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r indéfini. § g
Futur , J antérieur. »
L poftérieùr. 2 ^
T E M
ariif. ’ 3 . paflif.
fum. p g fum.
tram. ^ « tram,
ero. ^ ■ tro.
Iï. Nous trouvons dans les verbes de la même langue
une autre efpece d’analogie, qui femble entrer
encore plus fpécialement dans les vues de mon fyf-
tème : voici en quoi elle confifte.
Les préfens ôc les prétérits ariifs font également
fimples, & ont par conféquent une racine commune,
qui eft comme le type de la lignification propre à
chaque verbe : cette racine paffe enfuite par differentes
métamorphofes, au moyen des additions que l’on
y fait, pour ajouter à l’idée propre du verbe les idées
acceffoires communes à tous les verbes : ainfi laud
eft la racine commune de tous les ttms fimples du
verbe Laudarc (louer ) ; c’en eft le fondement immuable
, fur lequel on pofe enfuite tous les divers
cararieres des idées acceffoires communes à tous les
verbes.
Ces additions fe font de maniéré, que les différences
de verbe à verbe carariérifentïes différentes Con1-
jugaifons, mais que les analogies générales fe retrouvent
par-tout.
Ainfi o ajouté Amplement à la racine commune y
eft le cararierc du préfent indéfini qui eft le premier
de tous : cette racine fubiffant enfuite l’inflexion
qui convient à chaque conjugaifon, prend un b pfeur
défigner les préfens définis , qui diffèrent entr’eux
par des terminaifons qui dénotent, ou l’antériorité
ou la poftériorité.
Conjug.
i*
Prêt, indéf. Préf. ant. Prêt. poft.
laud-o. lauda-b-am. lauda-b-o.
2. doce-o. doce-b-am. doce-b-o.
3 - reg-o. rege-b-am. rege-b-o, anciennement
4 - expedi-o. expedie-b-am. expedi-b-o, anciennement.
Au refte il ne faut point être furpris de trouver ici
regebo pour rtgam , ni txptdibo pour expédiant; on en
trouve des exemples dans les auteurs anciens , ôc il
eft vraiffemblable que l’analogie avoit d’abord introduit
expedïe-b-o, comme expedie-b-am. Voye^ la méthode
latine de P. R. remarque fur les verbes, ch. ij. art.
l des TEMS.
La terminaifon i ajoutée à la racine commune modifiée
piar l’inflexion qui convient en propre à chaque
verbe , carariérife le prëmier des prétérits , le
prétérit indéfini. Gettê terminaifon eft remplacée par
l’inflexion er dans les prétérits • définis, qui font distingués
l’un de l’autre par dés terminaifons qui dénotent
ou l’antériorité ou la poftériorité.
Conjug. Prêt, indéf. Préf. ant. Prêt. poft.
1. laudav-i. laudav-er-àm. laudav-er-o.
2. docu-i. docu-er-am. docu-er-ô.
3 * rex-i. rex-'er-àm. rex-er-o.
4 * expediv-i. expediv-er-am. expediv-er-ô.
Il réfulte de tout ce qui vient d’être remarqué,
i°. Qu’en retranchant la terminaifon du préfent
indéfini, il refte la racine commune des préfens .définis
; ôc qu’en retranchant la terminaifon du prétérit
indéfini, il refte pareillement une racine commune
aux prétérits définis.
2°. Que les deux ttms que je nomme préfens définis
ont une inflexion commune b , qui leuteft exclufive-
ment propre, ôc qui indique dans ces deux tçms une
idée commune , laquelle eft évidemment la fimulta-
néité relative à une époque déterminée.
3°. Qu’il en eft de même de l’inflexion er, commune
aux deux ttms que j ’appelle prétérits définis ;
qu’elle indique dans ces deux tems une idée commune
, qui eft l’antériorité relative à une époque déterminée.
4°. Que ces conclufions font fondées fur ce que
ces inflexions carariériftiques modifient, ou la racine
qui naît du préfent indéfini, ou celle cpii vient du
prétérit défini, après en avoir retranche Amplement
la terminaifon.
5°. Que l’antériorité ou la poftériorité de l’époque
étant la derniere des idées élémentaires renfermées
dans la fignification des tems définis , elle y eft indiquée
par la terminaifon même ; que l’antériorité,
foit des préfens, foit des prétérits, y eft défignée par
am,lauda-b-am, laudav-er-am ; ÔC que la poftériorité
y eft indiquée par o , lauda-b-o > lauddv-er-o.
L’efpece de parallelifme que j’établis ici entre les
préfens ôc les prétérits , que je djs également indéfinis
ou définis, antérieurs où poftérieurs’, fe confirme
encore par un autre ufage qui eft une efpece d’àno-
malie c’eft que novi, ntemini, ÔC autres pareils, fer-
yent également au préfent ÔC au prétérit indéfini; noveràm,
memintram, pour le préfent & le prétérit antérieur
; novero, meminero, pour le préfent & le prétérit
poftérieùr. Rien ne prouve mieux , ce me fè bible
, l’analogie commune que j’ai indiquée entre ces
tems, Si la deftination que j’y ai établie : il enréfiilte
efferiivement, que le préfent eft au prétérit, précifé-
ment confiné ce qu’on appelle imparfait eft au tems
que l’on nomme plufqü'eparfait ; Si comme celui que
l ’on nomme ordinairementfu tu r , eft à celui que les
anciens appelloient futur dufubjonBifj Si que la Grammaire
générale nomme futur parfait : Or lé plufquepar-
fa it Si le futur parfait font évidemment des efpeces
de prétérits ; donc Y imparfait Si le prétendu futur
font en effet des efpeces de préfens, coiiimé je l’ai
avancé.
III. La langue latine eft dans l’ufâge de n’employet
dans les conjugaifons que l’auxiliaire naturel, ce qui
donne aufli le développement naturel des idées élémentaires
de chacun des tems çompofés. Examinons
d’abord les futurs du verbe ariif ;
Futur indéfini, laudaturus , a , um ,fum ;
Futur antérieur, la u d a tu ru s ,a ,um , eram;
Futur poftérieùr, laudaturus, a >, um, ero.
On voit que le futur du participe èft commun à ces
trois tems ; ce qui annonce une idée commune aux
trois. Mais laudaturus, a , um eft adjeriif, Si, comme
on le. lait, il-s’accorde en genre, en nombre , Si
en cas avec le fujet du verbe ; c’eft qu’il en exprime
le rapport à l’âriion qui conftitue la fignification propre
du verbe.
On voit d’autre part ies préfens dit verbe auxiliaire
, fervir à la diftinéUon de ces trois terris. Le pré-
ferit indéfini, fum , fajt envifager la futurition expriméq
T E M
mêe par le participe, dans le fens indéfini Si fans rapport
à aucune époque déterminée ; ce q ui, dans l’occurrence
, la fait rapporter à une époque ariuelle ;
laudaturus nunc fum.
Le préfent antérieur * eram, fait rapporter la futurition
du participe à une époque déterminément antérieure,
d’oîi cette futurition pouvoit être envifa-
gée comme ariuelle : laudaturus eram , c ’eft-à-dire,
poteram tune dicere, laudaturus nunc fum.
C’eft à proportion la même chofe du préfent pof-
térieur, ero ; il rapporte la futurition du participe à
une époque déterminément poftérieure, doit elle
pourra être envifagée comme ariuelle : laudaturus ero,
c’eft-à-dire > potero tune dicere , laudatlirus nunc
fum.
C ’eft pour fes prétérits la même analyfe & la mê*
me décompofition; on le voitfenfiblement dans ceux
des verbes déponens :
Prétérit indéfini, precàtus fum ;
Prétérit antérieur, precàtus eram ;
Prétérit poftérieùr, precàtus ero.
Le prétérit du participe, commun aux trois tems ,
Si affujetti à s’accorder en genre, en nombre, Si en
cas avec le fujet, exprime l’état par rapport à l’ariion
qui fait la fignification propre du verbe, état d’antériorité
qui devient dès-lors le carariere commun des
trois tems.
Les trois préfens du verbe auxiliaire font pareillement
relatifs aux différens afperis de l’époque. Pre-
catus fum doit quelquefois être pris dans le fens indéfini;
d’autres fois dans le fens ariuel, precàtus nunc
flirta Precàtus eram, c’eft-à-dire , tune poteram dicere ,
precàtus nunc fum. Et precàtus ero , c’eft tune potero
'dicere, precàtus nunc fum.
Quoique les préfens foient fimples dans tous les
verbes latins, cependant l’analyfe précédente des futurs
ôc des prétérits nous indique comment on peut
décompofer ôc interpréter les préfens.
Precor, c’eft-à-dire ,fum prêt ans, ou nunc fum prêtons.
Precabar, c ’eft-à-dire, eramprecans, ou tune poté-
teram dicere , nunc fum precans.
Prccabor , c’eft-à-dire, ero precans , ou tune potero
dicere, nunc fum precans.
On voit donc encore ici l’idée de fimultanéité commune
à ces trois tems, ôc défignée par le préfent du
participe ; cette idée eft enfuite modifiée par les divers
afp e ris de l’époque , lefquels font défignés par
les divers préfens du verbe auxiliaire.
Toutes les efpeces d’analogies, prifes dans diver-
-fes langues, ramènent donc conftamment les tems du
verbe à la même claflification qui a été indiquée par
le développement métaphyfique des idées comprifes
dans la fignification dé ces formes. Ceux qui con-
noiffent, dans l’étude des langues, le prix de l’analogie
, fentent toute la force que donne à mon fyftème
cette heureufe concordance de l’analogie avec la métaphyfique
, & avoueront aifément que c’étoit à
jufte titre que Varron confondoit l’analogie & la
raifon.
Seroit-ce en effet le hafard qui reproduiroit fi conf-
•tamment & qui affortiroit fi heureufement des analogies
fi précifes & fi marquées, dans des langues
d’ailleurs très-différentes ? Il eft bien plus raifonna-
ble & plus fur d’y reconnoître le fceau du génié fu-
périeur qui préfide à l’art de la parole, qui dirige
l ’efprit particulier.de chaque langue , &c q u i, en
abandonnant au gré des nations les couleurs dont elles
peignent la penfée, s’ eft réfervé le deffein du tableau,
parce qu’il doit toujours être le même, comme
la penfée qui en eft l’original ; & je ne douté pas
qu’on ne retrouve dans telle autre langue -formée,
oii l’on en voudra faire l’épreuve, les mêmes analo-
TomeXVl.
T E M ïoj
gies ou d’autres équivalentes également propres à
confirmer mon fyftemev
Art. IV. Conformité du fyjl'eme des TEMS avec les
vues de làfyntaxe. Voici des confidérations d’une autre
efpece, mais également concluantes.
I. Si l’on conferve aux tems leurs anciennes déno*
minations * & que l’on en juge par les idées que ces
dénominations préfentent naturellement, il faut en
convenir, les cenfeurs de notre langue en jugent rai-
fonnablement; & en examinant les divers emplois de£
tems, M. l’âbbé Regnier a bien fait d’écrire en titre
que Cufage confond quelquefois les TEMS des verbes ,
( gram. fr . in-iz. p. 342. &fuiv. in-qQ.p. j i p . ) &£
d'afliirer en effet que le préfent a quelquefois la fignification
du futur-, d’autres fois celle du prétérit, &
que le prétérit à fon tour eft quelquefois employé
pour le futur.
Mais ces étonnantes permutations ne peuvent
qu’apporter beaucoup de confufion dans le aifeours,
ôc faire obftacle à l’inftitution même* de la parole.
Cette faculté n’a été donnée à l’homme que pour la
manifeftation de fes penfées ; ôc cette manifeftation
•ne peut fe faire què par une expofition claire , dé-
barraffée de toute équivoque ôc , à plus forte raifon,
de toute contradiriion. Cependant rien de plus côn-
tradiftoire que d’employer le même mot pour exprimer
des idées aufli incommutables ôc même aufli op*
pofées que celles qui carariérifent les differentes efpeces
de tems.
Si au-contraire on diftingue avec moi les trois ef*
peces générales de tems en indéfinis ôc définis, ôc
ceux-ci en antérieurs ôc poftérieurs , toute contradiriion
difparoît. Quand on d it, j e demande pour j e
demandai, oii i l va pour oîi i l d llo it, je pars pour je
partirai, le préfent indéfini eft employé félon fa défi
tination naturelle : ce tems fait effentiellement abf-
trariion de tout terme de comparaifon déterminé ; il
peut donc fe rapporter, fuivant l’occurrence, tantôt
à un terme ÔC tantôt'à un autre, ôc devenir en con|
féquence , ariuel, antérieur où poftérieùr, félon l’exigence
des' cas.
Il en eft de même du prétérit indéfini ; ce n’eft
point le détourner de fa fignification naturelle, que
de dire^, par exemple, -fai bientôt fait pour j'aurai
bientôt fait : ce tems eft effentiellement indépendant
de tout terme dé comparaifon ; de-là la poflîbilité de
le rapporter à tous les termes poflîbles de comparaifon,
félon les befoins de la parole.
Ce choix des tems indéfinis au lieu des définis , n’eft
pourtant.pas arbitraire : il n’a lieu que quand il convient
de rendre en quelqué forte plus fenfible le rap-
j port général d’exiftence, que le terme de compaïai-
I fon ; diftinriion délicate * que tout efprit n’eft pas en
état de difeerner & de fefitir.
C’eft pour cela que l’ufage du préfent indéfini eft fi
fréquent dans les récits, fur-tout quand on fe pro-
pofe de les rendre intéreffans ; c’eft en lier plus ef-
-ientiellement les parties en un feul to u t, par l’idée
de co-'exiftance rendue, pour ainfi dire , plus Taillante
par l’ufage perpétuel du préfent indéfini, qui
n’indique que cette idée , ÔC qui fait abftrariioh dé
celle du terme.
Cette maniéré Ample de rendre raifon des diffe-
rens emplois d’un même tems, doit paroître, à ceux
qui veulent être éclairés & qui aiment des folutions
raifonnables, plus fatisfaifante ôc plus lumineufe que
: Yénallage , nom my ftérieUx fous lequel fe cache pom-
peufement l’ignorance de l’analogie, & qui ne peut
. pas être plus utile dans la Grammaire, que ne l’etoit
dans la Phyfîque les qualités occultes du périparé-
tifme. Pour détruire le preftige, il ne faut que traduire
èn françois ce mot grec d’origine , & voir
quel profit on en tire quand il eft dépouillé de cet air
feientifique qu’il tient de fa fouree. Eft-on plus éclai