TRONIERE, f. f. ( Artillerie.) c’eft une ouverture
qu’on fait dans les batteries 6c attaques de places
pour tirer le canon. Les tronieres doivent être larges
de trois pies par-dedans , 6c diftantes l’une de l’autre
de vingt piés. On les ouvre dans la terre natrrell ' ,
quand on fait des batteries de pièces enterrées. Le ;
tronieres 6c épaules doivent être faites & élevées avant
que l’ennemi s’en apperçoive. Il faut que laprem.ere
planche de l’efplanade joignant la barbe de la tronie-
re, foit de neuf piés. ( D . J. )
TRON IS, ( Gèog. une. ) petite contrée de la Pho-
cide, au pays des Dauliens. On y v o it , dit Paufa-
nias, l. X . c. iv. le tombeau d’un héros que ces peuples
regardent comme leur fondateur. Les uns difent
que c’ eft Xantipe, homme de réputation à la guerre;
6c les autres que c’eft Phocus , petit-fils de Sifyphe.
Ce héros, quoiqu’il fut, étoit honore tous les jours
par des facrifices ; on faifoit couler le fang des vifti-
mesdansfon tombeau par une ouverture deftinée à
cet ufage ; & les chairs de ces viélimes étoient con-
fumées parle feu. (D . J. )
TRONQUÉ, adj. ( Gram. ) voye^ T ronquer.
T ronqué , adj. (Géom. ) on appelle pyramide
tronquée une pyramide dont on a retranché la partie
fupérieure par un plan, foit parallèle à la bafe, foit
incliné d’une maniéré quelconque. 11 en eft de même
d’un cône tronqué.
Ce mot vient du latin truncare qui lignifie ôter une
partie du tout. C’eft du même mot que font dérivés
tronc , tronçon, & c . Chambers.
Dans la fig .S , n°. z d'arpentage, la partie de la
pyramide quadrangulaire comprife entre les plans
B y b, 6c de la hauteur A a , eft une pyramide tronquée.
Pour en trouver la folidité, faites ufage du théorème
füivant : foit B le côté donné de la plus grande
bafe ( tab. d’Arpent, fig. 5 , n°. 2. ) , £ le côté de la
plus petite bafe, A la hauteur du corps tronqué: fup*
pofons enfin que B ' 6c b' repréfentent les aires de
ces deux bafes, 6c que la hauteur totale de la pyramide
a -j- A—H.
i°. Pour trouver a , dites B—b. b \ \A ou-^j
Maintenant B' H vaut le triple de la pyramide, à
caufe qu’une pyramide n’eft que le tiers d’unprifme
de même baie & de même hauteur, 6c b'a eft le
triple de la pyramide fupérieure ; ainli —— eft l’ex-
preflïon delà folidité de la pyramide tronquée. Voici
le théorème énoncé en langage ordinaire.
Multipliez la bafe inférieure par la hauteur totale ;
ôtez de ce produit la bafe fupérieure multipliée par
la hauteur de la pyramide fupérieure que l’on a enlevée
, 6c prenez le tiers de ce refte, vous aurez la
folidité de la pyramide tronquée.
Vous pouvez fuivre la même méthode à l’égard
d’un cône tronqué, excepté que vous aurez un peu
plus de peine à trouver les bafes circulaires dont
l’aire demande plus de calcul; encore ne peut-on
avoir cettè aire que par approximation. Voye-{ C ône.
Chambers. (JE)
T ronqué , en termes de Blafon, fe dit des arbres
coupés par lés deux bouts.
TRONQUER, v. aû. f Gram.') c’eft ôter à une
chofe confidérée comme un tout une portion qui la
défigure , dépare ou rend incomple.tte. Un morceau
de poefie tronqué, un paffage tronqué, un livre tronqué
, un arbre tronqué.
. TRONSOND, ( Géog. mod.) nom d’une contrée,
d’un cap 6c d’un détroit de la Norvège.
La contrée de Tronfond eft dans la partie fepten-
trionale de laNorvege,au gouvernement deWardhus.
Le cap 6c le détroit font aulîi fitués dans le même
lieu ; le cap eft couvert de plufieurs îles , à l’occident,
au nord 6i à l’orient. ( D , J .)
TRONTINO le , ( G éog. mod. ) riviere d’Italie'
au royaume de Naples, dans l’Abruzze ultérieure!
Elle arrofe Teramo , 6c fe perd dans le golphe dé
Venife. On croit que c’eft le Juvantius des anciens HT
ROPHÆA,§( Geog. anc. ) ou ad Tropaa, ville
d’Italie , chez les Brutiens, au voifinage du port
d’Hercule. Etienne le géographe place cette ville dans
la Sicile : cela vient de ce que de fon tems les auteurs
donnoient à cette partie d’Italie le nom de Sicile
Dans les aftes des conciles, cette ville eft Amplement
nommée Tropaa, nom qu’elle conferve encore
aujourd’hui. ( D . / .)
TROPÆA AU G U S T I , ( Géogr. anc. ) ville de
la Ligurie. Ptolomée, /. JII. c . j . la donne aux Mar-
feillois, 6c la met entre le port d’Hercule 6c celui de
Monæchus. Quelques-uns veulent que cefoit aujourd’hui
Torbia ou Turbia, 6c d’autres Villa-Franca
1 1 J .)
TROPÆA D R U S I , (Géog. anc?) ville de laGer»
manie, félon Ptolomée, l. II. c. ij. Elle étoit à moitié
chemin entre la Sala 6c le Rhin , dans l’endroit
011 Drufus, félon Ortelius , qui à cru mal-à-propos
que cette ville étoit l’endroit dont Dion-Caflius, l.
X V . a voulu parler fous le nom de Trophées de Drufus.
Il n’étoit point queftion alors de ville dans ce
lieu-là. Les Romains après leur vi&oire y firent un
retranchement où ils éleverent un trophée des armes
des vaincus, 6c mirent au-bas les noms de toutes
les nations qui avoient eu part à la défaite. Dans la
fuite il put s’y former une v ille, puifque Ptolomée
y en marque une. (D . J.)
TROP AIRE , f. m. ( terme de Rübriq. ) le tropaire,
dans l’églife greque , etoit un verfet qui fe chantoit
après les heures, 6c qui pour l’ordinaire étoit à l’honneur
du faint dont on faifoit la fête ce jour-là. On
chantoit en certains jours des canons, c’eft-à-dire,
des hymnes compolés de trente tropaires, 6c quelquefois
plus. Les tropaires fechantoient fur le tondes
hymnes qui en faifoient la première partie, 6c leur
fervoient d’antienne. Antimus 6c Tymoclès avoient
compofé la plupart des tropaires. Voye^, fi vous voulez
, le gloffaire de Meurfius 6c le tréfor ecclé(ia(tiaut
de Suicer. (D . J.)
TROPATAINE, ( Géog. anc. ) contrée d’Àfie,
dans le Moëfie. Ptolomée, l. VI. c. ij. l’étend depuis
le pays des Geli-Margaft jufqu’à celui des Amariaci.
Ce mot Tropatïne eft corrompu d’Atropatène. (D . J.)
TROPE , f. m. (Gram. ) « Les tropes, dit M. du
» Marfais ( Trop. part. I. art. ivf), font des figures par
» lefquelles on fait prendre à un mot une lignification
» qui n’eft pas précifément la fignification propre de
» ce mot . . . Ces figures font appellées tropes , du
» grec tforraç, converjîo , dont la racine eft tp&w«, ver-
» to. Elles font ainfi appellées, parce que, quand on
» prend un mot dans le fens figuré, on le, tourne,
» pour ainfi dire , afin de lui faire lignifier ce qu’ilne
» lignifie point dans le fens propre. Voye^ Sens.
» V n ie s , dans le fens propre , ne lignifie point va]-
»féaux, les voiles ne {ont qu’une partie du vaiffeau:
» cependant voiles fe dit quelquefois pour vaiffeaux.
» Par exemple, lorfque, parlant d’une armée nava-
» l e , je dis qu’elle étoit compofée de cent voiles;
» c’eft un trope, voiles eft là pour vaiffeaux : que fi
» je fubftitue le mot de vaiffeaux à celui de voiles,
» j’exprime également ma penfée, mais il n’y a plus
» de figure.
» Les tropes font des figures, puifque ce font des'
» maniérés de parler qui, outre la propriété de faire
» connoître ce qu’on penfe, font encore diftinguées
» par quelque différence particulière, qui fait qu’on
» les rapporte chacune à une efpece à part. Voyt{
»F igu re. . ^
» Il y a dans les tropes une modification ou diffé-
» rence générale qui les rend tropes, &c qui les diftin-
» gue des autres figures : elle confifte en ce qu’un
» mot eft pris dans une fignification qui n’eft paspré-
» cifément fa fignification propre... Par exemple, il
» n'y a plus de Pyrénées, dit Louis XIV.... lorfque fon
» petit-fils le duc d’Anjou, depuis Philippe V . fut
» appellé à la couronne d’Efpagne. Louis X IV. vou-
» loit-il dire que les Pyrenees avoient été abîmées ou
» anéanties ? nullement-: perfonne n’entendit cette
» expreflîon à la lettre 6c dans le fens propre ; elle
» avoit un fens figure... Mais quelle efpece particu-
» üere de trope ? Cela dépend de la maniéré dont un
» mot s écarté de fa lignification propre pour en pren-
» dre une autre.
I. D e la fubordination des T R O P E S & de leurs tara-
titres particuliers. ( Ibid. part. II. art. xxj.) « Quinti-
>| heRdjt que les Grammairiens, aufli-bien que lès
» Philofophes , difputent beaucoup entre eux pour
» favoir combien il y a de différentes claffes de troupes,
combien chaque claffe renferme d’efpeces par-
» ticulieres, & enfin quel eft l’ordre qu’on doitgar-
» der entre ces claffes 6c ces efpeces. Circa quem
» ( tropum ) inexplicabilis , & grarninaticis inter ipfos
» & pliilofophis , pugna e f t ; queeftnt généra, quoe Jpe-
» cies , quis numerus , quis cui fubjiciatur. lnft. orat.
» lib. VIII. cap. vj. . . . Mais toutes ces difeuffions
» font affez inutiles dans la pratique, 6c il ne faut
»point s’amufer à des recherches qui fouvent n’ont
» aucun objet certain ».
[ H femble que cette derniere obfervation de
M. du Marfais n’eft pas affez réfléchie. Rien de plus
utile dans la pratique, que d’avoir des notions bien-
précifes de chacune des branches de l’objet qu’on em-
biaffe ; 6c c es notions portent fur la connoiffance des
idées propres 6c diftin&ives qui les cara&érifent : or
cette connoiffance, à l’égard des tropes, confifte à
favoir ce que Quintilien difoit n’être encore déterminé
ni par les Grammairiens, ni par les Philofophes,
quæ ftnt généra, qute fpecies , quis numerus,
quis cui fujiciatur ; 6c loin d’infinuer la remarque
que fait à^ ce fujet M. du Marfais , :Quintilien
auroit dû répandre la lumière fur le fyftème des tro-
pes, 6c ne pas le traiter de bagatelles inutiles pour
1 mftitùtion de l’orateur, omifjîs quee mihiad inftituen-
dum oratorem pertinent cavillationibus. .Une chofe fin-
guliere & digne de remarque, c’eft que ces deux
grands hommes , apres avoir en quelque forte conr
damne les recherches fur l’affortiment dès parties du
fyftème.des tropes, ne fe font pourtant pas contentés •
de les-faire connoître en détail ; ils ont cherché à les
grouper fous des idées communes , 6c à rapprocher 1
ces groupes en les liant par des idées plus générales : [
*ei”5%nage involontaire ,jnais certain, quel’efprit i
de fyftème a pour les bonnes têtes un attrait prefque
irrefiftible, 6c conféquemment qu’il n’eft pas fans
utilité. Voici donc comment continue le grammai- !
rien philofophe. Ibid. ]
« Toutes les fois qu’il y a de la différence dans le
»rapport naturel qui donne lieu à la fignification
» empruntée,on peut dire que l’exprefïïon qui eft fon- '
» dee fur ce rapport appartient à ùn trope particulier.
» C eft le rapport de reffemblance qui eft le fonde- j
» ment de la catachrèfe 6c de la métaphore ; on dit ;
» au propre une. feuille, d?arbre, 6c par catachrèfe une j
»feuille depapier, parce qu’une feuille de papier.eft
» à-peu-près aufli mince qu’une feuille d’arbre. La
»catachrèfe eft la prémiërë efpece de métaphore».
K ^?ent^ant Marfifis> én traitant de la cata-
c?relef part. I. art. j . dit que la langue 9 qui eft leprin- '
cipal organe de la parole, a donné fon nom par mé- j
pnymie au mot générique dont on fe fert pourmar- i
quer les idiomes, le langage des différentes nàtiohs,
ngue atine, langue françoife ; 6c il donne cèt ufage :
u mot angue , comme un exemple dé la catachrèfe. i
Tome X V I .
Voilà dôttè une cata chrèfe qui n’eft point ilne-efpece?
de métaphore, mais une métonymie. Cette cortfu*
fion des termes prouve mieux que toute' autre chofè
la néceflité de bien établir le fyftème des tropes. 1
« On a recours à la catachrèfe par néceflité , quand
» on ne trouve point de mot propre pour exprimer
» ce qu’on veut dire». [V o ilà , fi je ne me trompe
, le véritable cara&ere diftm&if de la cala-
chrefe : une métaphore , une métonymie, une fy-
necdoque, &c. devient catachrèfe, quand elle eft
employée par néceflité pour tenir lieu d’un mot propre
qui manque dans la langue. D ’où je conclus que
la catachrèfe eft moins un trope particulier, qu’un
afpect fous lequel tout autre trope peut être efivifa-
ge. ] « Les autres efpeces de métaphores fe font par
d’autres mouvemens de l’imagination , qui ont toujours
la reffemblance pour fondement.
» L’ironie au contraire eft fondée fur un rapport
» d’oppofition, de contrariété, de différence, 6c,
».pour ainfi dire ,.fur le contraire qu’il y a ôu que
» nous imaginons entre un objet 6c un autre ; c’eft
» ainfi que Boileau a dit (fat. ix. ) Quinaült eft un
» Virgile. [ Il me femble avoir prouvé, article Ironie
, que cette figure n’eft point un trope, mais une
figure de penfée. J
» La métonymie & la fynecdoque, aiifli-bierï que
» les figures qui ne font que des efpeces de l’une ou
» de l’autre, font fondées fur quelqu’autre forte de
» rapport , qui n’eft ni un rapport de reffemblan-
» c e , ni un rapport du contraire. Tel eft, par exem-
» pie, le rapport de la caufe à l’effet ; ainfi dans la
» métonymie & dans la fynecdoque , les objets ne
» font çonfidérés ni comme femblables ni comme
» contraires; on les.regarde feulement comme ayant
» entr’eux quelque relation, quelque liaifon , quel-
» que forte d’union : mais il y a cette différence, que,
» dans la métonymie, l’union n’empêche pas qu’une
» chofe ne fubfilte indépendamment d’une autre ; au
» lieu que, dans la fynecdoque, les objets dont l’un
» eft dit pour l’autre ont une liaifon plus dépendante;
» l’un eft compris fous le nom de l’autre ; ils forment
» urn enfembïé,\un tout....»
[Je crois que voilà les principaux càrafteres généraux
auxquels on peut rapporter les tropes. Les uns
font fondés fut; une forte de ffmilitude : c’eft la métaphore,
quand lafigure ne tombe que fur un mot oit
deux; 6c l’allégorie, quand elle régné dans toute
l’étendue du dilcours. Les autres font fondés fur un
rapport de correfpondance : c’eft la métonymie, à
laquelle il faut encore rapporter ce que l’on défigne
par la dénomination fuperflue de métalepfe. Les autres
enfin font fondés uir un rapport de connexion i
c’eft la fynecdoque avec fes dépendances ; 6c l’anto-
nomafe n’en eft qu’une efpece, défignée en pure perte
par une dénomination différente.
Qu’on y prenne,garde; tout ce qui eft véritablement
trop e eft compris iousl’une de ces trois idées générales
; ce qui ne peut pas y entrer n’eft point tr o p e ,
comme lapériphrafe,l’eüphémifme,ralIufion, la litote
, l ’hyperbole, l’hypotypofe , &c. J’ai dit ailleurs à
quoife réduifoit L’hypallage, 6c ce qu’il faut penfer
de la fyllepfe.
La'métaphore, -la métonymie, la fynecdoque
gardent ces noms généraux, quand elles ne font dans
le difeours que par ornement ou par énergie ; elles
font toutes les trois du domaine de la catachrèfe,
quand la difette de la langue s’ en fait une reffourcë
inévitable : mais , fous cet afpeft, la catachrèfe doit
être placée à côté de l’onomatopée ; 6c ce font deux
principes d’étymologie, peut-être les deux fources
qui ont fourni le plus de mots aux langues : ni l’un
ni l’alitre ne font des tropes. ]
II. De l'utilité des T R O P E S . C’eft M. du Marfais
qui va parler. P ar t. I , a r t .v ij. §• 2.
T T t t ij