neau. A l’égard des deux bouts du fil d’archal qui ref-
teront du chaînon, on doit les attacher à la queue
de l ’hameçon avec de la foie ou du fil, en forte que
ce qui fera attaché ne defcende pas plus bas que
l’endroit vis-à-vis le crochet de l’hameçon. Cela fait,
il faut faire un cornet d’un gros carton , ou fi l’on
veut de terre à potier, dont le dedans ne foit pas plus
large que la groffeur d’un tuyau d’une groffe plume
à écrire, & ae la longueur environ d’un petit doigt ;
enfuite paffer à-travers du cornet l’hameçon attaché
au fil d’archal, puis faire en forte que toute la queue
dé l’hameçon depuis l’endroit vis-à-vis le crochet,'
& environ la longueur d’un travers de doigt du chaînon,
foit cachée dans lé cornet, & emplir ledit cornet
de plomb fondu, en tenant l’hameçon par le bout
du chaînon, afin que ce qui doit être enchaffé fe
trouve dans le milieu, & enveloppé également partout,
après quoi on arrondit les deux extrémités du
plomb. L’hameçon ainfi accommodé, il faut avoir
un fer de la longueur de quatre pouces ou environ,
qui foit fait de maniéré qu’on puiffe faire entrer dans
la queue le bout d’un bâton de la longueur d’une canne,
& qu’il y a it au bout un petit anneau par lequel
il foit aifé de faire paffer la ficelle, Ôc la ligne lera
faite. Pour pêcher on prend un petit poiffon, on lui
paffe le chaînon dans la gueule & dans le corps, par
Panneau qui reffortira par l’endroit par lequel le
poiffon rend fon excrément, & on fait en forte que
te poiffon avale tout ce qui eft couvert d! plomb ;
enfuite on tourne la pointe de l’hameçon du côté de
l’ouie, & on attache le poiffon avec du fil en trois
endroits, favoir au-deffus des oui es, au milieu du
corps, Sc au-deffus de la queue. L’amorce ainfi dif-
pofée, on paffe par l’anneau de fer le bout de la ficelle
dont il faut avoir dix où douze braffes entortillées
autour d’un morceau de bois , & on attache cette
ficelle à l’anneau du chaînon, ce qui achevé la ligne
dont on doit fe fervir : en voici l’ufage.
On tient de la main droite le bâtôn, & de la main
gauche le paquet de ficelle*qu’on détortille autant
qü’il eft néceffaire pour jetter dans la riviere l’amorce
, qu’il faut laiffer aller à fond, & la faire fautiller
en fecouant la ligne par fâüts ; & lorfque le brochet
donne fur l’amorce, on doit la lui laifler prendre &
emporter, & lui fournir de la ficelle jufqu’à ce qu’il
foit arrêté. Il faut lui donner le tems d’avaler le goujon
, & enfuite le fonder doucement en retirant la ligne
; & fi l’on fent de la réfiftance, c’eft ligne que le
brochet n’a pas abandonné l’appât : alors on retire
en donnant un petit faut à la ligne par le mouvement
du bâton, pour enferrer le brochet que l’on ramene
enfuite aifément à bord, en retirant la ligne peu-à-
peu: cette façon de ligne eft excellente pour pêcher
îe brochet.
TURLUPINS, f. m. pl. (ffifi. eccléf) fefte d’hérétiques
ou plutôt de libertins, qui failoient publiquement
profelïion d’impudence, foutenant qu’on
ne devoit avoir honte de rien de ce qui eft naturel,
& par conféquent l’ouvrage de Dieu ; auffi ils al-
loient nus par les -rues, & avoient commerce avec
les femmes publiquement, comme les anciens cyniques.
Ils fe nommoient la fociéte des pauvres, & fe répandirent
en Angleterre & en France fur la fin du
xiv. fiecle. Quelques-uns difent qu’on leur avoit donné
le nom de turlupins, parce qu’ils n’habitoient
d’autres lieux que ceux qui pouvoient être également
habités par des loups. Foye^ A damites.
Cependant ils oferent s’établir à Paris, & y dog-
matifer fous le régné de Charles V. On y en brûla
plufieurs avec leurs livres, ainfi que le rapportent
Guaguin dans la vie de ce prince, & du T illet dans
fa chronique de France fous Charles V.
TURLUPINADE, f. f. ( Abus des langues.') une turlupinade
eft une équivoque infipide, une mauvaife
pointe, une plaifanterie baffe & fade prife de l’abus
des mots. F oy e^Jeu de m o t s , Éq u ivo q u e ,P ointe
, Q uolibet.
Malgré notre jufte mépris des turlnpinades, je
n’àpprouyerois pas ces efprits précieux que ces fortes
de pointes dans la fociété irritent fans ceffe, lors
même qu’on les dit par hafard, & qu’on les donne
pour ce qu’elles font. Il ne faut pas toujours vouloir ref-
ferrer la joie de fes amis dans les bornes d’un raifon.-
nement févere ; mais je ne faurois blâmer un homme
d’efprit qui releve finement la fottife de ces turlupins,
dont tous les difcours ne font qu’une enchaînure de
pointes triviales, & de vaines fubtilités. On fe trompe
fort de croire qu’on ne fauroit éviter les quolibets
& les fades plaifanteries, fans une grande attention
à tout ce que l’on dit. Quand, dès fa jeuneffe,
on a tâché de donner un bon tour à fon .efprit, on .con-
trafte une aufli grande facilité à badiner judicieufe-
ment, que ceux qui fe font habitués aux plaifanteries
infipidqs, en ont à railler fans délicateffe & fans bon
fens. (D . J.)
TU RME, f. f. (Art milit.) c’étoit chez les Romains
, un petit corps de cavalerie, de trente jufqu’à
trente-deux maîtres, rangés fur quatre de hauteur. (Q) R TURNERE, turnera, fi. f. (Hifl, nat. Bot.) genre
de plante à fleur monopétale, en forme d’entonnoir
& profondément découpée ; le calice de cette fleur
a deux cornes : le piftil fort de ce calice ; il eft attache
comme un clou à la partie inférieure de cette
fleur, & il devient dans la fuite un fruit prefque
rond, ou en forme de toupie, qui s’ouvre en trois
parties, & qui renferme des femences arrondies, &
attachées à de petits filamens ou à un placenta. Plumier
, nova plant, amer, généra, Foye^ PLANTE.
Miller en compte deux efpeces ; la première, turnera
frutef cens ulmifolia; la fécondé, turnera frutef-
cens folio longiore & mucronato.
Ces plantes font toutes deux originaires des contrées
chaudes de l’Amérique. La première efpece a
été trouvée par le P. Plumier,à la Martinique, & a
pris fon nom de turnera, de celui du dofteur Turner,
médecin anglois qui vivoit fous le régné de la reine
Elifabeth, & qui a mis au jour un herbier, où il décrit
fur-tout les plantes d’ufage.
L’autre efpece a été découverte par M. Hanf-
Sloane, chevalier baronet, qui l’a deflinée dans fon
hiftoire naturelle de la Jamaïque, fous le nom de cifi
tus urtica folio , flore luteo, vafculis trigonis. Mais
ces deux fortes ont été obfervées par le doéteur
Guillaume Houftoun, dans plufieurs parties de l’Amérique.
(D . J.)
TURNHOUT, (Géog. mod.) ou TOURHOUT,
petite ville des Pays-bas, dans la Campine, avec fei-
gneurie & une collégiale, dont le chapitre fut fondé
en 1398, par Marie de Brabant, ducheffe de Guél-
dres. Turnhout a été bâtie par Henri IV. duc de Brabant
, vers l’an 111 z. Les Efpagnols furent taillés en
pièces près de cette ville en 1596, par le prince
Maurice de Naffau. Le quartier de Turnhout eu de la
dépendance de la ville d’Anvers, & comprend quin-,
ze villages. Long. 22. 37 . lat. Si. 14. j o.
Dridoens (Je an ) , en latin Driedus, théologien
du xvj. fiecle, étoit natif de Turnhout, Si mourut
dans fa patrie en 1535* Ses ouvrages théologiques,'
écrits en latin, ont été imprimés plufieurs fois à Lou-
' vain, en 4 vol. in-fol. & in-40. mais on ne les recherche
plus aujourd’hui. ( D . J.)
TUROBRICA, (Géog. anc.) ville de l’Efpagne
bétique, félon Pline, /. I l J. c.i. on croit qu’elle étoit
au voifinage d’Alcantara.
TURONES, (Géog. anc.) ou TURONI, anciens
peuples de la Gaule, lur le bord de la Loire. Céfar,
ffîr ï.'c. xh>}-. ditqii?il-mlt deux'-légiOfiis in TreVerîs, jj
ad fines Car nutum f u t omhtm regionem conjunctam jj
Ocedrio continerent. Il faitt-lire, commeTiferit éffefti- jj
vement iesmeilleUreséditidns, Türotiis, -c’eft-à-dire
dans le 'pays des Turoni , Voifins des Chartrains d’un
côfé, & de l’autre voifins des cités Armoriques ou
maritimes. L u c a i n I. v. *43 f leur donne Pépithe-
ïe d ’infldbUes': 1
Tnflabiles Tufonos circumfita càfira coerceni.
Ils hv'oierit une ville que -Ptolomée appelle Ccefa-
’rodunum, mais qui prit dans , la fuite le nom du peuple;'
car Sulpice Severe, dialog. III. c. viij. '& Grégoire
de T ours, l. X . tCxxvx. la fcommeiit Turoni.
Les Turoni {ont les peuples du diocèfe de Toùrs.
Fôye^T ours. (D . J .)
TURQUESTAN, ( Géog. ‘mod.) du TURKESTAN
, grand pays d’A'ne. Il eft borné au nord par la
riviere de Jemba ; à l’eft par les états du Gontaifch ,
grand èhân des‘Càllmoucks;au fud par le pays de
Charafs’m, & la grande Boucharie; à l’ouéft par la
mer Câfp'ienne. Il peut avoir environ 70 lieues d’Al-
Temagne de longueur ; & un‘peu moins en largeur;
'ffiaislës limites etoient beaucoup plus étendues-avant
que Gingis-ehan 'fe fut rendu lè maître de toute la
grande Tàftarie. Le Tarquèfian dans fon état aâïfel,
eft partagé entre deux chans de Tartares , tous deux
■ mâho'métans ainfi que lëurs'fiijets. Le fleuve Sihon
traverfe tout le pay s du fitd-oueft au nord-oueft. La
'capitale fe nomme aufli Turquefidn. Long. 72-77. lat. :
■4z . 4 g: ( d . j .)
T urques'tan du T urkestan , ( Géog. mod.)
Ville a’Àfie> capitale du pays de même nom, fur le
"fleuve Si'rr. ‘Elle a la réfidence d’un chan des Tarta- ■
res pendant l’hiver, quoique ice ne foit qü’un méchant
trou. Long, y4. uS. ldtit. 46^ 30. CD. J. )
TU RQU ETTE, ( Botan. ) • cVïl lie nom vulgaire '
•de la plante que les .botaniftes appellent hè'miaria.
jFoyef Hern 1 à 1 re o« 'H erniole , ÈotdnJ (D . J. )
TURQUIE TERRE DE1» ÇHift. n'at. ) turcica terra,
terre fbolaire qui lé trouVe près d’Andrinople, dont
les Turcs fe fervertt comme d’iïn remede fudôrifique
& aftringent. Elle éft pefante, d\iri grisToiigéâtre,
douce au touèhér, friable ^fondante dans la bouche, .
ne fait point effervéfcèhee nvec les acides-, & eft
d’un goût aftringent» Voye^ Will’s natural hifio/y àf
T üRquie pièife de , ( Wifl. hàt.) cos turcica, nom
donné par quelques hàturaliftes à une pierre-à àigüi-
fe r , d’un blânc grifatre, dont1 lés parties font d’une
grande-fineffe ; on y met de l’huile quand on-veut
s ’en fërvir pour affiler des Couteaux Ou d’autres-inf-
’trumens trânchans. Son nôm lui a été donné, parce
qu’on l’apporte de Turquie.
T u rquie ,(Géog. mod.) vàftfe etopire, Un desplus
grands de l’univers, q u i i’étehd en’Eûrope , én Afié,
& en Afrique. On lui donrte Orclinairement huit cens
•lieues d’orient en occident, & ërtVirOii'fëptfeens-du
feptentrion au midi»
Les premiers turcs qüi'Habïtefent la Turcomahie
aux environs de l’Arménie inféHeüre, étoierit des •
tartares tùrcoffians dont le niorzâr Ou Chéf , Ordt>-
grul, mourût l’an dé l’hégire'687, & de J.'eftis-iChflft
1288/II eut pour fils Ofthân bu'OtHmah,.‘homme,
plein d’ambition & de bravoure , qui jétta lts'fbn-
demens d e l’empire .que noilsàppèHôhs par corbcîp-
tion Ven)pire ottoman. Il'fit degfàridès ednüuêtes tant
en Afie qu’en 'Europe, profitant 'des qüe'rèlles "qui
regrioient ëntreles foudahs de Përfe & lës'Satfaziiis»
jll fut encore fe fervir à-propos dé là défiinion detbus j
tes petits foifvèrains qiii s’êtpiënt'àpprop'Hés.dëgrâh-'
,des,provinces, & 'qui énqûâiite démembré dell ’èin-
. pire grec, ufurpoiërit lê.titre He,d u c , de dëfpbte &
de roi. Ces petits Toûvëfàîns n’éufélit point d ’âütre,
Tome XVI\
Teflbürcé dàns’Iéur defefpoir, -que de fe jetter entte
léseras des Turcs , de s’accommoder à leursdois
à leurs1 rits & à leurs principes.
Enfin Ofinan porta fes vues fur la villede Burfe
capitale de la Bithynie , pour y établir fon nouvel
empire. Charmé de cette ville fituée .proche de'ia
mer Marmara -, au pié de l’Olympe, dans une agréa-
-ble plaine arrofée d’eaux minérales, froides & chaudes,
en un mot, une des plus belles contrées du
; monde ; il y fixa fà réfidence, & -y bâtit un palais qui
juftifie par fa ftru&ure que le luxe dans ce tems-là
n’excédoit point les revenus. Il fit aufli conftruire
plufieurs mofquées,dans une defquelles eft fon tom-'
-beau.
L’empire ottoman s’eft prodigieufementaugmenté
•fousle régné de dix-nèuf empereurs, depuis Ofmàn
'jufqu’a Mahomet IV. & fous le gouvernement de
115 premiers vizirs jufqu’à la mort de Cara Mufta-
.pha, qui fut l’auteur du-fiege de Vienne. Mahomet
IV. fit la-conquête deNaifel , de Candie, de Candi
nieth & de Zegrin, enforte que le circuit de l’empire
ottoman en 1680 s’étendoit à l’occident des deux
côtés du Danube, jiifqu’à -16 lieues de la capitale de
'r-Autridie*
Si l’on compâfeTempire turc avec l’ancien empire
'romain , on fera furpris de voir l’efpace qu’il occu-
pefttr la carte-j^mais qu’on examiné enfuite.les états
qui compqfeht ce, dernier empiré , qn en connaîtra
•foute-lafoibleffe. On verra que-lé fultan n’eft point
ïnaître abfolu d’une partie : qu’une autre eft ftérilëôc
-inhabitée :'qûe d’autres provinces font plutôt fujettes
•demom que défait ; tellès font la Mecque & le pays
d’Iémén ; ainfi tbùt le vàfte terréin'dé l’Arabie dé-
fèrte & dè ' l’Arabie heureufe h'e fert qu’à diminuer
'les‘forces du grand-feïgneur.
Lès trois républiques deTripoli, de Tunis & d’Aî-
geFfe difent pour;la'forme dépehdàntes du fultan;
mais quand élles-envéient leurs Vaiffëaux pour groflir
la flbtte ottomane , ils ïbnt-bièn payés-; encore ar-
fiyè-t-il qû’àyantfèçii l’argent,délire efcâdres ne for-
tept point dé la'Méditerranée.
Tout le- pays qui eft àïibb'rd de la mer^Noire, depuis
Azac jûfqti’à'Trébifônflè', hé procure d’autres
avantages •à fa 'Haut'éffe que célui d’avoir quelques
havres ‘dont elle ne prbfifé pôint. Le chân -de là Crimée
ii’enrôlë des ‘tàrrares qii’âv’e'c l’ârgent- de'-la-Porte.
De plus , la contrée d’Azac jüfqù’au fort-duÆo-
rifthèfie, eft iin véritable défett-j entre’la Mofcbvie
la Tâftarie Crimée.' Les tàrrares d'e -ë&s Contrées ,
foih de foiimir -étfeliri ïribüràu grând-feigheur, reçoivent
de 1-aigedt'dëTuii lorfqü^l léUr'démande 'des
trôüpes ; il eft m'ênié dblag'é de p a y er dès;garnifbns
én plufieurs placés pour tenir eés • niêmeS' tartares en
réfpeél.
Les pays dé lTJkrâiné'&-la*TdHbU'é'jdfiJü^.'U.fÎ4
viere dé Bog , font totèlèmênt ruinés. Les provincés
h'ibutâirés de: la M o ld a v ie -d e là Valàchie fontgOu-
•Vemées par des fiijéts du rit grec. LeS. tributs qu’em
i r perçoit, tombent plus 'au'pro^t dès miniftrès que
'cfii trélbr pbblic ; outre eèlàr la Porte éft bbligée 'd’y
jfbüaoyer dés gàrnilbns'ohérënTés pour Contenir tant
dépeuples.
'Ceft uh. grahd embarras * ââlis: 1-empiré bttomaii
que depouvbir-gbûvérriéFen ïïîrèté ün état COmpo-
fé dë nations'-fi'éloignëès de là capitale , defi diffiérèn-
tes.par rappbrt au :lari^agë-&-par :rapport-à la rëli-
glbn. Qn pélït’fàcilènieilt compren'dré quë defeé grànd
ïiofribre de •hâtions différeritës ; on *flë-ifeiirb]t-'tièer
des niilicés pour défendfë'fôlidëihèrit l’empire ; à
'hïôins qu’à 'Chaque fbisftes'baëhàs li’ehrôléhtà( bas
prix la plus Vilepbplilàëé, &-'dès'chrétiêüsiüïêm‘ë »
■ fâtlte d’autresfujets. Pour ee qui éft dès*froup'ës de
ia‘Mdldàvre‘&;' de la Valàchiè /lés Türës îfe-s’en-fèr-
Vënr tjti’à ^rbffir :leuf armée ;-à- âifpehfêfWbraVea