de-ville, les fontaines de Grenelle & deslnnocerts,
ou autres de cette efpece': bâtimens du commerce ,
ceux Où leS négocians s’affemblent certain jour de
la femaine , pour s’y tenir en correfpxmdance avec
les étrangers ; c ’eft ce qu’on appellebourfe, banque,
& c . ,
Bâtimens de Marine , font ceux qui font deftines a
la conftruftion des vaiffeaux, dans lefquels font compris
les magafins, arfenaux , cordefies, aulfi - bien
que ceux où l ’on tient ces vaiifeaux en fureté, eom- ;
me les ports , moles, baffis, &ç.bâtimens rujiiques &
Champêtres , ceux qui à la campagne font deftinés à
contenir les beftiaux, les grains, les jardins potagers,,
vergers , légumiers , connus fous le nom de fermes ;
ils font ordinairement voifins de quelque terre con-
fidérable : enfin on appelle bâtimens particuliers, ceux
qui font deftinés à la demeure deshabitans d'une ville •
ou d’une province, qui n’ont point d ’autre.objet qu’u-,
ne commodité,relative à l’état & à la condition de
leur propriétaire.
On dit auffi d’un bâtiment qu’il efl triple, double ,
demi-double , ou fimple, lorfque dans fa profondeur
entre cour & jardin , il eftpàitagé par trois, deux,
line & demie, ou une feule pièce ; comme on dit bâtiment
en aile ; lorfque l’on pratique ou ajoute après
coup à un bâtiment un ou plufieurs étages, en retour
de fa façade principale.
On dit encore qu’un bâtiment eft feint, lorfqu’ôn
veut parler d’une aile affeâée contre un mur mitoyen,
fans autre utilité que la fymmétrie , foit que
cette affeftation fe faffe en peinture ou en maçonne- -
rie , comme celle que l’on a pratiquée à l ’hôtel de
Beauvilliers à Paris ; de même on appelle bâtiment
ruiné, celui qui par vétufté ne laiffe plus que quelques
fragmens de fon ancienne ordonnance, tels que
les ruines de T iv o li, ou la plûpart des anciens châteaux
aux environs de Paris, dont il nerefteplus que
quelques veftiges.
Des parties effentielles qui compofent la plûpart
des bâtimens dont nous venons de parler, on en dif-
tingue trois de préférence, favoir la folidité, la commodité
, & l’ordonnance ; la première a pour objet
la connoiffance de l’emploi & de la qualité des matériaux
, & doit être confidérée comme la plus importante
partie du bâtiment, connue fous le nom de
conjlruclion ; la fécondé confifte dans l’art de diftri-
buer les plans félon la dignité duperfonnage qui fait
bâtir, connue fous le nom de diflribution ; la troifieme
confifte dans l’art de donner de la proportion , de
l’harmonie & de l’accord aux parties d’un bâtiment,
pour que réunis enfemble ils concourent à faire un
beau tout ; & c’eft ce qu’on appelle décoration. Voye{
la définition de chacun des termes dont on vient de
parler à leurs différens articles. (P). Batiment , (Marine. ) on entend ordinairement
par ce mot toutes fortes de navires ou vaiffeaux, depuis
le plus petit jufqu’au plus grand , lorfqu’ils ne
font pas vaiffeaux de guerre. Il y a cependant beaucoup
de gens qui l’attribuent également aux vaiffeaux
de guerre & aux vaiffeaux marchands.
Bâtiment ras, c’eft un bâtiment qui n’eft pas ponté.
Bâtiment délicat, c’eft un navire foible de bois.
(Z ) ■ ■
BATIR, v. a. & n. terme <£Architecture, fe dit & de
la dépenfe que fait un particulier pour élever ou refi
taurer un bâtiment ,& du travail de l’architeâe chargé
de la conduite des ouvrages. Auffi dit-on de quelqu’ouvrage
d’importance, un tel prince a bâti tel édifice
, &que tel architecte a bâti tel monument, parce
qu’il en a donné les deffeins.
On dit encore qu’un entrepreneur bâtit bien, lorfque
fes bâtimens font conftruits avec choix de bons
matériaux, & avec le foin & la propreté que l’art
demande. /A ^ B atiment. (P)
BATIR oztBASSETIR, terniede Chapelier, c4eft façonner
le feutre fur le baffin pour en former les quatre
capades : quand elles ont été bien marchées & feutrées,
on les joint enfemble & on en compole un tout
qui reffemble aflèz à une chauffe à hypocras ; après
quoi on foule , &on dreffe le chapeau,fur une forme
de bois avec l’avaloire, la piece, & le choque. P-oye£ Chapeau, Avaloire, P B iece,& Choque. âtir , terme de Tailleur , qui fignifie affemblert
les pièces d’un habit en les coufant à grands points
avec du gros fil, avant que de les coudre à demeure
avec de la foie ou du fil plus fin.
B ATISSOIR , f. f. infiniment de Tonnellerie ; C’eft
un cercle de fer plus ou moins grand felon les onvra-
ges, dont le Tonnelier fe fert pour afl'embler les douves
d’une futaille qu’il veut conftruire.
* BATISTE , f. f. ( Comm. ) toile de lin fine &
blanche qui fe fabrique en Flandre & en Picardie :
on en diftingue de trois fortes ; il y a la batifie claire ,
la moins claire, & la hollandée ; les deux premières-
ont deux tiers ou trois quarts & demi de large, & fe
mettent par pièces de fix à lept aunes ; la hollandee'
porte deux tiers de large , & douze à quinze aunes
de long. De quelque longueur que les ouvriers faffent
les batijles claires, les courtiers les réduifent à douze
aunes, & ces douze aunes en deux piecesde fix. Les
morceaux enlevés de cés pièces fe nommentcouporiSy
s’ils font de deux aunes jufte ; s’ils ont plus ou moins
de deux aunes , on les bâtit, & on les vend comme
la piece. Les batifles viennent des manufactures, enveloppées
dans des papiers bruns battus ; chaque paquet
eft d’une piece entière, ou de deux demi-pieces :
on en emplit des caiffes de fapin, dont les ais font af-,
femblés avec des chevilles au lieu de clous, ce qui
eft très-commode ; car en clouant les ais , on pour-
roit aifément percer les pièces. L’on fait avec cette
toile des fichus, des mouchoirs, des furplis , &c.
B ATM AN ou BATTEMENT, f. m. ( Commerce. ).
poids de Turquie. Il y en a de deux fortes ; 1 un eft
compofé de fix ocquos , chaque ocquo pefant trois
livres trois quarts de Paris ; enforteque ce premier
batman eft de vingt-deux livres & demie-
L’autre eft pareillement compofé de fix ocquos ;
mais chacun de ces ocquos ne pefe que quinze onces
, qui eft trois quarts moins que le premier : ce
dernier batman ne revient donc qu’à cinq livres dix
! onces.
Le quintal, qui eft auffi un poids de Turquie, pefe
trente batmans.Voye£ Quintal & Ocquo.
Batman eft auffi un poids de Ferfe ; il y en a de
deux fortes, ainfi qu’en Turquie ; l'une qu’on nomme
batman de chahi ou cheray , & qui eft le poids du roi ;
& l’autre qui s’appelle batmant de Tauris, du nom
d’une des principales villes de Perfe.
Le batman de chahi fert à pefer tant les chofes né-
ceffaires à la vie , que les charges des bêtes de fom-
me : il pefe douze livres & demie de Paris.
Celui de Tauris, qu’on ne met enufage que pour
les marchandifes de négoce , pefe moitié moins que
le batman de chahi, & n’eft par conféquent que de
fix livres un quart.
Telle eft la proportion de ces poids avec les nôtres
,. félon Ta vernier : mais Chardin y met quelque
différence ; car il ne fait le batman de Tauris que de
cinq livres quatorze onces de Paris, & le batman de
chahi , on le batman du roi, que de douze livres douze
onces..(G)1 _ '
* BATOCHIRE, ( Géog. ) partie de l’île de Gi-
lolo , l’une des Moluques.
*BATOCKSo«BATOGGI , f. m. plur. (Hifi.
mod. ) font deux bâtons minces dont on fe fert à
Mofcôw pour battre les criminels jufqu’à la mort :
lorfque quelqu’un eft condamné à ce fupplice, on lui
ôte fes habits, & on ne lui laiffe que fa çhemife j
Un des exécuteurs s’affied fur fa tête, & un autre fur
fes jambes, tandis qu’un troifieme frappe jufqu’à ce que le patient ait reçu la dofe de coups prefcrite par le magiftrat.
* BATON, f. m. fe dit en général d\m morceau
de bois rond, tourné au tour ou non tourné, & s’applique
à beaucoup d’autres chofes qui ont la même
forme : ainfi -on dit en Tableierie, un bâton d’ivoire,
un bâton d'écaille, pour un morceau d’ivoire ou
d’ecaille rond ; chez les Marchands de bois, un bâton
de coteret, pour un morceau du menu bois de chauffage
, fait des petites branches des arbres ; chez les
Epiciers9 un bâton de cajfe, un bâton de cire d'Efpagne;
chez les Gantiers, un bâton à gant; voye£ plus bas ,
un bâton de jauge, pour l’inftrument qui fert à mefu-
rer les tonneaux ; un bâton de croifure, chez les Haute-
UJJiers, pour la baguette qui tient leurs chaînes croi-
lées ; chez les PâtiJJiers & Boulangers, un bâton, pour
le morceau de bois que l’on met en-travers fur le pétrin
, & fur lequel on meut le fas pour en tirer la farine
; chez les Fondeurs, un bâton , pour le rouleau qui
leur fert à corroyer enfemble le fable & la terre qui
entrent dans la façon de leurs moules. Voye? la fuite
de cet article.
B â t o n , (Hift. anc. & mod.') eft un inftrument
dont on fe fert ordinairement pour s’appuyer en marchant.
Le cardinal Bona obferve dans fon traité des
Liturgies y qu’autrefois ceux qui fe fervoient de bâton
dans l’églile pour s’appuyer, étoient obligés de le
quitter, & de fe tenir debout feuls & droits dans le
tems qu’on lifoit l’évangile, pour témoigner leur ref-
peft par cette pofture, & faire voir qu’ils étoient
prêts d’obéir à Jefus-Chrift, & d’aller par-tout où il
leur commanderoit d’aller.
On fe fert fouvent auffi d’un bâton comme d’une
efpece d’arme naturelle , offenfive &,défenfive. Les
Lacédémoniens ne portoient jamais d’épée en tems
de pa ix, mais fe contentoient de porter un bâton
épais & crochu qui leur étoit particulier.
S. Evremont obferve que chez les Romains les
coups de bâton étoient une façon modérée de punir
les efclaves, & qu’ils les recevoient par-deffus leurs
habits.
Les Maîtres-d’armes & les gens fufceptibles du
point d’honneur, croyent qu’il eft bien plus honteux
de recevoir un coup de bâton qu’un coup d’épée, à
caufe que l’épée eft un inftrument de guerre, & le
bâton un inftrument d’outrage.
Les lois de France puniffent bien féveremènt les
coups de bâton. Par un reglement des maréchaux de
France, fait en 1653, au fujet des fatisfa&ions & réparations
d’honneur, il eft ordonné que quiconque en
frappera un autre du bâton , fera puni par un an de
prifon, qui pourra être modéré à fix mois en payant
3000 livres, applicables à l’hôpital le plus prochain ;
outre cela l’aggreffeur doit demander pardon à genoux
à l’offenfé, &c. tout prêt à recevoir de lui un
égal nombre de coups de bâton; & il y a certains
cas où ce dernier peut être contraint de les donner
quand même il auroit trop de générofité pour s’y réfoudre
de lui-même.
Par un autre reglement des maréchaux, de l’année
1679 > cehû qui frappe du bâton après avoir reçu des
coups de poing dans la chaleur de la difpute, eft condamné
à deux mois de prifon ; & à quatre années
s il a commencé à frapper à coups de poing.
La loi des Frifons ne donne qu’un demi-fou de
compofition à celui qui a reçû des coups de bâton,
& il n y a fi petite bleffure pour laquelle elle n’en
accorde davantage. Par la loi Salique, fi un ingénu
donnoit trois coups de bâton à un ingénu, il payoit
trois fous ; s il avoit fait couler le fang, il étoit puni
comme s il eut bleffé avec le fer, & il payoit quinze
lous. La peine & l’indemnité fe mefuroient fur
ïa grandetir des bleffurès. La loi des Lombards établit
diffe rentes compofitions pour un coup, pour
deux, trois, quatre : aujourd’hui un coup en vaut
mille.
La conftitution de Charlemagne, inférée dans la
loi des Lombards, veut que ceux à qui elle permet
le duel, combattent avec le bâton ; peut-être fut-ce
un ménagement pour le clergé ; ou que, comme on
entendoit l’ufage des combats, on voulût les rendre
moins fanguinaires. Le capitulaire de Louis le Débonnaire
donne le choix de combattre avec le bâton
ou avec les armes : dans la fuite il n’y eut que les
ferfs qui combattiffent avec le bâton.
Déjà je vois naître & fe former les articles particuliers
de notre point d’honneur, dit l’auteur de Yef-
prit des lois , tome II. p. 202. L’accufateur commen-
çoit par déclarer devant le juge qu’un tel avoit commis
une telle a&ion , & celui-ci répondoit qu’il en
avoit menti : fur cela le juge ordonnoit le duel. La
maxime s’établit que lorfqu’on avoit reçû un démenti
, il falloit fe battre.
Quand un homme avoit déclaré qu’il combattroit,
il ne pouvoit plus s’en départir fans être condamné
à une peine. Autre regle -qui s’enfuivit ; c’eft que
quand un homme avoit donné fa parole, l’honneur
ne lui permettoit plus de fe rétra&er.
Les gentilshommes fe.battoient entr’eux & avec
leurs armes ; les vilains fe battoient à pié & avec le
bâton. Le bâton devint donc un inftrument outrageant
, parce que celui qui en avoit été frappé, avoit
été traité comme un vilain.
Il n’y avoit que les vilains qui combattiffent à vi-
fage découvert, ainfi il n’y avoit qu’eux qui puffent
recevoir des coups au vifage : de-là vint qu’un fouf-
flet fut une injure qui de voit être lavée par le fang,
parce que celui qui l’avoit reçû , avoit été traité
comme un vilain.
Voilà comment par des degrés infenfibles fe font
établies les lois du point d’honneur, & avant elles les
différences entre les inftrumens contöndans. Le bâton
eft devenu une arme deshonorante quelquefois pour
celui qui s’en fert, & toujours pour celui avec qui
l’on s’en eft fervi.
Baton , ( Hift. mod.) eft quelquefois une marque
de commandement, & un attribut de dignité ou d’emploi
: tels font les bâtons de maréchaux de France de
maîtres d’hôtel, de capitaines des gardes, d’exempts
&c. Celui de maréchal eft fleurdelifé ; le roi l’en voye
àcehii qu’il éleve à ce grade militaire. Les maîtres-
d’hôtel, les capitaines des gardes, les exempts, &c.
peuvent être méconnus pour ce qu’ils font, s’ils s’ex-
pofent à l’exercice de leurs charges fans leurs bâtons :
c’eft-là l’ufage principal du bâton.
Baton de gardes de nuit qui courent les rues de
Londres en criant l’heure qu’il eft. Celui qui tient le
manoir de Lambourn dans le comté d’Effex, doit le
fervice du bâton , c’eft-à-dire qu’il eft obligé de fournir
une charge de paille fur une charrette tirée à fix chevaux
, deux cordes, deux hommes armés de pié en
cap, pour garder le bâton quand on le porte à la ville
ÏÏAibridge, &c. Camb. tit. EJfex.
Bâ to n traînant, [Hift. mod.) ou Baton à
q u e u e . Edouard I. roi d’Angleterre, rendit fous
ce titre un édit contre les ufurpateurs des terres,
lefquels, pour opprimer les propriétaires véritables ,
tranfportoient ces terres ufurpées à de grands fei \
gneurs ; contre ceux qu’on lojioit pour maltraiter &
outrager les autres; contré les violateurs de la paix,
ravifleurs, incendiaires & duelliftes ; contre ceux
qui vendoient à faux poids & à faillies mefures ,
& autres malfaiteurs, Cette efpece d’inquifition fut
exécutée avec tant de rigueur, que les amendes qui
en provinrent, apportèrent au roi des thréfors im-
menfes.