2.74 T H E
forte que fuivant cette étymologie , le thermomètre
devroit être un tkermofcope plus exaél 5c plus parfait
que les thermofcopcs ordinaires. M. W o l f , regarde
tous les thermometr.es qui font en ufage, comme
de limples thermofcopcs, prétendant qu’il n’y en a pas
un fetil qui mefure, à proprement parler , les chan-
gemens de froid Ôc de chaud, ôc qu’ils ne font qu’indiquer
ces changemens , ,5c qu’ai nli quoique les différentes
hauteurs où ils montent d’un jour à l’autre,
marquent une différence de chaleur, cependant comme
elles ne marquent point la proportion qu’il y a
de la chaleur d’hier à celle d’aujourd’hui, on ne peut
p.as à la rigueur leur donner le nom de thermomètres.
On trouve dans le journal intitulé, acta érudit.
LipJ'. une méthode pour régler l’échelle des thermomètres
communs, de forte que leurs divifions inégales
répondent à des degrés égaux de chaleur , aii
moyen de quoi la proportion qu’il y a de la chaleur
d’aujourd’hui à celle d’hier, peut être mefurée , 5c
par conséquent un thermofeope peut être porté à la
perfection d’un thermomètre.
Cette méthode eft d’un phyficien nommé Renal-
dinus, & les éditeurs de Léipfic l’ont rendue en ces
termes. Prenez un tuyau de verre mince, d’environ
quatre palmes de long, avec une boule attachée au-
has ; verfez-y autant d’efprit-de-vin qu’il en faut pour
emplir exactement la boule pendant qu’elle eft environnée
de glace ; dans cet é ta t, fermez hermétiquement
l’orifice du tuyau , ôc prenez fix vaiffeaux
qui puiffent contenir chacun une livre d’eau, ou quelque
chofe de plus ; dans le premier verfez onze on-
çes d’eau froide, dans le fécond dix onces, dans le
troifieme neuf, &c. cela fait, enfoncez le thermomètre
dans, le premier vaiffeau , ôc verfez-y une once
d’eau chaude , en remarquant à quelle hauteur l’ef-
prit-de-vin monte dans le tuyau , 5c en marquant ce
point de hauteur par le chiffre i ; enfuite plongez le
thermomètre dans le fécond vaiffeau , où vous ver-
ferez deux onces d’eau chaude, ôc marquerez le
point où monte l’efprit-de-vin par le chiffre z ; en
continuant cette opération jufqu’à ce que toute la livre
d’ eau foit dépenfée, l’inftrument fe trouvera di-
vifé en douze parties , qui marqueront autant de termes
ou degrés de chaleur ; de forte qu’au n°. z. la
chaleur eft double par rapport à celle du n°. i. au
n°. 3. elle eft triple , &c.
M. W olf fait voir que cette méthode eft défec-
tueufe 5c fondée fur des fuppofitions fauffes : car elle
fuppofe qu’une once d’eau chaude mife fur onze onces
d’eau froide , nous donne un degré de chaleur ;
deux onces d’eau chaude, fur dix d’eau froide, deux
degrés, &c. elle fuppofe qu’un fimple degré de chaleur
agit fur l’efprit-de-vin qui eft dans la boule , par
une puiffance fimple ; un degré double, par une puif-
fance double, &c. enfin elle fuppofe que fi l’effet qui
fe produit ici par l’eau chaude , fe produit dans le
thermomètre par la chaleur dé l’air qui l’environne,
l’air a le même degré de chaleur que l’eau.
Mais il n’y a aucune de ces fuppofitions qui foit
vraie : car à l’égard de la première , quand on ac-
corderoitque la chaleur de l’eau chaude étant diftri-
buée également dans l’eau froide, il fe trouvera pour
lors un degré de chaleur diftribué également dans les
onze parties de l’eau froide ; deux degrés dans les
dix ; trois dans les neuf, &c. la chaleur ne fera point
double dans l’une, triple dans une autre , quadruple
dans une troifieme, &c.
La première fuppofition eft donc erronée ; la fécondé
ne l ’eft pas moins; car la chaleur de l’eau chaude
ne fe diftribué point également par toute l’eau froide,
5c la chaleur de l ’eau chaude n’agit point d’une maniéré
uniforme fur l’efprit-de-vin; c’eft-à-dire qu’elle
ne conferve pas la même force pendant tout le tems
de fon ad ion.
THE
Pour ce qui eft de la troifieme fuppofition, la chaleur
de l’air qui environne le thermomètre, agit non-
feulement fur l’efprit-de-vin qui eft dans la boule ,
mais auffi fur celui qui eft dans le tuyau; de forte
qu’il doit arriver du changement à l ’un aulfi-bien
qu’à l’autre. Chambers.
Pour fe convaincre du peu de folidité de-toutes ces
hypothèfes fur la mefure des degrés de chaleur, on
n’a qu’à fe demander ce que c’eft que la chaleur:
on ne pourra pas s’en former d’autre idée nette que
celle de la fenfation qu’elle excite en nous : or quélle
abfurde entreprife que de comparer nos fenfations
entr’elles par des nombres ? ( O )
THESE , fi f. ( Gram. ) propofition paradoxale
qu’on avance dans le deffein de la défendre , fi elle
eft attaquée. On entend encore par Ce mot une fuite
de propofitions ou de mathématique, ou de philofo-
phie, ou de théologie, dont on s’engage à démontrer
publiquement la vérité. On donne le même nom au
placard fur lequel ces propofitions font indiquées.
a THESÉES ou THESÉENES, fi fi pi. Çffi/t. anc. )
fêtes que les Athéniens célébroient tous les ans le
8 d’Oâobre en l’honneur de Théfée, & en mémoire
de ce qu’à pareil jour il étoit revenu de l’îie -de Crete
après avoir tué le Minotaure.
Ce héros bienfaiteur ôc légiflateur de fa patrie qu’il
avoit délivrée du tribut infâme qu’elle payoit tous
les ans à Minos d’un certain nombre de jeunes gens
de l ’un & de l’autre fexe pour être dévorés par lé
minotaure , fi l’on en croit la fable, & félon l’hiftoi-
r e , pour être réduits en fervitude ; ce héros, dis-je j
ne put éviter l'ingratitude de fes concitoyens qui le
bannirent. Il s’étoit retiré à Scyros chez Lycomede
qui le tua par jaloufie.
Incontinent après fa m ort, les dieux, félon quelques
uns, le vengerent par une horrible famine qui
défola l’Attique. L’oracle confulté dans cette occa-
fion répondit que la calamité ne cefferoit point qu’on
n’eût venge la mort de Thefée ; les Athéniens firent
Ja guerre à Lycomede, le tuerent, & ayant rapporté
dans leur ville , les os de T hefée, ils lui bâtirent
un temple, ôc inftituerent en fon honneur les
fêtes théféenes.
Plutarque donne à tout cela une origine bien différente
; car il affure qu’ à la bataille de Marathon les
Athéniens ayant cru voir Théfée, qui comme un
dieu tutélaire combattoit à leur tête ; l’oracle
qu’ils confulterent fur ce prodige , leur ordonna de
recueillir les os de Thefée enfévelis dans l’île de Scyros
, qu’après bien des recherches un nouveau prodige
les indiqua à Cimon qui les fit tranfporter à
Athènes avec beaucoup de pompe. On les dépofa
dans un fuperbe tombeau élevé au milieu de la ville,
& en mémoire du fecours que ce prince avoit donné
aux malheureux pendant fa v ie , fon tombeau devin*
un afyle facré pour les efclaves. D’ailleurs on lui bâtit
un temple où on lui offroit des facrifices le huit
de chaque mois ; mais la plus grande foleninité étoit
le huit d’O&obre.
Quoi qu’il en foit de ces deux origines, la divinité
prétendue de Thefée fi authentiquement reconnue à
Athènes ne l’étoit pas également à Rome, puifque
dans le Vl.liv. de l'Enéide, Virgile place Thefée dans
le tartare parmi les fcélérats tourmentés pour leurs
crimes. La théologie payenne étoit pleine de ces
contradictions.
TH E SE l-A R A , ( Géog. anc. ) ou Thefei-faxum
lieu du Péloponnèfe, fur le chemin qui conduifoit
de Troezène à Hermione. Paufanias, L. II. c. xx x ij.
& 3 4 , dit que ce lieu s’appella d’abord Vautel de Jupiter
flhènien; mais qu’il changea de nom, lorfque
Thefée en eut enlevé l ’épée 5c la chauffure d’Egée,
qui étoient cachées fous la roche fur laquelle etoit
l’autéL Çette roche eft nommée par Callimaque The-
fei faxum. (Z ? ,/ .)
THE
THÉSÈIDE, f. f. ( Mytlïolùg. ) patrie d’urïe mythologie
des anciens, compofée en vers ; c’étoit un
eenton de différens poètes nommé le cycle épique. Le
morceau qui concemoit Thefée , fon régné, fes actions
, s’appelloit théféide. h'AthéJéide étoit encore une
maniéré de fe. rafer la tête introduite par Théfée. C e
héros étant allé à Delphes , offrit aux dieux fa chevelure
; ce fut ceux de devant qu’il fit couper. On
l’imita d’abord, enfuite la mode changea; 5c l’on
■ donna le nom de théféide à l’ancienne. Les Romains
ont eu un poème intitulé la théféide dont Juvenal
s’eft moqué; rauci thejeïde Codri. Codrus étoit l ’auteur
de ce poème infipide.
THÉSIS, Il f. ( en Mufique* ) 'pofitio, abaiffement*
G’eft ainli qu’on appelloit autrefois le tems fort ou
le frappé de la mefure, à la différence du levé qui
portoit le nom à’ArJîs. Voye^ Arsis <S*Thesis. ( é 1)
THESKERÉ ou TESCARET , fi m. (Comm.) on
nomme ainli dans les états du grand feigneur, 5c particulièrement
à Smyrne , un certificat que donnent
les commis de la douane, lorfque les marchandifes
•y ont payé les droits d’entrée. En vertu de ce tkeskeré
ou acquit, ces marchandifes doivent paffer franches
dans les autres villes des états du grand feigneur où
on les peut envoyer, c’eft-à-dire, dans l’étendue de
la ferme où elles ont payé; car dans les autres, comme
dans cellesdu Caire, elles doivent payer un nouveau
droit. Diclionn. de Commerce.
t THESMIE ou THESMOPHORE > ( Antiq. greq.)
épithete de Cérès qui fignifie la légijlatrice. Elle avoit
fous ce nom un temple à Phénéon en Arcadie , au
bas du mont Cyllène, ôc un autre à Tithronium en
Phocide, où la fête des thefmophories fe célébroit
tous les ans avec un grand concours de peuple* Voye^
T hesmophories. ( D . J. )
THESMOPHOR1E S, f. fi plur. ( Antiq. greque. )
(kr/jupcpict, on appelloit ainfi les fêtes qui fe célébroient
dans l’Attique au mois Pyanepfion ( Novembre,
félon le p. Petau ) , en l’honneur de Cérès législatrice
, parce que cette déeffe avoit, dit-on , donné
de fages lois aux mortels. Il n’étoit point permis aux
..hommes d’affîfter aux thefmophories , & il n’y avoit .
que les femmes de condition libre qui puffent les çé- :
lébrer ; elles fe rendoient en proceflion à Eleufis ,
5c faifoient porter par des filles choifies les livres fa-
crés. Toutes ces femmes étoient vêtues de robes
blanches , félon Ovide ; 5c durant la foleninité
qui étoit de cinq jours ,• elles étoient obligées de fe
féparer de la compagnie de leurs maris, pour célébrer
les myfteres de la déeffe avec plus de pureté.
Voye^ ELEUSINIES.
Potter, dans fes archceol. greec. 1 .1. p. 403 & fuiv.
a décrit plufieurs détails de cette folemnité, conful-
tez-le. ( D . J. )
THESMOTHETE, f. m. ( Antiq. greq. ) ô^fleW,
grand magiftrat d’Athènes ; il y avoit fix thefmothetes
cp’on tiroit du nombre des neuf archontes, 5c qu’on |
elifoit tous les ans, pour être les furveillans & les
confervateurs des lois. Les fix derniers archontes d’A-
thenes étoient appellés d’un nom commun thefmo*
th e t e s parce qu’ils avoient une''intendance particulière
fur les lois* Leur principal devoir étoit de veib
1er à leur intégrité, de s’oppofer aux nouvelles lois,
ayant qu’elles euffent été examinées , & de maintenir
les anciennes dans toute leur pureté. Ils jugeoient
ce qui regarde l’adultere, les infultes, les calomnies, :
les fauffes inferiptions & citations, la corruption des
magiftrats & des juges inférieurs, les fraudes des
marchands & des contrats de commerce ; ils pou-
voient convoquer les affemblées extraordinairement,
quand les affaires le requéroient, punir de la peine
du talion les faux accufateurs, & marquer le rang
des juges&. des affefleurs. Pour entendre ce mot affej‘
feur, il faut favoir que les trois premiers archontes
Tome X V I%
T H E 1 7 5
fe choififfoient chacündeux coadjuteurs poürfomiei'
leur tribunal; c’etoient comme des conféillersi ils
les préfentoient au fénat , & les faifoient agréer âü
peuple. On pouvoir appeller de leurs jugemehs 5c
dans le cas d’appel, e’étoit à eux d’introduire les
parties au tribunal où la caufé étoit renvoyée. (D T\
THESPHATA ( Liuimt. ) , c’étoit un
des noms que les Grecs donnoientanx oracies.’/’ovet
O racle. ( D. J. ) J t
THESPIADES ( Jkfj'rfofo». ) fur„ om des nn,fc3
pns dela ville deThefpie, oi. elles étoient honorées.
THESPIE ( Gitg. anc. ) Thcfpia ou Thefpice ; car
ce mot, félon Strabon, s’écrit de ces deux maniérés.
C etoit une ville de la ücotie, au pié du mont Héü-
con;du côte du midi, furie bord du golfe Chryffæus.
H U l > c- xxvj - dit qu’elle étoit au pié de
1 Hehcon ; de façon qu’eUe regardoit auffi le mont Ci-
theron. Le penple de Scylax, Hérodote, Etienne
le géographe, Tite-Live & Pline parlent de cette
ville. Ce dernier vU lK c . vij. en fait une ville libre.
L itinéraire d’Antonin la marque fur la route de
lEpire, dé la Theffalie & de la Macédoine, en fui.
vant la cote, & il la place entre Phocides & Mégare
à quarante milles du premier de ces lieux, & à égalé
diftancè du fécond. Les habitans. de TiS^iÉdfofent
gloire d ignorer tous les arts,.fans excepter même
1 agriculture.
Les Thébains viftotieux fous Epafflinûndas facca.
gerent TkcfpU& n’en épargnèrent que les temples
Athènes recucillitlcsThefpiensqui eurent lebonheur
d échapper à la fureur du foldât. Ceux-ci avoient été
de tout tems fi dévoués aux Athéniens, qu’autantde
fois, c’eft-à-dire décinq ans en cinq ans, que les
peuples- de l’Attique s’affembloient dans Athènes
pour la célébration des facrifices ; le héraut ne mam
quoit 'pas de comprendre les Thefpiens dans les
voeux qu’il fiufoir à haute voix,pour la république
, On célébroit à ThcfpU une fête folemnellé- en
1 honnem des mufes ; & pendant cette ffite «on fai-
foit des jeux qui étoient appellés mufles. II y en avoit
auffi d’autres qu’on nommoit èroiidics, il l’honneur de
Cupidon , 8c on décernoit dés prix non-feulement
aux muficiens, mais encore aux athlètes.
On admiroit dans cette ville une ftatue de bronze
de Jupiter fauveur; l’hiftoire dit que c’étoit un jeune
homme nommé Cleoflrate quife dévoua pour la patrie
, & que les Thefpiens érigerent cette ftatue en
fon honneur ; mais Cicéron dans une de fes harangues
contre Verrès, & Pline , 7. X X X V I . c. v. prétendent
que 1 on<al!oit à Thefpie uniquement pour V
voir le Cupidon de Praxitèle. Ils ont tousraifon, en
diftinguant les tems. (Z>. /. )
THESPROTIE, ( Géog.- anc. ) Thefprotia, félorl
Etienne le géographe, 5c T/iefprotis, félon Thucy-
dide f l . I . p . 3 z , petite contrée de l’Epire. Le périple
de Scylax appelle les habitans de cette contrée
Thefproti ; ils avoient au midi la Chaonie, à l’orient
l’Ambracie 5c le lac Ambracius. Hérodote, /. VIII.
c. xlvj. les dit voifins des Ambraciotes. Dans la fuite
les Cafliopenfés ayant étéféparés des Thefprotes, le
pays de ces derniers eut des bornes plus étroites.
C’eft dans la Tlufprotie qu’étoit l’oracle de Do-
done, 5c ces fameux chênes confacrés à Jupiter. On
y voyoit auffi le marais Achérufeia, le fleuve Ache-
ron 5c le Cocyte dont l’eau étoit d’un goût fort défa-
greable. Il y a bien de l’apparence qu’Homere avoit
vifite tous ces lieux, dit Paufanias, 5c que c’eft ce
qui lui a donné l’idée d’en tirer parti dans fa deferip-
tion des enfers, où il a confacré les noms de ces
fleuves.
Plutarque, dans la vie de Théfée, dit que le roi des
Thefprotiens étoit Plùton, qu’il avoit une femme ap-»
pelléeProferpine, une fille nommée CW , 5c un chien
Mm ij