740 T U L
pour donner du haie, & faire féeher à l’ombre la
tuile, la brique 6c le carreau, avant que de les mettre
au four. On ne peut point fe fervir pour cela des
rayons du foleil, parce qu’il les gerce & les gauchit*
On donne auffi à la tuilerie le nom de briqueterie. M i l TUILERIES, (Hifl. moi.') le jardin du Louvre
porte le nom de jardin des Tuileries, parce que c’é-
toit autrefois une place oh l’on faifoit des tuiles. Cependant
fous le nom de Tuileries on n’entend pas feulement
ce jardin, mais auffi un palais luperbe dont
la façade répond à toute la largeur du jardin. Ainfi
l’on a dit pendant la minorité du roi régnant, que fa
majefté logeoit aux Tuileries.
. Le palais des Tuileries elf joint au Louvre par une
longue 6c large galerie qui regne le long du bordSeptentrional
de la Seine , 6c qui a vue fur cette rivierë.
Ce magnifique édifice fut commencé en 1564, par
Catherine de Médicis veuve d’Henri II. & du tems
de fa régence pendant la minorité de Charles IX. Il
fut fini par Henri IV. & orné par Louis XIV. Louis
XIII. avoit auffi beaucoup embelli le.jardin des Tuileries;
mais ce fut fous Louis XIV. que le fameux le
Nôtre en dirigea les nouvelles plantations ,o c qu’on
y plaça la plupart des grouppes 6c des ftatues qu’on
y voit aujourd'hui.
TUILIER, f. m. un artifan qui façonne & cuit les
tuiles: chez les Anglois on appelle tuilier, l’artifan
qui les emploie, ou le couvreur en tuiles.
Les tuiliers 6c briquetiers, ou pofeurs de tuiles 6c
de briques, fe formèrent en corps la dixième année
de la reine Elifabeth, fous le nom de maîtres & gardes
de la fociété■ d'hommes libres du fecret & de [art de
tuilerie & de briqueterie. Voyt[ BRIQUE.
1 UISTON, f. m. (Mytholog.) les anciens germains
le regardoient comme l’auteur de leur nation,
6c difoient qu’il étoit fils de la Terre, c’eft-à-dire
qu’on ignoroit fon origine. Il donna des lois aux Germains,
les poliça, établit des cérémonies religieufes
parmi eux, & il s’acquit de la part de fon peuple,
tant de vénération, qu’après fa mort il fut mis au ran»
des dieux. Une des principales cérémonies de fon
culte étoit de chanter fes louanges qu’on avoit mifes
en vers. Céfar croit que c’étoit Pluton qu’on hono-
roit fpus le nom de Tuißon. (D .J . )
TÙITIRIÇA, f. m. (Hiß. nat. OrniihoT.) perroquet
du Bréfil, un peu plus gros que l’efpece ordinaire.
Il eft par-tout d’un très-beau verd, feulement
plus foncé fur le dos 6c fur les ailes qu’il n’eft ailleurs.
Son bec elf extrêmement crochu, & d’un rou-.
ge-pâle ; fes yeux font noirs ; fes jambes font bleues ;
la queue n’elt qu’un peu plus longue que les ailes
fermées. Cette efpece de perroquet eft fort recher-
çhée au Bréfil , parce qu’il apprend aifément à
parler, qu’on les apprivoife jufqu’à manger dans la
bouche. Marggravii, Hiß. brafil. (D . J.)
TULBENTOGLAN, f. m. terme de relation,nom
que porte celui d’entre les pages du grand-feigneur
qui a foin de fon turban ; cet honneur appartient au
cinquième page de la cinquième chambre. Du 'Loir.
TULIPE, 1. f. (Hiß. nat. Bot.) tulipaj genre de
plante à fleur liliaçée, compoféeide fix pétales dif-
pofés de façon qu’elle reffemble à un vafe par fa forme.
Le piftil occupe le milieu des pétales, & devient
dans la fuite un fruit oblong qui s’ouvre en trois parties
, & qui eft clivifé en trois loges. Ce fruit renferme
deux rangées de femences plates, 6c placées les
unes fur les autres. Ajoutez aux earafteres de ce genre
, que la racine eft compofée de plufieurs tuniques,
& qu’elle eft fibreufe à fa partie inférieure. Tourne-
fort. ƒ. R. H. Toye^ Plante.
Perfonne n’ignore que le nom de tulipe fe donne
également à la plante 6c à fa fleur ; mais les Botani-
iles , Iaiffantaux curieux le plaifir de cultiver la fleur
TUL'
' s’attachent à cara&érifer la plante erttiere, & ils <jfit
bien fu le faire d’une maniéré auffi nette que folide. ‘
• La tulipe, difent - ils , eft un genre de plante' bul- '
beufè , qui pouffe une feiile tige à la hauteur d’enVi- '
> rôn un pié!, ronde, mbëlleufé ,'-aecompâgneê dq'
: deux ou trois feuilles lôngues, affez larges, épaîffés
dures, ondoyées à leurs bords, terminées en pointé!
Cette tigeporte en fon fommet une' fëitïéfleur,grande,
belle,’ à fix pétales, peu évafés, formant fôiiVènt
un ventre plus'largé què l’ouverture, ornée de couleurs
magnifiques, jaune, ou blanche, où purpuriné.
1 ou rouge, ou variée. Lorfque cette fleur eft paflee il
paroit un fruit oblong & triangulaire,'divife en trois
loges,* remplies de femences orbiciilaires, rougeâ- -
: très, fort applaties. La racine de la tulipe eft iihe:■
greffe bulbe jaunâtre ou noirâtre, compofée de plu-,
lieurs tuniques qui s’emboîtent les fines dans les autres,
& cette bulbe eft garnie de fibres en fa partie
inférieure.
On voit clairement par cette defeription les çara-,
ôeres de la tulipe; fa fleur eft en forme de lis exa-,
pétale, en godet, nue, feule au fommet de la tige
droite, garnie de fix étamines; elle'embraffe l’ovaire
qui dégénéré en.un fruit oblong, chargé de femc-ri-'
- ces applaties, couchées lés unes fur les autres, for-,
mant un double rang ; ce fruit eft garni d’un tube
fënfiblément velu ; la-tige de la plante eft environ*
née de feuilles larges; fa racine eftbulbeufe, 6$ re-,
vêtue d’une tunique ; fa partie fibreufe fe divife en
filets.
Ce genre de planté eft des plus étendus en efpeçes;
Tqurnefort en compte quatre-vingt-treize , qui pro-
duifent tous les jours quelques nouvelles variétés de
couleur. Gefner a décrit la première tulipe qui fut
apportée de Conftantinople en Europe en i 5 90. Auffi
le nom tulipe paroit turc. Ménage oit que cette plante
s’appelle en Turquie tulibent, à caule de la rëffçm-
blance qu’elle a avec la figure du tulbent, que nous
appelions ici turban; mais une remarque plus eu*
rièufe, c’eft qu’on obferve dans le mois d’O&obre
au fond de l’oignon des tulipes, une tulipe entière ;
fur la tige de cette tulipe qui n’a pas encore trois lignes
de haut, on découvre déjà la fleur qui ne doit
paroît-re que dans le mois d’Avril fuivant: on compte
les fix pétales de cette fleur, les étamines, les fom-
mets, le piftil ou le jeune fruit, les capfules, 6ç les
femences qu’elles .renferment. Qui né croiroit après
tout cela, que toutes, ces parties étoierit renfermées"
dans un efpace encore plus petit, qui n’â pu fe ren-,
dre vifible qu’ à rnefure que le fuc nourricier en a
dilaté les moindres parties ? (D . J .)
T u l i p e , (Jardin des Fleurijles. ) les curieux ne
confiderent la tulipe que comme fleur, 6c difent qu’il
ne lui manque qu’une odeur agréable pour en faire
la plus belle fleur du 'monde, qui en déployant fes
variétés infinies, efface toutes les autres depuis le
mois de Mars jufqu’-à la fin de Mai.
Les cara&eres des bonnes tulipes confiftent feloti
les Fleuriftes, dans leur nouveauté, la beauté dç
leurs couleurs, la force & la hauteur de leur tige, la
forme de leur fleur qui doit être oÿoïde , fans finir
en pointe ; une belle tulipe doit donc avôir :
i° . Une forte tige, qui né foit ni trop haute ni
trop baffe; la portée ordinaire du plus grand nombrç
des belles tulipes réglé la taille de fa tig e, elle doit
être aftèz forte dans fa hauteur, 6c cependant n’être
pas trop groffe.
i ° . La fleur doit être compofée de fix pétales,
trois dedans & trois dehors ; les pétales de dedans
doivent être plus larges que ceux de dehors, autre-?
ment ce feroit un défaut.
30. Le fond de la fleur doit être proportionné au
fommet, 6c les bords des pétales doivent être arrondis
6c non pointus.
T U I
46,- On n’ eftimê point la tulipe dont îa forrtie eft 5
belle en entrant en fleur, mais qui deux ou trois S
jours après s’alonge & fe gâte.
50. On dédaigne celles qui étant fleuries. renVer- J
fent leurs feuilles par-dedans ou par-dehors, qui fe I
gaudronnçnt ou confinent.
6°. Le pétale de la fleur doit être épais & étoffé j
pour durer long-tems en fleur ; une t u l i p e qui dure
peu n’ eft point confidérée, quelque beauté qu’elle
ait ; 6 c i e s t u l i p e s dont les pétales font minces, grillent
par l’ardeur du foleil avant que d’être fleuries.
7®. Quoique toutes les t u l i p e s aient du dps, celles
qui en. ont le moins, font le plus eftimées.
8°. Les couleurs bifarres paffent pour les plus
belles; les plus nuancées font les plus beaux panaches.
Plus leurs couleurs s’éloignent du rouge, plus
elles fontàprifer, parce que les fleurs font de plus
beaux effets, avec cette exception néanmoins que les
rouges à fond blanc ont leur mérite. Parmi les rouges,
les couleurs de feu 6 c de grenade font les plus belles»
Les fortes biiàrres à fond tout blanc, 6c les grilës à
fond tout jaune font fort recherchées. Plus le coloris
çft fatiné, plus il eft eftimé;s’il eft terne, c’eft un très-
grand défaut. Les t u l i p e s qui étant fleuries ne con-
lervent point leurs belles couleurs pendant dix ou
douze jours, ne doivent guere être prifées; celles
qui les gardent jufqu’à la fin de la fleur le font beaucoup.
90. Les plus petits fonds font les meilleurs pour
faire fle beaux panaches. Les fonds qui panachent le
mieux font d’une même couleur, tant dedans que
dehors. Il faut bien comprendre cette réglé ; c’eft
tout le fin de -la cbnnoiftance pour le jugement le
moins incertain de ce que doivent faire les couleurs.
Le dehors du fond font les plaques cerclées ou
étoilées, qui foht au-bas des feuilles dans le vafe ; le
dedans du fond, c’eft l’épaiffeur même du bas des
feuilles qui eft couverte par la plupart-, de forte
que fi les plaques font blanches, 6c qu’en les levant
avec l’ongle, ce dedans qu’elles couvrent foit jaune,
Ce jaune en montant dans le panache, s’éteint en
paffant par le blanc de la plaque.
10. Les étamines doivent être brunes & non pas
jaunes, mais il importe peu de quelle couleur font
les pivots.
On divife généralement les/«//per en deux claffes,
prifes du tems qu’elles fleurxftent. La première claffe
eft compofée des t u l i p e s printanières, & la fécondé
des t u l i p e s tardives. Il fe trouve d’autres t u l i p e s qu’on
appelle m é r i d i o n a l e s , parce qu’elles fleuriffent entre
les printanières & les tardives, mais il n’eft pas be-
foin d’en faire une claffe féparée.
Les t u l i p e s printanières ne font ni fi belles, ni fi
hautes, ni aufli diverfifïées que les tardives, car les
fleuriftes qui les élevent d’oignons de Flandre 6c
de Hollande, les bornent à quarante 6c une, qui font
connues chacune par un nom du pays.
La claffe des t u l i p e s tardives eft fi nombreufe, qu’il
n’ eft paspoffible d’en faire .une lifte; il s’en trouve
de fi diverfement colorées, qu’il eft impoffible aux
Peintres d’en imiter la variété ; & quoique leur couleur,
comme couleur j foit des moindres en beauté ,
néanmoins ce font les plus eftimées, comme feules
capables de fe changer en mieux, 6 c comme les
meilleures pour cueillir les graines.
On diftingue auffi. diverfes fortes de t u l i p e s p a n a *
chées, auxquelles on a donné les noms de p a l t o d i ,
■ m o r i l l o n , a g a t h e , m a r q u e t r i n e , & c . cette derniere
emporte le prix fur les autres, fur-tout quand fes
panaches détachés fans aucune diminution, naiffent
en leurs couleurs, & font arrêtés par un petit bord,
comme un filet de foie.
Il fe trouve auffi des t u l i p e s jafpées, c’eft - à - dire
dont les diverfes couleurs font mélangées enfemble,
T U I 74*
comme flans le jafpê. Il fe Voit â&tutipèi que Poft
peut dire doubles, parce qu’elles portent jufqu’à
plus de vingt pétales. Il s’en voit qui ont les pétales
de la fleur d,e deux couleurs. Les parangonées font
celles qui reviennent tous les ans nettement panachées*
Les tulipes panachées doivent avoir les mêmes
qualités que les Amples couleurs, quant ait verd, à
la tige , à la forme, 6c au fond. Le pfëmier panache
eft celui qui vient par grands traits j de différentes
figures, bien coupées, 6c féparéès de leurs couleurs,
6c qui ne prend point de fond. Le fécond eft le panache
qu’on nomme à yeux, qui eft par de graiideâ
pièces emportées nettement, 6c qui ne vient point.
du fond. Le troifieme eft celui qui vient en grande
broderie bien détachée de fes couleurs, & qui ne
prend point du fond. Il eft parfaitement beau quand,
il vient fur des bifarres bien nuancés. Le quatrième
eft celui de petite broderie ; quand il eft net & qu’il
perce bien lés coulèurs, il eii agréable; mais il ne
Feft que fur les bifarres qui ont plufieurs nuances,
quand il vient fur les autres couleurs il reffemble
trop au drap d’or ou au drap d’argent. Les autres panachées
, dont le panache prend du-fond, ne laiftent
pas d’être quelquefois aftèz belles, quand elles font
bien nettes, & partagées de leurs Couleurs. Toutes
les panachées qui font également partagées 6c entrecoupées
de panaches 6c de couleurs font les plus
agréables, chacune en fon efpece. -
Je n’entrerai point dans la culture des tulipes, ce
détail me meneroit trop loin, & d’ailleurs il a- été
épuifé par Miller dans lon Dïâionahe du jardinage,
& par Morin dans fon livre de la culture des fleurs.,
imprimés à la fin des ouvrages de la Quintinie. Je
ne parle point des traités publiés en flamand & en
hollandois, les deux peuples du monde les plus carieux
en ce genre.
On fait en particulier avec quel amour les Hollandois
ont autrefois cultivé les tulipes, avant leur goût
pour les oeillets & les oreilles d’ours. Dans l’année
1634, 6c les cinq fui vantes, on vit en Hollande, 6c
particulièrement à Harlem , un trafic de tulipes fi fin-
gulier, qu’il reffembloit affez à celui qu’eurent les
aérions en 1719 & en 1720. On fit monter le prix de
ces fleurs à des fommes fi exorbitantes, que s’il n’en
reftoit des monumens indubitables, la poftérifé au-
roit peine à croire une pareille extravagance. Plufieurs
bourgeois quittèrent leur boutique & leur
commerce pour la culture des tulipes. Munting nous
a laiffé les détails d’un marché fait par un particulier
pour une feule tulipe nommée le vice-roi ; l’acheteur
n’ayant, point d’argent, donna pour cette rare
tulipe deux lafts de froment (trente - fix feptiers me-
fure de Paris) , quatre lafts de riz, quatre boeufs gras,
douze brebis grades, huit cochons engraiffés, deux
muids de vin , quatre tonneaux de bierre, deux tonneaux
de beurre, mille livres pefant de fromage, un
l i t , des habits, & une grande taffe d’argent, le tout
eftimé à deux mille cinq cens florins, c ’eft-à-dire à
plus de cinq mille livres de notre monnaie.
Dans lesriême tems, un autre particulier offrit 12
arpens de bonnes terres pour un oignon de tulipe ,
qu’on ne voulut pas lui céder. On fit dans une vente
publique neuf mille florins d’une colleftion de tulipes
d’un fleurifte Un habitant de Bruxelles avoit un petit
jardin, dans lequel, par une vertu finguliere (
(apparemment celle de gravats bien pilés ) les tuli*
pes fimples fe changeoient en belles- tulipes panachées
; on apporta à cet homme des racines de toutes
parts en penfion à un très - haut prix, pour être
élevées chez lui. Enfin la folie des tulipes fut fi grande
, que les Etats - généraux prirent cette affairé en
confidération, & ayant trouvé qu’elle étoit également
nuifihle aux particuliers 6c au commerce en gé