La pofferte aura fans doute peine à croire tous
ces hauts faits ; &C les monumens qu’elle verra, feront
bien ncceffaires pour la raffût er* Tous les traits
que l’hiffoire lui prél'entera fe trouveront comme
animés dans le marbre, dans l’airain & dans le bronze.
L’école militaire lui fera connoître comment dans
une grande ame les vîtes les plus étendues & la plus
profonde politique fe lient naturellement avec un
amour ftmple & vraiment paternel. Les titres de no-
bleffe, accordés aux officiers qui n’en avoient encore
que les fentimens, feront à jamais un monument
authentique de fon eftime pour la valeur militaire.
Ce feront comme les preuves que les hifforiens traîneront
après eux, pour dépofer en faveur de leur fin-
cérité, dans les grands traits dont ils orneront le tableau
de leur roi. Les témoins oculaires font affûrés
par leurs fens de ces faits qui cara&érifent ce grand
monarque ; les contemporains ne peuvent en douter,
à caufe de la dépofition unanime de plufieurs témoins
oculaires, entre lefquels toute collufion eft impoffi-
ble, tant par leurs intérêts divers, que par leurs paf-
fions oppofées; & la poflérité qui verra venir à elle
tous ces faits par la tradition orale, par l’hiftoire &
par les monumens, connoîtra aifément que la feule
vérité peut réunir ces trois cara&eres.
* C'eflainfi qu'il convient de défendre la. religion. Voila
ce qu’on peut appeller prendre fon ennemi corps à corps ,
& l'attaquer par les endroits les plus inacceffibles. Ici
tout eft rempli de fens & d'énergie, & il n'y a pas la moindre
teinture defiel. On n'a pas craint de laijfer à fon an-
tagonifie ce qu'ilpouvoif avoir d'adrefje & d'efprit, parce
qu ‘on étoit fur d'en avoir plus que lui* On l'a fait paraître
fur le champ de bataille avec tout l'art dont il étoit
capable ,6* on ne l'a point fur pris lâchement, parce qu'il
falloir qu'ilfe confejfât Lui-meme vaincu , & qu'on pouvait
fe promettre cet avantage. Qu'on compare cette dif-
fertation avec ce qiion a publié jufqu'à préfent de plus
fort fur la même matière, & l'on conviendra que f i quelqu'un
avait donné lieu à un Ji bel écrit, par les objections
qu'on y réfout, il auroit rendu un fervice important
à la religion , quoiqu'il y eut eu peut-être de la témérité
à lespropofer, fur-tout en langue vulgaire. Je dis
peut-être, parce que l'évidence efi fûre d'obtenir tôt ou
tard un pareil triomphe fur les prefiiges du fophij'me. Le
menfonge a beau fouffter fur le flambeau de la vérité ,
loin de l'éteindre , tous fes efforts ne font qu'en redoubler
l'éclat. Si l'auteur des Penfées philoj'ophiques aimoit un
peuj'on ouvrage , il feroit bien content de trois ou quatre
auteurs que nous ne nommerons point ici par egard pour
leur rele & par refpectpour leur caufe : mais en revanche
, qu'il feroit mécontent de M. l'abbé de Prades, s'il
n aimoit infiniment la vérité ! Nous invitons ce dernier
à Juivre fa carrière avec courage, & à employer fes grands
talens à la défenfe du feul culte fur la terre qui mérite un
dèfenfeur tel que lui. Nous difons aux autres & à ceux qui
fcroient tentés de les imiter : fâchez qu’il n’y a point
d’objeftions qui puiffent faire à la religion autant de
mal que les mauvaifes réponfes : fâchez que telle eft
la méchanceté des hommes , que fi vous n’avez rien
dit qui vaille, on avilira votre caufe, en vous fai-
fanr l'honneur de croire qu’il n’y avoit rien de mieux
à dire.
. CERVAISON, fubft. f. (Venerie. ) on appelle de
ce nom le tems où le cerf eft en embonpoint.
CERVARA , ( Géog. ) petite ville du Portugal,
dans la province de Tra los-montes, près du Minho.
CERVARO, ( Géog. ) riviere d’Italie, au royaume
de Naples, dans la Capitanate.
CERVEAU, f. m. ( Anatom. ) ou ce qu’on appelle
vulgairement la cervelle, eft le nom qu’on a donné
en général à toute la maffe molle , en partie grisâtre,
en partie blanchâtre, qui eft renfermée dans le
Crâne, laquelle eft la fource de nos fens, & oit l ’on
prétend que l’ame réfide d’une maniéré particulière.’
y oyez Crâne 6* Ame.
Quand on a ouvert le crâne, on trouve une maffe
qui en occupe toute la cavité, & qui eft enveloppée
de différentes membranes : la première qui fe préfente
c’eft la dure-merc, qui revêt les os en-dedans,
& leur fert de périofte : elle divife le cerveau en différentes
parties au moyen de fes différons replis,
dont les principaux font la faux & latente, &c. Sous
cette membrane il s’en trouve une autre qui s’enfonce
dans les anfraôuofités du cerveau, & qu’on appelle
pie-mere. C’eft dans les duplicatures qu’elle forme,
en s’enfonçant dans les anfrattuofités, que font renfermés
les vaiffeaux du cerveau. Voyez Membrane,
DURE-MERE , voyez aujfinos PL d'Anatomie.
Ces membranes levées , on voit la fubftance du
cerveau, qui forme une infinité de plis profonds ,
dont les circonvolutions imitent à-peu-près celles des
inteftins : fi on coupe affez profondément quelques-
uns de ces plis, on obferve qu’ils font compotes d’une
fubftance de deux couleurs différentes, dont la partie
externe eft de couleur de cendre , & a été en
conféquence appellée fubftance cendrée ou fubftance
corticale ; elle eft glanduleufe fuivant quelques auteurs
; mais l’analyfe de ces parties eft fi difficile ,
qu’on ne peut rien avancer là-deffus que de conjectural.
La partie interne des différens replis eft blanchâtre
, & fe nomme fubflance médullaire. Voyez l'article
C endrée.
On divife le cerveau en, trois parties principales,’
favoir, le cerveau ftriéfement pris, le cervelet, & la
moelle alongée. Voyez Cervelet & Moelle, voyez
aujfi nos Planches. ^
Le mot cerveau pris dans un fens plus particulier,
fignifie donc cette partie fuperficiellement grisâtre ,
qui occupe toute la portion fupérieure de la cavité
du crâne, & dont la figure eft une convexité ovalaire
affez approchante de la moitié d’un oeuf qu’on au-
roit coupé en deux parties égales par le même diamètre
, fans les éloigner l’une de l’autre ; la groffe
extrémité de la convexité ovalaire eft fituée pofté-
rieurement ; la petite antérieurement.
La fiffure dans laquelle rampent les arteres, longue
, plus profonde que les autres filions du cerveau ,
& qui s’appelle fiffure de Sylvius, fépare le cerveau en
lobes antérieurs & poftérieurs ; mais comme le cerveau
confidéré dans fa partie inférieure , paroît de
chaque côté diftingué en trois parties, on leur a donné
à chacune le nom de lobe. Voye[ Lobe.
En éloignant un peu ces deux portions du cerveau
l’une de l ’autre, on obferve là furface d’un corps
blanc nommé corps calleux. Voyez Corps Calleux.
Si on enleve adroitement de chaque portion tous
les filions mélangés de la fubftance tant cendrée que
médullaire, jufqu’à ce qu’on n’obferve plus que la
médullaire, on formera fur les parties latérales du
corps calleux deux convexités médullaires de figure
ovalaire, qu’on nomme centre ovale : en coupant ces
convexités tout le long du corps calleux, & à quatre
ou cinq lignes de diftance de ce même corps, on découvre
deux cavités, une de chaque côté, nommées
ventricules antérieurs, féparées l’une de l’autre par
une membrane médullaire qui régné tout le long de
la partie moyenne de la face inférieure du corps calleux
, & à laquelle on a donné le nom de feptum lu-
cidurn. Voyez Centre , VENTRICULE , &C.
Les deux lames médullaires dont leyê/tfbot lucidum
eft formé, finiffent antérieurement par deux productions
qui font fort près l’une de l’autre, & en arriéré
par deux autres plus fenfibles qui s’écartent vers-les
côtés, en formant de petites bandelettes fur un corps
qui a la figure d’un ver>à foie en nymphe, & qui
luit la corne inférieure des ventricules ; on les nomme
cornes, d'ammon, & la partie du ventricule dans
laquelle ils fe rencontrent, finus bonbyeinus ou f i nus
du vers à. foie. Voye{ C ORNE 6* SlNUS.
,. Toute l ’étendue du bord inférieur du feptum lu-
çidum., porte le nom de voûte à trois piliers. Voyez
Voûte.
La furface inférieure du plancher triangulaire for?
mé par la voûte à trois piliers, eft toute remplie de
lignes médullaires, tranlverfes & faiffantes* Les anf
ciens ont donné lu nom de pfalloides & de Lype à cet
efpace, à caufe de ces fibres. Le plexus chorpïde elj:
fous la ly re , & fuit les cornes -d’am mon.
Cette voûte étant levée avec le plexus cftpxçude,
pn trouve .quatre éminents dans les ventricules la*
téraux ; antérieurement on,en voit deux en foçnje.d^
cône ou de larme.de Hollande, on les,nqmtne.les
corps cannelés ; les $eux autres.éminences fçnt les
couches des nerfs 6ptiqp.es; ces couches, le touchent,
mais ,de façon qu’elles laiffent un trop antérieurement
& poftérieurement ; l’antérieur a été,appelle vulva,
& le poftérieur l'anus :, en écartant les couches des
nerfs optiques', l’un & l’autre de ces deux trous dif-
paroiffent, & on apper.çoit dans le fond le trpifieme
ventricule. VoyezCorps cannelés yViÎLVA3&ic.
{ Derrière le t-roifieme ventricule fe trouve un petit
corps glanduleux, nommé glandepinéale • &au-def-
fops clé cette glande les tubercules quadri-jumeaux,
dont .les fupérieurs ont été appellés nates, & les infér
rieurs «y?«. Voyez Glande pinéale , Nates , 6*c.
Dans le troifiejne ventricule eft, l ’ouverture de
Yinfundibulum, ou de l’entonnoir qui va à la .glande
pituitaire ; poftérieurement l’aquéduc de..Sylvius ,
qui aboutit au quatrième ventricule, dans la. partie
inférieure duquel eft une feiffure parallele à l’axe :
fous les nates & tefi.es eft la grande valvule du cerveau,
qui eft de fubftance médullaire. Voye^ In f u n d i -
BULUM, AQUEDUC , Grc.
■ Quatre gros troncs d’arteres, les deux carotides
internes & les deux vertébrales, fe diftribuent au
cerveau, & font voir dans leur diftribution, dans
•leur direftion, & par leurs fréquentes communications
, combien la nature a pris de mefures pour que
rien ne s’oppofât à la féparation d’un fluide, que
les fonctions nobles auxquelles il eftjdeftiné font regarder
comme le plus fubtil ; c’eft le fuc nerveux.
Voye% Ç a rotide , Vertébrale, & Nerveux.
Voye[ aujfi nos Planches d'Anatomie.
Le fang eft rapporté du cerveau par des veines qui
prennent naiffance de plufieurs petites artérioles rouges
du cerveau, & fe réunifiant en de plus gros rameaux
enveloppés par la pie-mere, viennent s’ouvrir de différentes
façons dans les finus de la dure-mere, pour
paffer dans les jugulaires, & dans beaucoup d’autres
petites veines qui s’y rendent de même.
Tous les Anatomiftes en général conviennent que
l’homme a plus de cerveau, proportion gardée, que
tous les autres animaux, que le boeuf, le cheval,
&c.
. L’imagination voulant fuppléer à ce qu’on ne pou-
voit appercevoir, a enfante divers fyftèmes fur la
ftruûure du cerveau , fur-tout celui de Malpighi &
çelui de Ruifch.
Malpighi croyoit que la fubftance corticale étoit
compofée de glandes , que la petiteffe & la nature
muqueufe & tranfparente du cerveau ont dérobées
aux microfcopes mêmes de Marthall, qu’il
préferoit à tous ceux de Leuyenhoeçk j & c’eft par
leur fecours qu’il voyoit cette fubftance élevée en
petites éminences. Quand on fait cuire un cerveau,
fa fubftance s’élève en molécules femblables à des
glandes : on découvre par le moyen de l’encre qu’on
jette fur la fubftance corticale, de petites élévations
féparées par de petites fentes. Le cerveau pétrifié pré-
fente une furface couverte de petits globules, i il fort
par les ouvertures qu’on fait au crâne une matière
fongueufe, qui a quelque chofe de la glande : les parties
externes du cerveau fe changent par une hydropi*
fie en de petites lpheres ; toutes ces raifons ne prou-:
veroient-efles pas que la fubftance du cerveau eft glanduleufe?
< .
: Ruifch n’a cependant pas été convaincu par ces
preuves, que la fubftance corticale foit glanduleufe ;
il a cru au contraire que tout le cerveau n’eft qu’une
continuation des ar.teres qui fe .replient diverfement,
qui vont enfuite former les nerf? par leurs extrémités.
v Ces deux auteurs different donc en ceci : Malpighi
admet entre l’extrémité des vàiffeaux qui forment
la fubftance corticale , & l’extrcmité de.ceux qui
forment.la médullaire , des. follicules glanduleux :
liuifch au çontraire: prétend que les extrémités des
vaiffeaux, de-la fubftance cçtticale font continues
aux extrémité? des vajfteaiix de la médullaire : mais
pi.l’un ni l’autre fyftème n’eft appuyé d’affez fortes
raifons pour nous faire décider en faveur de l’un plû-
tôt que.de l’autre ; nqtjs-renvoyons à l'article D u r e -
m e r e , la fameufÇj queftion fur fon mouvement &c
fur celui ,du cerveau,;.ôc k l'artic/e E s p r i t , celle des
efprits animaux. , : ; :
Quoi qu’il en fo it , les Philofophes regardent le
qerveau comme l’oirgane de nos penfées. M. Aftruc
va plus loin : il prétend rendre, raifon des phénomènes
du raifonnement 8c du jugement, par l’analogie
qu’il fuppofe entre les fibres du cerveau & celles des
inftrumens de mufique. Selon lu i, c’eft un axiome
que chaque idée fimple eft produite par l’ébranlement
d’une fibre déterminée ; & que chaque idée
compofée eft produite par des vibrations ifochrpnes
de plufieurs fibres ; que le plus grand ou le moindre
degré d’évidence fait le plus grand, ou le moindre
degré de force de l’ébranlement des fibres.
Mais toutes ces chofes font fi peu démontrées
qu’ij paroît inutile de s’y arrêter : il n’en eft cependant
pas moins vrai que ce qu’on peut entrevoir dans
les nerfs & dans la ftrufture du cerveau, nous préfente
par-tout une induftrie merveilleufe. Je; ne craindrai
donc point de déplaire à mon leâeur, en ajoutant
ici l'explication, des différens phénomènes qui fonÇ
liés au détail que nous allons donner fur les vûes de
la nature.
i° . Le cerveau & le cervelet font les refervoirs oîi
fe filtre la matière qui porte le mouvement par tous
nps membres ; & voici des expériences qui prouvent
que le fentiment & le mouvement ont leur principe
dans l.a fubftance médullaire.
. i° . La moelle du cerveau comprimée par quelque
Caufe que ce puiffe être, par le fang, par la ferofité ,
par des hydatides, par l’applatiffement méchanique
des os du crâne, par la conculïion , par la commotion
, &c. on tombe en apoplexie : z°. la moelle du
cerveau piquée , déchirée , donne des convulfions
horribles: 30. la moelle du ctrveau & celle de l’épine
produifent la paralyfie des parties qui leur font inférieures.,
foit que oes fubftances foient bleffées, coupées
ou comprimées; par conféquent il étoit de né*
ceflîté abfolue qu’il n’arrivât point de compreflion
dans ces endroits ; c’eft pour cela que le ce/veau eft
divife en deux parties , qui font loûtenues par la
faux, quand nous fournies couchés , & quand la
tête reçoit quelque mouvement latéral ; de même
les lobes poftérieurs font foûtenus par la fente, afin
qu’ijs ne .tombent point fur le cervelet. Les ventricules
fervent encore à empêcher les comprenions ; le
cerveau prçffé d’un côté, peut céder du côté de ces
cavités qui font toûjours arrofées d’une liqueur qui
fe filtre dans le plexus coroïde : la nature, dans cette
vue, a formé une boîte ronde pour enfermer le cerveau;
cette figure fait que le crâne ne peut s’enfoncer