vient de fuivte dans la traduction ; Sc il peut tenir lièii
'des principes les plus développés, pourvu qu’on lâche
èn failir l’efprit. Converti ex atticis, dit-il, dùq-
rum eloquenti(Jimorum nobiliffimas oratioriis interfi contrarias
, Efckinis Demofikehifque ; hec converti Ut in-
terpres, fed ut orat'or, fententiis iifdern ,• & earuntfor mis
tanquam figuris >• verbis ad nàflrarn con/ùeludinem aptis,
in quibus non verbum pro verbo nteeffe habui reddtre ,
fed genus omnium vtrborum vimque fervavi. Non énim
ea me annumerare lectori pùtdvi oporttre , fed tanquam
"appendere. (B, E . R. M.)
TRAERBACH, (Géog. fnod.) petite ville d’Allemagne
, dans le palatinat du Rhein fur la Mofelle, à
i 2 lieues au nord-eft de Treves, & au-deffus de Co-
blentz. Elle a une fortereffe pour défendré là pàfla-
ge de la Mofelle dans le palatirtat. Elle a été prife 8c
reprife plufieurs fois dans le dernier fiecle ; 6c dans
celui-ci le comte de Belliflelâpriten 1734. Long. 24.
46. lat. 49 .5$. (JD. J.)
TRAFALGA, le cap d e , (Géog. mod.) cap d’Ef-
pagne, fur la côte occidentale de l’Andalousie, vis-
à-vis de cette pointe, droit au fud-oueft quart
d’oueft de Coftnil, & environ à cinq milles ; il y a
•fous l’eau une roche fort dangereufe , qu’on appelle
la Scitere de Trafalgar, fur laquelle il n’y a que 5 piés
d’eau. ( D . J. )
TR A F IC , f. m. (Comm.) commerce, négoce ,
vente ou échange de marchandifes, billets ou argent.
Le principal trafic des Hollandois aux Indes,
confifte en épiceries.
Ce terme, félon M. Savary, vient de l’italien trafics
y qui eft tiré de l’arabe, 8c qui lignifie la même
chofe.
Le mot trafic fe prend en bien des fens. Ainli l’on
dit un trafic permis, un trafic prohibé, un trafic inconnu
, un bon trafic, un mauvais trafic ; ce marchand
entend bien, ou fait bienfon trafic. Dicl. de Commerce.
TRAFIQUANT, TRAFIQUANTE, qui trafique,
qui fait commerce.
TRAFIQUÉ, qui a paffé par la main des marchands
ou négocians. On fait peu de cas des billets
trafiqués, qui ont palfé par différentes mains.
■ TRAFIQUER, négocier, commercer, échanger,
troquer.
TRAFIQUEUR, marchand qui trafique, qui fait
commerce ou négoce. Ce terme effe furanné, 6c de
peu d’ufage aujourd’hui. ld. Ibid;
TRAFUSOIR, f. m. (Soierie J pièce de bois tournée
en rond , au haut de laquelle, 8c à environ cinq
piés, eft pofée d’équerre une cheville très-polie, fur
laquelle on fépare les écheveaux de foie pour les dévider.
On donne le même nom à une autre piece de
bois, large dans fa hauteur qui n’ eft que de trois piés
8c demi, ou environ ^celle-ci eft garnie de trois Ou
quatre longues chevüles de bois, bien polies , pour
mettre la foie en main.
TRAGACANTHA, f. m. (Hifi. nat. Bot.) genre
de plante dont Tournefort compte trois efpeces, la
plus commune eft nommée tragacantha altéra Pote-
rium fortè, I. R. H. on l’appelle vulgairement en
François barbe-renard. C’eft un fous-arbriffeau qui
reffemble à la plante d’oii fort la gomme adraganth,
& qui en eft uneefpece. Il pouffe beaucoup de ra-
meaux longs environ d’un pié, flexibles, grêles, fe
répandant au large , blanchâtres pendant qu’ils font
encore tendres, lanugineux, garnis de plufieurs épines
longues, qui font les côtés des anciennes feuilles.
Ses feuilles font fort petites, rondes, blanches
& velues ; elles naiffent par paires , fur une côte
terminée par un piquant. Ses fleurs font légumineu-
fes, blanches, foutenues chacune par fon calice fait
en cornet dentelé. Quand cette fleur eft paffée'-, il
lui (üccede une gouffe, divifée félon fa longueur en
deux loges remplies de quelques femences, qui ont
ordinairement la figure d’un petit rein. Sa racine eft
longue, branchue , pliante,.couverte d’une écorce
noire ; blanche en-dedans , fongueufé, gommeufe
douçâtre au goût. Cette plante naît en Candie & en
Efpagiie, aux lieux montagneux, arides 8c incultes
(£>.ƒ.)
T r ag ac an th a , (Hifi. nat. Botaniq. exot. ) le
tragacantha d’oîi la gomme adraganth découle , s’appelle
tragachanta Cretica \ incana , flore paryo , tineis
purputeis fiicatOy corol. 1. R. H. 29.
Ses racines font brunes, plongées profondément
dans la terre, & partagées en plufieurs branches •
elles donnent naiffance à des tiges épaiffes d’un pouce
, longues de deux ou trois piés, couchées en rond
fur la terre : elles font fermes , d’une fubftance fpon-
gieufe, remplies d’un fuc gommeux, 8c entrelacées
de différentes fibres, les unes circulaires, les autres
longitudinales, 8c d’autres qui s’étendent en forme de
rayons du centre à la circonférence.
Ces tiges font couvertes d’une écorce ridée, brune
j épaiffe d’une ligne, 8c fe partagent en un nombre
infini de rameaux hériffés d’épines, 8c dénués de
feuilles à leur partie inférieure qui paroît feche & comme
morte, mais la partie fuperieure eft chargée de
beaucoup de feuilles compofées de 7 ou 8 paires de petites
feuilles, attachées fur une côte d’un pouce de
longueur ; ces petites feuilles font longues de deux ou
trois lignes, larges d’une demi-ligne, arrondies, terminées
en pointe mouffe, blanches & molles: la côte
qui les porte, fe termine en une épine longue, roide;
aiguë 8c jaunâtre , fa bafe eft large , membraneufe,
garnie de deux ailerons, par le moyen defquels elle
embraffe les tigesi
Les fleurs fortent à l’extrémité des rameaux ; de
l’aiffelle des côtes feuillées : elles font légumineufes,
longues de quatre lignes, légèrement purpurines,
avec un étendart arrondi plus long que les autres par-
ties,un peu échancrée,& panachée de lignes blanches.
Les étamines font au nombre de dix filets, dont
neuf font réunis enfemble dans prefque toute leur
longueur : ils font égaux, droits, chargés de fommets
arrondis , §£ forment une gaine membraneufe qui
enveloppe l’embryon. Le piftil eft un embryon dont
la bafe creufée en-deffus, répand une liqueur miellée
; cet embryon fe termine en un ftile grêle un
peu redreffé, chargé d’un petit ftigma obtus. Le
calice a la forme d’un coqueluchon ; il eft long de
trois lignes, découpé en cinq parties 6c couvert d’un
duvet blanchâtre. Quand les fleurs font tombéès, il
leur fuccede des gouffes velues , renflées , 6c partagées
en deüx loges, remplies de petites graines, de
la figure d’un rein.
Cet arbriffeau croît dans Tîle de Grete , & dans
plufieurs endroits dé l’Afie. M. de Tournefort a eu le
plaifir d’obferver à fon aife la gomme adraganth découler
naturellement de cet arbriffeau fur le mont
Jon, fur la fin de Juin, 6c dans les mois fuivans ; le
fuc nourricier de cette plante épaifli par la chaleur,
fait crever la plûpart des vaiffeaux où il eft renfermé,
non feulement il s’amaffe du coeur des tiges & des
branches, mais dans l’intérieur des fibres , lefquelles
font difpofées en rayons* Ce fuc fe coagule en filets,
de même que dans les porofités de l’écorce ; 8c ces
filets paffant au-trâvers de cette partie, fortent peu-
à-pfcu, à mefure qu’ils font pouffés par le nouveau
fuc que les rameaux fourriiffent.
Cette matière expofée à l’air, s’endurcit, & forme
ou des grumeaux, ou des lames tortues, faufila-*
blés à des vermiffeaux, plus ou moins longs, fuivant
la matière qui fe préfente : il femble même que la corn*
traûion des fibres de cette plante, contribue à I’ex-
prelïion de la gomme adraganth : ces fibres déliées
comme de la filaffe, découvertes & foulées par les
piés des bergers & des chevaux,fe raccourciffentpar
la
ïa chaleur, 8c facilitent la fortie du fuc extravafé.
Il faut maintenant parler du genre de plante ordinaire
nommé tragacantha par plufieurs botaniftes, 8c
en françois barbe-renard, mais nous en ferons, pour
éviter la confufion , une article à-part. ( D. J. )
TRâ GÆ A y (Géogr. anc.') i°. ville de l’île deNa-
xos. Etienne le géographe qui en parle, dit qu’on y
rendoit un culte particulier à Apollon Tragien ; 20.
Trama îles voifines des Cyclades. C ’étoit la patrie
de ^héogiton le péripatéticiën , ami d’Ariftote.
TRAG ÉE, f. f. eu Pharmacie, eft une poudre aromatique
grofïiere , mélée avec du fucre , 8c qui fe
prend en façon de carminatif.
T racée fe dit aufli d’une efpece de trochifqu.es
faits avec les baies de fureau , félon Quercetan.
T R A GÆ D IA , ( Géog. anc. ) Pline le jeune, qui
étoit de Côme, avoit plufieurs maifons de campagne
auprès du lac de Côme : il donne entr’autres la def-
cription de deux de ccs maifons : l’une, dit-il, l. IX.
ep. y. ad Rom.bâtie à la façon de celles qu’on voit
du côté de Baies, s’élève fur des rochers, 8c domine
le lac ; l’autre bâtie de la même maniéré, le touche.
Il appelloit la première tragédie, 8c la fécondé comédie
: celle-là, parce qu’elle avoit comme chauffé le cothurne
, celle-ci parce qu’elle n’avoit que de Amples
brodequins. Elles on t, ajoute-t-il ,\chacune leurs
a «rémens, 8c leur diverfité même en augmente la
beauté pour celui qui les poffede toutes deux. L’une
jouit du lac de plus près; l’autre en a la vue plus étendue
: celle-là bâtie comme en demi-cercle, embraffe
le port ; celle-ci forme, comme deux ports différens,
par fa Hauteur qui s’avance dans le lac. Là vous avez
une promenade unie, q ui, par une longue allée, s’étend
le long du rivage ; ici un parterre très-fpacieux,
mais qui delcend par une pente douce. Les flots n’approchent
point de la première de ces maifons ; ils
viennent fe brifer contre la fécondé. De celles-là
vous v o je z pêcher; de celle-ci vous pouvez pêcher
vous-meme fans fortir de votre chambre, & prefque
fans fortir de votre lit, d’oü vous j ettez vos hameçons
comme d’un bateau. (D . J.')
TRAG ASÆ-SAL INÆ, (Géog. anc.) falines de
laTroade, près d’Hamaxitum, félon Strabon, /. X I I I .
p. CoS. Le fel tragaféen, dit Pline, l. X X X I . c. vij.
ne fait point de bruit, 8c ne faute point quand on le
jette dans le feu.
Les habitans de la Troade pouvoient ufer librement
de ce fel ; mais lorfque Lyfimachus eut mis deffus un
impôt, le fel ceffa de fe congeler ; ce changement
ayant étonné Lyfimachus, il abolit l’impôt, &auffi-
tôt le fel recommença à fe former comme de coutume.
(D. J.)
TRAGÉDIE, (Poéfie dramatique.) repréféntation
d’une aftion héroïque dont l’objet eft d’exciter la terreur
& la compaflion.
Nous avons dans cette matière deux guides célébrés
, Ariftote & le grand Corneille, qui nous éclairent
8c nous montrent la route. -
Le premier ayant pour principal objet dans fa poétique
, d’expliquer la nature 8c les réglés de la tragédie
, fuit fon génie philofophique ; il ne confidere
que l’effence des êtres, 8c les propriétés qui en découlent.
Tout eft plein chez lui de définitions 8c de
divifions.
De fon côté Pierre Corneille ayant pratiqué l’art
pendant quarante ans, & examiné en philofophe ce
qui pouvoit y plaire ou y déplaire ; ayant percé par
l’effor de fon génie les obftacles de plufieurs matières
rebelles , 8c obfervé en métaphyficien la route
qu’il s’étoit frayée , 8c les moyens par oit il avoit
reufli : enfin ayant mis au creulet dé la pratique toutes
fes réflexions , 8c les obfervations de ceux qui
etoient venus avant lui, il mérite bien qu’on refpeéte
fes idées & fes décifions,ne fuffent-elles pas toujours
Tome X F I ,
d ’accord avec celles d’Ariftote. Celui-ci après tour,
n’a connu que le théâtre d’Athenes ; 8c s’il eft vrai
que les génies les plus hardis dans leurs fpéculations
fur les arts ne vont guere au-delà des modèles même
que les artiftes inventeurs leur ont fournis , le
philofophe grec n’a dû donner que le beau idéal du
théâtre athénien.
D ’un autre côté cependant, s’il eft de fait que lorf-
qu’un nouveau genre, comme une forte de phénomène
, paroît dans la littérature, 8c qu’il a frappé
vivement les efprits, il eft bientôt porté à fa perfection
, par l’ardeur des rivaux que la gloire aiguillonne
: on pourroit croire que la tragédie étoit déjà
parfaite chez les poètes grecs, qui ont fervi de modèles
aux réglés d’Ariftote, 8c que les autres qui font
venus après , n’ont pu y ajouter que des rafinemens
capables d’abâtardir ce genre, en voulant lui donner
un air de nouveauté.
Enfin Une derniere raifon qui peut diminuer l’autorité
du poète françois, c’eft que lui-même étoit
auteur ; 8c on a obfervé que tous ceux qui ont donné
des réglés après avoir'fait des ouvrages, quelque courage
qu’ils aient eu , n’ont été, quoiqu’on en puiffe
dire, que des légiflateurs timides. Semblables au
pere dont parle Horace, ou à l’amant d’Agna , ils
prennent quelquefois les défauts mêmes pour des
agrémens ; ou s’ils les reconnoiffent pour des défauts,
ils n’en parlent qu’en les déiîgnant par des noms qui
approchent fort de ceux de la vertu.
Quoi qu’il en fo it , je me borne à dire que la tragédie
eft la repréfentation d’une a£tion héroïque. Elle
eft héroïque, fi elle eft l’effet de l’ame portée à un
degré extraordinaire jufqu’à un certain point. L’hé-
roïlme eft un courage, une valeur, une générofité
qui eft au-defliis des âmes vulgaires. C’eft Héraclius
qui veut mourir pour Martian, c ’eft Pulchérie qui
dit à l’ufurpateur Phocas, avec une fierté digne de fa
naiffance :
Tyran, defeens du trône, & fais place à ton maître.
Les vices entrent dans l’idée de cet héroïfme dont
nous parlons. Un ftatuaire peut figurer un Néron de
huit piés ; de même vin poète peut le peindre , finon
comme un héros, du-moins comme un homme d’une
cruauté extraordinaire , 8c fi l’on me permet ce terme
, en' quelque forte héroïque ; parce qu’en général
les vices font héroïques ,■ quand ils ont pour principe
quelque qualité qui fuppofe une hardieffe 8c une
fermeté peu commune ; telle eft la hardieffe de Catilina,
la force de Médée, l’intrépidité de Cléopâtre
dans Rodogune.
L’aétion eft héroïque ou par elle-même, ou par le
caraâere de ceux qui la font. Elle eft héroïque par
elle-même ,* quand elle a un grand objet; comme
l’acquifition d’un trône, la punition d’un tyran. Elle
eft héroïque par le caraftere de ceux qui la font,
quand ce font des rois, des princes qui agiffent, ou
contre qui on agit. Quand l’entreprife eft d’un ro i,
elle s’élève, s’annoblit par la grandeur delaperfonne
qui agit. Quand elle eft contre un r o i , elle s’annoblit
par la grandeur de celui qu’on attaque.
La première qualité de l’attion tragique eft donc
qu’elle foit héroïque. Mais cè n’eft point affez : elle
doit être encore de nature à exciter la terreur 8c la
pitié; c’eft ce qui fait fa différence, 8c qui la rend proprement
tragique.
L’épopée traite une aâion héroïque aufli-bien que
la tragédie ; mais fon principal but étant d’exciter la
terreur 8c l’admiration, elle ne remue l’ame que pour
l’élever peu-à-peu. Elle ne connoît point ces feeouf >
fes violentes, 8c ces frémiffemens du théâtre qui for*
ment le vrai tragique. Voye[ T ragiq ue, le.
La Grece fut le berceau de tous les arts ; c’eft par
conféquent chez elle qu’il faut aller chercher l’origine
T t t