a
1
tes | f |
4° T E L
Car i°. comme les objets qu’on voit par le ülef-
cope font extrêmement éloignés, les rayons qui partent
d’un point quelconque de l’objet, viennent frapper
parallèlement le verre objeûif, & par confé-
quent après la réfraélion ils le réuniffent derrière
ce verre dans un point qui eft le foyer du verre oculaire.
Depuis ce point, ils commencent à devenir
divergens , & en s’écartant ainli, ils viennent frapper
le verre oculaire , oii ayant fubi une autre réfraction
, ils entrent parallèlement dans l’oeil.
Ainli comme tout le monde, excepté les myopes,
voit diftin&ement par rayons parallèles, un télefco-
pc difpofé de la maniéré ci-deffus, doit repréfenter
diftin&ement les objets éloignés.
Suppofé le foyer commun des verres en F , (fig.
42. ) & faites A B égal à 2? F , puifqu’un des rayons
A C partant du côté droit de l’objet, paffe par A , le
rayon C E fera parallèle à i’axe A / , & conféquem-
ment, après la réfraétion qu’il aura fubi dans le verre
oculaire, il tombera avec lui dans le foyer G. Comme
l’oeil eft placé contre ce foyer, & que tous les
autres rayons, q u i, avec E G , partent du même
point de l’objet, lubiffent une réfraction, qui les envoie
parallèlement de ce côté-là, le point qui fe
trouve dans le côté droit de l’objet doit être vu dans
la ligne droite E G.
De même, il faut que le point du milieu de l’objet
fe voie dans l’axe G B , de forte que l’objet paroiffe
renverfé.
20. Il paroît par ce qu’on a déjà prouvé ci-deflus,
que le demi-diametre de l’objet fera vu à-travers le
télefcope fous l’angle E G I , & que l’oeil nu, placé
dans A , le voit fous l’angle b A c. Suppofez maintenant
I F y égal à la diftance du foyer I G. Comme
les angles droits en I font égaux, il s’enfuit que l’angle
E G F eft égal à E F 1 ; o r , en tirant la ligne
FM t parallèle à A C., vous aurez l’angle I F M ,
égal h B A C ; par conféquent le demi-diametre de
l ’objet vu de l’oeil nu, eft à ce même demi-diametre
vu par le télefcope, comme JM eft à I E . Tirez la
ligne K E , parallèle à FM ; vous trouverez qu’/M
eft à I E , comme I F eft à IK . O r , en vertu du
parallélisme des deux verres C E = B 1 , = B F , -f
F I , = A B -f- F' I ; &c en vertu du parallélifme des
lianes droites C A , & E K , C E — A K ; par con-
fequent , B I = A K , & c A B = I K ; de forte que
IM eft à I E , comme I F eft à A B , c’eft-à-dire,
que le demi-diametre de l’objet vu à la vûe fimpl«,
oft au demi-diametre vu à-travers le télefcope , comr
me la diftance du foyer du verre oculaire I F , eft à
la diftance du foyer du verre objeftif ; ce qu’il fal-
loit prouver.
Il fuit de tout ce qui vient d’être expofé, i°. que
ft ce télefcope eft moins propre pour repréfenter les
.corps terreftres, puilque leur renverfement empêche
fouvent de les reconnoître ; il n’en eft pas moins
commode pour obferver les aftres, qu’il eft affez indifférent
de voir droits ou renverfés.
z°. Que fi entre le verre oculaire & fon foyer G ,
il fe trouve un miroir plan de métal parfaitement
bien poli LN , de la longueur d’un pouce, & d’une
figure ovale, incliné fur l’axe fous un angle de 45 d.
les rayons EP & MQ feront réfléchis de maniéré
que venant à fe joindre en g , ils formeront un an-
gle P g Q , égal à PGQ; & par conféquent l’oeil étant
placé en g , il verra l’objet de la même grandeur
qu’auparavant, mais dans une fituation droite ou re-
dreffee. Ainfi en ajoutant un pareil miroir au télefcope
aftronomique, on le rend commode pour obferver
les corps terreftres. Foye{ Miroir.
. ^ 3 °. Comme le foyer d’un verre convexe des deux
côtés eft éloigné d’un demi diamètre de ce même
verre, &qu e le foyer d’un verre plan convexe en eft
éloigné d’un diamètre, fi ce verre objeûif eft conve-
T E L
xe des deux côtés ainfi que le verre oculaire, le télefcope
groffira le diamètre de l’objet fuivant la proportion
qu’il y a du demi diamètre du verre oculaire,
au demi diamètre du verre objedif: mais fi le verre
objedif eft plan convexe, il le groflira fuivant la proportion
qu’il y a du demi diamètre du verre oculaire
au diamètre du verre objedif.
40. Ainfi comme le demi diamètre du verre oculaire
a une plus grande proportion au demi diamètre
du verre objedif, qu’à fon diamètre, un télefcope
groflît davantage quand le verre objedif eft plan
convexe, que lorfqu’il eft convexe des deux cotés.
Par la meme raifon un télefcope groflit davantage lorl-
que l’oculaire eft convexe des deux côtés, que lorf-
qu’il eft plan convexe.
50. La proportion du demi diamètre du verre oculaire
au diamètre, ou demi diamètre du verre objed
i f , diminue à mefure que le verre oculaire eft un
fegment d’une moindre fphere, & que le verre obje
d if eft le fegment d’une plus grande fphere. C’eft
pourquoi un télefcope groflit d ’autant plus que le verre
objedif ,eft un fegment d’une plus grande fphere, &
le verre oculaire le fegment d’une moindre fphere.
Cependant la proportion du demi diamètre du verre
oculaire au verre objedif ne doit pas être trop petite
, car fi elle l’étoit, la refradion ne pourroit pas
fe faire de maniéré qué les rayons, partant de cha-
,que point de l’objet, entraffent dans l’oeil féparé-
ment & en quantité fuflifante, ce qui par conféquent
rendroit la vifion obfcure & confufe.
A quoi l’on peut ajouter ce que nous ayons dit de
la proportion du verre objedif au verre oculaire,
en parlant du télefcope de Galilée.
De Châles obïerve qu’un verre objedif de 2. Ÿpiés.,
demande un verre oculaire de 1 pouce, & qiiè
pour un verre objedif de 8 ou 10 piés, il faut un
verre oculaire de 4 pouces ; en quoi il eft appuyé par
Euftache de Diviriis.
Le télefcope aérien eft une efpece de télefcope aftronomique
, dont les verres ne font point renfermés
dans un long tuyau.
Cependant à la rigueur, le télefcope aérien n’eft à
proprement parler qu’une façon particulière demoh-
ter des verres qbjedifs (dont le foyer eft très distant)
, & leurs oculaires , de façon qu’on puiffe les
diriger avec facilite pour obferver les corps céleftes
pendant la nuit, & éviter les embarras des télefcopes
aftronomiques, qui deviennent fort incommodes &
fort genans, lorfqu’ils font très-longs.
C’eft au célébré Huyghens que nous fommes redevables
de cette invention. ,
Confruclion du télefcope aérien. i°. On plante perpendiculairement
un mât A B ( fig.46.rF. 2 . ) , de
la longueur dont devroit être le tuyau du télefcope.
Avant de l’élever on l’applanit d’un côté, l’on y attache
deux réglés parallèles entre elles, & éloignées
l’une de l’autre d’un pouce & demi, de forte que l’ef-
pace qu’elles laiffent entre elles, forme une efpece
de ^ rainure ou canal ( un peu plus large en dedans
qu’en dehors ) , qui régné prefque du haut de ce mât
jufqu en bas. Au haut de ce mat eft une roulette A ,
qui tourne fur fon ax e, &fur laquelle paffe une cor-
de Gg, deux fois plus longue que le mât. Cette corde
de la groffeur du petit doigt, ou à-peu-près, eft ce
que 1 on appelle une corde fans fin y elle eft garnie
d’un morceau de plomb H , dont le poids eft égal au
verre objedif, & à tout l’équipage qui doit le fou-
tenir.
Une latte C D , longue de deux piés, & formée de
maniéré qu’elle puiffe gliffer librement, mais fans
je u , le long du canal, porte à fon milieu un bras de
bois E , qui s’éloigne d’un [fié, du mât, & qui foulen
t à angles droits, un autre bras i ÿ d ’un pié &
demi
T E L
demi de long, l’un & l’autre étant fitués parallèle*
ment à l’horifon.
2°i On ajufte un verre objedif dans un cylindre
JK f de trois pouces de long; on fait tenir ce Cylindre
fur un bâton fort droit d’un pouce d’épais ; & qui
Je' déborde de 8' ou 10 pouces. A ce bâton eft attaché
une boule de cuivre M; cette boule eft portée & fe
‘meut librement dans une portion de fphere creiife,
■ oh qlie eft emboîtée. Cette portion de fphere eft or*
dinairemerit faite de deux pièces, que l’on ferre en-
femble par'le;moyen d’une v is, ce qui forme une
efpece de genou ; & afin que le verre objedif puiffe
être mis èn iriouvemént avec plus de facilité- on
liilpend un poids N I , d’environ une livre, à un gros
fil de laiton, de forte qu’en pliant ce fil d’iin côte ou
de l’autre, on parvienne facilement à faire réncon-
trer enfemble le centre de gravité commun du poids,
& du verre objedif, & celui de la boule de cuivre.
On attache au-deffous du bâton K L , un fil de cuivre
elaftique L , que l’on plie en-bas, jufqu’à ce quefâ
pointe foit autant au-defl’ous du bâton , que le centre
de la boule M, & on lie à cette pointe un fil min*
ce de foie LV.
30. On ajufte un verre oculaire O , dans un cy lindre
fort court, auquel on attache le bâton PF. A
celui-ci pend un petit poids S , fuffifant pour le contrebalancer
en Q on attache une poignée R , tra-
verfee par un axe que l’aftronome tient à la main-j
& le bâton P F , tourné du côté du verre objedif,
eft attaché au fil de foie LF. Ge fil qui paffe par le
trou F , eft roulé fur une petite Cheville T , attachée
au milieu du bâton * de forte qu’en la tournant, on
augmente & on diminue, comme on v eu t, la longueur
du fil.
40. Afin que l’aftronome puiffe tenir ferme le verre
oculaire, il appuie fon bras fur une machine X ,
dont on peut voir la conftrudion dans la figure dont
nous parlons.
Enfin pour écarter la foible lumière dont l’air
pourroit frapper l’oe il, on couvre le verre oculaire
d’un cercle Y , troué au milieu, & ajufté à un bras
mobile & flexible.
Le grand télifcoptde Huyghens, qui a fait côiinoî-
tre d’abord l’anneau de Saturne, & un de fesfatelli-
te s , confiftoit en un verre objedif de 12 piés, & un
verre oculaire de 3 pouces & quelque chofe de plus.
Cependant il fe fervoit fouvent d’un télefcope de 23
piés de long, avec deux verres oculaires joints enfemble,
& ayant chacun un pouce & demi de diamètre.
Le même auteur obferve qu’un verre objedif de
30 p iés, demande un verre oculaire de trois pouces
& trois feiziemes de pouce ; & il nous donne une table
de proportion pour la conftrudion des télefcopes
aftronomiques, dont voici un abrégé»
T E L 4*
Diftaricê dü
tes. o.b j.cÆtifsi.
Dia
l’b
meerede Dil'ra
cc du foyer
tes oculaires
des ver
Rapport djns lequel
les (liamerfés des objets
font groffis.
.
Pduc Dixlem. Poucet Dixièmes : &
i 0 Ö
r m
- i 6
2 O 77 -O l 8
3 I 95' I 5 .34
4 I 9 " I 20 40 s I *3 ; I 35 ’ 1 44’
I 34 i 47: 49
H H I 45 I ' 6 0 ' 53 8 I 1 1 i 1 71: 5ô
9 I 64: 1 80^ •• 6ô
10 >l‘I 7 3 ' 1 jp 90 , m vii 2 63 -
12 ' ' 2' ' 13 r r .y i ,
■ ïo- ... ’ 2 1 '4V 2 45 •■ 89
f j 2 74 2 ' 74' ■ : iotf
30 3 0 3 ■ 1 I09
Bai 40 3 46 3 5<S I2Ó 1 3 87 4 26 141
60 4 24 4 66 154
70 4 58 i 4 166
80 ? ’90- 9 S 1 39 1 I7S
- 90 5 s:[r ■ B 1S1
48
IOO ■ 1 6 «C’J 1 ■ l8q- il
Si dans deux ou plufieurs télefcopes, la proportion
entre le verre objedif & le verre oculaire eft la même,
ils grofliront également les objets.
On pourroit en conclure qü’il eft inutile de faire
tf/ef C0Pes’ mais il fàut fe fouvetiir de ce qui
Q‘eté dit cPdéffus, favoir qii’un verre oculaire peut
avoir une moindre proportion , à un plus grand ver-
rè pbjfedif; qU’à un plus petit. Par exemple, dans le
ttlefcofedeHuyghens, qui'eft de 25 piés, le verre
oculaire eft de 3 pouces; & fuivant cette proportion,
ün^télefcope de 50 piés devroit avoir un verre
oculaire de^6 pouces: cëpendant la table fait voir
qu’il fuffit d’en prendre un de quatre pouces & demi.
Il paroît par la même table, qu’un télefcope de 50 piés
groflit dans la proportion d’un à 141, au lieu qu’un
telefcope de 25 prés ne groflit que dans la proportion
dun à 100. D ’ailleurs plus lès lentilles ou verres
font fegmens d’une grande fphere, plus ils réuniffent
exadement les rayons , & plus par conféquent l’image
eft diftinde. Il faut ajouter encore, & c’eft ce
qu’il y a de plus important, que plus les lentilles font
partie d’une grande fphere, plus elles reçoivent de
rayons ;4 de façon qu’une lentille dont le foyer eft
deux fois plus diftant que celui d’une autre /reçoit
(enfuppofant que les epaiffeurs foient proportionnelles
à la diftance des fo y e r s ) , quatre fois plus de
rayons. Ceci donne la raifon pour laquelle les obje-
difs d’un plus grand foy e r , peuvent avoir des ocuï
[aires d’un foyer plus court que ne le comporteroient
les proportions qui fe trouvent entre les objedifsd’un
plus court foyer & leurs oculaires»
Comme la diftance des verres eft égale à la fom*
me des diftances des foyers des verres objedifs &
oculaires; que le foyer d’un verre convexe des deux
côtés en eft éloigne d’un demi diametré, & que le
foyer d’un verre plan convexe en eft éloigne d’un
diamètre, la longueur d’un télefcope eft égale aux
fommes des demi diamètres des verres, quand ils
font tous les deux convexes des deux côtés ; & lorf-
que l’un ou l’autre eft plan convexe, cette longueur
eft égale à la fomme du demi diamètre du verre con*
vexe des deux côtés, & du diamètre de celui qui eft
plan convexe.
Mais comme le demi diamètre dü verre oculaire
eft fort petit, en comparai fon de celui du verre ob-
jeéfif, on réglé ordinairement la longueur d’un télef
eope aftronomique fur là' diftance du foyer dè fon
F
Tome X F 1.