de faillie, large d’un demi-pouce, & épaiffe d’une
ligne & demie. Cette éminence eft percée dans fon
milieu, & on remarque à chaque côté de fa bafe,
une échancrure fémi-lunaire ou ceintrée, creuféëfur
le ventre de la branche.
Le corps de la branche femelle porte intérieurement
deux avances, dont les dimenfions font les mêmes
que celles de la branche mâle ; elles font percées
dans leur milieu ; elles font fur les côtés & biffent
entre elles une cavité ou mortaife, qui reçoit l’avance
de la branche mâle, pour compofer une charnière.
La jori&ion des deux pièces eu fixée par un clou
rivé fur les éminences de la branche femelle.
L’extrémité antérieure de l’inftrument, eft la continuation
des branches ; elles fe jettent légèrement
en-dehors de la longueur d’un pouce quatre lignes,
puis formant un coude très-mouffe, elles diminuent
considérablement d’épaiffeur pour former le bec, qui
a près d’un pouce de long, & qui eft garni intérieii-
ment de petites rainures & éminences tranfverfales,
qui fe reçoivent mutuellement. V. lafig. 4. PL X V I I .
L’extrémité poftérieure eft la continuation des
branches qui fe jettent beaucoup en-dehors ; ces
branches diminuent d’épaiffeur & augmentent en
largeur, depuis le corps jufqu’à l’extrémité, afin de
prelenter une furface plus étendue, & d’être empoignée
avec plus d’aifance : l’extrémité eft un peu recourbée
en-dedans.
Enfin il y a un double reffort, formé par un morceau
d’acier plié en deux, dont la bafe eft arrêtée
par une vis fur la branche femelle, tout auprès de la
charnière, & dont l’ufage eft d’écartër avec force les
branches poftérieures de l’inftrument, pour que le
bec pince fans rifque de manquer prife.
On recommandoit de faifir avec le valet à patin,
l’extrémité du vaiffeau qu’on vouloit lier ; de laiffer
enfuite pendre l’inftrument, & de faire la ligature
avec le fil & l’aiguille, comme nous l’avons dit à IV -
ticlc Am pu ta t io n . Voye[ auffiL ig a tu r é ..
On ne fe fert plus de cet inftrument,, du moins
pour le cas en queftion. J’en ai donné la defeription,
parce que je crois que cette efpece de pinces n’eft
point inutile en Chirurgie. L’avantage qu’elle a fur
toutes nos pincettes, c’eft qu’au moyen de fon reffort
, on eft difpenfé du foin de ferrer, & que l’on
peut être affuré que ce qui a été bien faifi avec le
y a lu à patin, n’échappera pas. ( X )
VALETTE , la cité, de la , (Géog. mod.) c’ eft la '
plus grande des trois parties, qu’on entend communément
fous le nom général de ville de Malte.
Les Italiens l’appellent Terra-nuova, & les François
Villeneuve. Elle tient fon nom de fon fondateur Jean
de la Valette, grand-maître de l’ordre de Malte.
La cité de la Valette eft fituée fur une péninfule,
bâttue des flots de la mer par trois endroits; c’eft
une forte place, entourrée de foffés taillés dans le
r o c , & défendue par de bons battions, & autres ouvrages
à la moderne. L e dedans eft orné de rues longues
& droites.
Il y a fept églifes, & fept palais qu’on nomme auberges
, & où peuvent manger tous les religieux, foit.
chevaliers ou freres fervans, tant les profès que les
novices des fept langues. Les commandeurs qu’on
fuppofe affez riches pour fubfifter des revenus de
leurs commanderies, ne s’y préfentent guere ; chaque
chef ou pilier de l’auberge, y occupe un appartement.
Le tréfor de l’ordre lui fournit une fomme,
foit en argent, foit en grains, ou en huile, pour les
alimens des religieux de fon auberge. Sa table particulière
eft fervie avec abondance, qui fe répand fur
les tables voifines ; mais avec tout cela, les religieux
feroient fouvent mauvaife chere, li le pilier de l’auberge
ne fuppléoit de fes propres fonds à ce qu’il
tire du tréfor. Comme ceux qui tiennent l’auberge
ont droit à la première digpité vacante dans leur lang
u e , chacun cherche dans ées épargnes j ou dans la
Dourfe dé fes amis, de .quoi foutenir avec honneur
cette dépenfe.
L’arfenal n’eft pas éloigné du palais du grand-maître
, & eft fous l’infpeéhôn d’un des chevaliers de
l’ordre. Le château S. Elm eft bâti fur la pointe de la
cité de la Valette, dont il n’eft féparé que par un foffé
taillé dans le roc. Entre ce château & la cité, il y a
des magafins à blé, qui feint aufli taillés dans le roc.
Va l e t t e , l a , (Géog.mo*/.). anciennement Ville-
bois ; petite ville de France dans l’Angoumoïs, à quatre
lieues au midi d’Angoulème, érigée en duché-pairie
en i6 zz . Long. iy. 46’. lat. 46.41. (D . J.')
VALÉTUDINAIRE, f. m. (Médecine.) ce terme
eft plus en ufage parmi les gens qui ne font pas pro-
feffion de médecine, que parmi les Médecins même ;
Cependant il a rapport à la Médecine, & eft employé
pour lignifier une perfonne dont la fanté eft ou chancelante
, Ou délicate, ou fouvent altérée par différente!
maladies qui.lui arrivent par intervalles.
En général les femmes, les enfans , les vieillards,
& parini les adultes lés pléthoriques, les mélancoliques
, les hypocondriaques, & enfin les phthifi-
ques font généralement valétudinaires ; de forte que
valétudinaire peut s’appliquer à tous ceux qui ont
quelque maladie chronique, ou qui font fort fujets
aux maladies chroniques.
Le régime des valétudinaires doit être fort différent
de celui que l’on preferit, ou que l’on permet aux
gens qui jouiffent d’une fanté égale & confiante; on
doit employer toutes lès précautions imaginables
pour foutenir leur délicateffe & leur foibleffe contre ‘
toutes les maladies qui les menacent.
i°. Les alimens doivent être eupeptiques, aifés à
digérer, pris en petite quantité, fuivis d’un exercice
modéré ; la boiffon fera différente félon les circon-
ftances.: maison évitera l’ufage des liqueurs, & en-
coré plus leur abus.
2°. Les paflions feront tranquilles & calmes ; le
chagrin & les autres excès de l’ame feront défendus.
30. Le fommeil fera prolongé, & on défendra l’ufage
de tout ce qui pourra, le troubler.
Les remedes feront appropriés, mais oh fe gardera
d’en faire une habitude & une coutume ; & comme
les remedes demandent un régime convenable, on
aura foin de régler le régime pendant leur ufage.
V A LEU R , PR IX , ( Synonym.) le mérite des
chofes en elles-mêmes en fait la valeur, & l’eftima-
tion en fait le prix.
La valeur eft la réglé du prix, mais une réglé affez
incertainé , & qu’on ne fuit pas toujours.
De deux chofes celle qui eft d’une plus grande valeur,
vaut mieux, & celle qui eft d’un plus grand
prix, vaut plus.
Il femble que le mot de prix fuppofe quelque rapport
à l’achat ou à la vente : ce qui ne fe trouve pas
dans le mot de valeur. Ainfi l’on dit que ce n’eft pas
être connoiffeur que de ne juger de la valeur des chofes
que par le prix qu’elles coûtent. Girard. (D . J .)
V aleur des n o tes , en Mujique, outre la pofi-
tion des notes qui en m arque le to n , elles o n t toutes
quelque figure déterminée qui en marque la durée ou
le tems, c’eft-à-dire qui détermine lav<z/gtfrdela note.
C ’eft à Jean de Mûris qu’on attribue l’invention
de ces diverfes figures , vers l’an 1330. Cependant
le pere Merfene , qui avoit lu les ouvrages de cet auteur
, affure n’y avoir rien vu qui pût appuyer cette
opinion. De plus , l’examen des manuferits de mufi-
que du quatorzième fiecle qui font à la bibliothèque
du roi, ne portent point à juger que les diverfes figures
de notes qu’on y voit, fuffent de fi nouvelle invention.
Enfin c’eft une chofe qui me paroît difficile
à croire que durant trois cens ans & plus quife fonç
écoulés entre Gui Aretin & Jean de Mûris, la müfi-
que ait été entièrement privée du rhythme & de la
mefure, qui en font l’aine & le principal agrément.
Quoi qu’il en foit, il eft certain que les différentes
valeurs des notes font de fort ancienne invention. J’en
trouve dès les premiers tems de cinq fortes de figure
s , fans compter la ligature & le point. Ces cinq
font la maxime , la longue, la breve, la femi-breve
& la minime. Toutes ces différentes notes font noires
dans les manuferits de Guillaume de Machaut ; ce
n’eft que depuis l’invention de l’Imprimerie qu’on
s’eft avifé de les faire blanches, & ajoutant de nouvelles
notes, de diftinguerles valeurs par la couleur,
.auffi bien que par la figure.
Les notes, quoique figurées de même, n’avoient
pas toujours une meme valeur. Quelquefois la maxime
valoit deux longues , ou la longue deux brèves ;
quelquefois elle en valoit trois, cela dépendoit du
mode. Voye[ Mode. Il en étoit de même de la breve
par rapport à la femi-breve , & cela dépendoit du
tems. Voye^ T ems ; & de même enfin de la femi-
breve par rapport à la minime, & cela dépendoit de
la prolation. Voye^ Pr o la t io n .
Il y avoit encore beaucoup d’autres maniérés de
modifier les différentes valeurs de ces notes par le
point, par la ligature & par la pofition de la queue.
JVoyei Lig a tu r e , Po in t , Q ueue.
Les figures qu’on ajouta dans la fuite à ces cinq
premières, furent la noire, la croche, la double-
■ croche, la triple & même la quadruple croche ; ce
•quiferoit dix figures en tout : mais dès qu’on eut pris
la coutume de féparer les mefures par des barres, on
abandonna toutes les figures de notes qui valoient
plufieurs mefures, comme la maxime qui en valoit
huit, la longue qui en valoit quatre, & la breve ou
quarrée qui en valoit deux ; la femi-breve ou ronde,
qui valoit une mefure entière, fut la plus longue valeur
de note qui demeura en ufage, & fur laquelle on
'détermina les valeurs de toutes les autres notes; &
comme la mefure binaire qui avoit paffé longtems
pour moins parfaite que la mefure à trois tems, prit
enfin le deffus , & fervit de bafe à toutes les autres
mefures, de même la divifion foûdouble l’emporta
fur la divifion foûtriple qui avoit auffi paffé pour la plus
parfaite ; la ronde ne valut plus que quelquefois trois
blanches, mais toujours deux feulement ; la blanche
deux noires, la noire deux croches, & ainfi toujours
dans la même proportion jufqu’à la quadruple croche
, i i ce ri’eft'dans quelques cas d’exception où la
divifion foûtriple fut conlervée & indiquée par le
chiffre 3 placé au-deffus ou au-deffous des notes.
■ Veyeç Planches & fig. les figures & les valeurs de
toutes ces differentes efpeces de notes.
Les ligatures furent en même tems abolies, du-
moins quant aux changemens qu’elles produifoient
dans les valeurs des notes. Les queues, de quelque
maniéré qu’elles fuffent placées, n’eurent plus qu’un
fens fixe oc toujours le même ; & enfin la lignification
du point fut auffi bornée à valoir exaâement la
moitié de la note qui eft immédiatement avant lui.
T e l eft l’état où les figures des notes ont été ffiifes
par rapport à la valeur, & où elles font actuellement.
L’auteur de la dijfertation fur la mujique moderne
trouve tout cela fort mal imaginé ; nous avons expo-
fé au mot Note quelques-unes de fes raifons. (S)
V aleur , f. f. ( terme de lettre-de-change. ) ce mot
fignifie proprement la nature de la chofe, comme deniers
comptais, mârchandifes, lettres-de-change ,
dettes, &c. qui eft donnée, pour ainfi dire, en échange
de la fomme portée par îa lettre dont on abefoin.
•Ricard. (D . J .)
Valeur intr insèque , ( Monnoie. ) ce mot fe
dit des monnoies qui peuvent bien augmenter ou
baiffer fuivant la volonté du prince, mais dont la vé-
«table valeur ne dépend que de leur poids & du titre
du métal. C ’eft toujours fur cette valeur intrinfequt
des efpeces qu’elles font reçues dans les pays étrangers
, bien que dans les lieux où elles ont été fabriquées
, & où l’autorité fouveraine leur donne cours
elles foient portées dans le commerce fur un pié
bien plus fort ; mais c’eft un mal de plus dans l’état.
(Z>. ƒ .)
Valeur , f. f. (Hydr.) la valeur des eaux eftl’efti-
mation de ce qu’elles peuvent produire en un certain
tems. L’expérience y eft plus néceffaire que la dé-
monftration ; c’eft elle qui a fait connoître ce que
fournit par minute un ruiffeau, une rivière , un pouce
d’eau, une ligne ; c’eft par fon moyen qu’on fait
qu’un muid d’eau contient 288 pintes mefure de Paris
, & qu’on peut l ’évaluer à 8 piés cubes valant
chacun 36 pintes 8e de 288. (X)
Val eur , ( Morale. ) la valeur eft ce fentimentque
l’enthoufiafme de la gloire & la foif de la renommée
enfantent, qui non content de faire affronter le danger
fans le craindre, le fait même chérir & chercher.
C ’eft ce délire de l’héroïfme qui dans les derniers
ficelés forma ces preux chevaliers, héros chers à l’humanité
, qui fembloient s’être approprié la caufe de
tous les foibles de l’univers.
C’eft cette délicateffe généreufe que l’ombre d’un
outrage enflamme, & dont rien ne peut déformer la
vengeance que l’idée d’une vengeance trop facile.
Bien différente de cette fufeeptibilité pointilleufe,
trouvant l’infulte dans un mot à double fens, quand
la peur ou la foibleffe le prononce , mais dont un regard
fixe abaiffe en terre la vue arrongante, fem-
blable à l’épervier qui déchire la colombe , & que
l’aigle fait fuir.
La valeur n’eft pas cette intrépidité aveugle & momentanée
que produit le defefpoir de la paffion, valeur
qu’un poltron peut avoir, & qui par conféquent
n’en eft pas une; tels font ces corps infirmes à qui le
tranfport de la fievre donne feul de la vivacité, &C
qui n’ont jamais de force fans convulfions.
La valeur n’eft pas ce flegme inaltérable, cette efpece
d’infenfibilité, d’oubh courageux de fon exif-
tence , à qui la douleur la plus aiguë & la plus fou-
daine ne peut arracher un c r i , ni caufer une émotion
fenfible : triomphe rare & fublime que l’habita-
de la plus longue, la plus réfléchie&la mieux fécondée
par une aine vigoureufe, remporte difficilement
fur la nature.
La valeur eft encore moins cette force extraordinaire
que donne la vue d’un danger inévitable, dernier
effort d’un être qui défend fa v ie; fentiment in-
fépârable de l’exiftence, commun , comme elle , à
la foibleffe , à la force, à la femme, à l’enfant, feul
courage vraiment naturel à l’homme né timide. A
votre afpeél, que fait le fauvage votre frere ? il fuit.
Ofez le ponrfuivre & l ’attaquer dans fa g rotte, vous
apprendrez ce que foit faire l’amour de la vie.
Sans fpeélateurs pour l’applaudir, ou au-moins
fans efpoir d’être applaudi un jour, il n’y a point de
valeur. De toutes les Vertus foélices c’eft fans douté
la plus noble & la plus brillante qu’ait jamais pu créer
l’aAour propre ; mais enfin c’eft une vertu faétice.
C’eft un germe heureux que la nature met en nous,
mais qui ne peut éclore, fi l’éducation & les moeurs
du pays ne le fécondent.
Voulez-vous rendre une nation valeureufe , que
toute aélion de valeur y foit récompenfée. Mais quelle
doit être cette récompenfe ? L’éloge & la célébrité.
Faites conftruire des chars de triomphe pour ceux
qui auront triomphé, un grand cirque pour que les
fpeûateurs, les rivaux & les applandiffemens foient
nombreux ; gardez-vous fur-tout de payer avec de
l’or ce que l’honneur feul peut & doit acquitter. Ce*
lui qui fonge à être riche , n’eft ni ne fera jamais va