au x Arabes ; 8 c en menaçant de punir l’archevecjue ,
il engagea les Mufulmans à lui demander eux-mêmes
la grâce du prélat chrétien, & ÜS forent contens 8é
fournis. Je dois ce détail à M- de Voltaire,
A Iphonfe VIII. donna à T a l f # , l’an i 1 3 \ , les armes
qu’elle porte encore aujourd h u i , c e il un empereur
affis Fur l'on trône ,, l’épée à la main droite ,
& dans la gauche un globe av ec la couronne impériale
; on v o it bien que es font-fo des armes çipa-
gnôles.
Dans la foule d’écrivains doht T o l e d t eft la patrie,
je ne connois guere depuis la renaiffance des lettres,
que le rabbin Abraham B e n M e i r , le jçfuite de la C e r -
d a , le Juriiconfulte C o v a r r u v i a s , & le poète de la
V e g a , qui'méritent d’être nommés dans cet ouvrage.
L e fameux rabbin Abraham Ben M e i r , appellé
communément A b e n - E ^ r a , naquit à T o l è d e , félon
Bar to lo c c i, & fleuriffoit dans le douzième fiecle ;
ç’étoit un homme de génie, $£ qui pour augmenter
fes connoiffances, voyagea dans plufieurs pays du
monde : il entendoit auffi plufieurs langues, è c particulièrement
l’arabe. Il cultiva la Grammaire, laPhi-
lo fo p h ie , la Médecine, & la Poëfie ; mais il fe diftin-
gua fu r -tou t en qualité de commentateur de l’Ecriture.
Après avoir v it l’An gleterre, la France, l’Italie
, la G r e c e , & diverfes autres con tré e s, il mourut
à R h odes, dans fa foixante & quinzième an n ée , l’an
de Jefus-Chrift 1 16 5 , félon M . Simon, & 1 1 7 4 , félon
M . Bafnage.
Il a mis au jour un grand nombre de liv r é s , entre
lesquels on a raifon d’eftimer fes C o m m e n t a i r e s f u r
l ' E c r i t u r e , qu’il explique d’une maniéré fort littérale
& très-judiejeufe ; on peut feulement lui reprocher
d’être quelquefois o bfcu r, par un fty le trop concis :
il n’ofoit entièrement rejetter la cab ale, quoiqu’il fût
très-bien le peu de fonds de cette méthode, qui ne
çonfifte qu’en des jeux d’e fpritfu r les lettres de l ’alphabet
hebreu, furies nombres, & fur les mots qu’on
coupe d’une certaine façon, méthode auffi vaine que
r id icu le , & qui femble avo ir paffé de l’école des
Platoniciens dans celle des Juifs. Aben-Ezra craignit
de montrer tout le mépris qu’il en fa ifo it, de peur
de s’attirer la haine de fes contemporains, & celle
du peuple qui y étoit fort attaché ; il fe contente de
dire fimplement, que cette maniéré d’expliquer
l ’Ecriture n’étoit pas fure ; & que s’il falloit avo ir
égard à la cabale des peres juifs , il n’étoit pas convenable
d’y ajouter de nouvelles explica tions, ni
d’abandonner les faintes Ecritures aux caprices des
hommes.’
Ce beau génie examine aufli quelques autres maniérés
d’interpreter l’Ecriture. Il y a , d i t - i l , des
auteurs qui s’étendent fort au long fur chaque m o t,
& qui font une infinité de digreffions, employant
dans leurs commentaires tout ce qu’ ils favent d’arts
& de fciences. Il rapporte pour exemple un certain
rabbin, Ifa ac, qui avo it compofé deux volumes fur
le premier chapitre de la Genèfe ; il en cité' aufli
d’autres, q u i, à l’occafion d’un feul m o t, ont fait
des traités entiers de P h y fiq u e , de Mathématiques,
de C ab a le , & c . Aben - E zra déclare que cette méthode
n’eft que le fruit de la vanité ; qu’il faut s’attacher
fimplement à l’interprétation des paroles du
t e x t e , & que ce qui appartient aux arts & aux fciences
, doit être traité dans des livres féparés.
Il rejette également la méthode des interprètes al-
légoriftes, parce qu’ il eft difficile qu’en la fuivant on
ne s’éloigne entièrement du fens littéral : il ne nie
point cependant qu’il n’y ait des endroits dans l’Ecriture
qui ont un fens plus fublime que le litté ra l,
comme lorfqu’il eft parlé de la c i r c o n c i f io n d u c o e u r ;
mais alors ce fens plus fublime eft littéral,& le v é r itable
fens.
Aben-Ezra s’«ft donc borné en in terprétant l’Ecriture
à rechercher a v e c foin la lignification propre
de chaque m o t, & à expliquer les paffages en conséquence.
A u - lie u de fuiv re la route ordinaire de
ceu x qui l’avoient p ré céd é, il étudia le fens grammatical
des auteurs fa c r é s , & il le développa a v e c
tant de pénétration Sç de jugement, que les Chré^
tiens même le préfèrent à la plûpart de leurs interprètes.
A u r e f te , c’eft lui qui a montré le chemin aux critiques
qui foutiennent aujourd’h u i , que le peuplé
d’Ifraël ne paffa point au - travers de la mer Rouge ;
mais qu’i i y j f i t un cercle pendant que l’eau étoit
baffe, afin d’engager Pharaon à les fu iv r e , & que co
prince fut fubmergç par le montant.
C e r d a (J e an -L o u is de l a ) , entra dans la fociété-
des jéfuites en 1574 . Il 4 publié des a d v e r f a r i a f a c r a *
des commentaires fur une partie des livres de T e r .
tu llien , & en particulier fur le traité d e p a l l i o , dit
même pere de l’Eglife. Enfin, il a écrit trois volu^
mes i n - f o l . de commentaires fur V ir g ile , imprimés à
Paris en 1 6 14 , en 1 6 3 0 ,& e n 16 41 . Les ouvrage*
de ce jéfuite n’ont pas fait fortune ; ils font également
longs & enn u y eu x , parce qu’il explique les
chofes les plus Claires pour étaler fon é rudition, de
parce que d’ailleurs il s’écarte fans ceffe de fon fujet.
C o v a r r u v i a s ( D ie g o )* l’un des plus favans hommes
de fon fie c le , dans le droit c iv il & canon, naquit
en 151 z. Il joignit à la fcience du droit la con-
noiffance des belles - lettre s , des langues, & de la
théologie. Philippe II. le nomma évêque de Ciudad-
R o d r igo , & il affifta en çette qualité au concile de
Trente. A fon retour il fut fait évêque de S é g o v ie ,
en 1 5 6 4 ,préfident d uconfe il d eCaftille en 1572 ,&
cinq ans après évêque de Cuença ; mais il mourut à
Madrid en 1 5 7 7 , à(S6ahs * avant que d;avo ir pris
poffeffion de ce dernier évêché. Ses ouvrages ont
été recueillis en deux volumes i n - f o l i o ; on eh fait
grand ca s , & on les réimprime toujours à L y o n & à
Genèv e ; on eftime fu r - to u t celui qui a pour t i t r e ,
v a r i a r u m r e f o l u t i o n u m l i b r i t r è s : Covarru v ias eft non-
feulement un jurifconfulte de grand jugement, mais
il pafle encore pour le plus fubtil interprète du droit
que l’Efpagne ait produit.
G a r d a s - L a j f o d e l a V t g a , un des célébrés poëtes
e fpa gn ols, étoit de grande naiflanëe, & fut élevé
auprès de l’empereur Gharles - Quint. Il fuivit ce
prince en Allemagne, en Afr iqu e , & en Provence :
il commandoit un bataillon dans cette derniere expédition,
où il fut bleffé ; on le tranfporta à N ic e , &
l’empereur qui le confidéroit lui fit donner tous les
foins poflibles ; niais il mourut de fes blefliires vingt
jours après, en 153 6 , à la fleur de fon âge, à 36 ans.
Ses poéfies ont été fouvent réimprimées av e c des
notes de divers auteurs ; il ne faut pas s’en étonner.
Ga rd a s eft un de ceux à qui la poéfie efpagnole
a le plus d’obligation, non-feulement parce qu’il l’a
fait fortir de fes premières bornes, mais encore pour
lui avo ir procuré diverfes beautés empruntées des
étrangers: il étoit le premier des poëtes efpagnols
de fon tems , & il réuffiffoit même allez bien en vers
latins.
Il employa l’art à cultiver le naturel qu’ il avo it
pour la poéfie ; il s’appliqua à la leéfure des meilleurs
d’entre les poëtes.latins & Italiens, & i l fe forma
fur leur modèle. A y an t remarqué que Jean Bofcan
avoit réuffi à faire paffer la mefure & la rime des Italiens
dans les vers efpagnols, il abandonna cette
forte de poéfie qu’on appelle - a n c i e n n e , & qui eft
propre à la nation efpagnole, pour embraffer la nouv
e lle , qui eft imitée des Italiens : il quitta donc lés
complets & les rondelets ( c o m p l a t y r e d o n d i l l a s ) ,
qui répondent à nos ftances françoifes, fans vouloir
même retenir les vers de douze fy llab es, ou d’onze ,
quand l’accent eft fur la derniere du vers.
Il renonça même aux v illane lle s , qui répondent à
nos ballades, aux romances, aux fëguediile,s, & aux
g lô fe s , pour faire deshendécàfyllabes à l’italienne,
qui confiftent en des o fta v e s , des rimes tierces \ des
fonnets, des chanfons, & des vers libres. Il réuffit en
toutes ces fortes de rimes nouv e lle s, mais particulièrement
en rimes tierces'-, qui fo n t , i ° . des ftançes
de trois v e r s , dont le premier rime au troifieme, le
fécond au premier de la ftance fiiivan te, & ainfi juf-
qu’à la fin , où on ajoute un v e r s de plus dans la den-
niere ftance, pour fervir de derniere rime ; 20. des
ftances dont le premier Vers eft lib re , & les deux autres
riment enlemble.
Cette nouvelle formé de poéfie fut trouvée fi
bifarre, que quelques-uns tâchèrent d e là ruiner’-,
& de rétablir l’ancienne, comme étant propre à l’Ef-
pagne : c’eft ce qu’entreprit de faire Chriftophè de
Caftillejo ; mais ni lui ni les autres ne purent empêcher
qu’elle n’eût le deffus, à la gloire de Garcias.
Ses ouvrages font d’ailleurs animés de feu poétique
ôc de nobleffe ; c’ eft lè jugement qu’én portent
Mrs de Por t-R o ya l dans leur nouvelle méthode efpagnole.
Paul Jove prétend même que les odes de G a rcias
ont la douceur de Celles d’Horace.
Sanchez de Las-Brozas, favant grammairien efpà-
g n o l, a fait des commentaires fur toutes les oeuvres
de Ga rcias, & il a eu foin d’y remarquer les endroits
imités des anciens, & d’en rele ve r les beautés par
des obfervatîôns affez curieufes.
Il eft bon de ne pas confondre le poète de T o l è d e
av ec Lopès dé V e g â , autrement nommé L o p è s - F e l i x -
d e -V e g a - C a r p i o , autre poète e fpa gn ol, chevalier de
M a lte , né à Madrid en 1 5 6 2 , & mort en 1635. Il
porta les armes ayec quelque réputation, & cultiva
la poéfie av e c une fécondité fans exem ple, car fes
comédies compofent vingt-cinq vo lum e s , dont chacun
contient douze pièces de théâtre. Quoiqu’elles
fôient généralement fort médiocres & peu travaillé
e s , on a fait des recueils d’éloges à la gloire de
l’auteur, & c’eft à fa mémoire qu’un de fes confrères
a confacré cette jo lie épigràmme.
E l a p l a u f o e n q u e j a m a s
T e p o d r a b a j l a r l ä f a n i a ,
L o m a s d e l m u n d o t e l l a m a 1
Y a u n t e q u e d a a d t b e r m a s ,
A l o s ß g l o s q u e d a r a s
:P ö r d u d a y d e f c o n f i a n ^ a ,
V o r c a ß r u m b r e d La a l a b a n y a ,
A l a i h v i d i a p o r o f f i c io ,
A d o l o r p o r e x e r c i r i o ,
V o r t e rm i n o a l a 'e f p e r a n v ä »
v.;mi au 11 c autciu ,1111.7. ccicure , qui porte .
même nom , Garcias-Laflb-de-la-Vega, n é àC u fc
dans l’Amérique, & qui à donné en efpagnol Phiftoij
de la Floride & celle du Pérou & des in ca s, qu’c
a traduites en françojô.
S a lm e r o n ( Alphonfe ) , jé fu ite , naquit à T o l e d é e
1516, & mourut à Naples en 1595 9 à 69 ans. Il i
connoiffançe à Paris avec faint Ignace de L o y o la , di
v int fon am i, fpn compagnon, & fin des n eu f qui :
préfenterent av e c lui au pape Paul III. en 1540.
voy agea enfuite en Italie, en Allemagne, en Pologn<
dans lès Pays-bas, & en Irlande. Il compofa des ouvr
ges d’un mérite affez médiocre ; il prit foin cepehdai
de ne pas établit trop ouvertement la prétention c
1 empire du pape fur le temporel des ro is , en ne coi
hderant cette puiffariçe du pape que comme ind
S ?■ i W p W opinion eft aufti pernicièufe
liglile « â é ta t, auffi capable de remplir la répi
îque de feditiqns & de trou b le s, que la chimei
d une autorité d ireô e du pontife de R om e , fur l’a i
to n te temporelle & indubitable des rois.
Je ne dois pas o ub lier , dans l’article de T o l e d e ,
une des illü.ftres & des favantes dames du feizieme
fie c le , S i g é e (L o u i fe ) , connue fous le nom d'A l o i f i a
S i g a a . Son pere lui apprit la pliilofôphie & les langues.
O n dit que c’eft lui qui introduifit l’amour
pour les lettres à la cour de P ortu gal, où il mena
fon aimable fi lle , qu’on mit auprès de l’infante Mar
ie , qui cultivoit les fciences dans le célibat. Louifé
Sigée cpoùfa Alphonfe Cûeva de Burgos, & mourut
en 1560. :
| 0 n a d’elle ùn pbëme latin intitulé S i n t r a , du nom
d’une montagne de l’Eftramadoure, au pié de laquelle
eft un ro ch e r , où on dit qu’on a vu de tems-
en-tems des tritons jouant de leur corne t: on lu i
attribue encore des epitres & diverfes pièces en
vers j mais tout le monde fait que le livre in fâme ,
d e a r c a n i s a m o r ï s b Y e n e r i s , qui porte fon n om , n’eft.
point <ie cette dame, & qu’il eft d’un moderne, qui à
fouillé fa plume à écrire les impuretés groflieres &
hont'eufes dont ce liv re eft rempli. ( L e c h e v a l i e r d e
Ja v c o u r t .')
T O L E N , (G é o g . m o d . ) île des PayS-bas, dans la
province de Z é land e , près de la côte du Brabant dont
elle n’ eft fépârée que pa r un canal. Sa capitale qui eft
fituée fur ce cana l, porte aufli le nom de T o l e n ; c’eft
une ancienne v ille qui a le troifieme rang entre celles
de Zélande, & v a après Middelbourg & Z iriczée.
L o n g . i i . 40. l a t . S i . 3 4 . ( J D . J . )
T O L E N T IN O , { G é o g . m o d . ) v ille d’r ta lie , dans
la Marche d’Ancone, fur la gauehë de C hien to , à fix
milles de San Se v érin o , ^ d ix de Ma cerata, & quinze
de Camérino. Elle avoit dès le cinquième fiecle
un é v ê ch é , qui fut uni à celui de Macerata en 1586'.
L o n g . 3 j . 4. l a t . 4 3 . , 2 .
V k i l e lp h e { Franço is ), un de's plus célébrés écrivains
du quinzième fie c le , naquit dans cette v ille en
*398 > & mourut a Milan en. 1 4 8 1 , ay an t 83 ans
prefque accomplis. Il profefla dans les plus illuftres
villes d’Italie, av e c une réputation extraordinaire, à
V en ife , à Florence, à Sienne , à B olo gn e, à Milans
& c . Il étoit grammairien, pô ë te , orateur & philofo-
phe. O ri a de lui des harangues, des lettres, des dialo
gu es , des fa ty r e s , & un grand nombre d’aûtrës
écrits latins en v e r s & en profe. V o ic i la lifte de
quelques-uns de fes principaux ouvrages.
I . A p p i à n ï A l e x a n d r i n i h i f lô r ic e . II entreprit cette
Verfion parce qu’ il ne pou vo it fo u ffr ir , d ilo it -il,
qu’un auteur auffi éloquent ne parût qu’un barbare,
par la màuvaife traduétion que Décembrius en avo it
donnée. 20. Une tradufriort de D io n , doht Léonard
Arétin fait de grands éloges. Béroaide à publié cette
tradu&ion i n - 4 0 . av e c quelques autres opufcules. 30.
C o n v ï v i o r u m l i b r i d u o , imprimés plufieurs fo is , en-
tr’autresà Paris en 15 52 i n - 8 ° . Item 4 0. S a t y r oe , Mi-
lari 1 4 7 6 , i n - f o l . Ven ife 1 5 0 2 , i/2-40. Paris 1 5 1 8 ,
2/2-4°. Ç e s fa tyres font au nombre de cen t, partagées
en d ix liv r e s , & contiennent chacune cent v e r s , ce
qui les lui a fait appeller h e c d to j l i c h a ; elles ont le mérite
par rapport aux faits, mais non pas pour la beauté
dés vers. 5 °. E p i f l o l a r u m f a m i l i a r u m l i b r i X X X V I I .
Ven ife 150 2 , i n - f o l . & à Hambourg 1681 j on trouv
e dans Ces lettres des particularités de la v ie de l’aut
e u r , & quantité de traits de l’hiftoire littéraire &
politique de ce tems-là. 6 ° . C a rm i n u m l i b r i V . Bref-
ciæ 1497 > i n A ° ‘ Outre c es ouvrages latins, Philel-
phe a donné un commentaire italien fui- les fonnets
de Pétra rque, dont la première édition eft de B olo -
gnç i 475, i n f o l .
II eft certain que c’étoit un très-habile homme
quoique v a in , mordant, fa tyrique; mais c’étoit le
goût dominant de fon fie c le , où prefque tous les favans
n’ont pas été plus modérés que lui. Je pardon-
nerois moins à Philelphe fon inconftance & fon inquiétude
continuelle. Toujours mécontent de fon