même taille, à longue queue, 8c l’ayant retrouffée
de même fans ruban ni trouffe-queue.
A chaque efcadron il y aura un timbalier à la compagnie
de mettre de camp, qui fera habillé des livrées
du roi i fans or ni argent, auffi-bien que les trompettes
de toutes les compagnies ; les tentes feront pareilles
avec du bleu fur leur faîte. Il y aura à chaque
quatre efcadrons un aumônier à qui on donnera une
chapelle, & un chirurgien. On aura foin de n’avoir
que de bons chevaux, pour que la troupe foit toû-
jours bien en état d’entreprendre ce qu’on lui ordonnera.
Le mettre de camp en chef, & les autres meftres
de camp fous lui, tiendront la main qu’il n’y ait aucun
officier mal monté, & qui ne foit fur un cheval
de bonne taille : les officiers auront le moins de bagage
qu’il leur ferapoffible ; rien que des chevaux de
bât, ou des mulets, & point de chariots , de charrettes
, ni furtouts.
On fera les détachemens par chambrée, de maniéré
que le cavalier commandé ne porte que celui
qui lui fera néceffaire , 8c laiffe les autres hardes à
ceux de fa chambrée qui demeureront au corps du
régiment.
Les compagnies, fans avoir égard aux régimens
dont elles lortent, prendront leur rang de l’ancienneté
de leur capitaine ; à la réferve de celle de mef-
tre de camp, 8c des lieutenans-colonels.
S’il y a des commiffions du même jour , ou des
rangs incertains , on entendra les raifons de chacun,
qui fe débiteront fans aigreur ni difpute, pour en rendre*
compte au r o i , afin qu’il décide promptement.
L’intention du roi ett que ce régiment ne faffe jamais
de difficulté en tout ce qui regardera le fervice, &
que la difcipline y foit obfervée fort régulièrement.
Il ne doit point monter de gardes.
Il faut deux étendarts par efcadrons, avec une de-
vife bien choifie, qui ait un foleil pour corps d’un
cô té , & de l’autre, des fleurs-de-lis parfemées, comme
la plupart des autres régimens du roi.
Pour fe fervir des carabiniers à pié quand l’occa-
£on s’en préfente , il faut qu’ils ayent des bottes de
baffe tige, mais de cuir fort, avec une petite genouil-
liere échancrée à la moufquetaire, & de petits def-
fus d’éperons.
Quand les meftres de camp de cavalerie à qui ce
fera à fournir les recrues, n’auront pas envoyé de
bons fujets, on les leur renvoyera à leurs frais 8c dépens,
& ils feront obligés d’en donner d’autres, qua nd
même il méfarriveroit defdits cavaliers ; les meftres
de camp auront mille livres de penfion ; les lieutenans
colonels auront huit cents livres, les majors fix
cents, 8c les aides-majors trois cents ; les autres officiers
demeureront comme ils font déjà. Les carabines
rayées auront trente pouces de canon ; les épées auront
trente-trois pouces de lame ; il fera permis aux
officiers d’avoir de petites carabines, pourvu qu’elles
foient bonnes. Les cravates noires feront, tant des
officiers que des carabiniers, de floure, de longueur
de deux aunes de Paris.
Les veftes des habits uniformes feront de drap rouge
brodées d’argent avec des boutons 8c des boutonnières
d’argent, & un galon d’argent pareil à celui du
jufte-au-corps, fur l’amadis ; les officiers auront tous
des plumets blancs. Le roi permet que le maréchal
qu’il faut, foit pris hors de la compagnie. Hifioire de
la milice françoife.
Outre le corps de carabiniers dont on vient de parler,
on appelle encore de ce même nom un certain
nombre de gendarmes, chevau-legers, &c. auxquels
dans le tems de guerre le roi fait donner des carabines.
Foyer Carabines. Ces carabiniers ne forment point
de corps féparé : ils combattent avec leurs troupes,
& ils fe fervent feulement de leurs carabines pour
tirer fur l’ennemi lorfqu’il n’eft pas à portée d’être
joint. ( Q )
* CARABINS, f. m. pl. (Hijl. mod.') efpece de chevau
legers , dont le fervice en guerre étoit affez fem-
blable à celui de nos houfards. Ils formoient des compagnies
féparées, quelquefois des régimens ; les officiers
généraux les employoient dans leur garde ; ils
portoient une cuiraffe écnancrée à l’épaule pour tirer
plus commodément, un gantelet à coude pour la main
de la bride, un cabaffet en tête, une longue épée,
avec la carabine à l’arçon.
CARÂCAS, CARACOS, LES CARAQUES, ou.
S. JEAN DE LÉON , ville riche 8c confidérable de
l’Amérique en terre-ferme, dans la province de même
nom ; fes environs produifent beaucoup de cacao.
Long. 2, 3-b- éat. g . 40.
CAR A CA TA Y , ( Géog. ) grand pays au fepten-
trion de l’Afie, habité par plufieurs nations différentes
: on l’appelle auffi Khita. Il ne faut point le confondre
avec le Catay , qui n’eft autre chofe que la
Chine. Foye^ Chine & Chinois.
CARACH1S AR ou CHURGO, {Géog.) ville d%
fie dans la Natolie, avec port 8c château, fur la côte
de la Caramanie.
CARACOLE, f. f. {Manège & Art milit. ) eft un
mouvement qui fe fait dans la cavalerie par le flanc
ou la hauteur del’efcadron ; chaque file fait une efpe>-
ce de quart de converfion enferpentant & en faifant
des paffades par la campagne à droite 8c à gauche
pour ôter la mire à ceux que l’on infulte.
Ce mouvement différé de la converfion en ce que
celle-ci fe fait par rang, 8c que la caracole fe fait par
file. (Q )
CARACOLER, {Manège & Art milité) c’eft faire
des caracoles dans un manège. On fe fert du même
terme quand plufieurs efcadrons fe détachent l’un:
après l’autre du corps de la cavalerie pour aller agacer
l’ennemi à coups de piftolet. { F )
* C AR A COL Y , {Hifl. mod. ) métal compofé de
parties égales d’or, d’argent, 8c de cuivre : il eft très-
eftimé, 8c fort recherché des Caraïbes ou Sauvages
des îles de l’Amérique. Ils nomment auffi caracolys
les petites plaques faites du même métal, dont ils font
leur principal ornement, en fe les attachant au nez,
aux levres, & aux oreilles. Ils tiroient autrefois cette
compofitiondes Sauvages delà riviere d’Orenoque*
mais aujourd’hui les Orfèvres du pays les contrefont
en altérant un peu l’alliage, & leur vendent bien cher
ces bagatelles.
CARACOMBO, {Géog. ) île d’Afrique dans l’O céan
éthiopien, fur la côte de la baffe Guinée.
CARACORE, f. m. ( Marine. ) c’eft un bâtiment
des Indes, dont les habitans de l’île Bornéo fe fervent
beaucoup. Il va à la rame pendant le calme, ou
lorfqu’il fait peu de vent. Les rameurs font affis fur
une galerie de rofeaux qui régné autour. Le dernier
eft jufque dans l’eau, 8c ils ont chacun leur fléché 8c
leur arc à leur côté. Ces fortes de bâtimens , bien
loin d’avoir du relèvement, baiffent à l’avant & à
l’arriere. Lorfqu’il y a du vent affez fort pour aller à
la vo ile , ils en mettent de cuir. Ils portent 150 &
jufqu’à 170 hommes. Ils n’ont de bordages ou de planches
que quatre ou cinq de chaque côté de la quille.
Ils font aigus ; l’étrave & l’étambord demeurent tout
découverts au-deffus du bordage de planches. Sur ces
bordages , il y a de petits barots qui font faillie fur
l’eau, félon la largeur qu’on veut donner au bâtiment
, & l’on couvre ces barots de rofeaux ; ce qui
fert d’un pont qui s’étend jufqu’au bout de l’élancement
que les barots font. Ces rofeaux font environ
de la groffeur du bras.
C ’eft fur l’élancement de ce pont, qui fait de chaque
côté comme une galerie, que font les rameurs;
8c il y a entre chaque rang de rameurs t une oiivertuïe
affez grande pour donner lieu au mouvement de
la pagaie ou rame. On proportionne les rangs des rameurs
à la grandeur du bâtimenf. Chaque rang eft
ordinairement de 10 ou 1 2 hommes. Les pagaies font
compofées de palettes plates, avec des manches
courts ; elles font toutes égales & fort legeres. Il y a
quelquefois un rang de rameurs en-dedans du bordage.
C ’eft en chantant & en battant lacaiffe , ou en
jouant de quelque inftr'’-ment de mufique, qu’on commande
aux rameurs ce qu’ils ont à faire. Le bâtiment
flotte fur l’eau, & vogue par le moyen du pont de
rofeaux, dont la faillie fe trouve fur la furface de
l’eau, & fans laquelle le caracore, étroit comme il eft,
ne manqueroit pas de fe renverfer ; l’avant ne s’élève
point au-deffus du bordage de planches.
Quelquefois les faillies ou galeries de pont def-
cendent depuis le haut du bâtiment en talus fur l’eau,
8c alors on ne peut ramer dudedans du vaiffeau.(Z)
C A R A C O S A , ( Géog.) petite ville d’Efpagne
dans la nouvelle Caftille.
CARACTERE, ( Ordre encyclopédique. Entendement.
Raifon. Philofophie ou Science. Science de l'homme.
Logique. Art de communiquer la penfée. Grammaire.
Science de Cinjlrument du difcour s. Signes. Caractère.)
Ce mot pris dans un fens général, fignifie une marque
ou une figure tracée fur du papier, fur du métal,
fur de la pierre, où fut toute autre matière, avec la
plume, le burin, le cifeau, ou autre inftrument, afin
de faire connoître ou de défigner quelque chofe.F>y.
Marque, Note, &c.
Ce mot vient du Grec ? *lu* f°rm® du
veîbe Kctpûa-a-tiv, infculpere, graver, imprimer, &c.
A peine les hommes furent-ils en fociété, qu’ils
fentirent le befoin qu’ils avoient d’inventer une langue
pour fe communiquer leurs penfées. Cette langue
ne confifta fans doute d’abord qu’à défigner par
certains fons 8c par certains lignes les êtres fenfibles
& palpables, qu’ils pouvoient le montrer, 8c par con-
féquent elle étoit encore fort imparfaite : mais les
hommes ne furent pas long-tems fans s’appercevoir
que non-feulement il leur étoit néceffaire de repre-
fenter, pour ainfi dire, ces êtres à l’oreille par des
fons, mais de les repréfenter auffi en quelque maniéré
aux yeux, en convenant de certaines marques
qui les défignaffent. Par-là le commerce de la fociété
devoit s’étendre, puifqu’il de venoit également facile
de défigner ces êtres préfens ou abfens,8c que la communication
des idées étoit rendue également poffible
entre les hommes abfens, 8c entre les hommes pre-
fens. Il y a bien de l’apparence que les figures même
de ces êtres, tracées groffierement fur quelques corps,
furent les premiers caractères par lefquels on les défi-
gn a , & la première efpece d’écriture, qui a dû naître
à-peu-près dans le même tems que les langues.
Foye{ Ecriture. Mais on dut bientôt fentir l’infof-
fifance de ces caractères ; & peut-être cette, infuffifan-
ce contribua-t-elle à faire mieux fentir Pimperfe&ion
<les premières langues. Foye[ Langue. Les hommes
qui avoient la facilité de fe parler en défignant les
êtres palpables par des fons, pouvoient fuppléer
par d’autres fignes, comme par des geftes, à ce qui
pouvoit manquer d’ailleurs à cette langue ; c’eft
ainfi qu’un muet fait entendre fa penfee en montrant
les objets dont il parle, 8c fitppléant par des
geftes aux chofes qu’il ne peut montrer : mais une
telle converfation devenoit impoffible entre des
hommes éloignés , 8c qui ne pouvoient fe voir. Les
hommes comprirent donc bientôt qu’il falloit nécef-
fairement i° . inventerdes fons pour défigner, foit les
êtres non-palpables , foit les termes abffraits & généraux
, foit les notions intelle&uelles, foit enfin les termes
qui fervent à lier des idées ; 8c ces fons forent inventes
peu-à-peu: 20. prouver la maniéré de peindre
çes fons une fois inventés ; 8c c’eft à quoi les hommes
purent parvenir, en convenant de certaines marques
arbitraires pour défigner ces fons. Peu-à-peu on
s’apperçut que dans la multitude infinie en apparence
des fons que forme la voix, il y en a un certain
nombre de fimples auxquels tous les autres peuvent
fe réduire, 8c dont ils ne font que des combinai fons»
On chercha donc à repréfenter ces fons fimples par
des caractères^ 8c les fons combinés par la combinaifon
des caractères, 8c l’on forma l’alphabet. Foye^Carticle
Alphabet.
On n’en refta pas là. Les différens befoins des hommes
les ayant portés à inventer différentes fciences,
ces fciences furent obligées de fe former des mots
particuliers, de fe réduire à de certaines réglés, 8c
d’inventer quelquefois des caractères, ou du moins de
faire un ufage particulier des caractères déjà inventés
pour défigner d’une maniéré plus courte certains objets
particuliers. L’Arithmétique ou fcience des nombres
a dû être une de ces premières fciences,parce que
le calcul a dû être un des premiers befoins des hommes
réunis en fociété : les autres fciences à fon exemple
fe firent bientôt des caractères plus ou moins
nombreux , des formules d’abréviation , formant
comme une efpece de langue à l’ufage de ceux qui
étoient initiés dans, la fcience.
On peut donc réduire les différentes efpeces de
caractères à trois principales; fa voir les caractères littéraux
, les caractères numéraux, & les caractères d'abréviation.
On entend par caractère littéral, une lettre de l’alphabet
, propre à Indiquer quelque fon articulé : c’eft
en ce fens qu’on dit que les Chinois ont 8000b caractères.
Foye{ Alphabet.
Les caractères littéraux peuvent fedivifer, eu égard
à leur nature 8c à leur ufage, en nominaux , & en
emblématiques.
Les caractères nominaux font ce que l’on appelle
proprement des lettres qui fervent à écrire les noms
des chofes. Foyeç Lettre.
Les caractères emblématiques ou fymboliques expriment
les chofes mêmes, & les perfonnifient en quel»
que forte, & repréfentent leur forme : tels font les
hiéroglyphes des anciens Egyptiens. ( O )
Suivant Hérodote , les Egyptiens avoient deux
fortes de caractères, les uns facrés, les autres populaires
: les facrés étoient des hiéroglyphes ou fym-
boles ; ils s’en fervoient dans leur morale, leur poli-»
tique , 8c for-tout dans lés c-hofes qui avoient rapport
à leur fanatifine 8c à leur fuperftition. Les mo-
numens oiil’on voit le plus d’hiéroglyphes, font les
obélifques. Diodore de Sicile, liv. I I I . pag. 144.
dit que de ces deux fortes de caractères, les populaires
& les facrés , ou hiéroglyphiques , ceux-ci n’é-
toient entendus que des prêtres. Foye^ Hiéroglyphe,
Symbole, &c. { F )
Les hommes qui ne formoient d’abord qu’une fociété
unique, & qui n’avoient par conféquent qu’une
langue & qu’un alphabet, s’étant extrêmement multipliés
» furent forcés de fe diftribuer, pour ainfi dire,
en plufieurs grandesfoeiétés ou familles, qui fépa-
rés par des mers vaftes ou par des continens arides,
ou par des intérêts différens, n’avoient prefque plus
rien de commun entr’elles. Ces circonftances occa-
fionnerent les différentes langues ôc les différens alphabets
, qui fe font fi fort multipliés. •
Cette diverfité de caractères, dont fe fervent les différentes
nations pour exprimer la même idée, eft regardée
comme un des plus grands obftacles qu’il y
ait au progrès des -Sciences : auffi quelques auteurs
penfant à affranchir le genre humain de cette fervi-
tude, ont propofé des plans de caractères qui puf*
font être univerfels, & que chaque nation pût lire
dans fa langue. On voit bien qu’en ce cas, ces fortes
-de caractères devroient être réels 8c non nominaux,