calciné & réduit en ce qu’on appelle ccrufe ou blanc
de plomb ; on le divife en monceaux , & on le fait
fécher au foleil.
On fe fert du blanc de plomb dans la peinture à
l ’huile & dans la peinture en détrempe. La couleur
qu’il donne eft belle, mais il eft un peu dangereux
pour ceux qui le broyent & pour ceux qui l’em-
ployent, parce qu’il peut être mis au rang des poi-
fons : il leur occafionne une maladie appellée colique
de plomb. Voyeç COULEUR.
Le blanc de,plomb eft aufli un cofmétique : les femmes
s’en fervent pour fe blanchir la peau; on en fait
le fard. Les revendeufes à la toilette font ce blanc de
plomb en mettant du vinaigre & de l’orge perlé le plus
beau, dans un vaiffeau qui ait un couvercle de plomb.
Elles placent le tout dans cet état dans un lieu chaud :
la vapeur du vinaigre calcine le plomb , & fait un
blanc que ces femmes détachent pour leur commerce
: elles prétendent que l’orge qu’elles joignent au
vinaigre, empêche que le blanc de plomb n’ait de mauvais
effets. Celles qui n’ont pas le moyen d’avoir
cette efpece d’orge perlé, qui eft la plus chere , y
fubftituent le riz. (M )
La cérufe ne doit être autre chofe que le blanc de
plomb broyé, li elle eft bien pure : mais elle peut être
mélangée avec une partie de blanc de Roiien ou de
craie, fans qu’on puiffe s’en appercevoir facilement,
li ce n’eft par la fuite ; car après qu’elle a été employée
à l’huile, elle noircit. On peut abfolument re-
connoître li elle eft mélangée , parce que fi l’huile
avec laquelle on l’a broyée n’eft pas vieille, & que
le blanc foit gras, cela vient de la craie:. C ’eft pourquoi
ceux qui veulent avoir de beau blanc de plomb
pour la peinture à l’huile , doivent toûjours le faire
broyer quand il eft en écaille.
B l a n c o u M a g i s t è r e d e B i s m u t h , (Chimie.)
Voici, fuivant M. Pott, la meilleure façon de le faire :
on prend une partie de régule de bifmuth pulvérifé,
on verfe par-deffus bien doucement & à plulieurs
reprifes deux parties d’efprit de nitre bien pur & bien
dégagé de l’acide vitriolique , pour que le magijlere
foit bien blanc ; car fans, cela il prendroit une couleur
grife ; on prend garde qu’il n’arrive; point d’ef-
fervefcence. Peu de tems après la folution, il fe formera
des cryftaux blancs ; ou fi on ne veut pas attendre
la formation de ces cryftaux, on n’aura qu’à précipiter
la folution avec huit parties d’eau claire toute
pure ; on fait par-là tomber une chaux blanche ,
qu’on lave dans plufieurs eaux pour l’édulcorer ;
on la fait fécher enfuite à l’ombre : car li on le faifoit
au foleil ou au feu , la chaux perdroit de fa blancheur.
Si on m,et cette chaux calciner, elle devient
blanche & brillante comme du talc folié ; c’eft ce
qu’on appelle blanc de bifmuth , blanc d'Æ.fpagne •, ou
blanc de perles. Cette chaux eft regardée comme un
grand cofmétique ; on s’en fert comme d’un fard pour
cacher les difformités du vifage,& on prétend qu’elle
blanchit le teint. Lorfqu’on veut employer cette chaux pour des
ufages de medecine, on la met en diftillatipn avec
de l’eau-forte affoiblie par moitié ou plus d’eau commune
, ou bien l’on en fait plulieurs cohobations
avec l’efprit-de-vin. Cela produit, fuivant quelques-
uns, un bon remede pour les maladies inflammatoires
; mais il vaut mieux de s’en défier à caufe de ,1’ar-
fénic qui eft toûjours attaché au bifmuth , & qui ne
peut guere. produire de bons effets dans le corps
humain. Lorfqu’on applique extérieurement cette
chaux, on trouve qu’elle eft deflicative , aftringen-
te , & propre à nettoyer les ulcérés ; on en vante auftî
beaucoup l’ufage pour les maladies delà peau,; comme
gale, rougeurs, dartres & boutons, après avoir
préalablement préparé le corps par des purgations.
Qu la mêlé pour cet effet avec des pQirunadeSjOu du
beurre de cacao , ou de l’eau-rofe ; mais ce remede
ne laiffe pas d’endommager la peau à la longue, c’eft
pourquoi il vaut mieux en bannir entièrement l’ufa-
ge meme extérieur.
Les fleurs de bifmuth fe tirent, fuivant M. Lemery,
en réduifant le bifmuth en poudre, & y mêlant partie
égale de fel ammoniac : on met ces deux matières
fur le feu, & il fe fait une fublimation ; on prend ce
qui a été fublimé, on le diffoutdans de l’eau, on précipite
la folution avec de l’efprit de fel ammoniac ,
ou de l’huile de tartre ; il tombe au fond une poudre
blanche qu’on appelle fleur ou fucre de bifmuth ; on
s’en fert pour les mêmes ufages que le magijlere précédent.
( —)
B l a n c d e s C a r m e s ; ce blanc n’eft autre chofe
que de la chaux de Senlis fort blanche & pafiee dans
un tamis très-fin. Quand elle eft claire comme du lait,
on en donne cinq ou fix couches : mais il faut que
chacune de ces couches foit bien feche avant que
d’en appliquer une nouvelle ; il faut aufli les bien
froter avec la broffe ; après cela on frote l’ouvrage
avec une broffe de poil de fanglier, ou avec la paume
de la main ; c’eft ce qui lui donne ce luifant qui
en fait tout le prix.
On fait dans les Indes un blanc plus pur encore &
plus luifant avec de la chaux vive mêlée avec du
fait & du fucre, dont on enduit les murailles que l’on
polit avec une pierre d’agate. Cet enduit les rend
d’un poli qui imite la glace, & dont le plus beau blanc
des Carmes n’approche pas.
B l a n c , {che[ les Batteurs for?) ce n’eft autre chofe
que de l’argent dont ils allient quelquefois l’or
malgré l’infidélité qu’il y a & le danger de ne pouvoir
plus le travailler & le mettre en feuilles. Voyez
B a t t e u r d ’o r .
B l a n c , ( en terme de Doreur fur bois.') fe fait avec
du plâtre bien battu qu’on faffe à un tamis très-fin ,
& qu’on affine à force de le noyer dans de l’eâu. On
en forme enfuite des pains qu’on laiffe fécher ; on le
délaye avec de l’eàu pour s’en fervir, & on l’applique
à plulieurs couches fur les ouvrages deftinés à
etre dorés , afin de remplir les traits des outils, &
rendre la dorure égale & unie. Voye{ B l a n c h i r . •
B l a n c , donner le blanc , (che^ les Fayenclers.) c’eft
couvrir le bifcuit. de l’émail de la fayencé. Voyez
F a y e n ç e .
B l a n c , {che^ les Fondeurs en lettres d'Imprimerie.)
les blancs font partie du moule à fondre les carafteres
d’imprimerie, & en font les deux principales pièces ;
elles forment le corps du caraûere : par exemple, fi
c’eft un moule pour fondre du cicero , les blancs font
jufte de l’épaiffeur du corps de cicero. Voyez C o r p s '.
Ces blancs font égaux entre eux & arrêtés fur la longue
pièce d’un bout par une v is , & de l’autre par
une piece qu’on nomme potence, qui tra verfe Ce blanc,
la longue piece & la platine par un trou quarté, pratiqué
égal dans ces trois'pièces, dont cette potence
remplit les vuides , & eft fortement arrêtée par-def-
fous la platine avec une vis & un écrou qui les unit
enfemble ; toutes ces parties font dé fer. Voyè^L o n g
u e . P.i e c e , P l a t i n e .
Blanc a encore une autre acception, chez les mê-
mesouyriers : on dit des lettres en fonte qu’elles ont
{blanc deffus, deffous, ou deffus & deffous : une m ,
.par exemple a blanc deffus & deffous, & le'.corps de
cette lettre doit être coupé de ces deux côtes ; un A
n’a blanc que deffous, ^ parce que le trait s’éleive aii-
. deffus de ceux de Vm/on ne le coupe par conféquent
que deffous : le q dont le trait occupe la part je inférieure
du corps a blanc deffus, & fe çôupe de cé côté.
Ainfi des autres lettres, dont les traits occupent les
parties fupérieures ou inférieures- du corps ; les places
vuides s’appellent blapçs 3 & fe coupent pour laitfer
l ’oeil ifolé, & que tien ne nuife à Bimpreftïort.'
Voy ez C o u p e r .
On appelle encore blanc, des reglettes minces de
fonte ou de bois, que l’on met à l’Imprimerie entre
chaque ligne de caraûere, pour les éloigner un peu
les unes des autres , & Iaiffer par-là plus de blanc
entre elles ; cé qui fe fait ordinairement pour la
Poéfie.
On dit une fohttportant fon blanc, lorfqu’un ca-
rafrere eft fondu fur un corps plus fort qu’il n’a coû-
tume d’être ; comme lorfqu’on fond le caraftere de
petit-rbmain fur le corps de cicero. Cet oeil de petit-
romain qui fe trouve par-là fur un corps plus fort
qu’il n’a coutume d’être, laiffe entre les lignes plus
de blanc que s’il étoit fondu fur fon corps naturel;
cela évite d’ajoûter des chofes étrangères pour écarter
les lignes, & eft beaucoup plus propre & plus
sûr. Voyei C o r p s .
B l a n c , cheç les Facteurs d'orgue, eft une compofi-
tion dont ils fe fervent pour blanchir les parties qu’ils
veulent fouder ; c’eft un mélange de colle, d’eau & de
blanc d’Efpagne. Pouf faire le blanc propre à blanchir
les foudures, on met de l’eau dans une terrine, .
dans laquelle on jette du blanc d’Efpagne réduit en
poudre. Voyez l'article B l a n c . On met enfuite la
terrine fur le feu, qui ne doit point échauffer la compofition
jufqu’à la faire bouillir, ce qui la rendroit
inutile. On verfe enfuite dedans un peu de colle fondue
, que l’on mêle bien avec la compofition , qui
fe trouve ainfi achevée. Pour en faire l ’effai, on en
met un peu fur une bande d’étain poli ; fi le blanc s’écaille
, c’eft une marque qu’il eft trop collé ; s’il s’efface,
on connoît qu’il n’a pas affez de colle. Il vaut
mieux mettre de la colle petit-à-petit, que d’en mettre
trop, parce qu’il faudroit remettre de l’eau & du
blanc, & faire réchauffer le mélange, que l ’on connoît
être bon , lorfqu’en tortillant le morceau d’étain
fur lequel on fait l’effai, il ne s’écaille ni ne s’efface
point.
Autrement, prenez du blanc d'Efpagne réduit en
poudre dans une terrine de terre verniffée ; verfez
deffus du vinaigre en quantité fuffifante pour détremper
le blanc, vous aurez une compofition qui n’a point
befoin d’épreuve. Pour employer ce blanc, qui ne s’écaille
ni ne s’efface jamais, il faut en prendre avec
un pinceau, & paffer ce pinceau fur les vives ou arêtes
des pièces que l ’on veut fouder, enforte qu’elles
en foient couvertes. On met une fécondé couche fur
l’étain, après que la première eft féchée ; enfuite on
grate, avec la pointe à grater, le blanc & même la
furface des pièces à fouder, dans tout l’efpace que
l’on veut que la foudure occupe. Après que les pièces
font foudées, on fait chauffer de l’eau dans un
chauderon, dans laquelle on trempe un linge, avec
lequel on lave la foudure & le blanc , que l’on ôte
par ce moyen. Lorfque ce font des tuyaux d’étain
que l’on foude, il faut qu’ils foient blanchis en-dedans
pour empêcher la foudure d’y entrer. Lorfqu’on
veut ôter le blanc qui eft dedans les tuyaux où l’on ne
peut pas fourrer la main, on attache au bout d’une
baguette un linge, avec lequel on emporte le blanc
que l’on veut ôter.
B l a n c ,« « termes de Pratique, fe dit en quelques
phrafes pour l’endroit d’un aéle qui eft refté non-
écrit. C’eft en ce fens qù’on dit qu’on a laiffé deux,
trois ou quatre lignes de blanc, qu’on a laiffé un nom
eu blanc. {H)
B l a n c , f. f. {Commerce.) petite monnoie de cuivre
qui avoit autrefois cours en France, de la valeur
de cinq deniers. Selon le prix réel du marc d’argent
le billon dont on fabriquoit les blancs avoit plus ou
moins de titre. Leblanc n’a pas de cours dans le com-
merce ; il n y a plus que le bas peuple qui fe fert de
denwrs11011^ ^ ^ w,Pour marquer le prix de trente
B l a n c ,' {Jardinage.) maladie qui furvient aux
concombres; on la remarque aufli dans l’oeillet. Ce
n eft autre chofe qu’une altération dans les fibres de
leurs fannes ou de leurs bras, qui n’étant plus en
état de recevoir le fuc qui les nourrit, les fait périr
ians qu on puiffe y remédier. C’eft une efpece de
rouille blanche, telle qu’on en voit fur les laitues,
les chicorées, les melons, & les blés. Cette maladie
vient d’une trop grande féchereffe, d’une mauvaife
expohtion, d un arrofement fait mal - à - propos de
brouillards, & des nuits froides ; une grande attention
peut en garantir ces plantes. {K)
* B l a n c - b o i s , ([Econome mfiiq.) on comprend
ÏOuste nom tous les arbres qui ont non-feulement lë
bois blanc .mais encore leger & peu folide ; tels font
le faule, le bouleau, le tremble, l’aune. Mais le châ-
taigncr, le tilleul, le frêne, le fapin, &c. font bois-
y O S non blancs-bois, parce que, quoique blanchâtres,
ils font fermes & propres aux grands ouvra,
ges. Les blancs-bois viennent vite, même en des ter,
rfems mauvais; mais ils n’bnt point de confiftance
ne font bons qu’à de petits ouvrages, & ne peuvent
entrer qtie pour un tiers àu plus dans les bois à brider.
5 * IjLANC-EN'-p,OURP.E, (E c o n o m i e r u ß iq . 'i e fp e c e
d’enduit fort en ufage à la campagne ; il eït fait de
terre, &rèé©ttvertde chaux mêléé de bourre. On
' applique aux murs des granges, des bergeries' &é
* B l a n c - é t o g o u B l a m c - ê t r e , ( E c o n .m f i q i
Couper une forêt à b la n c - é to c oit b la n c être , c’eft l’abattre
fans y laifter ni baliveaux ni autres arbres retenus
, ce qui eft défendu fous peine de trois cents livres
d’amende, à moins qu’onm’ait fait déclaration
des baliveaux qu’on veut couper, au greffe de la maî-
trife des eaux & forêts, dont les bois font reffortif.
gins, afin que les officiers puiffent reconnoître avant
la coupe, l’agc & la qualité des baliveaux qu’on veut
abattre. Cette lot s’étend aux taillis comme aux fu-
taies.
B l a n c -m a n g e r , (Phàrùütcie.) efpece de gelée ’’
dont Füller donne la préparation fuivante. Prenel
quatre pintes de lait, les blancs d’un chapon bouilli
amandes douces blanchies, deux onces - battez lé
tout enfemble, & faites-en une forte expreflion -
faites bouillir l’extrait fur le feu , avec trois onces dé
farine de riz ; lorfque le tout commencé^ à: fe coa '
- g“ Ier, ajoutez fucre blanc, huit onces, eau de rofes
rouges, dix cuillerées : mêlez bien le tout enfemble
Çette compofition eft falutaire dans les cOnfonm-
nqns, dans les gonorrhées, & dans d’autres maladies
OU I on doit fe propofer de corriger les humeurs &
d en temperer 1 acrimonie. (A7)
Blancs-MaNt e a o x , f. m. pl. {Hiß. ccckfjfc’ed
le nom qu’on donna aux religieux de l’ordre dés Servîtes
bu Serviteurs de la fainte Vierge mere de Jefus-
Chrift, à caufe qu’ils avoient des habits & des manteaux
blanté. Cet Ordre avoit été inftitué -à Marfeil-
l e , & fut confirmé par le pape Alexandre IV l ’an
1157; & comme ils Rétablirent à Paris dans là rue
de la vieille Parcheminerie, cette rue & le monaf-
tere ont depuis retenu le nom àè: Btancs-manuaux
quoique ce monaftere ait été donné, dès l’an izo8 ’
aux religieux Guillelmites qui avoient des manteaux
noirs, & que les religieux Bénédiflins de Cluni, qui
font habillés de noir, y foient entrés en 16 iS , par la
ceffion que leur en firent les Guillelmites de France
non fans oppofition de la part de leur général. Les
Bénédifrins de Cluni l’ontTtncore cédé depuis aux
Bénédifrins de la congrégation tic fiiint Maur, qui en
font préfentement en pofieffion. Du Brcuil, antiauit
ic Paris. {G) '
* Cette maifon eft aujourd’hui remplie de religieux
très-favans & d’un grand mérite, auteurs d’ouvrages
fort eftimables & fort utiles ; comme l’art de
vérifier Us dates, qui a été fi bien reçu du public • la