La caufe de ce typhon vient peut-être de ce que
le vent foufflant vers un certain point, eft arrêté &
revient fur lui-même, & qu’ainfi il tourne en rond.,
çomme nous voyons que Peau forme un tourbillon,
quand elle rencontre un obftacle ; ou bien cela peut
venir des vents furieux qui fe rencontrent l’un l’autre
, qui rendent la mer unie, & cependant s’élancent
contre les vaiffeaux qui fe trouvent entr’eux. Quand
ce vent vient d’en-haut, on l’appelle catoegis.
Le typhon, dit le peintre des laifons, tournoie d’un
tropique à l’autre, épuife la fureur de tout le firmament
, & le terrible eftreplica régné. Au milieu des
çieux fauffement fereins, un puiflant orage fe prépare
; comprimé dans une petite tache de nuée, qüe
l’oeil connoiffeur peut feul apperçevoir : le fatal &
imperceptible préfage plein de feu & de malignes influences
, eft fufpendu fur le fommet du promontoir
e , & raffemble fes forces. Le démon de ces mers
le fait précéder d’un calme trompeur, propre à engager
le matelot à confier fes voiles au zéphir qui l’accompagne.
Tout-à-coup des vents rugilfans, des flammes
& des flots combattans, fe précipitent & fe confondent
en maffe. Le matelot demeure immobile ;
fon vaiffeau, dont les voiles font déployées, boit la
vague, s’enfonce & fe cache dans le fein du fombre
abîme. Le redoutable Gama combattit contre un fem-
blable typhon, pendant plufieurs jours & plufieurs
puits terribles, voguant fans ceffe autour du cap orageux
, conduit par une ambition hardie, & par la foif
.de l’or eqcore plus hardie. (JD. J.)
TYPHONIS INSU LA , ( Gèogr. anc. ) île de la
Méditerranée, aux environs de la Troade ; quelques-
uns l’ont nommé Calydna. (D . J.)
T Y P H O S , (Médec. anc.y tepoç ; maladie décrite
;par Hippocrate, & dont il diftingue cinq efpeces différentes.
La première eft une fievre continue, qui affoiblit
les forces, & qui eftaccompagnée de tranchées, d’une
chaleur extraordinaire dans les y e u x , & de la difficulté
de parler.
La fécondé efpece de typhos, commence par une
Jïevre tierce ou quarte, qui eftJijivie de maux de tête
, de fputations, & de déjeétions de vers ; le vifage
«ft pâle , les piés, & quelquefois tout le corps s?enflent
; le malade fent de la douleur , tantôt dans la
poitrine, & tantôt dans le dos ; il a des boborygmes,
;les yeux hagards, la voix foible & tremblante.
La troifieme efpece de typhos, fe montre par des
douleurs aiguës dans les articulations, fouvent même
dans toutes les parties du corps, & ces douleurs pro-
duifent quelquefois l’immobilité des membres.
La quatrième efpece de typhos, eft accompagnée
de tenfion, d’enflure, & d’ardeur extraordinaire dans
le bas ventre,laquelle eft fuivie d’une diarrhée qui dégénéré
en hydropifie.
La cinquième efpece de typhos » fe manifefte par
Une extrême pâleur fans aucune enflure. Au contrair
e , le corps eft exténué, £eç & affoibli. Le malade a
les yeux creux, .arrache le duvet qui tient à fa couverture,
& eft fujèt, foit qu’il veille ou qu’il dorme,
à des pollutions fréquentes ; ces fymptornes réunis
font fort extraordinaires ; nous ne connoiffons point
c e dernier genre de typhos, & nous.douterions beaucoup:,
de. l’exactitude du récit , fi nous ne le tenions
d’Hippocrate. (D . J .)
. T YPIQUE, (Liturg.grecq.) toir'nov de tt)wcç , forme,
■ réglé;:livré eeçléfiaftique des Grecs , qui contient la
forme de;réçiter l’office pendant tonte l’année ; mais
çdmmè les Eglifes ont beaucoup varié fur ce point,
les typiques, font fort différens les uns des autres ; on
peut consulter Allatius dans fa première differtation
lur les livres eccjléfiaftiques des Grecs. (JD. J.")
... T y piq ue yfievre, (Médec JfeBris typica; on appelle
fièvres typiques , celles qui iont bien caraétérilées
par la régularité de leurs accès , de leur accroiffe-2
ment, de leur rémiffion & de leur période ; on les
nomme ainfi, par oppofition aux fièvres erratiques
qui ne fuivent point de régie dans leurs cours ;
eft l’ordre que tient une maladie. (D. J.)
TYPOGRAPHE, f. m. (Gram.yImprimeur. Voye^
ce mot.
TYPOGRAPHIE, f. f. (Gram.) art de l’Imprimerie.
Foye{ Im p r im e r ie .
TYPOLITES ou P ierres a em pr e in t e s , ( Hiß.
nat. Minéral. ) impreffa lapidea , typolitus, c ’elt ainfi
que quelques naturaliftes nomment des pierres fur
lefquelles on voit des empreintes de fubftances du
regne végétal ou du regne animal.
On trouve dans plufieurs pays des pierres fur lefquelles
on remarque diftinftement des empreintes
de plantes ; c’eft ordinairement dans des. pierres
feuilletées qu’on les rencontre ; les ardoifes ou pierres
fehifteufes qui accompagnent communément les
mines de charbon de terre, font très-fréquemment
remplies de différentes plantes, & furtout de celles
qui croiffent. dans les forêts, telles que les fougerés,
les capillaires , lesrofeaux, la prêle que l’on ydif-
tingue parfaitement. Scheuchzer & d’autres naturaliftes
nous ont fait de longues énumérations des plantes
qui fe trouvent de cette maniéré. Mais une ob^-
fervation très-digne de réflexion, c’eft que les plantes
dont on trouve les empreintes fur des pierres de
nos contrées, font fouvent tout-à-fait étrangères à
nos climats, & leurs analogues vivans ne le rencontrent
que dans d’autres parties du monde. M. de
Juffieu ayant eu occafion d’obferver des pierres empreintes
qui fe trouvent à Saint-Chaumont en Lyon-
nois, trouva que les plantes qu’il y v o y o it , reffem-
bloient .fi peu à toutes celles qui croiffent dans cette
province & dans celles des environs, qu’il crut her-
borifer dans un monde tout nouveau. Foye^ les mémoires
de Vacadémie royale des Sciences , année ir iS.
Les naturaliftes qui attribuent àu déluge univerfel
tous les changemens arrivés à notre globe, n’ont pas
manqué de le regarder comme l’auteur des pierres
empreintes que l’on rencontre dans le fem de la terre.
Scheuchzer a été plus loin ; ayant trouvé des pierres
chargées des empreintes de quelques végétaux fem-
blables à des épies de'blé dans l’état où ils font aü
printems, il a cru devoir en conclure que le déluge
étoit arrivé dans cette faifon ; -mais .il fera très-
difficile d’expliquer par le déluge la raifon pourquoi
la plupart des plantes que l’on trouve empreintes,
font exotiques ou étrangères au climat oh on les rencontre
aujourd’hui ; il faut pour cela fuppofer que
les climats ont changé, ainfi que les plantes qu’ils
produifoient autrefois ; d’ailleurs le peu de duree du
déluge ne permet point de croire que les eaux aient
apporté ces plantes d’Alie ou d’Amérique,vû qu’elles
n’auroient point euletems de faire un auffi long voya^
g e , & que les végétaux ne flottent point avec beaucoup
de rapidité»
Les feuilles & les plantes dont on voit les empreintes
, font ordinairement détruites & décompofées \
&c l’on ne trouve plus que le limon durci qui a pris
leur place, & à qui elles ont fervi de moules. La plupart
de ces feuilles empreintes font étendues ; il eft
rare d’en voir qui foient roulées ou pliées, d’où quelques
naturaliftes n’ont pas manque de conclure qu’elles
avoient dû nager fur l’ eau ; mais cette raifori
n’eft rien moins que décifive, yû qu’une eau agitée
peut aifémént rouler & plier des feuilles ou des
plantes.
Il ne faut point confondre avec les typolitésou pierres
empreintes dont nous venons de parler , celles
qui fe trouvent dans le tuf, & qui ne font produites,
que par incruftation, c’eft-à-dire, par le dépôt qui
s’eft . fait des parties terreufes contenues dans des
• eâtix qui font tombées fur des feuilles où des plantés.
A l’égard des typolités , ou pierres qui portent des
empreintes d’animaux, les plus ordinaires font celles
fur lefquelles on voit des poiffons , telles, que celles
qui fe trouvent fur une pierre feuilletée blanchâtre à
Fapenheim» Foyé[ Pa p en h e im pierre de. On doit
-auffi placer dans ce nombre la pierre fehifteufe charg
é e -d ’empreintes de poiffons, qui fe trouve près
d’Eifleben, dans le comté de Mansfeld, qui eft une
• vraie mine de cuivre. Foyer Mansfeld , pierre de. WÊm wM I ; ■ ■
T Y R , ( Géog. anc.) ville d’Afie, dans la Phénicie,
fur le bord de la mer, au midi de Sidon. Cette ville
auffi célébré dans l’hiftoire facrée, que dans l’hiftoi-
re profane, eft des plus anciennes, foit qu’elle ait la
même ancienneté que Sidon -, comme le prétend
Quint-Curce, foit qu’elle ait été bâtie depuis Sidon,
•comme le penfe Juftin, t. X F I I I . c. iij.
- Quelques critiques prétendent qu’il y avoit deux
villes de Tyr, l’une plus ancienne connue fous le nom
de Palæ-Tyros, & l’autre plus nouvelle nommée
• Amplement Zor ou Tyr. La première étoit bâtie fur
le continent, à trente ftades de la fécondé, félon
•Strabon -, l. X F I . C’eft dans la première qu’étoit le
•temple d’Hercule, dont les prêtres de Tyr vantoient
-avec exagération l’antiquité à Hérodote ; & c’eft dans
-ce temple que les Tyriens répondirent à Alexandre
qu’il pouvoit venir facrifier, lorfqu’il leur fit dire
qu’il fouhaitoit fe rendre dans leur ville pour y offrir
des facrifices à Hercule. L’autre Tyr étoit dans
une île vis-à-vis de l’ancienne, dont elle n’étoit fépa-
-rée que par un bras de mer affez étroit» Pline , 7. F.
■ c. xix. dit qu’il n’y avoit que fept cens pas de diftan-
•ce de l’île à la terre ferme. Alexandre le grand combla
tout cet efpace pour prendre la v ille , & l’île
• étoit encore jointe à la terre ferme du tems de Pline.
Dans le même'chapitre cet auteur donne dixHneuf
•mille pas de circuit au territoire de Tyr, & il y renferme
la vieille Tyr»
• Le nom de cette ville en hébreu eft Zor ou S or ;
fuivant une autre diale&e, c’eft i j r o u Sar ; les Ara-
méens qui ont coutume de changer la lettre / e n t ,
difent Tor, Tur ou Tyr, & en ajoutant la terminai-
' fon greque, on a fait rvpaç, Tyrus. De Sara été formé
-le nom national farranus, qui dans les poètes lignifie
•la même chofe que tyrius. Virgile, l. II. Georg. v.
6oG; s’en eft fervi dans ce lèns : .
Ut gemma hibat, G farrano dormiat ojlroi
Les Tyriens paffoient pour être lès inventeurs du
commerce & de la navigation, & ils l’étoient en effet.
Pendant que dans les aiitres empires il fe faifoit
un commerce de luxe, les T y riens failôientpar toute
la terre un commerce d’économie. Bochard a employé
le premier livre de fon Chanaan à l’énumération
des colonies qu’ils envoyèrent dans tous les
pays qui font près de la mer ; ils pafferent les colonnes
d’Heroule, & firent des établiffemens fur les côtes
de l’Océan.
Dans ces tems-là, les navigateurs étoient obligés
de fuivre les côtes, qui étoient, pour ainfi dire,
leur bouffoîe» Les voyages étoient longs & pénibles.
Les travaux de la navigation d’Ulyffe ont été un fu-
jet fertile pour le plus beau poème du monde, après
celui qui eft le premier de tous.
Le peu de connoiffance que laplûpart des peuples
avoient de ceux qui étoient éloignés d’eu x, favori-
foit les nations qui faifoient le commerce d’économie.
Elles mettoient dans leur négoce les obfcurités
•qu elles vouloient; elles avoient tous lès avantages
que les nations intelligentes prennent fur les peuples
ignorans.
L Egypte eloignee par la religion & par les moeurs,
de toute communication avec des étrangers, ne faifoit
güèrë de commercemi-dehors ; elle jouiffoit d’un
terrein fertile & d’une extrême abondance. C ’étoit
le Japon de ce tems-là; elle fe fuffifoit à ëlle-mêmë.
Les Egyptiens furent fi peu jaloux du commerce
du dehors , qu’ils laifferent celui de la mer Rouge à
toutes les petites nations qui y eurent quelque part.
Ils fouffrirent que les Juifs & les Syriens y euffent
des flottes» Salomon employa à cette navigation des
tyriens qui connoiffoient ces mers. " " '
Jofephe dit que fa nation uniquement occupée
'de l’agriculture connoiffoit peu là mer ; auffi ne fut-
ce que par occafion que les Juifs négocièrent dans
la mer Rouge. Ils conquirent fur ies IduméensElath
& Afiongaber, qui leur donnèrent ce Commerce ; ils
perdirent ces deux villes, & perdirent ce commerce
auffi.
Il n’en fût pas de même des Phéniciens ou des T y riens
; ils ne négocioient point-par la conquête;
leur frugalité , leur habileté , leur induftrie, leurs
•périls, leurs fatigues les rendoient nëceffaîres à toutes
les nations du monde. Ce font les excellentes réflexions
de l’auteur de l’efprit des lois.
LesTyriens vendoient à tous les peuples de là ter*
te les étoffes teintes en pourpre & en écarlate , dont
ils avoient le fecret; & cette feule branche de commerce
leur valoit un gain immenfe. Ülpien, fameux
jurifconfulte, & ne lui-mênie à Tyr, nous apprend
quel’empereur Severe accorda aux Tyriens de grands
privilèges qui contribuèrent, encore à ieiir agran-
diffement. Ils peuplèrent les villes de Biferte , de
Tripoli de Barbarie & de Carthage. Ils fondèrent
Tartèfe, s’établirent à Cadix. - ' '
Mais pour parler de plus loin, l’Ecrifiïrë'appelle
Tyr dans fon ftyle oriental, une ville couronnée de
gloire & de majefié , remplie de princes & de nobles
qui avoient tant d’or ck d’argent, que ces métaux y
etoientauffi communiqué là terre. Elléyéft dite parfaite
en beauté, & ellê eft comparée à un navire
royal qui a été eonftruit pour être un chef-d’oeuvr-e
digne d’admiration.. f
La religion chrétienne y fit dé grands progrès du
tëms des empereurs romains ; cette ville a eu le titre
de métropole , & celui' du premier fiége archiépif-
copal fous le patriarchat d’Antioche : ce qui fait qu’on
l’à nommé Protothronos , ou premier Jiege.
Tyr eft aujourd’hui entièrement ruinée, au point
même qu’on trouve à peine dans fes ruines.de foi-
blés traces de fon ancienne fplendeur, dans un fi
grand nombre de fes palais abattus , de fes pyramides
renverfées & de lès colonnes de jafpe & de porphyre
rompues. Ses fortes murailles font détruites ,
fes boulevards applanis , & les débris qui en relient,
ne fervent plus qu’à étendre & à fécher les filets de
quelques pauvres pêcheurs. Enfin on ne trouve plus
dans les mafures de l’ancienne capitale de Phénicie,
qu’une, douzaine de maifons habitées par quelques
turcs ou.quelques arabes.
Cette ville a ete affiégée deux fois par les chrétiens
; la première en 1 1 12 , par Baudoin I. fans fuc-
cè s, & la fécondé en 1 124; cette derniere fois les
Chrétiens la prirent, & en demeurèrent maîtres juf-
qu’eri111*88, que Saladin l’attaqua, s’en empara, &
la démolit de fond-en-comble. Le port de Tyr eft fort
vafte & à l’abri des vents du midi. Il refte ou vert à
la tramontane ; mais fa tenue eft bonne & fon fond
net.
Récapitulons en peu de mots les viciffitudes de
Tyr. Eâtie fur les côtes de la Phénicie, dans une île
éloignée de quatre ftades du bord de la mer, peu de
villes anciennes ont joui d’une plus grande célébrité.
Reine des mers, fuivant Pexpreffiondes écrivains fa-
crés, peuplee d’habitans dont l’opulence égaloit celle
des princes , elle fembloit embraffer l’univers
par l’étendue de fon commerce; fes vaiffeaux par