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compoféc par C ratin us , où ce poète railloit d’une
façon fanglante les principaux perfonnages du gouvernement.
Lorfque Cratinus compofa fes baptes ou
plongeurs , la liberté de l’ancienne comédie étoit ref-
trainte à la cenfure des ridicules, 8c fur-tout des
poètes , que le gouvernement n’étoit point fâché
qu’on décriât ; parce que de tout tems les hommes
en place ont haï les fatyriques 8c les plaifans. Cratinus
fit un effort pour rendre à la feene comique les
droits dont on l’av o it dépouillée : mais il fut la v ic time
de fa hardieffe. Il éprouva le châtiment auquel
on dit que M. de Montaufier, l’homme de la cour
qui av o it le moins à craindre de la fa ty r e , condam-
noit tous les fatyriques. Il fut jetté dans la mer piés
& mains liés. Baptes , f. m. pl. {Mythol.) prêtres de C o tty tto ,
déeffe de l’impudicité fort révérée à A th èn es , oii
l’on célébroit la fête pendant la nuit par des danfes
la fe iv e s , accompagnées de toutes fortes de débauches.
Les baptes furent ainfi nommées du mot grec
j&âWôK, qui fignifie laver ou tremper, parce qu’ils le
plongeoient dans de l ’eau tied e , félon Suidas. J uvénal
en parle comme d’une troupe d’hommes fi infâmes
, que leurs déréglemens déplaifoient à C o tty tto ,
quoiqu’elle ne fû t rien moins que la déeffe de la pudeur.
{G )
B A P T IS T E , voyci Anabaptistes , Catabap-
TISTES , HeMERO-BaPTISTES.
HermitesdeS. Jean-Bapdjle, voje^HERMITES. (G)
B A P T IST E R E , f. m. ([Théologie.) c’eft le lieu ou
l ’édifice dans lequel on conferve l’eau pour baptifer.
Voye^ Baptême.
Les premiers Chrétien s, fuivant S. Juftin martyr
8c Tertu llien, n’avoient d’autres baptijleres que les
fontaines, les r iv iè re s , les la c s , ou la m e r, qui fe
trouvoient plus à portée de leur habitation ; & comme
fouvent la perfécution ne leur permettoit pas de
baptifer en plein jo u r, ils y alloient de n u it, ou don-
noient le baptême dans leurs maifons.
Dès que la religion Chrétienne fu t devenue celle
des empereurs, outre les e glife s , on bâtit des édifices
particuliers uniquement deftinés à l’adminiftra-
tion du baptême, 8c que par cette raifon on nomma
baptijleres. j)
Quelques auteurs ont prétendu que ces baptijleres
étoient anciennement placés dans le veftibule intérieur
des églifes, comme le font aujourd’hui nos fonts
baptifmaux. C ’eft une erreur. Les baptijleres étoient
des édifices entièrement féparés des bafiliques , 8c
placés à quelque diftance des murs extérieurs de celles
ci. Les témoignages de S. P au lin, de S. C yrille
de Jérufalem, de S. Auguftin, &c. ne permettent pas
d’en douter.
C es baptijleres ainfi féparés ont fubfifté jufqu’à la
fin du v)e fie c le , quoique dès-lors on en v o y e déjà
quelques-uns placés dans le veftibule intérieur de
l ’é g life , tel que celui oii C lo v is reçut le baptême des
mains de faint Remy. C e t ufage eft enfuite devenu
général, fi l’on en excepte un petit nombre d’églifes
qui ont retenu l’ancien, comme celle de Florence,
8c toutes les v illes épifcopales de T o fc a n e , la métropole
de R a venne , 8c l’églife de faint Jean de Latran
à Rome.
C es édifices pour la plupart étoient d’une grandeur
confidérable, eu égard à la difeipline des premiers
fiecles, le baptême ne fe donnant alors que par
immerfion, & ( hors le cas de néceflïté ) feulement
au x deux fêtes les plus folennelles de l’année, pâque
8c la pentecôte. L e concours prodigieux de ceux q u i,
fe préfentoient au baptême, la bienféance qui de-
mandoit que les hommes fuffent baptifés féparément
des femmes, demandoient un emplacement d’autant
plus v a fte , qu’il falloit encore y ménager des autels
ÇK les néophytes reçuffent la c.QofirmaÜQa & W m
B A Q
chariftie immédiatement après leur baptême. Auffi
le baptijlere de l’églife de fainte Sophie à Conftanti-
nople etoit-il fi fpacieux, qu’il fervit d’afyle à l’empereur
Bafilifque, & de falle d’affemblée à un concile
fort nombreux.
Les baptijleres avoient plufieurs noms différens,
tels que ceux depifeine, lieu d'illumination, Stç. tous
relatifs aux différentes grâces qu’on y recevoit par,
le facrement.
On trouve peu de ehofes dans les anciens auteurs
fur la forme 8c les ornemens des baptijleres, ou du
moins ce qu’on y en lit eft fort incertain. Voici ce
qu’en dit M. Fleury fur la foi d’Anaftafe, de Grégoire
de Tours, & de Durand, dans fes notes fur le pontifical
attribué au pape Damafe. « Le baptijlere étoit
» d’ordinaire bâti en rond, ayant un enfoncement
» où l’on defeendoit par quelques marches pour en-
» trer dans l ’eau ; car c’etoit proprement un bain.
» Depuis on fe contenta d’une grande cuve de mar-
» bre ou de porphyre comme une baignoire, & en-
» fin on fe réduilit à un bafîin, comme font aujour-
» d’hui les fonts. Le baptijlere étoit orné de peintures
» convenables à ce facrement, & meublé de plufieurs
» vafes d’or 8c d’argent pour garder les faintes huiles
» Scjpour verfer l’eau. Ceux-ci étoient fouvent en
» forme d’agneaux ou de cerfs, pour repréfenter l’a-
» gneau dont le fang nous la v e, 8c pour marquer le
» defir des âmes qui cherchent Dieu, comme un cerf
» altéré cherche une fontaine , fuivant l’expreflion
» du pfeaume 41. On y voyoit l’image de faint Jean-
» Baptifte & une colombe d’or ou d’argent fufpen-
» due , pour mieux repréfenter toute l’hiftoire du
» baptême de Jefus-Chrift, 8c la vertu du S. Efprit
»qui defeend fur l’eau baptifmale. Quelques-uns
» même difoient le Jourdain , pour dire les Jonts ».
Moeurs des Chrétiens, tit. xxxvj. Ce qu’ajoûte Durand
, que les riches ornemens dont l’empereur Conf-
tantin avoit décoré le baptijlere de l’églife de Rome
étoient comme un mémorial de la grâce qu’il avoit
reçue par les mains du pape faint Sylveftre, eft vifi-
blement faux , puifqu’il eft aujourd’hui démontré
que ce prince fut baptifé à Nicomédie peu de tems
avant fa mort.
Il n’y eut d’abord des baptijleres que dans les villes
feules épifcopales ; d’où vient qu’encore aujourd’hui
le rit Ambroifien ne permet point qu’on faffe la béné-
diftion des fonts baptifmaux les veilles de pâque & de
pentecôte, ailleurs que dans l’églife métropolitaine,
d’oïi les églifes paroiffiales prennent l’eau qui a été
benite pour la mêler avec d’autre, depuis qu’on leur
a permis d’avoir des baptijleres ou fonts particuliers.
Dans l’églife de Meaux les curés de la ville viennent
baptifer les enfans depuis le famedi faint jufqu’au fa-
medi fuivant fur les fonts de l’églife cathédrale. C ’eft
un droit attaché à chaque paroiffe en titre & à quelques
fuccurfales ; mais non pas à toutes celles-ci, non
plus qu’aux chapelles 8c aux monafteres, qui, s’ils
en ont, ne les poffedent que par privilège 8c par con-
ceffion des évêques.
On confond aujourd’hui le baptijlere avec les fonts
baptifmaux. Anciennement on diftinguoit exa&e-
ment ces deux ehofes, comme le tout & la partie.
Par baptijlere, on entendoit tout l’édifice où l’on ad-
miniftroit le baptême ; 8c les fonts n’étoient autre
chofe que la fontaine ou le réfervoir qui contenoit
les eaux dont onfe fervoit pour le baptême. Voye{ Fonts. ( G)
* BAQUIER, f- m. (Commerce.') c’eft ainfi qu’on
appelle à Smyrne du coton de baffe qualité, dont la
valeur n’eft pa6 confidérable, 8c qui ne s’y fabrique
pas en grande quantité.
BAR, en terme de Bâtiment, eft une efpece de civière
avec laquelle des hommes portent des pierres
ordinairement de peu de groffeur.
B A R
Les ouvriers qui portent le bar fe nomment bar-
deurs. Voye{ Bardeur.
L ’a ftion de mettre la pierre fur le bar fe nomme
barder. Voye{ Barder (P )
* L e bar eft compofé de deux longues pièces de
bois équarries 8c affemblées parallèlement par quatre
ou fix traverfes de deux piés de long ou environ.
C e s traverfes n’occupent que le milieu des pièces
équarries, où elles forment un fond ou une grille fur
laquelle on pofe les fardeaux ; le refte des pièces
équarries qui demeure ifolé v a en diminuant, eft arrondi
, fe termine par une tête formant une coche ou
un arrêt en-d e ffous, 8c fert de manche ou bras des
deux côtés de la grille ou du fond. L ’arrêt de la coche
retient les bretelles des bardeurs, 8c les empêche de
s’échapper des bras. Quand les poids font lourds ,
deux ou quatre maneuvres fe mettent aux bras , &
deux autres paffent encore un levier fous la grille :
ces derniers s’appellent arbalétriers.
Pour garantir les arrêtes 8c autres formes délicates
des pierres taillées ou fculptées , de l ’impreffion des
trav erfes , on couvre la grille de nattes. Ces nattes
s’appellent torches.
* Bar , ( Géog. ) v ille de Pologne, dans la Podo-
l i e , fur la riviere de K ow . Long. 46". lat. 4g. i5.
* * Bar , ( duché de) Géog. contrée de France fituée
des deux côtés de la Meufe , entre la Lorraine & la
Champagne.
* Bar - le - duc , ( Géog.) capitale du duché de
Bar ; il y a haute 8c baffe v ille : c e lle - c i eft fur la
petite riviere d’O rn e y. Long. 23. l'at. 48.3 5.
* Bar- sur-Aube , {Géog.) v ille de France enP
Champagne , capitale du Vallage. Longit. 22. 20.
lat. 48. 14.
* Bar-sur-Seine , {Géog.) ville de France , au
duché de Bourgogne. Long. 22. lat. 48. S.
* BAR AB A , {Géog.) grand lac d’A f ie , au royaume
de Sibérie, rempli d’un lèl fo lide , que les M ofcovites
coupent comme de la glace.
* BARABINSI ou B AR A B IN SK O I, fubft. m. pl.
(Géog.) peuple de la Tartarie , dans la partie méridionale
de la Sibérie, tributaires de la Mofcovie.
* B A R A C A Q U E , f. m. {Hijl. mod.) nom de fe&e
8c de religieux Japonois , dont la priere 8c la méditation
eft l ’occupation continuelle.
* BARACH , {Géog. fainte.) ville de la Paleftine,
dans la tribu de Dan.
* B A R A C I , ( Géog. ) v ille de l’île de Sardaigne ,
dont il ne refte que des ruines qu’on v o it proche de
Saffari.
* B A R A C O A , ( Géog. ) ville de l’Amérique, dans
l ’île de C u b a , av e c un p o r t , fur la côte feptentrio-
nale de l’île.
* B A R A D , ( Géog. fainte. ) ville de la Paleftine ,
dans la tribu de Juda, proche la fontaine d’Agar.
* BAR AD A S , f. m., c’e ft, en terme de Fleurijle, un
oeillet rouge-brun, à fleur la rg e , g roffe, feuillue, 8c
en dôme ; ni blanc, ni carné ; à panaches gros 8c non
détachés. Onne luila iffe que quatre à cinq boutons.
* BARAICUS ou BURAICUS, {Myth.) furnom
-qu’Hercule prit d’une v ille d’A ch aie , célébré par l’oracle
de ce héros : la maniéré dont fe rendoit cet orac
le , étoit finguliere. Après qu’on avoit fait fa priere
dans le temple, on prenoit quatre dez ; on les jettoit
au hafard ; les faces de ces dez étoient empreintes de
figures hiéroglyfiques ; on remarquoit bien les figures
amenées ; 8c l’on alloit enfuite en chercher l’interprétation
fur un tableau où elles étoient expliquées.
Cette interprétation paffoit pour la réponfe
du dieu. Voye{ l'article DÉ , en combien de façons
quatre dez à fix faces peuvent être combinés : vous
trouverez 1196. L ’oracle auroit dû avoir autant de
reponfes ; mais il en avoit bien moins, 8c il étoit facile
que la queftion de celui qui s’adreffoit à l’ora cle,
Tome II,
B A R 6 7
fut de celles dont la réponfe n’étoir pas dans les dez :
mais il fàlloit compter jufqu’â 1296, pour fentir l’impertinence
de l’oracle , 8c le peuple ne fait pas compter
fi loin, 8c quand il le fauroit, il s’en feroit un
fcrupule.
* BARALIPTON, ( Log. ) nom par lequel on de-
figne le premier mode indire£t d’argument de la première
figure. Le fyllogifme en baralipton, a les deux
premières propofitions univerfelles. affirmatives, 8c
la troifieme particulière affirmative. Voye^ Syllogisme.
BARALLOTS, fub. m. plur. {Tliéol.) nom qu’on
donna à certains hérétiques qui parurent à Bologne
en Italie, & qui mettoient tous leurs biens en commun
, même les femmes 8c les enfans. Leur extrême
facilité à fe livrer aux plus honteux excès de la dér
bauche, leur fit encore donner, félon Ferdinand de
Cordoue, dans fon traité de Exiguis annonis, le nom
d’obéiffans, obedientes. {G ) \
BARAMPOUR. Voyeç BrÀmpour.
* BARANCA DE MELAMBO, ( l a ) Géog. ville
de l’Amérique, dans la province de Sainte-Marthe,
en terre ferme, fur la riviere de la Magdeleine. Long.
3oG. lat. //.
* BARANGE , f. f. c’eft ainfi qu’on appelle dans
les Salines, un mur d’environ trois piés de hauteur ,
placé en-dedans du fourneau, entre les murs fur lesquels
la poelle eft pofée : il fert à la féparation des
bois 8c des braifes.
BARANGES, fub. m. pl. {Hijl. anc.) officiers qui
gardoient les clefs des portes de la ville où demeu-
roit l’empereur de Conftantinople. On prétend que
ce mot eft originairement Anglois,, parce que ces
gardes des clefs étoient pour l’ordinaire tirés des îles
Britanniques. {G )
* BARANGUELIS, ( le) Géog. anc. & mod. grand
étang d’Egypte , que les Latins nomment fagnum
magnum, Tenefoe jînus, Sorbonispalus , fur les frontières
de la Terre-fainte, vers la côte de la Méditerranée
; on l’appelle le golfe de Teneje, le Grand étangs
ou Stagnone. 11 avoit autrefois cent vingt mille pas ;
il eft aujourd’hui beaucoup moindre, 8c l’on conjecture
qu’il fe remplira.
* B A R AN C I A , ( l a ) Géog. grande riviere de
l’Amérique feptentrionale, qui a fa fource au Mexique
, traverfe le Méchoacan, le Gadalajara , la province
de Xalifco , 8c fe jette dans la mer Pacifique
à l’entrée de la mer Vermeille. Sanfon l’appelle Ef-
quitlan.
* BARANI"WAR, ( Géog. ) petite ville de la baffe
Hongrie , au comté de même nom , entre Bude 8c
Belgrade , fur le ruiffeau de Craffo. Long. 36. 20.
lat. 46".
* BARANOVA, {Géog.) petite ville de Pologne
dans la haute W alhinie, fur la riviere de Slucks.
BARAQUE, f. f. ( Architecture. ) lieu conftruit de
charpente, revêtue de planches de bateau, 8c couverte
de doffes, 8c pratiquée près d’un grand attelier,
ou dans un grand chantier, pour fervir aux ouvriers
de magafin pendant l’hyver, 8e de retraite pendant
« t e . e n
Baraque , f. f. {en Art. milité) eft une hute ou petite
loge pour des foldats dans un camp. Voye^Hute.
. Ce mot vient de barracas en Efpagnol, petite Rabane
que les pêcheurs font fur le bord de la mer.
Celles pour la cavalerie étoient autrefois appel-'
lées, baraques j & celles pour l’infanterie, hutes: mais
le terme baraque eft à préfent ufité indifféremment
pour les deux.
Pour faire les baraques , on fiche quatre perches
fourchues en terre , 8c on en met quatre autres en
travers,; enfuite on éleve les murailles avec des montes
de terre, des claies, ou tout ce que le lieu fournit
de propre pour cela ; le deffus eft couvert de chaume