Sê* VEN
Les deux gentilshommes en ont autant & ‘même
.pofition.
Chaque piqueur autant, hors celui qui a le détail
-de la meute, qui n’en a que deux.
Les pages en ont chacun deux à la chaffe , & un
qui fe repofe à l’écurie.
Les deux valets de limiers à cheval ont chacun
-trois chevaux à leur rang, dont deux à la chaffe, &
un qui fe repofe pour chacun.
Les trois valets de chiens à cheval en ont chacun
un à chaque chaffe; s’il s’en trouve un de boiteux,
ou malade d’une chaffe à l’autre , on en prend un
dans les chevaux de fuite, dont il y en a un certain
.nombre pour monter les palfreniers qui font defti-
nés à relayer ceux pour qui on leur donne des chevaux
à chaque relais.
L’on fait monter le nombre des chevaux pour le
fervice des deux meutes du cerf; les chevaux neufs»
.ceux du fervice, ceux de carroffe & de chaife, ceux
de fuite, au nombre de 300 chevaux.
La nourriture des chevaux de la vénerie eft un boif-
Leau d’avoine par jour, en deux ordinaires, mefure
de Paris, une botte de foin, & une botte de paille,
du poids chaque de 10 à 11 livres.
La grande vénerie du roi étoit compofée fous le
.régné de Louis XIII. d’un grand veneur, quatre lieu-
.tenans, quatre fous-lieutenans, quarante gentilhomme
« de la vénerie qui fervoient, favoir un lieutenant
& un fous-lieutenant & dix gentilhommes par trois
mois. Il y a encore huit gentilhommes ordinaires qui
ont été choifis de tout tems parmi les fufdits nommés
pour fervir a&uellement dans la vénerie■ ou le tems
qu’il plait au ro i, qui font ceux à qui l’on doit avoir
plus de créance quand le choix en a été bien fait.
Il y a auffi deux pages de la vénerie, quatre aumôniers
, quatre médecins, quatre chirurgiens &
quatre maréchaux, un boulanger, douze valets de
.limiers fervant trois par trois mois, & deux ordinaires
que l ’on appelle delà chambre, quatre fourriers
/ervant auffi un par quartier, quatre maîtres-valets
.de chiens à cheval & un ordinaire, douze valets de
chiens à pié fervant par quartier , quatre ordinaires
qui font deux grands & deux petits valets de chiens
qui doivent demeurer auprès des chiens jour & nuit.
La venerie du roi eft compofée en 1763 d’un grand
veneu r, Mgr. le prince de Lamballe : d’un commandant
, M. de Lafmartre: d’un écuyer, M. de Vaude-
Jau : deux gentilhommes, deux pages , quatre piqueurs
, huit valet de limiers, dont deux à cheval :
.dix valets de chiens, dont trois à cheval, un boulanger
, un châtreur.
Sa Majefté a enfus une fécondé meute pour le cerf
fous les ordres du même grand veneur, qui eftfervi
par une partie des officiers du grand équipage : un
commandant, M. Dyauville, d’augmentation : le
même écuyer de la grande meute, un gentilhomme
de la grande meute & un d’augmentation, un des
deux pages de la grande meute, trois piqueurs d’augmentation,
deux valets de limiers de la grande meule
, dix valets de chiens d’augmentation, un boulanger
d’augmentation , un maréchal d’augmentation ,
un aide-à-monter à cheval d’augmentation , un garçon
délivreur d’augmentation, & environ 1 zo chiens
fans les limiers, un aumônier, un médecin, un chirurgien,
un tréforier en charge, un argentier en charge
, un controleur , un fous-ecuyer, un piqueur pour
l ’écurie, un aide-à-monter à cheval, un délivreur,un
fèllier, un maréchal, environ 300 chevaux pour le
fervice des deux meutes , plus de trente-fix palfreniers
avec l’habit de grande livrée, & environ un
pareil nombre avec desfurtouts & la même paie.
Sous les régnés précédens la venerie étoit bien plus
c.onfidérable ; & prefque tous les employés étoient
£B charge, Salnoyeôt la Briffardiere en font le détail.
VEN
Louis XIII. créa. fix officiers ordinaires qui demeurent
dans la vénerie fans en fortir, pour faire
chaffcr & piquer à la queue des chiens; ils font réduits
aujourd’hui à quatre, qui font les quatre piqueurs
qui avoient fur l’état le titre de gentilhomme,
qui ne leur eft pas continué fur l’état de diftribution
des appointemens fous ce regne-ci.
La plupart des charges de la vénerie ont été fuppri-
mées à la mort de Mgr. le comte de Touloufe, grand
veneur, en 1737 ; il y en a encore quelqu’une de
lieutenant, dont ceux qui fervent, ne iont pas pourvus:
une de tréforier, une d’argentier ; voilà celles
qui font à ma connoiffance ; toutes les autres places
qui font occupées dans la vénerie, le font par des officiers
& autres que le grand veneur propofe au r o i,
& qu’il reçoit, fuivant les talens, le mérite ou l’ancienneté.
Les charges ci-deffus dépendent du grand veneur;
elles font à fon profit.
En 1764 j’ai fait le relevé des charges de la vénerie
chez M. le grand veneur à l’hôtel de Touloufe à
Paris. Voici ce qu’on m’a donné.
Un lieutenant ordinaire, quatre lieutenans par
quartiers. Le roi nomme & donne ces places &c charges.
Quatre fous-lieutenans par quartier, fix gentil-
hommes. M. le grand veneur donne ces places &T
charges.
Compagnie des gardes à cheval. Un lieutenant, un
fous-lieutenant, fix gardes.
Ordre pour la chaffe. Quand le roi veut chaffer avec
fon équipage de la vénerie, il en fait part au grand
veneur, de l’endroit, du jour, du lieu de l’affemblée,
& de l’heure qu’il fe rendra au rendez-vous ; le grand
veneur le dit au commandant de la vénerie, qui fe
rend au chenil à l’heure du fouper des chiens ; tous
les gentilshommes, officiers & autres du fervice s’y
trouvent; là il fait la diftribution des quêtes à chacun
fuivant leur rang ; leur dit le rendez-vous & l’heure
que le roi s’y rendra ; il dit auffi l’heure qu’il faut
que les chiens partent du logis pour le rendez-vous ,
& fi l’on féparera des relais en chemin; le premier
piqueur prend fes ordres fur tout cela. Dans le partage
des quêtes il met ordinairement un valet de limier
à pie dans chaque quête avec un des officiers
ci-deffus à cheval ; celui qui eft à pié, refte pour
garder les cerfs qui fe trouvent dans leurs quêtes, &ç
celui qui eft à cheval, fe rend au rendez-vous pour
faire le rapport & conduire à fes brifées ; fi l’on va à
lui,il prénd un peu devant pour demander à fon compagnon
fi le cerf n’eft pas forti de l’enceinte oii il
étoit détourné ; s’il y eft encore, au carrefour au pié
de l’enceinte l’on fait prendre les chiens ; on envoie
du monde tout-au-tour de ladite enceinte ; on va aux
brifées avec une demi-douzaine de chiens , qui font
découplés derrière le valet de limier dans la voie aux
brifées; le valet de limier prend la voie avec fon limier
, & croife l’enceinte pour lancer le cerf. Les piqueurs
entrent à cheval, font du bruit, foulent l’enceinte
jufqu’à ce que le cerf foit parti ; fitôt qu’il a
été v u , on crie tayoo; fi c’eft à une route ou à un
chemin , on fait avancer les chiens de meute & on
les découple dans la voie jufte, & on chaffe.
Si dans l’endroit que le roi juge à-propos de chaffer
, il faut que les veneurs aillent coucher dehors
( c’eft-à-dire à portée de leurs quêtes ) , le commandant
fait avertir, & à fon retour du château il distribue
l’ordre & les quêtes, afin qu’on ait le tems
d’arriver de bonne heure à l’endroit qui eft le plus
prochain village de leur quête, & l’on n’attend pas
à l’heure du fouper des chiens pour donner l’ordre
ces jours-là.
Depuis plufieurs fiecles que les chaffeurs ont reconnu
S, Hubert pour leur patron, il n’y a point de
. VEN
royaume, fouveraineté ni principauté 011 il y ait des
meutes & véneries , qui n’en célébré la fête par une
grande chaffe qui fe tait ce jour-là, qui arrive le 3
Novembre, même les princes proteftans en Allemagne.
La famille royale ce jour-là accompagne fa
majefté à la chaffe, les princes & feigneurs s’y joignent,
& cela fait un concours bien brillant; ce jour-
là on dit une méfié du grand matin, où les veneurs
qui vont aux bois , fe trouvent; l’on y rend un pain
béni au nom du roi pour la vénerie ; c’eft le premier
piqueur qui en eft chargé ; le commandant porte le
cierge , & va à l’offrande. On donne un écu pour la
mette & un morceau de pain béni au prêtre ; le refte
eft partagé aux officiers du fervice. Les valets de
chiens de la vénerie y font bénir pareillement les
brioches qui doivent etre préfentées au ro i, à la reine,
à la famille royale, au grand veneur, à tous les
princes & feigneurs de la cour ; fa majefté donne
pour la brioche des valets de chiens 400 liv. & quatre
louis pour leur fouper ; le chirurgien de la venerie
8400 liv. chaque piqueur zoo liv. chaque valet de
limiers 14 liv.le boulanger 48 liv- le châtreur 150 liv.
Sa majefté donne en-fus pour l’écurie une fomme.
Le grand veneur donne à l’équipage du roi 1001.
pour les piqueurs, Sol. pour les yalets de limiers, 40
liy. pour les valets de chiens, &c j 6 pour le boulan-
V E N 953
ger. La reine donne auffi à la S. Hubert pour la venerie
800 liv. dont 400 liv. pour les piqueurs, zoo J.
pour les valets de limiers, èc zoo liv. pour les valets
de chiens.
Sa majefté donne auffi ce jour-là l’affemblée double
, c’eft-a-dire que chaque chaffe, ou deux fois la
femaine, il eft donné fur le certificat du commandant
vingt livres de pain à la"panneterie, trente-deux
bouteilles de rin à l’échanfonnerie , & vingt livres
de viande de boucherie au grand commun , pour
chacjue affemblée ; & le jour de S. Hubert il eft délivre
40 livres de pain, 64 bouteilles de vin & 40 livres
de viande : le tout eft doublé ce jour-là ; cela
appartient aux valets de limiers & valets de chiens ,
qui l’ont chacun leur tour , c’eft-à-dire , un valet de
limiers l’a au commencement de la femaine, & un
valet de chiens à la fin. Ces affemblées étoient autrefois
les déjeunés de chaffe que le roi faifoit porter
au rendez-vous pour les veneurs; depuis un tems
qui m’eft inconnu, il a été réglé comme il eft dit ci-
deffus; j’en ai parlé ailleurs. Article de M . Vi n F r a i s
l aine, de la venerie du roi.
Vénerie royale , ( Géog. mod.') maifon de plaifan-
ce des rois de Sardaigne, entre le Pô, la Sture & la
Doria, à 3 milles de Turin. Les François incendièrent
ce beau palais en 1693. Long. x5 . 14. lat. 4 6 .5 6 .
R E N V O I
ég é ta t ion , phénomène de la n ature qui confîfte
dans la formation, l’accroiffement, & la perfection
des plantes, des arbres, & de tous les autres
corps de la nature, connus fous le nom de végétaux.
I La vie & l’accroiffement font les caraôeres dif-
tinûifs de ces corps , différens des animaux en ce
qu’ils n’ont pas de fentiment ; & des minéraux, en
ce qu’ils ont une véritable v ie , puifqu’on les voit
naître, s’accroître, jetter des femences, devenir fu-
jets à la langueur, aux maladies, à la vieilleffe, &
à la mort.
I La végétation eft quelque chofe de diftinâ de la
vie dans les plantes. Quoiqu’une plante morte ceffe
auffi devégéter, néanmoins il y a beaucoup de plantes
qui vivent fans qu’eUes donnent la moindre marque
de végétation. La plupart des plantes aquatiques
confervent la vie dans les tems de féchereffe,' & ne
recommencent à végéter que lorfque l ’eau revient
dans les mares ou dans les ruiffeaux. Une graine qui
n’eft point expofée à la chaleur ni à l’humidité, eft
vivante, & ne végété pas, & peut même demeurer
très-long-tems dans cet état de non-végétation : on a
vu certains haricots rouges de l’Amérique tirés du
cabinet de l’empereur, où ils étoient confervés depuis
plus de zoo ans, germer & végéter par les foins
d’un habile jardinier.
Quelquefois la végétation eft fi foible, qu’elle n’eft
prefque point fenfible ; bien des arbres de la zone
torride reftent long-tems dans nos ferres fans faire de
progrès ; & la plûpart de nos arbres qui fe dépouillent
de leurs feuilles en hiver ne paroiffent végéter qu’aux v
yeux des obfervateurs attentifs ; enfin,les oignons des
plantes bulbeufes paffent un tems confiderable de
l’annee dans un état de non -végétation. Mais lorfque
dans le printems & dans l’automne, tous ces êtres
vivans pouffent de nouvelles feuilles & de nouveaux
bourgeons, & que la nature fe pare de toutes les
nuances de leur verdure & de l’éclat de leurs fleurs,
c’eft alors que le phénomène de la végétation eft brillant,
& qu’il fe laiffe voir dans toute fon étendue.
La vie des végétaux eft variable en durée, fuivant
la nature de chaque efpece ; il y a des plantes qui ne
durent pas plus de deux à trois mois ; il y a des ard
e la p a g e 8 y % .
bres , comme Vadanfoma du Sénégal, qui vivent plus
de^ooans; quelle que foit cette durée, on peut toujours
distinguer quatre âges dans le cours de la vie
des végétaux; celui de leur naiffance, c’eft-à dire,
de leur germination j celui de leur accroiffement; celui
de leur perfection ; & enfin, celui de leur décrépitude.
Nous examinerons les différentes circonftances
du phénomène de la végétation dans tous ces âges ,
enconfidérant en même tems les effets de la chaleur,
de l’humidité, de l’air, & des autres inftrumens qui
y contribuent; &c nous tâcherons de rapprocher
chaque phénomène particulier des lois de Phyfique
qui nous font connues.
La femence mûre & parfaite de tout être végétal,'
propre à repréfenter un jour l’efpece dont elle dérive,
eft compofée effentiellement d’un germe, c’eft-
à-dire , du rudiment de la plante qui doit naître :
d une autre partie qu’on appelle lobe ( qui quelquefois
eft fimple, le plus fouvent double, & multiplié
dans un tres-petit nombre d’efpeces ) , enfin des enveloppes
qui fervent à conferver la femence, & à
attirer de la terre l’humidité néceffaire à la germination
: ces dernieres font Amples, doubles, triples ,
feches, fucculentes, coriaces ou ligneufes, &c de différentes
figures, comme on le voit dans les différens
fruits.
_ Choififfons, par exemple, la femence d’un aihan-
dier, & fuivons les progrès de fa germination.
Lorfqu’une amande a refté pendant l’hiver dans
de la terre médiocrement humide, elle fe renfle aux
premières chaleurs du printems ; fa membrane s’é-
paiffit, paroît route abbreuvée d’humidité , & bientôt
par le gonflement de fes lobes, elle fepare les
deux coques ligneufes qui la couvroient : alors la
membrane déchirée laiffe fortir la radicule, qui fait
la plus groffe partie du petit germe qu’on voit à la
pointe de l’amande : la plume qui eft l’autre partie
de ce germe & qui doit former la tige, refte encore
pliée & renfermée entre les lobes.
Infenfiblement la radicule s’alonge, fe courbe
jufqu’à ce qu’elle parvienne à s’enfoncer perpendiculairement
dans la terre ; les parties de la plume s’étendent
pareillement & fe développent ; les lobes fe?