Obfervations météorologiques. Octobre
Jours. Heur. T em s . V e n t . Barom. P l u i e .
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Beau.
Pluvieux.
Orageux.
S. O . . . . z
S. O . par O.5
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Afin de faire voir un effai de l’ufage de ces fortes
d’obfer varions, nous ajouterons quelques remarques
générales tirées de celles de M. Derham.
i° . Les te ms lourds font monter le mercure auffi-
bien que les vents du nord ; ce qui, fuivant M. Derham,
vient de l’augmentation de poids que l’air reçoit
par les vapeurs dont il eft chargé alors. Fjyeç
Br o u il l a r d . M.Derham remarque qu’il en eft
de même dans les unis de bruine. Voyt{ Bruine.
2°. Le froid & la chaleur commencent &finiffent
à-peu-près dans le même tems en Angleterre & en
Suiffe, & même toutes les températures d’air un peu
remarquables lorfqu’elles durent quelque tems.
3°. Les jours de froid remaquables pendant le mois
de Juin 1708 en Suiffe, précédoient communément
ceux d’Angleterre d’environ 5 jours ou plus, & les
chaleurs remarquables des mois fuivans commencèrent
à diminuer dans les deux pays à-peu-près dans
le même tems, feulement un peu plutôt en Angleterre
qu’en Suiffe.
40. Le baromètre eft toujours plus bas à Zurich
qu’à Upminfter, quelquefois d’un pouce, quelquefois
de deux, mais communément d’un demi-pôuce ;
ce qui peut. s’expliquer en fuppofant Zuriçh plus
élevé que Upminfter.
50. La quantité de pluie qui tombe en Suiffe & en
Italie eft plus grande que celle qui tombé dans la
province d’Effex, quoique dans cette province il
pleuve plus fou vent bu qu’il y ait plus de jours pluvieux
que dans la Suiffe. Voici la proportion des
pluies d’une année entière en différens lieux:, tirée
d’affez bonnes obfervations. A Zurich la hauteur
moyenne de la pluie tombée pendant un an étoit de
31 -j pouces anglois ; à Pife 43 \ ; à Paris 23 ; à Lifte
èn Flandre 237 j'àTownley dans la province de Lan-
caftre 42 à Upminfter 19 Foye{ Pluie.
6°. Le froid contribue considérablement à la pluie,
vraiffemblablement à caufe qu’il condenfe Jes vapeurs
fufpendues & les précipite ; enforte que les
l’aifons les plus froides & les mois les plus froids font
en général fuivis des mois les plus pluvieux, & les
étés froids font toujous les plus humides. ’
7 0. Les fommets glacés des hautes montagnes agif-
fent non-feulement fur les lieux voifins, par les
froids, les neiges, les pluies, &c. qu’ils y produifent,
mais encore fur des pays affez éloignes, témoin les
Alpes, dont l’effet agit jufqu’en Angleterre ; car le
froid extraordinaire du mois de Décembre 1708, &
les relâchemens qu’il eut ayant été apperçus en Italie
& en Suiffe quelques jours avant qu’en Angleterre,
doivent , luivant M. Derham, avoir paffé de
l’un à l’autre.
Depuis un certain nombre d’années, on fait par
toute l’Europe les obfervations météorologiques avec
une grande exactitude. La fociété royale de Londres
adreffa il y a environ vingt ans, un écrit circulaire à
tous les favans pour les y exhorter. 11 y avoit déjà
long-temsque l’on lès faifoit dans l’académie royale
des Sciences de Paris. Dès avant 1688* quelques-uns
de fes membres, avoient obfervé pendant plufieurs
années, la quantité d’eau de pluie & de neige qu’il
tombe tous les ans, foit à Paris, foit à Dijon ; ce qui
s’en évapore, .& ce qui s’en imbibe dans la terre à
plus ou mpins de prçfondeur, comme on en peut juger
par quelques ouvragés fort antérieurs, touchant
l ’origine des fontaines & des rivières, & fur-tout par
le Traité du mouvement des eaux, de M. Mariotte. Mais
il eft certain qu’en 1688, la compagnie réfolut de
mettre ces obfervations en réglé.
M. Perrault donna le deffein d’une machine propre
à cet u fage, &c M. Sedileau fe chargea des obfervations.
Après M. Sedileau, ce fut M. de la Hire, &c.
& enfin, elles ont été continuées jufqu’à aujourd’hui
fans interruption. On y joignit bientôt les obferva-
tiens du baromètre & du thermomètre, le plus grand
chaud & le plus grand froid qu’il fait chaque année,
chaque faifon, chaque jour, & avec les circonftances
qui y répondent, les déclinaifons de l’aiguille aimantée
, & dans ce fiecle les apparitions de l’aurore boréale.
.
Prono flics du tems. Nous ne voulons point entretenir
ici le leéteur de ces vaines & arbitraires obfervations
du peuple. Nous abandonnons cette foule de
prédirions qui ont été établies en partie par la rufe,
&c en partie par la crédulité des gens de la campagne;
elles n’ont aucun rapport naturel & néceffaire que
nous connoiffions avec les chofes en elles-mêmes»
T elles font les prédirions de la pluie & du vent qu’on
tire du mouvement qui eft parmi les oifeaux aquatiques
pour fe raffembler vers la terre, & les oifeaux
terreftres vers l’ eau ; qu’on conclut encore, lorfque
les oifeauxélaguent leurs plumes, que les oies crient^
que les corneilles vont en troupe, que les hirondelles
volent bas &geroillent, que les .paons crient, què
les cerfs fe battent, que les renards & les loups heurr
lent, que les poiftons jouent, que les fourmis & les
abeilles fe tiennent renfermées , que les taupes jettent
de la terre, que les vers de terre fe traînent, &c.
Nous n’offrirons rien de cette nature, mais ce qui
peut être fondé en quelque maniéré fur la nature des
chofes ,.ce qui peut jetter quelque lumière fur la caufe
& les circonftances de la température de l’air, ou
du-moins aider à découvrir quelques-uns de fes effets
fenfibles.
19. Lorfque le ciel eft fombre, couvert, qu’on eft
quelque tems de fuite fans foleil, ni fans pluie , il
devient d’abord beau, &c enfuitè vilain , c’ eft-à-dire
qu’il commence par devenir clair , & qu’enfuite il
tourne à la pluie ; c’eft çe que nous apprenons par
un journal météorologique que M. Clarke a tenu
pendant trente an«, &ç que fon pétit-fils, le favant Samuel
Clarke , a laiffé a M. DèrKam. Il affuroit que
• cette réglé lui avoit toujours paru s’obferver du-
moins lorfque le vent étoit tourné à l’orient. Mais
M. Derham a obfervé, que la réglé avoit également
lieu pour tous les vents; la raifon, félon lui, en
eft allez facile à trouver. L’atmofphere eft alors rempli
de vapeurs, qui font à la vérité fuffifantes pour
réfléchir la lumière du foleil & nous l’intercepter,
mais n’ont pas affez de denfité pour tomber. Enforte
que tant que ces vapeurs relient dans le même état, le
ciel ne change pas, & ces vapeurs y relient quelque
tems de fuite à caufe qu’il fait alors ordinairement
une chaleur modérée , & que l’air eft fort pefant &
propre à les fouïenir, ainli qu’on le peut voir par le
baromètre qui eft communément haut dans ce tems-
là. Mais, lorfque le froid approche, il raffemble ces
vapeurs par la condenfation & en forme des nuages
détachés entre lefquels paffent les rayons du foleil,
jufqu’à ce qu’enfin la condenfation de ces vapeurs
devient fi confidér^ble, qu’elles tombent en pluie.
20. Un changement dans la chaleur du tems, produit
communément un changement dans le vent. Ain-
fi les vents de nord & de fud, qui font ordinairement
réputés la caufe du froid & du chaud, ne font réellement
que les effets du froid & de la chaleur de l’atmofphere.
M. Derham allure, qu’il en à tant de confirmations
, qu’il ne fauroit en douter. Il eft commun,
par exemple, de voir qu’un vent chaud du fud l'e
thattge en un vent froid du nord, lof lqir il vient à
tomber de la neige ou de la grêle, & de même de
voir un vent nord & froid régner le matin, dégénérer
en fud fur le foir , lorfque la terre eft échauffée
.par la chaleur du foleil, & retourner enfuite au nord
ou à l’eft, lorfque le froid du foir arrive. Foye^ Vent.
Cbambers.(0)
T em s. Effets du tems fur les plantes-, La plupart
des plantes épanouiffent leurs fleurs &c leurs duvets
•au foleil, & les refferent fur le foir ou pendant la
pluie, principalement lorfqu’elles commencent à fleurir
, & que leurs graines font encore tendres & fenfi-
i>les. Ce fait eft affez vifible dans les duvets du dent-
de-lion & dans les autres, mais fur-tout dans les fleurs
de la pimprenelle , dont l’épanouiffement & le ref-
-ferrenïent,fuivant Gérard,fervent aux gens de la campagne
à prédire le tems qu’il doit faire le jour fuivant,
l ’épanouiflèment promettant le beau tems pour le
lendemain , & le refferrement annonçant le vilain
tems. Ger. herb. lib. IL
Efi & alla ( arbor in Tylis ) Jiihilis, folio fo r iàmen,
irofeique fLoris ; quem noclu comprimens , aperire incïpit
Jolis exortu , mendie expandit. Incola dormire eum di-
cunt. Plin. Nat. herb. lib. X I I . cap. ij.
La tige du trefle, fuivant que l’a remarqué milord
Bacon, s’enfle à la pluie & s’élève -, ce qui peut être
aufli remarqué, quoique moins fenfiblement, dans les
tiges des autres plantes. Suivant le même auteur, on
trouve dans les chaumes une petite fleur rougè qui
indique une belle journée * lorfqu’elle s’épanouit dit
matin.
On conçoit aifément que les changeniens qui arrivent
dans le tems influent fur les plantes , lorfqu’on
imagine qu’elles ne font autre chofe qu’un nombre
infini de trachées ou vàiffeaux à air, par le moyen
defquels elles ont une communication immédiate avec
l’air, & partagent fon humidité, fa chaleur, &c. ces
trachées font vifibles dans la feuille de vigne , dans
celle de la fcabieul'e , &ç. Foye{ Plante , Végétaux
, &c.
Il fuit de-là que tout bois, même le plus dur & le
plus compad, s’enfle dans les tems humides , les vapeurs
s’inlinuant aifément dans fes pores,fur-tout lorfque
c’eft un bois léger & fec. C ’efl de cette .remarque
qu’on a tiré ce moyen fi fingulier* defendre des
roches avec du bois. Foye{ Bois.
Voici la méthode qu’on fuit dans les carrières : on
taille d’abord une roche en forme de cylindre ; en-
fuite on divife ce cylindre en plufieurs autres , en
faifant des trous de diflânee en diftance dans fa longueur
& à différens endroits de fon contour. Et l’on
remplit ces trous de pièces de bois de faule féché au
four. Lorfqu’il furvient après un tems humide , ces
pièces de bois imbibées de l’humidité de l’air fe gom-
•flent, ôc par l’effet du coin elles fendent la roche en
plufieurs pièces.
T ems , (Philof. 6'Mo ré) la philofophie & la morale
fourniffent une infinité de réflexions fur la durée
du tems , la rapidité de fa courfe, & l’emploi qu’on
'en doit faire ; mais ces réflexions acquièrent encore
■ plus de force , d’éclat, d’agrément & de coloris,
•quand elles font revêtues des charmes de la poéfie ;
c ’efl: ce qu’a fait voir M. Thomas, dans une ode qui
a remporté le prix de l’académie Frariçoife en 1762.
5 a beauté nous engage à la tranferire ici toute entièr
e , pour être un monument durable à la gloire de
l ’auteur. L’Encyclopédie doit être parée des guirlandes
du parnaffe, & de tous les fruits des beaux génies
qui ont fommeilléfurle fommetdu façré vallon.
[Voici l’ode dont il s’agit.
Le compas d'Uranit a mefuré Fefpact.
O tems, être inconnu que Famé feule embrafje
Invincible torrent des Jiecles fr.desjours ,
Tandis qùe ton pouvoir ni entraîne dans la tombe i
J'ofe, avant que j'y tombe ,
M'arrêter uti màmeht pour contempler ton cours.
Qui me dévoilera L'infant qui t'a vû naître ?
Quel oeil.peut remonter aux fources de ton être ?
Sans doute ton berceau touche à l'éternité.
Quand fie/t n'étoit encore, enfeveli dans l'ombrb
De cet abîme fombre,
Ton germe y repôfoit, mais fans activité»
Du cahos tout-à-coup les portes s'ébranlèrent ■$
Des foleils allumés les feux étincelerent,
Tu naquis ; Féternel te preferivit ta loi.
I l dit au mouvement, du tems fois la rnefure.
I l dit à la nàtûre,
Le tems fera pour vous, F éternité poür moi.
Dieu, telle efi ton iffence : oui, l'océan des âges
■ Roule au-dejfous de toifur tes frêles ouvrages,
Mais il n'approche pas de ton trône immortel.
Des millions de jours qui F un F autre s'effacent j
Des fccles qui s'entàffent
Sont tomme le néaht aux yeux de F Eternel.
Mais moi, fur cèt amas de fange & depouffiere
Envain contre le tems, je cherche une barrière ;
Son vol impétueux me preffe & me pourfuit;
Je rFoccupe qu'un point de la vàfle étendue ;
Et mon àme éperdue
S 0us ntiS pus chancelans , voit ce point qui s'enfuit^
De la defiruclion tout m'offre des images.
Mon oeil épouvanté rte voit que des ravages ;
Ici de vieux tombeaux que la mouffe a couverts ;
Là des murs abattus , des colonnes brifées ,
Des villes embrafées ,
Par-tout les pas du tems empreints fur l'univers*
d e u x , terres, élêmens , tout eflfous fa puiffance l
Mqis tandis que fa main , dans la nuit du filekee^
Du fragile univers fappe les fondemens ;
Sur des ailes de feu loin du monde élancée *
Mon active ptnfiê
Plane fu t les débris entaffls par le tems.
Sieèles qui n'êtes plus , & vous qui deve{ naître i
Tofe vous appeller ; hâtep-vous de paroîtrè :
Aù moment ou je fu is , vene[ vous réunir.
Je parcours tous Les points de l'immenfe durée f
D'uné marché affurce ;
J'enchaîne le préfent, je vis dans F avenir.
Le foleil épùifé dans fa brûlante Courfe
De fes feux par degrés verra tarir la fource ;
Et des mondes vieillis lis refforts s'uferont.
Ainfi que lis rochers qui du haut des montagnet
Roulent dans les campagnes,
Les afres l'un fur l'autre un joür s'éctouleront,
La de Véternité commencera l'empire ;
Et d ms cet océan , ou tout va Je détruire ,
Le tems s'engloutira comme un foiblt ruiffeaul
Mais mon ame immortelle aux fecles échappée
Ne fera point frappée ,
Et des mondes brifés foulera le tombeau.
Des vafies mers, grand Dieu, tu fixas les iimitts l
C'efi ainfi que des tems les bornes font preferites*
Quel fera ce moment de l'éternelle nuit ?
Toi feul tu le connois ; tu lui diras d'éclore ;
Mais l'univers l'ignore ;
Ce n efi qu'enpériffant qu'il en doit être infiruiti
Quand l'airain fremiffant autour de vos demeures |
Mortels , vous avertit de la fuite des heures.
Que ce fignal terrible épouvante vos fens.
A ce bruit tout-à-coup mon ame fe reveille â
Elle prête l'oreille ,
E t croit de la mort même entendre les accent