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verfe paffe de l’extrémité d’un des piliers de derrieré
à l’extrémité de l’autre pilier de derrière, que ces
quatre piliers (oient consolidés par une traverfe qui
s’ affemble d’un bout avec la traverfe des piliers d’ en-
haut, 8c de l’autre bout avec la traverfe des piliers
d’en-bas; que les deux piliers d’en-haut ou les plus
grands, foient de même hauteur; que les deux piliers
d’en-bas foient auffi entr’ éux de la même hauteur ,
mais plus bas que les piliers d’en-haut ; que toutes
ces parties foient affemblées les unes avec les autres,
& leur affemblage formera la cantre.
La cantre en deux mots n’eft donc autre chofe qu-’
un chaffis oblong, foutenu fur quatre piliers , dont
les deux derniers l'ont plus hauts que les deux de devant
, Sc partagé en deux parties égales par une traverfe
percée d’autant de trous qu’on veut à égalé dif-
tance, dont chacun correfpond à deux autres trous
pratiqués aux grands cotés du chaffis , capables de
recevoir de petites broches de f e r , 8c de les tenir
parallèles aux petits côtés.
Il ell nécelfaire de donner plus d’élévation à la cantre
d’un côté ou d’un bout que d’un autre. Cette différence
d’hauteur empêche les branches des roque-
tins de fe mêler ; 8c on peut à chaque inftant apper-
çevoir.quand il y en a quelques-uns de calfés, ce qui
ne pourroit pas paroître, fi la hauteur étoit égale
par-tout.
Nous fuppoferons ici les côtés de la cantre percés
de i 5 trous feulement.
La cantre fe place entre les piliers de derrière du
métier , 8c s’avance prefque jufqu’à la traverfe qui
foutient les marches.
On a de petites broches toutes prêtes , avec des
efpeces de petites bobines , qu’on appelle de roque-
lins.
Les broches font fort minces , elles fervent aux
roquetins d’axes fur lefquels ils peuvent fe mouvoir.
Il faut diftinguer dans ces roquetins deux moulures
principales ; l’une garnie dé foie , 8c l’autre d’un
f i l , à l’extrémité duquel pend un petit morceau de
plomb. La foie 8c le fil étant dévidés ehacun-fur leur
moulure, en fens contraire ,-il eft évident ,que fi l’on
prend un bout de la foie, & qu’on le tire, il ne pourra
fe dévider de deffiis fa moulure, qu’en faifant monter
le petit poids qui réagira contre la force qui tirera
le bout de foie. Cette réaâion tiendra toujours le fil
de foie tendu, 8c ne l’empêchera pas de fe dévider,
la bobine entière ou le roquetin pourront fe mouvoir
filr la petite broche de fer dans laquelle il eft
enfilé par un trou qui le traverfe dans toute fa lon7
gueur.
On charge chacune des petites broches d’un nombre
égal de roquetins , tous garnis de leur foie 8c de
leur plomb ; ce nombre de roquetin eft partagé fur
chaque broche en deux parties égales par la traverfe
du chaffis de la cantre , il faut obferver en enfilant
les roquetins dans les verges du chaffis , de tourner
le plomb de maniéré que la foie fe dévide en-deffus
8c non en-deflous.
La foie eft de la même ou de différentes couleurs
fur tous les roquetins, félon l’efpece de velours qu’on
fe propofe d’exécuter.
C ’eft le deffein qui fait varier le nombre des roquetins.
.
Nous fuppoferons ici que chaque verge portait 8
roquetins.
La cantre étoit compofée de îo o roquetins ; elle
i’eft ordinairement de huit cens & de mille. On voit
maintenant l’ufage de.la traverfe qui divifele chaffis.
en deux parties égalés, 8c qui met .dans la fuppofif
tion préfente cent roquetins d’un côté „ 8c cent de
l’autre, ou quatre roquetins par broche d’un côté, 8c
quatre de l’autre.
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JD es maillons ^ des mailles de corps & des aiguilles de
plomb. Après qu’on a formé la cage du métier-, garni
la cantre de fes roquetins , 8c placé cette cantre entre
les piliers de derrière du métier., de maniéré que
la chute de l’inclinaifon du chaffis foit tournée vers les
marches;
On fe pourvoit au-moins d’autant de petits anneaux,
de verre , tels que nous les allons décrire, qu’il y a
des roquetins. Je dis au-moins; car à parler exactement,
on ne fe réglé point furies roquetins de la cantre
pour la quantité de maillons, aiguilles, &c. Au-
contraire , on ne forme la cantre que fur la quantité
de cordages dont on veut monter le métier, parce
qu’on fait des velours à 8oo roquetins 8c à iooo,
fuivant la beauté qu’on veqt donner à l’étoffe , les velours
à iooo étant plus beaux que ceux de 8oo. Dans
ce cas, le métier eft la première chofe qu’on difpofe,
après quoi on fe conforme à la quantité convenable
des roquetins , ou à-proportion du cordage. Ces petits
anneaux font oblongs ; ils font percés à leur extrémité
de deux petits trous ronds ; 8c au milieu, ou
entre ces.deux petits-trous ronds, d’un troifieme
beaucoup plus grand, & à-peu-près.quarré ; les bords
de ces trois trous font très-polis 8c- très-arrondis. On
appelle ces petits corps ou anneaux de verre , maillons.
Il faut avoir autant d’aiguilles de plomb qu’il y a de
roquetins ou de maillons. C e s ’aiguilles de plomb
font percées à l’une de leur extrémité d’un petit trou,
ont environ y lignes de longueur, 8c pefent à-peu-.
près chacune 2 onces.
On prend un fil fort, on en paffe un bout dans un
des trous ronds d’un maillon ; on ramene ce bout
à l’autre bout, 8c on fait un noeud ordinaire avec
tous les deux : on paffe un autre fil dans l’autre trou
rond du même maillon qu’on noue , comme on l’a
prefcrit pour lç premier trou. .
On garnit de la même maniéré tous les maillons de
deux fils doubles,paffés chacun dans un de leurs trous
ronds.
Puis on prend un maillon avec ces deux fils doubles
; on paffe le noeud d’un de ces fils doubles dans
le trou de l’aiguille , on prend le noeud de l’autre fil
double, on le paffe entre les deux brins de fil qui font
unis par le premier noeud, 8c l’aiguille de plomb fe
trouve attachée à l’extrémité nouee du premier des
fils doubles. ;
On en fait autant à toutes les aiguilles , 8c l’on a
quatre chofes qui tiennent enfemble. Un premier fil double", dont les deux extrémités font nouées enfemble,.
& qui forme une boucle dans laquelle l’un des
trous ronds d’un maillon eft enfilé;le maillon ; un fécond
fil double j dont les deux extrémités font nouées
enfemble,8c qui forme une boucle dans laquelle
l’autre trou rond, du maillon eft enfilé, 8c l’aiguille
qui tient à l’extrémité nouée de ce fécond dou*
blefil. 'i'
Le premier fil double s’appelle maille de corps d'en-
haut.
Le fécond fil double s’appelle maille de corps dlen-
bas.
Il y a donc autant de mailles de corps d’en-haut
que de maillons ; I autant de maillons que de mailles
de corps d’en-bas ; autant de mailles de corps d’en-*
bas. que d’aiguilles;, $c autant d’aiguillçs de mailles
de corps d’en-bas , de maillons .j de mailles de corps
d’en-haut,'que de roquetins.. ,, v
Après ces .premières difpofitions, on commence ^
monter le metier', Qu à faire ce que les ouvriers ap-t
pel lent tfmÿire3'\: - > :,.••• v . .. ■ ■ .../
Pour cet,effet,jCinprend une. tringle de bois, onla
paffe entre les fils des mailles, de corps d’en-haut, de
maniéré que.tousles noeuds, foieutà côté les uns des
autres ; on fuppofe cefte tringje aux deux eftafes, eny
forte
y e L
fèrte que léS maillons. foierit ,à la portée de la main
de l’ouvrier àffis»
On ne paffe point de tringle de bois, pour fufpen-
dré. les maillons 8c les aiguilles. Dans le bon ordre;
on attache chaque maille de corps d’en-haut à l’ar^
cade qui doit la retehir ; l’arcade; étant attachée à la
corde de rame; tout le corps compofé de mailles>
maillons 8c aiguilles fe trouve fufpendu, comme jil
doit l’être lorfque le métier travaille. Nous expliquerons.
moins ici. comment les chofes s’exécutent
dans une manufacture toute montée , 8c où .l’on n’a
rien à defirer du côté des commodités, que dans un
lieu où tout manque, 8c où l’on fe propofe de mon-
ter un métier»,
Il s’affied le dos tourné vers le devant du métier,
la tringle & les mailles de corps font entre lui & la
Cantre; Alors un autre ouvrier placé vers la cantre ;
prend le fil de foie du premier roquetin de la pre-
miere rangée d’en-haut à gauche, 8c le donne au premier
OtiVrier qui le paffe dans l’ouverture du milieu
du premier maillon qu’il a à fa gauche ; on lui tend le
fil de foie du fécond roquetin de la même rangée1 parallele
au grand côté gauche de la cantre, qu’il
paffe dans le trou du milieu du fécond maillon à gauche;
on lui tend le fil du troifieme roquetin de la: premier
« rangée , parallele au grand côté gauche de la
cantre, qu’il paffe dans le trou du milieu;de la -première
rangée parallele au grand côté gauche de la
cantre, Sc ainfi d e lùite jufqu’à la fin de cette première
rangée.-Il paffe à la leconde , fur laquelle il
opéré de la même maniéré, en commençant-ou par
fon premier rôqliètin d’en-haut, ou par fon premier
roquetin d’en-bas. Si l’on commencepar le premier
roquetin d’en-haut, on defcendra jufqu’en-bas , & il
faudra obferver le même ordre julqu’à la fin des rangées
, commençant toujours-chaque rangée par les
premiers roquetins d’en-haut ; au-lieu que fi après
avoir commencé là première rangée par fon premier
roquetin d’en-haut, on commence la feconde-par fon
premier roquetin d?en-bas ; il faudra commencer la
troifieme par fon premier roquetin d’en-haut, la quatrième
par fon premier roquetin d’en-bas, 6c ainfi de-
fuite.
On verra dans la fuite la raifôn de la liberté qu’ort
a fur cet arrangement, qui,n’influe en rien fur l’ouvrage
, mais feulement fur le mouvement de certains
roquetins de la cantre, qui fourniffent de la foie, 8c
qui fe repoférbient, fi l’on avoit choifi lin autre arrangement
, lôrlqu’on vient à tirer les cordes du
fample.
Les fils de foie ,des roquetins fönt Colles au bord
ides roquetins , afin qu’on puiffe les trouver plus
commodément ; il faut que l’ouvrier qui les tend à
l’autre ouvrier , ait l’attention dë bien prendre tous
les brins ; fans quoi la foie de fon roquetin fe mêlera
; il faudra la dépaflèr du maillon, èc chercher un
autre bout, ce qu’on a quelquefois bien de ia peine
à trouver, au.point qu’il faut mèttrè un autre roquetin
à là place du roquetin mêlé.Les 200 fils de ro-
quetin de la cantre fe trouveront donc paffés dans
les 200 maillons ; le premier fil de làpremiere rangée
à. gauche du haut de la cantre, dans le premier maillon
à gauche , Sc ainfi de fuite dans l’un ou l’autre
des ordres dont nous avons parlé»
Il faut obferver que celui qui reçoit 8c paffe les fils
des roquetins dans les maillons, les reçoit avec un
petit infiniment qui lui facilite cette opération. Ce
petit inftrument n’eft autre chofe qu’un fil-de-laiton
affez mince,; dont l’ouvrier tient ;un bout dans fa
anain; fon autre bout eft recourbé , & forme une ef-
pece de petit hameçon ; il paffe cet hameçon dans le
trou du milieu du maillon, accroche 8c attire à foi le
fil de foie qui lui eft tendu , Si qui fuit fans peine le
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bec de l’iriftrumerit à-travers le maillon. Cet infiniment
s’appelle une.pu^cttc.
L’ouvrier a à Icôté de foi ; à fâ gauche, iine autre
tringle de bois placée perpendiculairement 8c pofée
contre les fufpenfoirs de la première tringle , qui foutient
les mailles de corps ; cette fécondé tringle
foutient une navette qu’on y à attachée , 8c l’oiiVrier
paffe derrière cette navett.e les fils des roquetins , à
mefure qu’ il les ainene avec ta ’paftette à-travers les
maillons ; ils (ont arrêtés là entre le dos de la navette
& la tringle , 6c ne peuvent s’échapper.
Lorfqu’il y en a un certain nombre de paffés à-travers
les maillons -, 8c de, retenus entre la tringle & la
navette, il’les prend tous, 6c forme un neèud,-.c.om>
mun à leur extrémité.; ce noeud les arrête & les empêche
de s’échapper , comme ils en font effort en
vertu des petits plombs qui pendent des roquetins,
& qui tirent eii fens contraire.
. Ces paquets _de fils de roquetins noués & paffés
pair les maillons , s’appellent dés berlins. Ainfi faire
un berlin , e’eft nouer Un, paquet de fils de roq.uetins
paffés par les maiilons , afin^de les empêcher de s’échapper
»
Après qu’on a paffé tous, les fils de roquetins par
les maiilons, ôn place le eaffin»
Pour procéder méthodiquement, ie çaffin & tout
ce qui en dépend, peut 6c même doit être placé
avant que de placer les branches des roquetins dans
les maillons..
Imaginez deux, morceaux de bois de quatre pies dé
longueur fur trois pouces d’équarriffagejaffemblés pa--
rallelementà un pié& demide diftancel’unde.d’autre
pardeux petites traverfes ertmortaifées à deux pouces
de chacune de leurs extrémités ; concevez-.fur chacun
de ces deux morceaux de bois un triangle reftan-
g le, conftriiit .de deux-morceaux de bois ; dont l’un
long de quatre pies fur trois pouces d’équarriffage ,
faffe lab afe, & l’autre long de deux pics fur trois
pouces d’équarriffage, fade le côté p.erpendi,culair.ej
Ces deux côtés s’emmo'rtaifent enfemble par leurs
extrémités qui forment l’angle, & par leurs deux
autres extrémités avec l’une des deux pièces dont
nous avons parlé d’abord. Imaginez enfiiite Une petite
traverfe qui tienne les deux extrémités des triangles
fixes dans la même pofition, enfôrte que les deux
triangles placés parallèlement ne s’inclinent point
l’un vers l’autre, Sc une autre traverfe placée parallèlement
à la précédente de l’une à l’autre bafe des
triangles , à une diftance plus ou moins grande de
celle du fommet, félon l’ouvrage que l’on a à exécuter
«
Soit cet intervalle^ parallelogrammatique formé
par deux parties égales des bafes, & deux traverfes
parallèles, dont l’une va d’un des fommets des triangles
à l’autre, & l’autre coupe les deux bafes; foit,
dis-je, cet intervalle rempli de petites poulies , nous
fuppoferons ici qu’il y en a cinq rangées de dix chacune
, parallèles aux traverfes, ou dix" rangées de
cinq chacune, parallèles aux parties des bafes ou
aux deux autres côtés de l’efpaçe parallelogramma-
tique. Çet affemblage des deux morceaux de bois
fixés parallèlement pardeux traverfes j & fur chacun
defquels on conftruit un triangle , qu’pn tient parallèles
par deux autres traverfes, & où ces traverfes
forment avec les parties des bafes qu’elles coupent,
une efpace parallelogrammatique , un efpace rempli
de poulies rangées parallèlement, eft ce qu’on ap*
pelle un cajjini.
On pofe cette machine fur les deux; eftafes du
métier, de maniéré que les eaffins de fa bafe foient
perpendiculaires aux eftafes , & que les bafes deS
triangles foient tournées vers quelque mur voifin.
Il faut auffi laiffer entrede eaffin Scies piliers de devant
du métier unç certaine diftance, parce que cett^