404 TON
T o n , (Art oratoire.) inflexion de voix : on a parlé
clés différentes qualités du tou dans la prononciation
& la déclamation , aux mots Prononciat ion &
D éclamation. (D . T.)
T on , f. m. (MuJ,'.) C e moi à plufieurs fens en Muf.
i° . Il fe prend d’abord pour un intervalle qui ca-
raôérife le fyflème & le genre diatonique. Foye{ Intervalle.
Il y a deux fortes de tons ; favoir le ton
'majeur dont le rapport eft de 8 à 9 , &; qui réfulte
de la différence de la quarte à la quinte ; & le ton
mineur dont le rapport eft de 9 à 10, &.qui eft la
différence de la tierce mineure à la quarte. La génération
du ton majeur 6c celle du ton mineur fe trouve
également à la fécondé quinte ré eh commençant
par ut; car la quantité dont ce ré furpafl'e l’oétave du
premier ut, eft jultement dans le rapport de 8 à 9 , &
celle doht ce même ré eft furpafié par le mi tierce
majeure de cette oétave, eft dans le rapport de 9
à 10.
20. On appelle ton, le degré d’élévation que prennent
les voix, ou fur lequel font montés les inftru-
mens pour exécuter de la mufique. C’elt en ce fens
qu’on dit dans un concert que le ton eft trop haut
ou trop bas. Dans les églifes, il y a le ton du choeur
pour le plein-chant; il y a , pour là mufique, ton de
chapelle & ton d’opéra; ce dernier n’a rien de fixe,
mais eft ordinairement plus bas que l’autre qui fe
tegle fur l’orgue.
30. On fait encore porter le même nom de ton à
un infiniment qui fert à donner le ton de l’accord à
tout un orcheftre : cet infiniment, que quèlqiies-uris
appellent aufîi chorijie, eft un fitflet, qui, au moyen
d’une maniéré de pifton gradué, par lequel on alonge
ou raccourcit le tuyau à volonté,vous repréfente toujours
à-peu-près le même fon fous la même divifion.
Mais cet à-peu-près qui dépend des variations de l’air,
empêche qu’on ne puiffe s’affurer d’un ton fixe qui
foit toujours le même. Peut-être, depuis que le monde
exifte, n’a-t-on jamais concerté deux fois exaétemerit
fur le même ton. M. Diderot a donné les moyens de
perfeétionner le ton', c’eft-à-dire, d’avoir un fon fixé
avec beaucoup plus de précifion, en remédiant aux
effets des variations de l’air. Foye^ Son f ix e.,
40. Enfin, ton fe prend pour le fon de la note, ou
corde principale qui fert de fondement à une piece
de mufique, & fur lequel on dirige l’harnionie, la
mélodie 6c la modulation für les tons des anciens.
Voye{ Mode.
Comme notre fyflème moderne eft compofé de
douze cordes ou fons différens , chacun de ces fons
peut fervir de fondement à un ion, & ce fon fondamental
s’appelle tonique. Ce font donc déjà douze
tons ; 6c comme le mode majeur & le mode mineur
font applicables à chaque ton, ce font vingt-quatre
modes dont notre mufique eft fufceptiblé. Foye£
Mode.
Ces tons different entre eux par les divers degrés
d’élévation du grave à l’aigu qu’occupent leurs toniques.
Ils different encore par les diverfes altérations
produites dans chaque ton par le tempérament
; de forte que far un claveflin bien accordé,
une oreille exercée reconnoît fans peine uri ton quelconque
dont on lui fait entendre la modulation , 6c
ces tons fe reconnoiffent également fur des claVefîïns
accordés plus haut ou plus bas les uns que les autres;
ce qui montre qué cette connoiflànce vient
du-moins autant des diverfes modifications que chaque
ton reçoit de l’accord total,qué du degré d’élé-
Vation qüe fa tonique occupe dans le clavier.
De-là haït une fource de variétés & de beautés
dans la modulation. De-là naît une diverfité 6c une
énergie admirable dans l’expreffion. De-là naît, en
un mot, la faculté d’exciter des fentimens différens
avec des accords femblables frappés en différens tons.
TON
Faut-il du grave , du maj eft ueux? V f ut fa , &
tons majeurs par bémol l’ exprimeront noblement.
Veut-on animer l’auditeur par une mufique gaie 6c
brillante, prenez a-nii la majeur, d-la ré, en un
mot, les tons majeurs par dièfe. C-fol ut mineur porte
la tendreffe dans l’ame, f u t fa mineur va jufqu’aii
lugubre & au defefpoir. En un mot, chaque ton
chaque mode a fon expreflion propre qu’il faut fà-
voir connoître; 6ç c’eft-là un des moyens qui rendent
un habile cdnipofiteur, maître en quelque maniéré
des affections de ceux qui l’écoutent ; c’eft une
èfpece d’équivalent aifx modes anciens, quoique fort
éloigné de leur énergie 6c de leur variété.
C’efl pourtant de cette agréable diverfité que
M. Rameau voudroit priver la mufique, en ramenant,
autant qu’il eft en lui, une égalité 6c une monotonie
entière dans l’harmonie de chaque mode ,
par fa réglé du tempérament, réglé déjà fi fouvent
propofée & abandonnée avant lui. Selon cet auteur,
toute l’harmohie en feroit plus parfaite : il eft certain
cependant qu’on ne peut rien gagner d’un côté,
par fa méthode, qu’on ne perde tout autant de l’autre.
Et quand on lùppoferoit que la pureté de l’harmonie
y prOfiteroit de quelque choie, ce que nous
fournies bien éloignés de croire, cela nous dédom-
mageroit-il de ce qu’elle nous feroit perdre du côté
de l’expreffion ? Foye^ T empérament. (S)
T ons de l’église , (Mufique.) ce font des maniérés
déterminées de moduler le plein-chant fur dir-
vers fons fondamentaux, 6c félon certaines réglés
àdmifës dans toutes les églifes où l’on pratique le
chant grégorien.
Gri compte ordinairem ent huit tons réguliers, dont,
il y en a quatre authentiques & quatre plagaux. On.
appelle tons authentiques, ceux où la finale occupe
à-peu-près le plus bas degré du chant ; mais fi le
chant defcend jufqu’à trois degrés plus bas que la
finale, c’eft-à-dire, jufqU’à ce qu’on appelle en Mufique
la dominante ; alors le tcm eft plagal : on voit
qu’il n’y a pas grand myflere à ces mots fcientifiqués.
Les quatre tons authentiques ont leur finale à un
degré Pun de l’autre, félon l’ordre des quatre notes
ré, mi, fa , fo li ainfi le premier ton de ces tons répondant
au mode dorien des Grecs, le fécond répond
au phrygien,le trdifiemè à l’éolien, 6c non
pas au lydien, comme a dit M. l’abbé Broffard, 6c
le dernier au mixo-lydien. C’eft S. Miroclet, évêquè
de Milan, ou félon l’opinion la plus réçue, S. Am-
broife qui vers l’an 370; choifit ces quatre tons pour
en compofer le chant de Téglifédé Milan, 6c c’efl:
ce qu’on croit le choix 6c l’approbation de ces deux
grands hommes qui ont fait donner à ces quatre tons
le nom à’authentiques.
Comme les fons employés dans ces quatre tons
ri’occupoient pas tout le difdiapafon ou les quinze
cordes de l’ancien fyflème, S. Grégoire forma la
projet de les employer toùtes par l’addition des quai
tre. nouveaux tons qu’on appellé plagaux, qui ont
les mêmes finales que les précédensj 6c qui reviennent
proprement à î’hypodorien,à I’hypop'hrygien’,
à l’hypoéolien 6c à l’hypomixolydien; d’autres attribuent
à Guy d’Arezzo l’invention de ce dernier.
C ’eft de-là qué ces quatre tons authentiques ont
chacun un ton plagal pour leur ferVir de collatéral
ou fupplémènt ; de forte qu’àprès le premier ton
qui ëfl authentique, vient le fécond qui eft fon
plagal, le troifieme authentique, le quatrième plagal
, & ainfi de fuite. Ce qui fait que ces modes où
tons authentiques s’appellent aufli impairs & les plagaux
pairs, eu égard à leur ordre dans là férié des
tons.
La connoiflànce du ton authentique ou plagal eft
eflentielle pour celui qui donne le ton du choeur;
car s’il a à entonner dans un ton plagal, il doit pren-
T O N
«fre la finale à-peü-près dans, le medium de là ÿ ô ix ;
mais fi le ton eft authentique ., la même finale doit
être prife dans, le bas. Faute de cett.e obfervation,
on expoferoit les voix à fe forcer, où à n’être pas
entendues.. . . . ..........................
Quelquefois on fait dans un même ton des tranf-
pofitipns à la quinte; ainfi aurlièii de r é dans, le premier
ton j on aura pour finale le fi pour le mi, Y ut
pour le;/#; 6c ainfi de fuite; mais fi l’ordre de ces
fons ne change pas, le ton ne.change pas non plus,
& ces tranfpofitions ne fe font que pour la .coriimo.-
dité des voix : c'e font encore des obfervations à
faire par l’organifte ou le chantre qui. donne le
ton. . .
Pour approprier autant qu’il eft poflîble, l’intonation
de tous, ces tons à l’étendue d’une feule voix.,
fes Organiftes ont cherché les tons de là mqfiquë les
plus propres à correfpondre à ceux-là. Voici ceux
qu’ils ont établis : on auroit pu les réduire encore
à une moindre étendue, en mettant à l’unifîbn la
plus haute corde de chaque ton , ou fi l’on Veut,
celle qu’on rebat le plus, 6ç qu’on appelle dominante,
en terme de plein-chant. Mais on n|a pas
trouvé que l’étendue de tous ces tons ainfi réglés
exeédoit celle de la voix humaine; ainfi,on n’a pas
jugé à-propos de diminuer encore cette étendue par
des tranfpbfitions qui fe feroient trouvées à la fin
plus difficiles 6c moins harmonieufes que celles qui
font en ufage.
Premier ton, ré mineurl
Second ton , fo l mineur!.
Troifieme ton, ta mineur ou mieux fo l mineur;
BSHH C la mineur firiiflant fur la domi-
Quatrième ton , £ na„ ie jpar çadençe-réguliere.
Cinquième ton , ut mineur; ou mieux ré majeur.
Sixième ton , fa majeur.
Septième ton j ré majeur,
t Y fo l majeur, c’eft- à-dire, faifant
Huitième ton , K peu fentir le ton à’ut'.
Au refte, les tons de l’églife ne font point afferVis
aux lois dés tons de la Mufique ; il n’y èft point
queftion dé médiànte ni de note fenfible, & on y
laiffe les femi-tohs où ils fê trouvent dans l’ordrè naturel
de l’échelle, pourvu feulement qu’ils ne prô-
’duifent ni tri-ions ni faufle-qliintes fur la tonique;(5)
T o n , (Lutherie.) infiniment dont les Muficiens fe
fervent pour trouver 6c donner \e-ton fur lequel on
-doit exécuter une piecè de mufique ; c’eft une efpece
de flûte à bec repréfentée, Flanche de Lutherie, figure
27. 8\ laquelle n’a point de trdus pour pofer les
doigts, mais feulement urte ouverture E par laquelle
Cm foüffle ; 6c une autre - ouverture D qui eft là lumière
& par où le fon de l’inftrument lort ; on fait
fchtrer par le trou de là patte C Une efpeCè dé pifton
A B Ci la partie A B de ce pifton fert de poignée
pour la poiivoir tenir 6c enfoncer à volonté : la tige
B C eft graduée par de petites marques où lignes c
d- e f g , a b c qui répondent aux notes de la mufique ;
ènfôrte que fi on enfonce le pifton jufqu’â une de
ces marques , par exemple , jufqu’à 9 qui répond à
/o/,.l’inftrument rendra alors unfonqüiferâ la quinte
du premier fon qu’il rènd, lorfque la premièremarque
‘c ou c fo l ut eft à l’extrémité du corps D C de
l’inftrument. La formation du fon dans le ton fe rapporte
à celle dû fon dans les tüyaux bouchés de l’orgue.
Foye{ Càfticle BOURDON DE 16 PIÉS 6- les figures.
T O N j ( Marine. ) c’eft la partie du mât qui èft
comprife entre les barres de hùne & le chouquet,
a°^Î s ^ emblent par en - haut le bôut dù tenon du
mat inferieur àvèc lè mât ftipérièur ; & cela par lè
moyen du chouquet; & par en-bas, le pié du mât
fuperieur avec le tenon du mât inférieur,par le moyen
d une. cheville de fer appellée clé(.
T O N
T o n , (Peinture.) nom qui conviènt eu peinture à
toutes fortes, de couleurs & à toutes fortes.de teintes
, foit qu’elles foient c la ire s , brunes, v iv es & c .
^ « { . T e i n t e . O n dit tons .clairs , tons bruns ,*
ro/zi v ifS ; ces couleurs ne font pas de même ton.
..Ce terme a néanmoins .une acception particulière
lorfqu’on y joint l’épithete dè beau, de bon. Alors
1.1 lignifie que les objets font bien caraétérifés par la
couleur ^relativement à leur pofition , & que de là
compofition de leurs tons réfulte une harmonie fatisr
faifante. Vilains, mauvais tons, fignifient que de leur
aflemblage réfulte le contraire..
T O N , f. m. ( Rubaherie. ) c’eft une greffe noix
percée dé plufieiirs trous dans fa rondeur, 6c traver-
fée de deux cordes qui tiennent de part & d’autre aù
métier, elle fert à.bander ces deux cordés par une cheville
ou bandoir qu’on enfonce dans un de ces trous,
6c qui mene la noix à difcrétion. (D. J.)
I ONAIGE, f. m. (Hifi. des impôts.) forte d’im-
pot nomme tolaige 6c greffe laige , qui fè lèvoit anciennement
par quelques feigneurs Ornais fans droit
&fans titre, fur ceux qui par ordre du r o i, recueilr
loient 6c amaffoient les paillettes d’or dans quelques
rivières de France. (Z?. J.)
■ hfC A T , ( Géog. môd. ) ville d’Afie, dans là
partie occidentale du Turqueftan, fur le bord du fleu?
ve Jaxart'es dans un terroir délicieux; Alboülcaïr
l’appelle le palais d.esfciences, à caufe de. l’académie
des Arts 6c des Sciences qui y étoit établie de fon
tems. Long, fuivant de Lille j 8a. lat. 47. (D. J.)
TONDEREN ou TUNDERN, (Géog. mod.) ville
de Danemàrck., dans le duché de Slefwig, fur. la rive
méridionale du Widaw, à quatre milles de Ripen ,
d’Apeiirade & dé Fleusbourg , à cinq de Slefwig, 6c
àfept d’Hâderfleben. Abel, duc de Slèfvig, & der
puis roi de Danemarck, donna à Tonderen lé titre de
ville en 1243. Elle eft aujourd’hui bien fortifiée 6c
dans un terrein fertile. Longit. 2S. 44. latit. 64.62.
TONDEUR, f. m.. ( Art. méch. ) ouvrier qui travaille
dans les mahufaétures de lainage à tondre avec
des forces ; leS draps ; les ferges 6c autres étoffes de
laine.
A Paris, les tondeurs forment une communauté qui
eft fort ancienne. Leurs premiers ftatuts furent du moià
de Décembre 1384. du tems de Charles V I ; ils furent
enfuite. confirmés & augmentés par Louis X I .
?n l \ 7 7 1 Puis Par Charles V I I I . en Juillet 1484. 6c
enfin par François I. en Septembre 15 j 1.
Par ces fta tu ts, ils font nommés tondeurs de draps
à table féche ; parce qu’il ne leiir.eft pas permis d e
tondre auCünès étoffes quand elles fönt encore mouillées.
II y a à la tête de cette communauté quatre maîtres
qui ont la qualité de jurés-vifiteurs, dont la fonction
eft d’aller vifitêr chez les maîtres pour veiller
à là confervation de leur art 6c métièr, 6c tenir la
main à l’exécution des ftatuts & ordonnances qui le
concernent.
L’éleCtiori des quatre jurés fe fait tous les deux ans;
favoir , de deux anciens maîtres qiii.ont déjà pafle
par la jùrândè, 6c de deux jeunes maîtres qui n’y ont
pas encore pafle,.
Outre ces quatre jurés-vifiteurs j il y a encore
deiix maîtres que l’on, nomme Amplement élus, qui
font proprement des petite jurés ou Tous-jtirés. Ces
jurés doivent être préiens au chef-d’oeuvre des afpi-j
rans à la maîtrife 6c aUx expériences des compagnons;
ils doivent àufli tenir la main à ce que î’on.ne travaille
point,les fêtes & le s dimanches; ces deux petits
jurés font aufli élus tous les deux ans.
Avec ces qùatre jûrës-vifitèurs 6c ces dèux petits
jurés , il y a encore un. ancien maître dè la communauté
que l’on élit pareillement tous les deux ans J
auquel bp donne la qualité de grand garde ; il n’a au