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du bofphore de l’Amazone. Le cottite dé Pàgaii doit*
ne à cette île 60 lieues d’étendue, & vante beaucoup
la fertilité de fes terres, ainli que la beauté de fes rivages.
(Z>. /.)
TOPINAMBOUR , f. m. ( Hiß. nat. Botan. ) les
topinambours font des tubercules de la plante que
plufieurs botaniftes appellent helianthemum tuberoj 'um
tfcuUntum, ÔC que Tournefort nomme coronaJolis,
parvofiore, tuberofâ radiée, I. R. H. 48$. en anglois
pottatoa-,
Il s’élève d’une même racine de cette plante une
«u plufieurs tiges cylindriques, cannelées, rudes,
couvertes de poil, haute de douze piés & plus, remplies
d’une moelle blanche •& fongueufe. Ses feuilles
font nombreufes, placées fans ordre depuis le bas
jufqu’auhaut, d’un verd-pâle, rudes, pointues, presque
femblables à 'celles du fouci ordinaire, cependant
moins ridées , moins larges, & diminuant peu-
à-peu de grandeur, en approchant de l’extrémité des
rameaux.
Ses tiges portent des fleurs radiées de la grandeur
de celles du fouci ordinaire ; leur difque eit rempli
de plufieurs fleurons, jaunes, fort ferrés; & leur
couronne eft compofée de douze ou treize demi-fleurons
rayés, pointus, de couleur d’o r , portés fur
des embryons, & renfermés dans un calice écailleux
& velu ; ces embryons fe changent en des petites
gràines.
Chaque tige jette diverfes petites racines, rampantes
, garnies de fibres capillaires , qui s’étendent au
long & au large, entre lefquelles croiffent à la distance
d’un pié de cette racme-mere plufieurs tubercules
, ou excroiffances compares qui foulevent la
terre ; une feule de ces racines produit 3 0 ,4 0 ,5 0 ,
& quelquefois un plus grand nombre de ces tubercules
; ils font rouffâtres en - dehors , fongueux &
blanchâtres en-dedans, d’une faveur douce, boffelés
en divers endroits, quelquefois de la groffeur du
poing, & comme relevés en un petit bec du côté
qu’ils doivent germer. Quand les tiges font féchées,
ces tubercules relient dans la terre pendant tout l’hiver,&
pouffent au printems fuivant. On cultive cette
‘ plante dans les jardins & dans les campagnes, & l’art
de la culture confifle dans le labour, & point à fumer
les terres où on l’a plantée , comme M. Tull l’a fait
voir par fes propres expériences.
On mange ces tubercules appellées topinambours,
cruds ou cuits ; quand ils font cuits, ils ont le goût
de cul d’artichaud; on les affaifonne de différentes
maniérés. ( D. J. )
TOPIN O, J.E, ( Géog. mod.) riviere d’Italie au
duché de Spolete, en latin Tinia ou Tentas* Elle a
fa fource dans l’Apennin, paffe à Fuligno, & après
avoir grofîTfes eaux de celles de diverfes rivières
qu’elle reçoit, elle va fe jetter dans le T ib re, entre
Pontenuovo & Torciano. (D. /.)
TOPIQUE, adj. terme de Rhétorique ; c’efl un argument
probable qui fe tire de plufieurs lieux &
circonflances d’un fait, &c. Voye^ Lieu , &c.
Topique fe dit auffi de l’art ou de la maniéré d’inventer
& de tourner toutes fortes d’argumentations
probables. Foyer Inv ent ion.
Ce mot eft formé du grec topicos, de 1 ovoç, lieu,
comme ayant pour objet les lieux communs qu’A-
riftote appelle les fieges des argumens.
Ariftote a traite des topiques, & Cicéron les a commentés
pour les envoyer à fon ami Trebatius, qui
apparemment ne les entendoit points
Mais les critiques obfervent que les topiques de Cicéron
quadrentfi mal avec les huit livres des topiques
qui paffent fous le nom d’Ariftote, qu’il s’enfuit nér
ceffairement, ou que Cicéron ne s’eft point entendu
lui-même , ce qui n’ eft guere probable, ou que les
livres des topiques attribués à Ariftote, ne font point
.fous de çe dernier«
JL U r
Cicéron définit le topique, Fart d?intenter des argumens
: Difciplina inveniendorum argumentorum.
La Rhétorique fe divife auffi quelquefois en deux!
parties, qui font le jugement, appellé dialectique
l ’invention , appellée topique. Voye^ Rhétorique.
Voici ce qu’en dit pour & contre le pefe La mi de
l’oratoire) dans fa rhétorique, liv. V. ch. v . pag, 3 . &
fuivantes.
« On ne peut douter que les avis que donne
» cette méthode,n’aient quelqu’utilité. Ils font pren-
» dre garde à plufieurs chofes, dont on peut tour*-
» ner un fujet de tous côtés , & l’envifager par tou-
» tes fes faces. Ainfi, ceux qui entendent bien la
»» topique,peuvent trouver beaucoup de matière pour
» groffir leur difeours. Il n’y a donc rien de ftérile
» pour eux : ils peuvent parler fur ce qui fe préfen-
» t e , autant de tems qu’ils le voudront.
» Ceux qui méprifent la topique, ne eontefteilt
» point fa fécondité. Ils demeurent d’accord qu’elle
» fournit une infinité de.ehofes : mais ils foutiennent
» que cette fécondité eft mauvaife, que ces chofes
» font triviales, & par conféquent que la topique ne
» fournit que ce qu’il ne faudroit pas dire. Si un ora-
» teur, dilent-ils, connoît à fond le fujet qu’il traite...
» il ne fera pas néceffaire qu’il confulte la topique,
» qu’il aille de porte en porte frapper à chacun des
» lieux communs) oh il ne pourroit trouver les con-
» noiffances néceffaires pour décider la queftion
» dont il s’agit. Si un orateur ignore le fond de la
» matière qu’il traite, il ne peut atteindre que la fur-
» face des chofes, il ne touchera point le noeud dé
» l’affaire ; enforte qu’après avoir parlé long-tems
» fon adverfaire aura fujet de lui dire ce que S. Au-
» guftin difoit à celui contre qui il écrivoit : laiffez
» ces lieux communs qui ne difent rien, dites quel-
» que chofe, oppofez des raifons à mes raifons, 6t
» venant au point de la difficulté établiffez votre caü*
» fe , & tâchez de renverfer les fondemens fur lef-
» quels je m’appuie. Separaiis locorumgoommuniujn
» magis, res cum re> ratio cum ratione, caufa cumeaufâ
» conjligat.
» Si l’on veut dire en faveur des lieux communs,
» qu’à la vérité ils n’enfeignent pas tout ce qu’il faut
» dire, mais qu’ils aident à trouver une infinité de
» raifons qui fe fortifient les unes les autresfeeuxqui
» prétendent qu’ils font inutiles, répondent, que
» pour perfuader il n’eft befoin que d’une feule
» preuve qui foit forte & folide, & que l’élôquenca
» confifte à étendre cette preuve, & à la mettre dans
» fon jour , afin qü’elle foit appereue. Car les preu-
» ves qui font communes aux accufés & à ceux qui
» acculent, dont on peut fe fervir pour détruire &
» pour établir, font foibles. O r celles quife tirent des
» lieux communs font de cette nature.
D’où il conclut que la topique approche fort de cet
art de R.aymond Lulle, dont l’auteur de la logique dè
Port-Royal a d it , que c’étoit un art qui apprend à
difoourir fans jugement des chofes qu’on ne fait point.
Or il eft bien préférable, dit Cicéron , d’être fage &
ne-pouvoir parler,que d’être parleur & être impertinent.
Mallem indifertam fapientiam quant fiultitiam
-loquacem.
La topique eft reléguée dans les écoles,& les grands
orateurs ne fuivent pas cette route pour arriver à la
belle éloquence.
T o p iq u e , (Médecine?) on appelle topiques, les
remedes qu’on applique extérieurement fur diverfes
parties du corps pour la guérifon des maladies ; ce
..mot vient de nvnot, lieu.
Les Médecins ont établi pour maxime, que les remedes
peuvent devenir utiles ou pernicieux, fuivant
l’ufage & l’application qu’on en fait ; & cette maxi-
meeft non-feulement vraie par rapport aux remedes
TOP
Internes ; mais encore par rapport aux topiques ou 1
applications externes , comme nous allons le vom
1 On preferit fouvent les bains mêlés d’herbes céphaliques
pour les maladies de la tête , fans fonger
qu’ils nuifent dans plufieurs cas, comme dans les toi-
bleffes des nerfs, lesachores, les-catarrhes, &c.
tes emplâtres céphaliques dans les hémorrhagies,
les apoplexies, les maux qui procèdent de caufes externes
, font plus nuifibles qu’utiles, parce qirtls empêchent
la tranfpiration de la partie, & qu’ils obf-
truent les pores de la tête. On croit auffi que les oi-
gnemens de baumes odoriférans font fort efficaces
contre lés maux de tête , accompagnés d’un fenti-
ment de pefanteur ; au cohtraire, ces fortes de topiques
difpofent à l’affoupiffement par leur qualité fé-
dative anodine ; mais les linime'ns balfamiques préparés
avec de l’ efprit-de-vin rectifié, &^des huiles
de marjolaine, de lavande, &c. peuvent être à propos,
parce qu’ils difeutent & ouvrent les pores.
On commet beaucoup d’erreurs en fait de topiques
pour les maladies des yeux. Dans leur inflammation
les collyres incraffans,épaiffiffans ne conviennent pas
certainement ; il faut employer des fubftances, qui,
fans acrimonie font difeuffives ; tel eft, par exemple,
le camphre. Si l’inflammation eft accompagnée d’une
lymphe âcre & faline, il faut ufer d’un mucilage de
graines de coings, mêlées avec du fafran & du camphre.
Quand l ’inflammation eft violente & dange-
reufe, l’efprit-de-vin camphré, appliqué tiede avec
une addition de baume du Pérou, produit quelquefois
d’excellens effets pour rétablir le ton des fibres.
Le vitriol à caufe des parties de cuivre qu’il contient
, paffe chçz plufieurs praticiens pour excellent
dans les maux des yeux ; mais cela n’ eft que rarement
vrai ; ce collyre, par exemple, eft contraire dans toutes
les inflammations, &c dans toutes les fluxions chaudes
& âcres ; il ne convient que quand les humeurs
font épaiffes, fales & fordides, fans âcreté. Tout ufa-
■ ge des collyres eft déplacé dans la diferafe de la lymphe
& du fang, car il faut commencer par corriger
les fluides viciés.
Dansles maladies d’oreilles, les topiques qu’on met
intérieurement, ne conviennent que pour la dureté
d’ouie qui vient de l’endurciffement de la cire. Les
abfcès dans l’oreille interne demandent un traitement
particulier ; c’eftde tâcher de les empêcher de dégénérer
en ulcérés par des injections balfamiques
tiedes, tels que les éffences de myrrhe.
Les topiques pour les hémorrhagies du nez font rarement
utiles, à-moins qu’on ne commence par des
faignées , des frictions , l’immerfion des piés dans
l’ eau tiède, & quelquefois en employant le fecours
des doux diaphorëtiques.
La plupart des topiques recommandés pour les maux
de dents, font plus de mal que de bien, outre que le
mal de dents vient fouvent de rhumatifme ou d’une
fluxion âcre qui fe jette fur une dent cariée, & con-
fequemment c’eft la fluxion qu’-il faut guérir.
Tous les topiques externes dans les maladies cutanées
du vifage & de la tête, doivent-être adminiftrés
avec prudence, en y joignant les remedes internes
pour corriger & dériver les humeurspeccantes. C’eft
une malheureufe pratique, que d’ufer pour les boutons
ou les pullules au vifage, du mercure fublimé
ou d’une folution foible de mercure précipité, parce
que de telles fubftances reçûes dans les pores pro-
duifent de grands maux de tête, & la perte des.dents.
Dans le décharnement des gencives, on preferit
prefque toujours l’ufage des aftringens ; mais fi ce détordre
procédé du défaut de fuc nourricier, ou de
l’obftruCtion des fines arteres des gencives, elles perdront
de plus en plus leur fuc nourricier par les remedes
aftringens ; en ce cas, il faut laver la bouche
Tome XVI\
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& les gencives avec des décodions de vin , imprégnées
de fauge & d’une petite quantité de fel ammoniac.
•
On emploie fouvent les topiques dans les maladies
du thorax, c’eft-à-dire pleuréfie ou péripneumonie ;
mais le meilleur dans ces fortes de cas, eft de s’abf-
tenir de tout topique ; que fi on en juge quelques-uns
néceffaires, il faut les compofer d’efprit-de-vin camphré,
mitigé, & rendu anodin par une addition de
fafran.
Dans les douleurs d’eftomac, les topiques ne font
bienfaifans qu’appliqués convenablement ; ce n’ eft
point alors fur le creux de l’eftomac qu’il faut les
porter , comme on fait ordinairement dans la car-
dialgie ; mais il faut les appliquer fur le dos, vers la
huitième ou la neuvième vertebre. Si c’eft l’orifice
droit qui eft affedé , on appliquera les remedes fur
l’eftomac vers le côté droit.
Si la douleur violente, caufée par une pierre arrêtée
dans les ureteres, demande l’ufage des topiques,
c’eft du-meins dans la diredion des ureteres qui eft
tlepuis les reins jufqu’aux aînés ; & c’eft avec bien
de la prudence qu’ils doivent être adminiftrés ; car
fi la douleur eft accompagnée de fpafmes, & qu’on
applique des fubftances chaudes & fpiritueufes, on
augmente la douleur, & l’on occafionne de terribles
fymptomes ; il faut au contraire baigner le malade
.pour relâcher les parties irritées.
Dans le flux exceffif des réglés, la plus fûre méthode
eft de s’abftenir des topiques, fur-tout des topiques
narcotiques, & de leur fubftituer l’ufage d’autres
remedes.
Les Médecins & les Chirurgiens ont imaginé une
infinité de topiques dans les tumeurs des veines hé-
morrhoïdales ; mais l’art confifte à appliquer ces dif-
férens remedes fuivant les circonflances ; par exemple
, fi la douleur eft èxceffive, les fubftances anodines
& émollientes feront les plus falutaires ; fi la
tumeur incommode.par fon volume, les fomentations
de vin préparées avecles balauftes & les fleurs
de rofe, peuvent être bonnes.
Quant au défordre des articulations , [ectopiques
font toujours mal employés dans les douleurs arthritiques
& dans la goutte ; c’eft ce dont tous les habiles
médecins conviennent ; fi cependant la douleur
eft accompagnée d ’une certaine infenfibilité, comme
il arrive fouvent aux vieillards, alors on peut
| fortifier les nerfs par des linimens balfamiques, &
| fâcher d’attirer le fluide nerveux fur les parties affoi-
blies.
La plupart des topiques nuifent dans l’éréfipele ; il
faut traiter cette maladie par des remedes internes ,
laiflèr libre la tranfpiration dans les parties affeétées,
en appliquant feulement quelquefois fur la partie des
fachets pleins d’herbes parégoriques , qui par leur
douce influence, tiennent les pores ouverts, & les
relâchent s’ils font refferrés.
Dans les bubons malins & critiques, les topiques
font d’une pratique dangereufe : mais fi le bubon tend
à fuppuration ; on doit appliquer l’emplâtre de dia-
chylon avec les gommes.
Pendant l’éruption & la fuppuration de la petite
vérole, il faut s’abftenir de tous linimens topiques;
ce n’eft que dans le déclin & vers le tems du deffé-
chement des pullules , qu’ il eft permis d’ufer d’huile
d’amandes-douces, mêlée avec le camphre & le
blanc de baleine, pour tempérer l’acrimonie des boutons.
La cure de toutes les maladies cutanées doit commencer
& finir par les remedes internes, capables de
corriger la matière peccante , de la difpofer a l’excrétion
, & en même - tems de la chaffer. A cette
çlaffe de remedes appartiennent les diaphoniques
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