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auquel on donne le nom de tigre d'Amérique , & que
les Brafiliens nomment jaguara, a plus de rapport au
léopard qu’au tigre , car il a des taches rondes comme
celles du léopard, & non des taches longues comme
celles du tigre. Le tigre noir ou once, nommé au
Bréfil jaguarete, diffère du tigre d’Amérique en ce
qu’il a le poil d’un noir onde 6c luflré, avec des taches
d’un noir plus fonfté. Le tigre barbet, tigre ■
ou loup tigre, du cap de Bonne-Efperance, a le poil
frifé comme celui d’un barbet, 6c des taches noires.
Le tigre rouge de la Guyane 6c du B réfil, différé du
tigre d’Amérique par fa couleur qui eft d’un jaune
roufsâtre, plus foncé fur le dos que fur le relie du
corps ; le deffous de la mâchoire inférieure & le ventre
, font un peu blanchâtres. Voye^ R égné a n im
a l .
Le tigre dans le fyfteme zoolôgique de Linnæus,
conllitue un genre diftinél dans la clalfe des quadrupèdes
; fes caraéteres font qu’il a quatre mamelles
placées fous le nombril, 6c que fes pies font faits pour
grimper ; Linnæus rapporte la panthère à ce genre,
en l’appellant tigre à taches orbiculaires.
Les voyageurs qui ont vu de près le tigre en Amérique
, font bien loin de le regarder comme le plus
lefte des animaux fauvages carnivores ; ils prétendent
au contraire que c’eû une bête lente, lîupide, incapable
d’atteindre un homme à la courfe,& qui ne fait
faire que deux ou trois grands fauts pour attraper fa
proie. On trouve aulïi des tigres aux Indes orientales
, & en plufieurs parties de l’Afie ; mais il femble
qu’il y a quelque différence entre les uns 6c les autres
, 6c peut-être que de nouvelles obfervations juf-
tifieroient que les tigres afiatiques font très-agiles ,
comme l’ont affuré les anciens.
Pline, /. VIII. c. xviij. nous a décrit le moyen
qu’on employoit de fon tems pour enlever les jeunes
tigres à la mere, & les tranfporter à Rome. Les Hir-
caniens & les Indiens, dit-il, font obligés, quand ils
prennent les petits tigres,de les emporter bien vite fur
lin cheval ; car quand la mere ne les trouve plus.,
elle fent leurs traces, les fuit avec une promptitude
furieufe ; 6c la perfonne qui les emporte, n’a rien de
mieux à faire quand il eft atteint par la tigreffe , que
de lui jetter un de fes petits à terre ; alors elle le prend
dans fa gueule , le porte dans fon trou, 6c revient
bien-tôt après ; on l’amufe en répétant la même manoeuvre,
jufqu’à ce qu’on foit fur le vaiflèau, d’oii
l’on entend la tigreffe qui n’ofe fe jetter dans l’eau,
pouffer des hurlemens affreux fur le rivage.
T ig r e , (Monum. amiq.') ce cniel animal accompagne
affez fouvent les monumens de Bacchus , &
des bacchantes. Le char de Bacchus eft ordinairement
tiré par des tigres, 6c quelquefois aulïi on voit des tigres
aux piés des bacchantes : feroit-ce pour carafté-
rifer la fureur dont elles étoient agitées ? ( D . J .)
T igre , (Maréchal.) poil de cheval dont le tond
eft blanc 6c parfemé de taches noires 6c rondes d?ef-
pace en efpace.
T igRe , le, (Géog. anc.') Tigris, grand fleuve d’A-
f ie , qui prend fa fource dans les montagnes de la
grande Arménie , 6c fe jette dans le golfe Perfique.
Moife l’appelle Chidkeli, genef. xj. 14. les anciens le
nommoient Diglito ; 6c encore aujourd’hui, il eft ap-
pellé Tegil ou Tigil.
Jofephe , le paraphrafte chaldéen , les tradu&eurs
arabes & perfans, le nomment Diglat. Pline , l: VI.
c. xxvij. dit qu’il prend fa fource dans la grande Arménie
, au milieu d’une campagne nommée Elégojine.
Il entre dans le-lac Aréthufe, 6c coule au-travers làns
y mêler fes eaux. Après cela, il remonte le mont
Taurus , rentre dans, la terre, paffe fous la montagne
, 6c va reparoître de l’autre côté ; une preuve,
ajoute-t-il, que ce n’eft pas un-nouveau fleuve qui
fort au delà de la montagne, c’eft qu’il rend à fa for-
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tie ce qu’on y avoit jette à l’ entrée de la caverne.
Ptolomée met aufii la fource du Tigre au milieu de
l’Arménie au trente-neuvieme degré, 6c un tiers dé
latitude ; mais Strabon, /. X I . p. 335). femble avoir
pris pour la fource du Tigre la fortie du mont Taurus
; le Tigre à l’orient, & l’Euphrate au couchant,
bordent la Méfopotamie qui eft entre deux. Après
avoir parcouru beaucoup de pays du feptenttion au
midi, ces deux fameux fleuves le dégorgent dans le
golfe perfique. Aujourd’hui ils y tombent par un canal
commun, mais autrefois ils y tomboient féparé-
ment. L ’embouchure de ce fleuve eft nommée Paßtigris
par Strabon, 6c par Arrien.
Le Tigre eft dépeint avec l’Euphrate, dans une médaille
de Trajan, oh ce fleuve eft dit vaincu. L’empereur
eft repréfenté debout entre les deux fleuves,
avec la figure d’un arménien à fes piés , 6c à côté du
Tigre, q ui, comme nous l’avons d itp ren d fa fource
dans les montagnes de la grande Arménie. L’inf-
cription de cette médaille eft : Armenia & Mefopota-
mia inpoteßatempopuli Romani redaclæ. (D . J. )
T igre , la ( Géog. mod.) riviere de l’Amérique
méridionale, au pays des Yaméos. Elle fe jette dans
la partie feptentrionale de l’Amazone , après s’êtré
groflie de plufieurs rivières.
T IG R É , TÉGRÉ , 0« T É G R A , ( Géog. mod. )
royaume d’Afrique , dans l’Ethiopie ou Abyflinie ,
& le premier qu’on trouve en entrant de l’Egypte
dans l’Ethiopie. Il eft borné au nord par le royaume
de Sennar 6c de Balous, au midi par celui d’Ângor,
au levant par la mer R ouge, & au couchant par le
royaume de Dambéa. Il y a , félon Ludolf, dans la
province de Tigré, vingt-fept préfectures, habitées
par différens peuplés. ( D . J. )
TIGRILLO , 1. m. ( Hiß. nat. ) oifeau de la nouvelle
Efpagne , qui eft de la groffeur d’une grive ,
les Efpàgnols lui ont donné Ion nom , parce que
fon plumage eft mouchetée comme la peau d’un
tigre.
TIGU ARES, les , ( Géog. mod. ) peuples fauvages
de l’Amérique méridionale dans la partie occidentale
de la capitainerie de Parayba, au nord des
Pétiguares. (Z), J.) ’
T IGU L IA , ( Géog. anc.') ville d’Italie , dans la Ligurie
, félon P line, /. III. c. v. Les itinéraires marquent
Tigulia ou Tegulata, fur la voie Aurélienne ,
6c Segeßa Teguliorum, ou Segefie de Ligurie , fur la
côte. Cette pofition s’accorde avec Pline, qui fait
une ville maritime de Tigulia, 6c dit que Segeßa Teguliorum
étoit dans les terres. ( D. J.)
TIGURINUS-PAGUS, (Géog. anc.) Céfar, 1. 1.
c. xij. donne ce nom à un des quatre cantons qui
compofoient la fociété helvétique. Ce canton pou-
voit prendre fon nom de la ville Tigurum, qui fut
fans doute une des douzes villes que les Helvétiens
brûlèrent eux-mêmes , lorfqu’ils voulurent aller s’établir
dans l’intérieur de la Gaule. A la vérité aucun
ancien auteur ne nomme la ville Tigurum : mais malgré
ce filence des écrivains, on peut bien fuppofer
que cette vilie exiftoit dès ce tems-là. Tigurum en
effet, fe trouve encore aujourd’hui la capitale de ce
canton. De Tigurum on a fait Zurich, comme de
Taberna Zabern, & de Tolbiacum Zulpich. Les auteurs
du-moyen âge difoient Turegtim , au lieu de Tigurum.
Les Tigurini fe joignirent aux Cimbres, lorf-
que ceux-ci entreprirent de paffer en Italie. (D . J.)
TIJEGUACU-PAROARA, f. m. (Hiß. naturelle.
Ornithol.) nom d’un oifeau-du Bréfil, décrit par Marg-
grave, & qui eft de la groffeur d’une alouette. Il a le
bec court, épais, brun en-deffus, cendré en-deffous.
Sa tête, fa gorge, la partie inférieure de fon cou, 6c
fes côtes font d’un beau jaune diapré de rouge dans
la femelle , & d’un rouge de fang éclatant dans le
mâle. Le haut du cou 6c tout le dos font gris , avec
un
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un mélangé de brun ; les ailes font brühèS ; marqué-"
tées de blanc; la queue eft de la même eouleiir ; les
côtés du cou, le ventre 6c les cuiffes font blanches:
TIJEPIRANGA, f. m. (Hiß. nat. Ornithol.) oifeau
du Bréfil, du genre des paflèreaux. Il y en a de deux
efpeçes; la première, qui eft de la groffeur de l’alouette
, a tout le corps, le cou 6c la tête d’un rouge
admirable , avec les ailes 6c la queue noire. L’autre
efpece plus petite eft d’un gris-bleu,fur le dos, blanche
fur le ventre, 6c d’un verd de mer fur les ailes. (D . J.)
TIKMITH, f. m. (Calend.étkiop.) nom du fécond
mois de l’année des Ethiopiens, qui répond au mois
d’Oétobre. Ludolf nous a donné tout le calendrier
éthiopique dans fon hiftoire d’Ethiopie.
T IL , f. m. ( Archit. ) écorce d’arbre dont on fait
les cordes des puits, 6c dont les appareilleurs nouent
des morceaux déliés, les uns au-bout des autres, pour
faire une longueur néceffaire au tracement de leurs
épures. Cette forte de cordeau a cet avantage de ne
point s’allonger comme la corde. Daviler. (D . J.)
TILAVEN TUM , (Géog. anc.) Pline met deux
fleuves de ce nom en Italie, au pays des Vénetes.
Léander dit que ce font deux fleuves du Frioul, 6c
que Tilaventum majus eft le Tagliamento, 6c Tilaven-
tum minus, la Stella. Ptolomée, l. I I l. c .j. ne parle que
du premier de ces fleuves, qu’il nomme Tilaventum.
TlLBOURG, ( Géog. mod. ) bourg des Pays-bas
hollandois , au pays d’Ofterwick. Ce bourg eft un
lieu confidérable, 6c renommé par fes manufactures.
On y compte plus de quatre mille communians , 6c
il peut mettre encore aujourd’hui quinze cens hommes
fous les armes. C’eft une feigneurie qui appartient
au prince de Heffe-Caffel. La juftice eft admi-
niftrée par un droffart, un bourgmeftre, fept éche-
vins, 6c.deuxdécemvirs. (D .J . )
TILLAC, f. m. (Marine.) c’eft le plancher qui forme
l’étage d’un vaiffeau, fur lequel la batterie eft po-
fée , comme fur une plate-forme. Voye^ Pont.
On appelle franc-tillac le premier pont ; 6c faux-
tillac un faux pont. ^".Fau x -pont & Franc-t il la c .
T illac , (Marine.) efpece de plate-forme de
planches , qui eft au fond-de-cale , oh le munition-
naire fait fes bidons.
TILLÆA, f. f. ( Hiß. nau Botan. ) genre de plante
que Linnæus caraétérife ainfi. Le calice eft applati,
divifé en trois gros quartiers, de forme ovale ; la
fleur eft compolee de trois pétales applatis, ovoïdes,
pointus , plus petits que les fegmens du calice ; les
étamines font trois filets plus courts que le calice ;
leurs boffettes font petites ; le piftil a trois germes ;
les ftiles font Amples, 6c trois en nombre ; les ftig-
mats font obtus ; le fruit a trois capfules alongées
autant que la fleur, pointues, recourbéesen-arriere,
6c s’ouvrant longitudinalement dans leur partie fu-
périeure ; les graines font ovales, au nombre de
deux dans chaque capfule. Linnæi, gen. plant, p. v 6.
TILLE , f. f. ( Marine. ) c’eft l’endroit oh le tient
le timonnier dans les flûtes.
Tille , ( Marine. ) c’eft un couvert ou accaftil-
lage , qui eft à l’arriere d’un vaiflèau non. ponté.
T ille , ( Arts méchaniques. ) inftrumeht dont fe
fervent les tonneliers, les couvreurs , & les autres
artifans, qui eft hache 6c marteau tout enfemble ; car
d’un côté il y a un large tranchant en forme de hache
, 6c de l’autre il a une tête plate. La tille eft à-
peu-près faite comme la hache d’armes, excepté que
celle-ci étoit toute de fer, 6c que la tille a un man-
che de bois ; la tille fe nomme autrement hachette ,
aijfette, 6c aßiette. Savary. ( D . J . )
T ille , (Sucrerie. ) petit infiniment de cuivre fait
en forme de couteau, avec lequel ori fouille le fond
des formes de fucre ayant de leur donner la terre.
Savary. ( D. J. )
T ille , la , ( Géog, mod.) riviere de France, en
Tome XVI,
T ï L w
I êlle à f? fourM à Sairit-Seiné, bailüagé
de Ghatillon 9 6c fe jette dans la Saône, à une lieué
au-deflbus d’Auxonnî. On pourroit faire un canal
depuis Dijon jufqu’à la Saône , & ce canal augmen-
teroitle commerce de cetteprovincei (D . J.)
Tll.LK.MONT, ( Géogr. mod. ) en flamand Tïz-
rUnt ville des Pays-bas , dans le Brabant, au bord
de la Géete , qu’on y pafle fur pluiîeurs ponts à
quatre lieues au fud-eft de Louvain. Les guerres ont
prefque entièrement ruiné cette ville , qui étoit au-
tretors une des principales du Brabant. Long. 2Z. , 4 -
latiti.6o. 47. . ” 0
Bollandus (Jean ) célébré jéfuite, ÿ naquit eii
1 596 j ,& fut choifi pour exécuter le projet que le
P . Rofweide ayoit- eu de recueillir tout ce qui pour»
roit iervir aux vies des fair.ts, fous le titre ce
.Jùnçtontrn^ Bollandus L’entreprit, & en publia cinq
volumes in.folio; il travaiiioit au iixiente lorfqu’il
mourut en 16(5$ j à 70 ans, On donne en foit hdnneur
aux continuateurs de ce volumineux ouvrage , fort
connu dans la république’ des Lettres, le furuom de
Bollandifies. ( D . J. )
TILLER le chanvre, ( Econbm. rïifliquè. ) eft une
opération qui confifte à prendre les brins de chanvre
les uns après les autres, à rompre la chenevotte
6c à en détacher la filaffe en la faifant gliffer entre les
doigts.
Il y a des provinces oh l’on tille tout ie, chanvre ;
dans,d’autres on nele tille que quand on en a fort peu;
autrement on le broyé.
Ce travail eft fort long ; mais on y occupe les en-’
fans qui s’en acquittent aufîi-bien que des grandes
perfonnes. Voye{ Varticle C hanvre:
T iller , terme dont les Cordiers fe fervent pour
dirz faire de la corde avec du tille ou écorce de tilleul:
Il y a encore d’autres écorces qu’on peut tiller,
par exemple celle du mahot; on en fait aiiffi de là
ficelle & de gros cordages qui ne le eedent guere en
bonté aux cordes de chanvre.
T IL L E T , f . m. terme de Jardihièr, c’eft le boni
qu’on donne aux lieux plantés de tilleuls ou tillots ,
ou au lieu oh l’on en éleve, comme on dit chênaie \
fapèe9 o\eraie , tremblâtes, pour les lieux plantés
de chênes, de fapins, d’oziers, de trembles. (D .J .')
T illet , ( Librairie. ) ce mot fignifie la même cho-
fe que billet ; c ’eft unepermiflion par écrit que donnent
les fyndic 6c adjoints, de retirer des livres des
voituriers 6c de la douane. ( D . J . )
TILLEUL, TILLAU , f. m. ( Hijl. nat, B o t.)
tilia, genre de plante à fleur en rofe compofée de
plufieurs pétales difpofés en rond; le piftil fort du
calice, 6c devient dans la fuite une coque qui n’a
qu’une feule capfule, 6c qui renferme des femences
oblongues. Tournefort, Injl. rei herb. Voyei Plante.
T illeul , tilia, grand arbre qui vient naturellement
dans les climats tempérés de l’Europe 6c de l’Amérique
feptentrionale. Il fait une belle tig e, fort
droite, 6c d’une groffeur proportionnée ; fa tête fe
garnit de beaucoup de rameaux, 6c prend d’elle-
même une forme ronde 6c régulière ; fon écorce qui
eft d’abord unie , mince 6c cendrée dans la jeiineffe
de l’arbre, devient brune, épaiffe & gerfée à l’â<re de
quinze ou vingt ans. Ses racines qui font fort fibreu-
fes s’étendent au loin près la furfaee de la terre ; fa
feuille eft grande, faite en maniéré d’un coeur, dentelée
fur les bords, 6c d’une agréable verdure. Cet
arbre donne fes fleurs au mois de Juin ; elles font petites
, jaunâtres ,peu apparentes, mais de très-bonne
odeur ; les graines qui fuccedent font des coques ron-»
des, velues, anguleufes, de la groffeur d’un pois,
renfermant une ou deux amandes douces au goût ;
elles font en maturité au mois d’Août, 6c elles tom*
bent en Septembre.
Le tilleul eft un arbre foreftier du troiiieme ordre ;
Tt