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■ foie oii les dames font en p ile, qui eft pour T ordinaire
la première. -On pâlie-cïïfuite dans celle du coin de
repos, quelquefois même dans celle de fa partie
quandie progrès dujeu y conduit.Un joueur ns-doit
jamais compter pour jouer les nombres qu’i l ramene
la fléché d’où il part, foit qu’il abatte du bois, ou qu’il
joue en commençant ou dans le cours du jeu. On n’a
pas plutôt jetté le dé , qu’on doit voir le gain ou la
perte qu’on fait, avant que de toucher fon bois ; car
en fait du jeu , bois touché fuppofe être joué, fi ce
n’eft néanmoins quand les dames touchées ne peuvent
abfolument pointêtre jouées: ce qui arrive lorf-
que quelqu’une donne dans un coin qui n’eft point
encore pris, ou qu’une a titre ne fauroit entrer ni for-
tir feule , ou bien qu’elle donne dans le grand jan de
celui contre qui vous joftez, avant qu’il foit rompu.
Ces coups’ arrivent quelquefois imprudemment
lorfque ne devant pas jouer fes damés , mais feulement
regarder la couleur - de 4a flèche pour
compter plus aifément ce qu’on gagne, on vient
à lès toucher ; mais on évite cet inconvénient, lorfque
l’on dit , avant d’y porter là main, j'adotibe, &
cela fuflit pour marquer que Vous n’avez pas deffein
de toucher votre bois. Il faut toujours marquer les
points qu’on gagne , avant que de toucher fon bois,
autrement votre adverfaire lèra en droit de vous envoyer
à l’ école. Selon les réglés du trictrac, quand
on a gagné deux points, on doit les marquer au bout
& devant la fléché de l’as ; quatre points devant la
fléché du trois, ou plutôt entre celle du trois & celle
du.quatre; fix points devant celle du cinq, ou contre
la bande de féparation devant la fléché du 'fix ,
on marquera dix points devant la fléché du neuf ou
du dix. Pour ce qui eft des douze points .qui font le
trou Ou partie double ou fimple, ils fe marquent avec
une fiche fur les bords du triclrac du côté où les dames
fönt en tas. Celui qui d’un Coup gagne plufieurs points,
efl en droit de marquer quatre , puis huit ou dix
points, & enfin la partie, pourvu qu’il les marque
avant que- de porter la main fur fon bois,. ou qu’en
l’y portant, il dife, Radoube. Celui qui jette les dés ,
efl toujours en droit de marquer les points qu’il
gagne avant que fon adverlaire puiffè marquer ce
qu’il perd. Le joueur qui marque le trou Ou la partie
, efface tous les points de fon adverfaire.
Il faut remarquer au trictrac quelorfqu’on s’eft emparé
de fon coin , & que l’adverfaire n’a pas le fien,
chaque coup de dé vaut quatre ou fix points, fi on
bat fon coin de deux dames, c ’eft-à-dire fix par doublet
, & quatre par fimple ; fuppofé donc que le jeu
foit dilpofé comme dans l’exemple fuivant, & qu’on
ait les dames noires, fi on amenoit fix & cinq, on
battroit le coin de fon homme par un moyen fimple
qui vaudroit quatre points, on le battroit du fix en
comptant depuis la fixieme fléché , & du cinq, en
comptant depuis la feptieme. On doit remarquer
qu’outre cela on gagneroit encore quatre‘points fur
la dame qu’on a découverte dans la huitième café ,
parce qu’on battroit cet adverfaire par deux moyens,
& que dans la fécondé table qui efl celle du grand jan,
chaque moyen fimple vaut deux points. Le premier
moyen par lequel on le battroit, feroit du cinq, en
comptant depuis la dixième cale , & le fécond en
âffemblant les fix & cinq qui font onze, & comptant
depuis la quatrième cale , cé qui produit quatre
vpoints fur la dame que celui contre qui vous jouez,
a découverte enfa cinquième café, en comptant depuis
votre feptieme , parce que vous la battriez par
un moyen fimple valant quatre points dans la première
table, de maniéré que fix & cinq vous vaudraient
douze points qui feroient partie bredouille
qu’on marqueroit d’abord ; cela fait, il vous couvri-
roit aifément vos deux demi-cafes, prenant le cinq
fur la cinquième pour couvrir la fixieme, 6c le fix
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fur la première pour couvrir la feptieme, ce qui pf().
duiroit beau jeu pouf faire votre grand jan , vous
reliant fonnet, fix & cinq, & fix & quatre qui vous
relieraient àlfeemplir.
Ce cinq &c fix vous donneraient deux trous qu’il
faudroit marquer avant que de cafer , & votre adverfaire
marqueroit quatre points pour fa dame découverte
en fa première café que vous battez par paf.
fages fermés, parce que ces cafés fix & fept font remplies
; fi un joueur au contraire amenoit quine , on
ne pourroit pas battre fon coin, parce que pour battre
d’un quine, la réglé veut qu’on compte depuis la lep-
- tieme café couverte d’une feule dame, &c comme le
coin efl; différent des autres dames, & qu’on ne peut
battre du cinq & du quinè qui font dix , ce joueur
ne gagneroit rien pour le coin.
Au contraire fon -adverlaire profiterait de huit
points fur la dame découverte que le premier aurait
enfa huitième café, parce que l’autre le battroit par
doublet & par deux moyens, &: que chaque moyen
efl: compté pour quatre points dans la fécondé table
quand c’eft par doublet. Le -premier moyen par lequel
il faudroit battre cette dame, feroit du cinq, à
commencer depuis la fixieme café , & le fécond du
quine les deux nombres ajoutés ', à compter depuis
la cinquième café.
Quant à la dame de celui contre qui on joue , qui
efl découverte dans fa cinquième café, on pourroit
dè-là la battre en comptant depuis votre huitième ;
mais cette dame vous feroit nuifible, d’autant pius
que le paffage de quine qui efl fur la dixième cale,
étant fermé par deux dames qui y font accouplées,
cela vaudroit fix points à l’adverfe partie , à caufe
que cette dame efl: dans fa première table, où l’on
compte fix points pour chaque moyen doublet.
S’il arrivoit que fur ce même jeu on amenât fonnet,
il faudroit battre d’abord, le coin ayant deux dames
en votre fixieme café, parce qu’on a le paflage ouvert
dans fon fécond coin ; battez encore la dame
qu’on voit découverte en fa huitième café, à compter
de votre troifieme, & ce coup doit vous valoir
fix du coin, fix de la dame placée en la cinquième
café , & quatre fur celle de la huitième , qui font
feize points & partie, & quatre fus , parce que vous
battez par doublet. Celui contre qui l’on jou e, gagneroit
fix points de ce coup, parce que l’on battroit
contre foi la dame qu’il a découverte en fa cinquième
café , à compter de votre-dixième, le pairage
de la feptieme étant fermé. La différence qu’il y
a des coups Amples aux doublets, c’ efl: qu’aux derniers
il n’y a jamais qu’un paflage, qui le trouvant
fermé par une café, produit un jan qui ne peut ; au
lieu qu’aux autres, comme les deux nombres font dif-
férens,il yaaufli deux paffages, de manière que iorl-
que l ’un le trouve fermé, c’efl: allez pour gagner, que
l’autre foit ouvert. Suppofé, par-exemple, que vous
ayez les deux dames noires, & que vous ameniezfix
oc as, ce feroit pour vous quatre points que vous
prendriez fur la dame découverte de votre homme
en fa cinquième café , parce que vous la battriez , à
compter depuis votre coin. Vous remarquerez cependant
que le paflage du fix efl fermé, puifque la fixieme
café efl remplie; mais cela ne fait rien contre
vous , parce que vous comptez par as* dont le paffage
efl: ouvert dans le. coin de celui contre qui vous
jouez, &c qu’en même tems vous battez fa dame. Il
faut alors avec votre cornet ou avec la main montrer
le paflage qui vous efl ou v e r t, & dire, as & f ix me
valent quatre points.
Il faut favoir que les nombres pairs tombent toujours
fur la même couleur d’où ils partent ; il arrivé
tout le contraire aux nombres impairs. Cette réglé efl*
générale. •
T ric tr a c , fe dit encore du tablier fur lequel on
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joue le jeu. Ce tablier efl de bois ou d’ébène,, & a
d’affez grands rebords pour arrêter les dés qu’on jette,
& retenir les dames qu’on y arrange.
T r i c t r a c a é c r i r e , ce qu’on appelle trictrac à
écrire, ne change rien à la maniéré de jouer le trictrac
, non plus que le piquet à écrire au jeu dé piquet.
Pour jouer ce j eu, il faut avoir deux cartes c>c un
crayon ; au haut de chaque carte on met le nom d’un
joueur, & chacun marque fur fa carte les points qu’il
gagne , avec le crayon, au lieu de les marquer avec
des fiches ou des jettons.
Il faut feulement remarquer qu’«u trictrac à écrire,
on ne fauroit gagner ni perdre de points, que l’un des
joueurs n’ait fix cafes; au refte ce jeu efl entièrement
conforme à l’autre triclrac.
T r ic tr a c des anciens, ( Littéral, ) efpece de jeu
appelle S'ietypct/A/x'urp.oç par les Grées, oc duodena ferip-
ta par les Latins. La table fur laquelle on jouoit,étoit
quarrée. Elle étoit partagée par douze lignes fur lesquelles
on arrangeoit les jettons comme on le jugeoit
à-propos, en fe réglant néanmoins fur les points des
des qu’on avoir amenés. Ces jettons ou dames nommés
calculs étoient chez les Romains au nombre de
quinze de chaque côté , de.deux couleurs différentes.
Difcolor ancipiti fub jaefti calculus aflat,
Decertantque fimiil candidus atquc niger :
' Ut quamvis parili feriptorum tramite currant ;
ls càpiet palmarn quetn fuà fatà vocant.
Ainfi la fortune & le favoir dominoient également
dans ce jeu ; & u n joueur habile pouvoit réparer par
fa capacité les mauvais coups qu’il avoit amenés,
fuivant ce paflage de Terence: ita vita efl hominum
quafi cum ludas tejjeris, f i illud quod maximb opus efi
jeelu, non cadit ; illud quod acridity id arteutcorrigas.
On pouvoit par cette même raifon le laiffer gagner
par complaifance , en jouant mal les jettons. C ’eft le
confeil qu’Ovide donne à un amant qui joue avec fa
znaîtrefle.
S eu ludçt numerosque manu jactabit eburnos
Tu math jachato , tu malè jacla dato.
Lorfqu’on avoit avancé quelque jetton, ce qu’on ap-
pelloit dare calculum , & qu’on s’appercevoit avoir
mal joiië, on pouvoit avec la permiflion de fon adverfaire,
recommencer le coup , ce qu’onâppelloit
reducere calculum.
Les douze, lignes étoient coupées par une ligne
tranfverfale appellée tinea facra, qu’on ne pafîoit
point fans y être forcé ; d’où étoit venu le proverbe
%t\vTu àçiipuç , jepajjerai la ligne facrée ; c’eft-à-dire ,
je pnjferai par-dcjjus tout. Lorfque les jettons étoient
parvenus à la derniere ligne , on difoit qu’ils étoient
ad 'incitas. On fe fervoit de cette métaphore, pour
dire que des perfonnes étoient pouflees à bout ; témoin
ce paflage de Plaute,
Sy. Profecload incitas lenonern rédigét, f i eas ab~
duxerit;
Mi.' Quin priées difperibit faxa , quàm unam calcem
civerit.
Le S'iaypct/jiy.irp.cç des Grecs n’avoit que dix lignes
& douze jettons.
On ignore les autres regies de ce jeu que l’on ne
doit point confondre , comme ont fait la plupart des
commentateurs, avec les jeux des daines , des me-
Telles ou des échecs qui ne dépendent point du fort
des dés. Cefui n’a proprement rapport qu’à notre
triclrac, auquel il efl ailé d’en faire l'application.
( D . J . )
T r ic tr a c , f. m. ( Tableterie. ) c’eft une forte de
tiroir brifé qui fe ferme à la clé ; le deffus ferme un
damier, & le dedans ce qu’on appelle trictrac, dans
lequel le tabletier a peint diverfes fiches, pour fervir
RU jeu nommé trictrac. (D . J. j
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T r ictrac , terme de Vénerie, efpece de chafle qui
fe fait par plufieurs perfonnes aflemblées, avec grand
bruit pour effaroucher le gibier, &c le faire pafler devant
des chaflèurs qui le tirent. (D. /.)
TRICTYES ,-fi. m. pl. (Antiq. grecqé) fêtes confa-
Crées à Mars furnommé Enyàlius, dans-lefquclles on
lui immoloit trois animaux, comme dans les fuove-
taurilia des Romains. (D. J .)
TRICUSPIDES ou TRIGLOCHINES, en Anatomie
y efl le nom que l’on donne aux trois valvules ,
fituées à l’orifice auriculaire du ventricule & s’avancent
dans la cavité de ce même ventricule. Voye£
Valvule & Ve n t r ic u l e .
Elles s’ouvrent de dehors en-dedans; de forte qu’elles
laiffent paffer le fang des. oreillettes dans les Ventricules
du coeur, mais l’empêchent de refluer dans
ces mêmes oreillettes. Voye^ C oe u r , O r e i l l e t t
e s , &c.
Elles font' ainfi appellees, à caufe de leur figure
triangulaire ; & c ’efl pour cela que les Grecs les nomment
TpiÿXuxmç.
T R ID E , adj. terme de Manege , ce mot fe dit d’un
pas, d’un galop, & autres mouvemens d’un cheval,
qui efl un mouvement court & prompt. On dit d’un
cheval qu’il a la carrière irïde, pour dire fort prompte
; c’efl en ce point qu’excellent les chevaux anelois.
( z > ./ o m m
TRIDENT , f. m. (Géomé) efl une courbe qu’on
appelle autrementÆo/e deDefcartes ; fon équation
efl x y t iz a x * b x 2 -\-cx-\-e. On là nommé trident
, parce qu’elle en a à-peu-prês la figure, elle forme
une des quatre divifiôns générales dès lignes du
troifieme ordre, fuivant M. de Newton. Voye{ C o u rbe
; voye^ auflî l’enumeratio linearum ter'tii ordinis de
Newton, & Vanalyfe des lignes courbes de M. Cramer.
( « )
T r id e n t , ( Belles Lett.') fymbole ou attribut de
Neptune. C’eft une efpece de feeptre, que les Peintres
& les Poètes ont mis entre les mains de ce dieu ,
& qui a la forme d’une lance ou d’une fourche à trois
pointes où dents, ce qui lui a donné nom : c’étoit
peut- être une efpece de feeptre que portoient les
rois dans les tems héroïques, ou un harpon dont on
faifoit ufage en mer pour piquer les gros poiffons.
Les mythologues racontent, que lès cy clopes avoïent
forgé le trident, & qu’ils en firent préfent à Neptune
dans la guerre contre les Titans ; que Mercure le
déroba un jour à Neptune ; c’eft-à-dire qu’il devint
habile dans la navigation ; & enfin que Neptune ou-
vroit la terre chaque fois qu’il la frappôit de fon trident
; ce qui fait dire à Homere dans la defeription
du combat des dieux. 'Iliade, liv. X X .
L'enfer s'émeut au bruit de Neptune en furie.
Plupon fort de fon trône , il pâlit & s'écrie ;
I l a peur que ce dieu dans cet affreux féjour
D'un coup de fon trident ne faffe entrer le jour y
E t par le centre ouvert de la terre ébranlée,
N c faJ)i voir du Styx la rive défolée ;
Ne découvre aux vivans cet empire odieux
Abhorré des mortels 6* craint même des dieux.
Defpr. trait du fublime.
T r id en t , terme de Pêche , voye[ FOUANNE; on
appelle ainfi des èfpeces de fourchettes dont les dents
font ébarbelée$,& avec lefquelïes les pêcheurs prennent
des poiffons en piquant dans l’eau au hafard.
Quoique ces inftrumens ayent quelquefois jufqu’à
quatorze dents , on ne laiffe pas de les appeller in -
proprement trident. Voye£ Fouanne & lafig. 2. Pl.
IV. de Pêche.
TRIDENTE oit TRIDENTUM, ( Géogr. anc. )
ville d’Italie ; Ptolomée, liv. III. c .j. la donne aux
Cenomans. Les habitans de cette ville font appeliés
Tridentini par P line, l. I II. ch, ix. C ’eft aujourd’hui