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„ que Lucius Scipion fils de Barbatus , étoit le plus
» honnête homme de la republique ; il fut conful,
» cenleur, Sc édile ; il prit Corfe &c la ville d’Alté-
» r ia , Sc il confacra aux tempêtes le temple qu’ elles
»> avoient bien mérité ». ( D . J. )
T empête , ( Peint, poétiq.') voila le phenomene
de la nature , fur lequel les anciens poètes ont le
plus exercé leurs talens ; mais de l’aveu des connoif-
feurs, c’eft Virgile qui a remporté le prix dans cette
carrière ; je n’excepte pas meme Homere ^quoique
le prince des poètes latins ait pris la defcription du
V*. livre de Codifie pour modèle. Celle de Lucain,
liv. F . eft peut-être ridicule ; Sc celle d’Ovide , Mé-
tam. IL Sc Trijl. I . eft certainement trop badine ;
mais Virgile s’eft furpaffé par la vérité du coloris, la
force Sc la grandeur des images. Je relis avec un
nouveau plaifir fa defcription, pour la trentième fois,
& je croirois manquer au bon goût, que de ne la pas
tranfcrire dans cet ouvrage.
yenti velut agmine facto ,
Quâ data porta ruunt, & terras turbine perflant.
lncubuere mari , iotumque àjedibus imis
Una Eurufque Notufque ruunt, creberque procellis
Aphric'is, & vajlos volvuntad littoraflucluS.
Infequitur , çlaniorque virum ,firidorque rudentum,
Eripiunt fubitb nubes ,cctlumque, diemque
Teucrorum ex oculis , ponto nox incubai àtra :
' Intonuere poli, 6* crebris micat ignibus æt/ier.
Prcefcntemque viris intentant omnia mortem.
Talia jaclantifiridens Aquilone procella
ydum adverfa ferit ,fiuclufque adfidera tollit :
Franguntur remi, tumprora avertit, & undis
Dat latus , infequitur cumulo proeruptus aqute mons.
Hi fummo infiuciu pendent . his unda dthîfcens
Terram interfluclus aperit ,furit oejius artnis.
Très Notus abreptàs in faxa latentia torquet ,
S axa vocantltali, niediis quoifiuüibus aras,
Dorfum immdné mari fummo , tresEurus ab alto
In brévia & fyrteis urget, miferabile vifu,
Illiditque vadiSy atque aggere cingit arentz.
Unam, quoi Lydos, fidümque vehebat Orûntem,
Ipjius ante oculos ingens a vertice pontus
In puppim ferit, excïitiiur, pronufque magifer
yolvitur in caput; aft illam ter fiuctus ibidem
Torquetagenscircurn , & rapidusvorat oequorevortex.
Apparent rari nantis in gurgite vajto :
Arma virum, tabulceque 0 Troïa ga^aper undas.
Jam validam Ilionei navem , jamforiis A chat ce
E t qua veciüs Abas, & quagrandoevus Alether
yicit hyems, Iaxis laterum compagibtis omnes
Accipiunt inimicum imbrem, rimifquefatifcunt.
Æneid. 1.1. v. 87. &c. & 106. &c.
A l’inftant tous les vents en foule fortent impétueu-
fement de leurs cavernes, & fe répandant fur la terre
& fur la m e r , y excitent la plus affreufe tempête.
Le jour fuit ; les nuages épais dérobent le ciel aux
Troïens, Sc les plongent dans les ténèbres. Les cris
des matelots, le bruit des cordages, la nuit répandue
fur les ondes, les fréquens éclairs dont l’air eft enflammé
, le tonnerre qui gronde au feptentrion Sc au
midi,tout offre l’image d’une mort inévitable. La tempête
augmente, Sc l’aquilon luttant contre les voiles,
déploie fes fureurs;il élevé les vagues jufqu’aux nues,
& brife les rames; la proue des navires fe renverfe,&
ils prêtent le flanc aux vagues q ui, comme de hautes
montagnes, les accablent; les navires femblent tantôt
plongés dans le fein de la mer, Sc tantôt élevés
jufqu’aux nues ; trois furent jettés par le vent du fud
lur des bancs de fable, & contre ces vaftes rochers
à fleur d’ eau , que nous appellons autels; trois furent
emportés parle vent d’eft vers les Syrtes , où ils tour
cherent les fables Sc échouèrent ; celui qui portoit le
fidele O ronte, Si les-Lyciens , reçut un coup de.vague
qui fubmergea fa poupe dans les flots ; le pilote
tombe , le vailîeau tourne, & eft bientôt enieveli,
dans les gouffres de Neptune ; à peine un petit nombre
de ceux qui le montoient, put-il fe fauver à la
nage ; on voit flotter au tour d’eux les débris de leur
naufrage ; déjà les navires d’Iliônée-, d’Acate , d’A-
bas , Sc du vieux Alethès , fuccombent fous les fureurs
de la tempête. Tous enfin fracaflés Sc èntr’ou-
verts, font eau de toutes parts , Sc font prêts d’être
engloutis.
Entre les modernes, les Anglois ont excellé. Y a-
t-il ailleurs de plus belle defcription de tempête' que
celles de Milton, du chevalier Blackmore , & de
M. Thompfon.
Il eft difficile de rendre leurs vers en notre langue.
Voici une efquifle de la tempête du dernier des
trois poètes que j’ai nommés.
Tout eft dans l’étonnement, la crainte, & le fi-
lence, quand tout-à-coup l’éclair fe montre au fud,
à l’oeil effrayé ; le tbnnerrè qui le fuit plus lentement,
fait entendre fa voix terrible à-travers les nuages ,
dans la vafte étendue de l’air ; la tempête gronde &c
réfonne dans les cieux ; mais quand l’orage approche
, qu’il roule fon terrible fardeau fur les vents,
les éclairs forment alors des filions plus larges,
le bruit redouble. Auffitôt une flamme livide fe de-,
ploie fur la tête, le nuage s’ouvre & fe ferme fans-,
ceffe , fe ferme & s’ouvre encore, s’étend, & enveloppe
tout dans une mer de feu ; le bruit fuit de
près, augmente , brife fes liens , s’approfondit, devient
une confufion ; le fracas répété , écrafe & déchire
le ciel & la terre.
Un déluge de grêle bruyante, & de pluie chaude
en greffes gouttes , fe précipite avec fracas, & les
nuages ouverts verfent un fleuve entier ; cependant
le flambeau de l’invincible éclair n’ eft pas encofë
éteint ; il fait de nouveaux efforts ; le tonnerre tournoyant
en balles rouges , déchire fierément, & allume
les montagnes avec une rage redoublée; le pin
brifé & noirci du coup , demeure un troric informé
& hideux ; les tfoupéaiix frappés , reftent étendus
comme un grouppe inanimé : ic i, les douces brebis,
avec le regard toujours innocent, femblent ruminer
encore, le taureau paroît froncer le fourcil, & le
boeuf eft à moitié de bout. Le rocher efcarpé eft frappé
du même coup , ainfi que la vénérable tour , 8r
le temple en pyramide, qui tombent, & perdent
pour jamais leur ancien orgueil ; lesbois obfcurs trefi
fàillent à l’éclair, & les arbres antiques, environnés
de feux, tremblent jufque dans leurs' profondes racines
; le rugiffement furieux retentit au milieu des
montagnes de Carnarvon, le fommet hériffé tombe
en éclat dans la mer enflammée, détaché des roches
de Pennamaur, entaffées jufqu’aux cieux ; la pointe
de Snowden fe fondant, quitte fubitement fes neiges
éternelles ; le haut du Chéviot plein de bruyères , fe
voit de loin enflammé , &: Thulé retentit à travers
fes îles les plus reculées.
Enfin les nuages difperfés de la furface des cieux
errent en défordre ; le firmament fans bornes s’élève
, & étend fur le monde un âzur plus pur ; la nature
après la tempête fe pare de nouveau ; ,-l’éclat & le
calme fe répandent en un inftânt à travers l’air qui
s’éclaircit ; une écharpe éclatante de jo ie , ornée d’un
rayon jaune, ligne du danger paffé* environne les
champs baignés encore après l’orage. ( Le chevalier
DE J AV CQURT. )
TEMPIAT , ( Soirie. ) inftrument deftiné à tenir
l’étoffe en lafgèür ; il eft garni de pointes qui entrent
danslalifière de l’ étoffe ; il eftcompofé de deux par-»
ties, dont l’une fe meut dans l ’autre par le moyen
d’une vis -, quife rtà alonger ou à raccourcir fon
étendue«
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TEMPLÈ , TEMPE, f. f. (Synonym.“) on nomme
indifféremment par ces deux termes, la partie
double delà tête , qui'eft à l’extrémité du front, entre
les yeux & les oreilles. L’académie françoife préféré
temple tempe, & je ne crois pas qu’ellé ait rai*
fon , car outre que tempe ôte l’équivoque, il répond
au mût latin tempora, qui défigrte le tems ou l ’âge de
l’homme, à caùfe que le poil de cet endroit blanchit
ordinairement le premier. De-là viént qu’Homere
appelle poliocrotaphes les hommes qui grifonnertt ;
en grec wo^ionpiicupcç, de 1to\icç, chauve, & y.po-tàtpoç,
ttmpora , la tempe. ( D . J. )
T emple , Église , ( Syfionym. ) cesmotsfigni-
fient un édifice deftiné à l’exercice public de la religion
; mais temple eft du ftyle pompeux ; églife du
ityle ordinaire, du moins à l’égard de la religion romaine
: car à l’égard du paganifme , & de la religion
proteftante, onfe fert du mot de templeyinème dans le
ftyle ordinaire, au-lieu de celui d'églife. Ainfi l’on
dit le temple de Janus, lé temple de Charenton , Véglife
de S. Sulpice.
Temple paroît exprimer quelque chofe d’augufte ,
& fignifier proprement un édifice confaeré à la divinité.
Eglife paroît marquer quelque chofe de plus
commun, & fignifier particulièrement un édifice
fait pour l’affemblée dés fideles.
Rien de profane ne doit entrer dans le temple du
Seigneur : ôti ne devroit permettre dans nos églfes
que ce qui peut contribuer à l’édification des chrétiens.
L ’efprit & le eoeiirde l’homme font les temples chéris
du vrai D ieu ; e ’eft-là qu’il veut être adoré ; en-
vain on fréquente les églifes , il n’écoute que ceux
qui lui parlent dans leur intérieur.
Les temples des faux dieux étoient autrefois déS
âfyles pour les criminels ; mais e’eft, ce me fenible ,
deshonorer celui du très-haut , qüe d’en faire un
réfitge dé malfaiteurs. Si l’on ne peut apporter à IV-
glife un éfprit de recueillement, il faut du moins y être
d ’un air modefte, ln bienféanee l’exige , ainfi què la
piété.. Glrardi ( D. J. )
T emple , f. m. ( Archit. ) c’ eft dans l’ancierine
architeflure, urt bâtiment deftiné ait culte divin , &
©ù l’on faifoit leS faérificés : ce bâtiment étoit com-
pofé dè quatre parties. Là première étoit formée par
des aîles en forme de galerie, ou portiques, nommçs
pleromata. La fécondé étoit un porche appellé pro-
naos ; une partie à-peü-près fémblable étoit oppofée
à celle-ci ; St une' troifieme beaucoup plus grande ,
étoit ait-milieu de ces trois parties.
L’art de l’àrchitetturé dès temples étoit àuffi perfectionné
que diverfifîé chez les Grecs & les Romains ;
mais il s’agit feulement d’expliquer ici les principaux
termes qui pfoiivént cette diVerfité.
Temple ampkitrofyle, ou double profile. Temple qui
avoit des colonnes devant & derrière , & qui étoit
suffi tétraftyle. Viye\. ci - aprh T emple té tras-
Tile.
Temple d dnlés. C’étôif , felôrt VitrUve, le plus
fimple dé tôUs les temples ; il n’àvoit que despîlaftres
angulaires, appellés àhtéscm. parafâtes, à feS encoignures
, & deux colonnes d’Ordre tofcan aiix côtés
de fa porte.
Temple diptere. Temple qui aVôit deux rangs de
colonnes ifolées en fon circuit, & qui étoit' oftofty-
le , c’èft-à-dire , avec Huit côlôhrtes'de front; tel
etoit lé temple de Diane àEphéfe. Le mot diptere vient
du grec j'iiï'tipoç, qui a deux ailes.
Temple hypêtre. Temple dont la partie intérieure
etoit à découvert, àlnfi que1 l’indique le mot hypè-
tre , dérivé du grec l'stâtrpa.x, qui fignifie lieu découvert.
Il étoit décàftylè, oit avec dix colonnes de front,
& avoit deux rangs dé colonnes en fon pourtour extérieur
, & un rang dans l’intérieur. Te l' étoit lè
temple de Jupiter Olympien à Athènes.
Temple monoptere. Temple rond St fans murailles,
qui avoit un dôme porté fur des colonnes; e’eft ainfi
qu’étoit le temple d’Apollon Pythien, à Delphes.
Temple périptere. Temple qui etoit décoré de quatre
rangs de colonnes ilolées en fon pourtour, Sc
qui étoit hexaftyle , c’eft-à-dire , avec fix colonnes
de front , comme le temple de l’Honneur St de la
Vertu à Rome. Le moi périptere eft formé de deux
mots grecS , vipi, k-Centour , St mtpov, aile.
Temple périptere rond. Temple dont un rang de colonnes
forme un porche circulaire , qui environne
une rotonde, comme les temples de Vefta à Rome ,
& de la Sybille à Tivoli, & une petite chapelle près
S. Pierre in montorio, à Rome, bâtie par Bramante,
fameux archite&e.
Temple prof y le. Temple quin’avoit des colonnes
qu’à la face antérieure , comme le temple d’ordre
dorique dè Gérés Eléufis, en Grece. Le mot prof y le
eft dérivé de deux mots -»p , devant ; oc ç-m.s , colonne.
Temple pfeudodiptere, ou diptere imparfait. Temple
qui avoit huit colonnes de front, avec un feu 1 rang
de colonnes qui régnoit au pourtour , comme le temple
de Diane, dans la ville de Magnefie en Grece.
Temple tétrafiyle. Le mot grec ArparJiXof, qui fignifie
quatre colonnes de front , caraftérife ce
temple. T el étoit celui de la Fortune virile à Rome.
( D . J .)
T em p l e , de Dieu, (Critique facréè.') vluç tb Qtov ;
ce mot, outre le fens propre d’un édifice confaeré
au culte public de D ieu , fe prènd au figuré dans
l’Ecriture, i°. pour le féjour des bienheureux, z°.pour
l’Eglife de Jefus-Chrift. « L’anteehrift.dit Saint Paul,
» II. Thefalon, ij. 4. fiégera dans le temple de D u u ,
» c’eft-à-dire,ufurpera dans l’Eglife le pouvoir & les
j* honneurs divins ». 30. Pour les fideles : Vous êtes
le temple de Dieu; car l’efprit de Dieu habite en vous,
ƒ. Corinth. iij. 16. Un poète grec a dit de la divinité
, « qu’ elle trouve autant de plaifir à habiter
» chez les gens de bien que dans l’olympe. (D . J.')
T emple de Salomon j (Hijh facrée.) David ràf-
fembla long-tems des matériaux pour la conftruc-
tion de ce temple, que Salomon éleva fur le mont
de Sion, & qu’il acheva dans le cours de deux ans
Sc avec des dépenles prodigieulès. Ce n’étoit cepem
dànt qu’une maffe de bâtiment, qui n’avoit que cent
cinquante piés de long, Sc autant de large en prenant
tout le corps de l’édifice d’un bout à l’autre,
ce qui eft àu-deffous dè plufieurs de nos églifes pa^
roimales. On ne conçoit guere qu’un li petit édifice
ait occupé cent foixante mille ouvriers, que les rois
d’Egypte Sc d e T y r fournirent à Salomon, au rapport
de Clément qui dit avoir lu cette particularité
dans un ouvrage d’Alexandre Polyhiftor. Il faut donè
fuppofer que c’étoit au travail exquis des ornemens
Sc des décorations intérieures, què la plupart dè
ces ouvriers furent occupés. Le livre des chroniques-,
ch. iij. dit que la feule dépenfe des décorations du
faint des faints, qui étoit une place de trente piés en
quarré Sc de trente piés de haut, montoit à fix cens
taiens d’or. S’il ne s’eft point gliffé d’erreur dans le
texte, c’eft une fomme de quatre millions trois
cens vingt mille livres fterling pour cette feule par?
tie du temple, mais cela n’eft pas vraiffemblable.
Les édifices extérieurs étoient fort confidérables ;
car la cour dans laquelle le temple étoit placé, Sc celle
du dehors nommée la cour des femmes, etoient environnées
de bâtimens & de bâtimens magnifiquesv
Les portes qui y conduifoient, répondoient à cetté
magnificence. Enfin, la cour intérieure qui formoit
un cjuârré de mille fept cens cinquante piés de chaque
côte , Sc qui embraffoit tout le refte, étoit entourée
d’une galerie foutenue de trois rangs de colonne à