on y trouve attaché de très-beau foufre pur. r on trouve
auffi çà & là, des pierres luifantes> Si fcmbiables
au mâchefer ; tout le fonds de Elle paroît chargé de
foufre : on y rencontre dans fa partie méridionale des
quartiers de-rochers brûlés , entafles les uns fur les
autres , par des tremblemens de terre. Cette île en
éprouva un terrible en 1704 ; il dura depuis le 24
Décembre, julqu’au 5 Janvier de l’année fuivante ;
la terre s’étant entr’ouverte , il s’y forma deux bouches
de feu , qui jetterent des cendres, de la fumée,
des pierres embrafées,, des torrens de foufre, Si d’autres
matières bitumineufps, Tout cela eft confirmé
par la relation de M. Evens , qui fit un voyage dans
cette île en 1715. VoyeilesTranfacl. philof 7P.345.
Nous devons au pere Feuillée des obfervations importantes
qu’il a faites au Pic deTénériffc , Si par lesquelles
il a trouvé que la hauteur du fommet du Pic,
au-deffus du niveau de la mer , étoit de deux mille
deux cens treize toifes; Ce pere partit dans le mois
d’Août, avec M. Verguin , M. Daniel médecin ir-
landois, & d’autres curieux, pour monter fur le Pic.
Au bout d’une marche de cinq heures, fort difficile
à caufe des rochers & des précipices, ils arrivèrent
à une forêt de pins, fituée fur une croupe de
montagne, appeîlée monte. Vcrde'y on y fit l’expérience
du baromètre, le mercure fe tint à 23 pouces
o ligne ; après avoir monté jufqu’auprès du pic ifolé
qui fait lefommet de la montagne , on fut obligé d’y
palier la nuit ; le lendemain le p. Feuillée fe bleffa en
montant fur une roche, Si fut obligé de relier au bas
de ce pic ifolé; il y fit l’expérience du mercure, qui
fe tint à 18 pouces 7 lignes -j-, M. Verguin Si les autres
montèrent avec beaucoup de peine au fommet
du pic.
Ce fommet ell terminé par une efpece de cône
tronqué, creux en-dedans , qui ell l’ouverture d’un
Volcan, Si qu’on appelle à caufe de cela, la.caldera,
ç’eft-à-dire la chaudière. Ce creux ell ovale , Si fes
bords terminés inégalement ; on en peut cependant
prendre une idée affez jufte , en imaginant le bout
d’un cône tronqué obliquement à l’axe : le grand axe
de cette ovale , ell d’environ 40 toifes, le petit de
30 ; le mercure ayant été mis en expérience fur fon
bord le plus élevé , fe tint, à 17 pouces 5-lignes : ■ le
fond de ce creux ell fort chaud ; il en fortune fumée
fulphuréufc., à-travers une infinité de petits, trous
recouverts par de. gros rochers ; on y trouve du foufre
qui fe liquéfie , Si s’évapore facilement par une
chaleur égale à celle du corps humain.
Ceùxqui étoient au fommet du pic, parlèrent à
ceux qui étoient reliés au fommet de la pointe., d’où
ç>n les entendoitfort diftinclement, même lorfqu’ils
parloient entr’eux ; mais ils ne purent jamais entendre
les réponfes qu’on leur fit ; ils roulèrent le long
de la croupe du pic , de groffes pierres quidefcen-
doient avec une rapidité étonnante , & qui en bon-
dilTant, faifoient un bruit plus grand que les coups
de gros canons: ce qui fit juger que cette montagne
èHcreufe en-dedans.
. En defcendant de la montagne, ils pafferent à une
citerne naturelle, dont l’ouverture ell à l’orient de la
montagne , & dont l’eau ell extrêmement froide ; ils
ne virent aucune vrailfemblance de ce que quelques
voyageurs ont rapporté , que cette citerne communique
avec la mer.
Nous avons auffi des relations de négocions anglois,
qui ont eû la curiofité de monter au fommet de cette
montagne. Telle ell la relation publiée par Sprat,
dans fon hifloire, de la fociété royale;- Les curieux
dont il parle, eurent à peine fait unelieue-pour grimper
fur le pic , que le chemin fe trouvant trop rude
pour y faire paffer leurs montures , ils le laifferent
avec quelques-uns de leurs valets comme ils s’avan-
çoient toujours vers le haut, l’un d’entre eux/e fentit
tout-à-coup faili de frllfons de fievre, avec flux de
ventre , Si vomiffemenr. Le poil des chevaux qui
étoient chargés de leur bagage , étoit hériffé comme
la foie des pourcèaux ; le vin qui pendoit dans des
bouteilles, au dos d’un cheval, étoit devenu fi froid
qu’ils furent contraints d’allumer du feu pour le chauffer
avant que d’en boire , quoique la conftitution de
l’air fût auez tempérée.
Après que le foleilfi.it couché, il commença à faire
fi froid , par un vent impétueux qui fe leva, qu’ils
s’arrêtèrent entre de groffes pierres fous un rocher ,
ou ils firent un grand feu toute la, nuit ; furies quatre
heures du matin, ils recommencèrent à monter , Si
étant arrivés une lieue plus haut, un des leurs, à qui
les forces manquèrent, fut contraint de demeurer à
l’endroit où les rochers noirs commencent ; les autres
pourfuivirent leur voyage jufqu’au pain de fu-
c re , où ils rencontrèrent de nouveau du fable blanc,
& étant parvenus aux rochers. noirs qui font tout
unis comme un pavé, il leur fallut encore marcher
une bonne heure , pour grimper au plus haut du p ic ,
où enfin ils arrivèrent.
Ils découvrirentde-là, l’île de Palme à feize lieues,
Si celle de, Gomer à fept. Le foleil ne fut pas fort
élevé, que les nuées qui remplirent l’a ir , dérobe-
rentà leur vue & la mer , & toute l’île , àlareferve
des fommets des montagnes fituées plus bas quelle
pic , auquel elles paroilfoient attachées ; après s’être
arrêtes au fommet pendant quelque tems, ils def-
cendirent par un chemin fablonneux, Si ne trouvèrent
dans toute la,route que des pins, & une certaine
plante garnie d’épines comme la ronce , qui croît
parmi ce fable blanc.
From Atlas fa r , beyond a wafleofplains ,
Proud Teneriffe , his giant-brotker reigns ;
With breatlïing fire his pitchy nojlrils glow,
A s from his Jîdes , he shakes théfleecy fnow ;
.Around thiir hoary prince , fromwadry beds ,
His fubjecl ijlands tife tlieirverdant heads ;
’ ' -The waves fo gently wash each rijing hill,
Thelandfeems fLoating, and the.océan jlill.
Ç’eft Garth, excellent poète Si médecin de grand
mérite, quia fait ces beaux vers.fur le pic des Canaries.
Longitude de ce pic , fuivantCaffini, /. 5 i. g o.
lotit.2.8.30. Lon gfuivant le pere Feuillée, ; .p . 3 o.
lotit. 28. 13. 2Ç>.\
Les obfervations réitérées , faites à l’Orotava
ville fituée dans l’île de Ténériffe, parle même pere
Feuillée , donnent très-vexaélement la différence en
longitude , entre Paris Si 1 e.pic de Ténériffe , de 18,
6 3 . op. ou 1. /J. 32. ce qui eft d’autant plus utile que
les cartes hollandoifes font paffer par ce pic leur
premier méridien, & .qu’on en découvre le fommet
en mer, à la diftanee ld’environ trente lieues.
Il çtoit important de déterminer la .longitude du
pic de Ténériffe, puilqu’elle doit être d’un grand fe-
cours fur mer, pour corriger les routes eflimées.
(Le chevalier DEJA U COURT. )
T é n é r if f e , {Gèog. niodf) ville..de T Amérique
méridionale, dans laTerre-ferme, au gouvernement
de Sainte-Marthe, fur la rive droite:de la riviere ap-
,p elle p Rio? grande de la- Madalena, à 40 lieues de la
ville de .Saintp-Marthe.iLotit. $. 46'., { D . ƒ.)•
TENESIS ,: ( ,Ç éog.;am. ) contrée de l’Ethiopie
fous l’Egypte x dansles terres. Strabon, /. X V I . p.
770. dit, que ces peuples avoient.une reine à la*-
quelJre pbéiffoir.aufti l’île de Méroée, qui étoit voi-
fine de Tenefif ^ Si. qui étoit formée, par le NiL ■— i . r .TEN-ESME, f. m. ( Médecine. ) maladie qui con-
fifle dans une eayiç,fréquente d’aMeofà/lâ- lelle ,* &
dans des efforts yiolens appropriés , qui n’ont que
peu ou point d’effet, Les Grecs lui ontdohné le nomH
de Twsojuèç, ou mieux nmepèt, dérive de tiivut t tendre
, & t»W , tenjion, pour exprimer l’extrême con*
tenfion des malades lorfqu’ils le préfentent au baffin ;
quelques-uns l’ont appellé de /31* f effort, à caufe
de la viôlence des efforts qu’ils font obligés de faire»
Le ténefme eft quelquefois entièrement lè c , le plus
fouvent il eft accompagné de déjeélions, mais très*
modiques; & ce ne font point les excrémens qui en
font la matière : mais quelques gouttes d’humeurs
glaireufes, phlegmatiques, ou feules, ou mêlées avec
des ftries de fang, de la fanie ou du pus ; ces matières
toujours âcres, corrofives, excitent en paffant
par le fondement, ou en fe détachant, des douleurs
&descuiffons v iv e s , & un fentiment infupporta-
ble d’érofion. Il eft rare que la fievre furvienne à
cesaccidens, à-moins qu’ils ne foient portés à un
très-haut point d’intenfité.
La caule générale qui les détermine , eft une irritation
confiante qui a fon fiege à l’extrémité du re-
élum, ou fur le fphinéler de Panus ; cette irritation
peut être produite par une inflammation, par un
ulcéré, par l’excoriation, le déchirement ; la blef-
fure de. cette partie à la fuite d’un coup , d’une con-
ftipation opiniâtre qui n’aura pu être vaincue que
par des efforts violens, de rirttfôduélion forcée &
maladroite de la canule d’une féringue , d’un fuppq-
iitoire trop irritant, des ragades qui s’étendentjuf-
que à la partie interne du fphinéler, des hémorrhoï-
des aveugles & douloureufes ;..des afcarides qui font
ordinairement nichés à l’extrémité du reélum, peuvent
auffi déterminer les mêmes fymptomes; aux
caufes locales qui agiffant fur la partie affeêlée constituent
le ténefme idiopathique, on peut ajouter celles
qui produifent dans d’autres parties une irritation
qui le communique par fympathie, c’eft-à-dire, par
les nerfs au fphinêler de l’anus. T elles font l’inflammation
& l’ulcere des proftates, du col de la veffie,
de la matrice, les tumeurs de cet organe , & les efforts
d’un accouchement laborieux. Telle eft auffi
plus fouvent l’irritation occafionnée- par la- pierre
dans la veffie. Le mufcle qui déterminé les excrétions
des matières fécales étant irrité , doit fuivant
les lois de l’irritabilité ou fenfibilité, entrer dans de
fréquentes contraêlions, & donner lieu par-là aux
efforts répétés, & à l’envie prefque confiante, de
cette excrétion. : mais ces mêmes efforts en apparence
deftinés à emporter la caufe du mal, nè font
que l’enraciner davantage, & rendre la maladie plus
douloureufe Si plus opiniâtre : qui ne riroit d’un ani-
mifle ou Jlahlien qui viendroit foutenir que cette maladie
eft un bienfait delà nature Ou deTame bonne
Sc prévoyante mere, qui dirige cès efforts à laguéri-
fon de la maladie, qui les excite même fous prétexte
d’une indifpenfable néceffité, & dans l’elpérancè
d’un avantage qu’on attendroit inutilement d’ailleurs ? "
Eft-ce qu’un ùlcere, une inflammation, un déchirement
de l’anus, ne s’augmentent pas dans les efforts
réitérés du ténefme ? Eft-ce qü’un pareil vice dans les
parties voifines peut en recevoir quelque foulage-
ment ? eft-ce qu’un hémorrhoïdaire ne feroit pas
mieux dégagé par l’écoulement du fang que par des
douleurs & des cuiffons qui ne font que le tourmenter
davantage ? &c. &c. N’eft-il pas en un mot, plus
naturel de penfer que tous ces mouvemens tout à-
faithors de l’empire de l’ame, font la fuite héceffaire
de la difpofition organique de ces parties : .il y a des
lois primitivement établies, relatives à l’orgânifa-
tion de la machine, fuivant lefquelles fe font lès di-
yers mouvemens, fans qu’il foit befoin qu’un être
intelligent foit fans ceffe occupé à les produire & à
les diriger ; ç’ eft ce qui fait qu’il y a des maladies qui
font avantageufes, & d’autres qui ne le font pas ; ce
mélange de bien Sc de mal fuppofe toujours un aveugle
machinifme.
TomeXVI,
Quoique le üriejnti tte foit pâS pôitf l’ofdirtaîré
îUortel, il ne laifte pas d’être une maladie fouvent
férieufe, la fource de douleurs cuifarttes, 8ide beau*
Coup d’incommodités ; Iorfqu’il eft produit par utt
ulcéré du fphinêler, il rifqüe s’il eft négligé de dege*
nerer en une fiftule qu’on né guérit qu’avec beau*
coup de difficulté, & qui peut même tendre à abré*
ger les jours du malade. Lorfqu’il eft la fuité d’une
. legete excoriation, des vers alcarides, des hémor*
rhoïdes qui ont de la peiné à percer, d’un accouchement
difficile, &c. Il fe diffipe affez promptement
par la ceffation de ces caufes, par la mort ou l’ex-*
pulfion de v er s, le flux des hémorrhoïdes, & la for*
tie de l’enfant i alors il occafîonne plus de defagré*
ment que de danger. Il y aurie eirconftance où le ré*
nefme peut devenir fâcheux, c’eft lorfqu’il fe rencontre
daris une femme enceinte. Alorst fuivant l’ob-
fervation d’Hippocrate, dont la raifort eft affez claire,
il excite l’avortement : mùlitris utetô gerenii tenefmus
fuperveniens aborlivï facit, ( Aphor. 27. lib. VII. )
le tenefme d’automne eft pour l’ordiriairé coritagieux,
& devient épidémiqüe.
L’indication qui fe préfente à remplir dans le traitement
du tenefmeyeH défaire ceffer l’irritation locale qui
en détermine les fymptomes ; mais pour y féuffir, il
faut varier les remedes, &les proportionner aux differentes
Caufes qui l’ont excitée, St qui l’entretien*
rient; ainfi dans les cas d’inflammation, phlogofe ,
excoriation., il faut infifter davantage fur les adou-
ciffans, émolliens, anodins pris par la bouche, donnes
en lavement, ou appliqués fous forme de fomentation
ou d’étuves : quelquefois’même il eft à propos
de recourir à la faignée, qu’on peut mêmè fi le cas
l’exige, réitérer julqu’à deux Ou trois fois. Ces me*
mes remedes peuvent convenir dans les téntfmes fym*
pathiques, qui doivent leur naiffance à l'inflammation
de la veffie de la matrice, &c. Voye[ Inflammation.
Les ulcérés demandent qu’aux émollienS
on ajoute , ou même fi les douleurs ne font pas viv
e s, on fubftitue l’ufâge des baumes pris intérieurement
, ou injectés par l’artus ; les laVemenS térében-
thins font très-appropriés; on peut combattre les
vers par les anthelmintiques ordinaires, Si fur-tout
par des fuppofitoires faits avec le miel Si l’extrait d’ab*
fynthe, .ou autre amer,"mais qui n’irrite pas beaucoup
; quant au tériefme qui éft l’effet d’un accouchement
laborieux, ou d’une pierre dans la veffie, il eft
évident qu’on rie peut le guérir que par la fôrtie de
ces corps étrangers ; on peut cependant calmer les
douleurs, Si diminuer la violence des efforts, parles
lavemens de mauve, de pariétaire, de branc-urline,
de pfillium, &c. qu’on rendra plus anodins par l’addition
du firop de pavot ou du laudanum en fubftan-
Ce ; ces mêmes narcotiques peuvent être employés
intérieurement fans danger dans la pierre ; mais il y
auroit de l’inconvénient à les donner dans l’accouchement
difficile, &leur fecours eft beaucoup moins
née affaire , parce que le ténefme n’eft pas de longue
durée, Si que lés efforts qu’il excite peuvent aider
à l’accouchement.
Dans le ténefme qui furvient aiix hémorrhoïdes
aveugles , il faut tourner toutes fes vues dé ce côté ,
tâcher de les faire perder ; les remedes indiqués dans
cette eirconftance font fi les douleurs font v ives, le
bain local, l’étuVe faite avec des plantes émollientes
, les liriimens avec l’onguent populeum, Si furtout
^application des fangfues aux vaiffèauX gonflés S’ils
paroiffent à l’extérieur,qu’on fecoriderà efficacement
par une bonne prife d’aloës, remede éminemment hé-
morrhoïdaire, ou d’extrait de l’élixir de propriété.(/n)
TENETTE , f. f. infiniment de Chirurgie, qui lert
à faifir Si tirer la pierre de la veffie dans l’operation
de la taille. Voye^ T aille.
La tinette eft une efpece de pincette fort polie >