe hardent, & qu’ils ne coupent point leurs
couples ; & les attacher de façon à pouvoir le coucher.
Le valet de chiens à cheval doit aller en avant aux.
écoutes-, du côté .que doit, venir la chaffe, ou qu’o n ,
vienne l’avertir, afin de n’être point furpris de l’un
ou de l’autre. -
Il y a encore quatre valets dé chiens à. p ié, dont.
un refte au chenil les jours de chaffe ; ordinairement-
c’eft celui qui fe trouve de garde ce jour-là, pour;
avoir l’oeil aux chiens qui ne vont point à la chaffe ;,
tenir le chenil bien propre, bien net, de belle paille,
blanche, & de bonne eau fraîche pour le retour de
ceux qui ont chaffe ; faire manger les limiers , les lices
en chaleur, les boîteux, & papfer les malades.
Il refte trois valets de chiens à pié , à qui on donne,
deux chevaux à deux, pour aider à mener les chiens
au rendez-vous ; & le troifiéme va à pié à la tête des
chiens, pour les mener pareillement en route, com-:
me à la chaffe. Leur habillement eft un habit de.gran-.
de livrée du roi; une vefte bleue avec boutons &
boutonnières d’argent ; une culotte de panne bleue,,
ou de drap commé ils la veulent ; un bord de cha-*
peau, bourdaloue, gance & bouton d’argent. Les
trois à cheval ont d’augmentation un furtout bleu,
bordé de livrée, & u n e fécondé culotte. Ils ont en
fus une fouquenille de coutil, pour le fervice du chenil
: l ’on habille ordinairement la vénerie tous les ans;
cela a varié pendant quelques années.
Leurs appointemens font de 20 fols par jour; ils ont
en fus 10 fols à tous les endroits hors de Verfailles ;
ils ont environ chacun deux affemblées par an, c’eft-
à-dire 30 bouteilles de vin , 20 livres de pain, &c 20
livres de viande , qu’on leur délivre ,au grand-commun,
à t’échanfonnerie & à la panneterie pour chaque
affemblée. A la S. Hubert le roi leur donne 400 liv.
pour la brioche qui lui eft préfentée, & en fus quatre
louis pour leur fouper. Toute la famille royale,
le grand-veneur, princes &feigneurs à qui l’on préfente
des brioches de S. Hubert, donnent chacun ,
& cela fait maffe. Ils ont au partage 50 à 60 livres
environ. Le premier a 4 fols par jour pour le panfe-*
ment des chiens, de plus que fes camarades. r
Appointemens, 360^17$ ’
Augmentation, i o o -
Affemblée, . a4
' S. Hubert, ' 66
5 4 4 11 v * ;
Ils ont en fus les nappes des cerfs, les fuifs dans la
faifon, les.fumiers, & 10 livres pour leurs uftenfi^
VEN
Ïè5, comme cifeaux, peignes, broffes, étrilles, tous
les ans.
Le roi donne fes ordres au grand-veneur pour envoyer
les équipages où il veut chaffer ; le jour &
l’endroit de la forêt où il juge à-propos de faire fon
rendez-vous ; le grand-verieur dohne l’ordre au commandant
; le commandant aux officiers & autres, fait
la diftribution des quêtes. L’heure du départ de l’équipage
fe dit à celui qui en a la direûion, qui eft-
îe premier piqueur à qui le commandant dit de même
la diftribution des relais-, fi elle fe doit foire avant
l’arrivée de la meute au rendez-vous.
Le plus ancien piqueur a le détail de l’équipage-,
ce qui concerne feulement la meute, pour avoir l’oeil
que les valets de chiens faffent bien leur devoir ;
que rien ne manque pour la propreté des chenils ; fi
la nourriture, fi les farines, le pain, les mouées font
bonnes & fraîches ; fi la paille n’a pas de mauvaife
odeur ; s’ils font bien peignés, bien broffés ; fi l’on
n’en paffe pas légèrement quelques - uns, & fi on
n’en oublie pas ; fi à l’ébat il ne s’en trouve pas de
malades, de boîteux, de triftes, afin de les faire
examiner & traiter fuivant le mal, & les foire fé-
parer.
Le boulanger de la vénerie eft habillé de drap bleu,
parement rouge, bordé, boutons & boutonnières
d’argent, vefte bordée & culotte rouge, bord, bourdaloue,
bouton & gance. Il a 30 fols par jour, & 10
fols hors de Verfailles; il eft logé, chauffé, éclairé,
c’eft-à-dire une chandelle par jour ; il à à fon profit
la braife & la cendre.
Dijlinctions accordées aux officiers de la vénerie du
roi. (M. de la Briffardiere. ) Nos rois ont accordé
de tout tenis de grands privilèges aux officiers de leur
vénerie.
Il y a une ordonnance de Philippe Augufte, rendue
en 12 18, qui donné aux officiers de la vénerie
différentes exemptions &. privilèges ; & en 1344,
Philippe le Bel les exempta de toutes contributions
de tailles, fubfides, d’emprunts, de guet, de gardes,
de péages, paffage & logement de guerre.
Ces exemptions & privilèges furent confirmés depuis
fucceffivement en 1547 par Henri II. en 1594
par Henri le Grànd, en 1639 par Louis XIII. qui
déclare en outre tous les officiers de la vénerie & fauconnerie
commenfaux de fa maifon, & en cette qualité
exempts de taille & de tout autre fubfide.
Enfin par la déclaration rendue à Poitiers par le
feu roi, en l’année 1652, en faveur des officiers de
la vénerie, il eft dit expreffément :
« Nous confirmons par ces préfentës, toüs les pri-
» vileges, franchifes, libertés & immunités > exem-
» ptions Sc affranchiffemens accordés aux officiers
» de nos maifons royales, employés aux états de la
h cour des aides, & à leurs veuves durant leur vi-
» duité, voulant qu’elles foient quittes de toutes
» contributions »-.
Sous le régné d’Henri le Grand, ie duc d^Aurtiale
étoit grand-veneur, après lui le duc d’Elboeuf, &
depuis le régné de Louis XIII. jufqu’à préfent, on a
Vu la charge de grand-veneur exercée fucceffivement
par M. le prince de Condé , M. le duc de Montbazon,
M. le prince de Guimené, M. le chevalier de Rohan,
M. le duc de la/RochefoUcaut, M. le comte de Touloufe;
après la mort de M. le comte de Touloufe,
M. le prince de Dombes a fait les fon&iorts de grand-
veneiir jufqu’à la majorité de M. le duc' de Pendue*
Vre, qui l’a exercée jufqu’à la majorité de M. le priri*
ce de Làmbale, qui a eu la furvivance de M. le duc
de Penthievre.
-Ecurie pour le fervice de la vénerie. Après avoir détaillé
le nombre d’officiers qui font fur l’état du fervice
de la venerie, je vais faire celui de l’écurie pour
le même feryiee.
Tome XFI*
VEN 9 5 1
tl y a un écuyer qai a l’habit complet comme le
commandant, de meme 1 f 00 liv. fur l’état des appointemens
, & auffi 3000 liv. fur la çaffette. Sa ma-
jefté lui donne en fus des penfions & gratifications
fuivant fa volonté ; il a un carroffe, deux chevaux,
pour le mener ; il a une chaife pour aller au rendez-
votls & voyage, avec plufieurs chevaux pour relayer
, un cocher, un portillon payés & habillés fur
l’etat de la vénerie.
Un fous-écuyer pour l’acquifition des chevaux,'
qui a 1000 francs fur l’état ; il a des penfions &c gratifications
fuivant la volonté du grand-veneur. On lui
paye fon habillement, & à chaque voiture de chevaux
anglois qu’il acheté, il a une gratification &
tous fes frais payés.
Il y a en fus un piquéür, habillé avec le même uni-
forme que ceux de l’équipage; il a de plus une redin-
gotte bleue, bordée d’argent, avec boutons & boutonnières
: mais cela ne fe donne que tous les trois
habillemens ; il a une culotte rouge de plus. Ses appointemens
font de 1000 francs ; il a des penfions &:
gratifications en fus. Son fervice eft de dreffer les
chevaux, & les propofer à l’écuyer pour être donnes
fuivant ceux à qui ils peuvent fervir; d’avoir
1 oeil que rien ne leur manque pour la nourriture,
les foins ; & les jours de chaffe, placer pour chacun
aux relais, les chevaux deftinés au fervice, &c en état
de marcher.
Il y a de plus un aide à monter à cheval pour lé
foulager à dreffer les jeunes chevaux & réduire les
fougueux, qui a un furtout bleu bordé d’argent,
avec boutons & boutonnières de même : il a pareillement
la redingotte de même que le piqueur, la vefte
eft rouge bordee d’argent, boutons & boutonnières
& deux culottes, les paremens de l’habit font de drap
rouge, ainfi que la doublure qui eft de la même couleur
en fergé.
Il y a un délivreur pour les fourrages, qui a le mê-;
m’e uniforme que l ’aide à monter à cheval.
Il y a un maréchal , qui a le même uniforme que
l’aide à monter à cheval. Il a 50 fols par mois pour
chaque cheval, pour leur fournir les fers', les mé-
dicamens , &c. on lui paffe un garçon fur l’état de là
vénerie.
Le feliier eft habillé de même uniforme ci-deffus;
on lui paffe un garçon fur l’état ; on lui fournit tout
ce qui concerne fon état.
Les palfreniers font habillés d’un habit de grande
livrée, vefte bleue, bordée d’un galon de foie, une
culotte de drap ou panne, un manteau tous les trois
habillemens, bord de chapeau, bourdaloue, bouton
& gance ; ils ont 20 fols par jour, & 10 fols d’augmentation
hors Verfailles : ils Ont chacun quatre
chevaux à panfer ; on leur donne 25 liv. pour les
bottes.
Il y a en fus des furhuméraires, qui ont furtout dé
bouracan, vefte , culotte de drap, bord de chapead
comme les palfreniers ; ils n’ont point dé manteau,
& On leur donne la même paie. Il y en a à-peu-près
autant comme de palfreniers à la grande livrée,
c’eft-à-dire de trente-fix à quarante ; cela feroit de
foixanté-douze à quatre*vingt pour les deux parties;
Mais ceux de la petite meute font compris dans cé
même nombre de palfreniers & fur numéraires, &
les autres détaillés ci-devant, ne font que pour le
fervice de la grande meute : on leur donne 25 livres
pour les bottes.
Le grand-veneur n’a point de nombre de chevaux
marqué pour lui ; il en fait mettre à fon rang ce qu’il
juge à propos;
Le commandant en a fix à fon rang, & toujours
cinq à la chaffe; un de meute, un de vieille meute j
un de fécondé vieille meute, un de fix chiens,' & un
de relais volant.
I
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E E E e e e i j