piece : elles ont la même épaiffeur que celle du corps
que l’on veut fondre dans le moule.
Le blanc appliqué fur la longue piece , comme
On voitfig. 20. eft percé d’un trou quarré femblable
à celui que l ’on voit fig. y. Ce trou quarré reçoit le
tenon quarré x de la potence ,fig. c> 6* /o. Le tenon
traverfe le blanc, la longue piece, 8c la platine, 8c
fixe toutes ces pièces enfemble.
Le nez D de la potence fe jette du côté de l’extrémité
la plus prochaine de la longue piece. Son
extrémité m faite en v is , reçoit un écrou qui le contient.
On voit cet écrou en d , fig. z i.
Ces écrous qui font à pans fe tournent avec là cle
Ou le toürne-écrou de la fig. zG.
Le blanc peut encore être fixé fur la platine par
une vis à tête perdue, qui traverferoit la platine ; la
longue piece entrerait dans l’épaiffcur du blanc, &
s’y arrêterait : mais cela n’eft plus d’ufage.
Au-deffus des longues pièces 8c des blancs , on
place les jets A,fig. 5 & G. comme on les voit fig.
zo . Ces jets font des moitiés d’entonnoirs pyramidaux,
dont les faces extérieures font perpendiculaires
les unes aux autres. Celles de ces faces qui s’appliquent
fur la platine, fur le blanc, 8c fur la longue
piece, doivent s’y appliquer exactement. Quand les
deux moitiés du moule font réunies , il eft évident
que les jets forment une trémie, dont la plus petite
ouverture eft en en-bas. Leurs faces inclinées^ 3fig.
zo . doivent un peu excéder les faces de la longue
piece &du blanc, afin de former un étranglement au
métal fondu qu’on verferadans le moule, & afin de
déterminer en même tems le lieu de la rupture du fu-
perflu de matière qu’on y verfera, 8c faciliter cette
rupture. Voye[ lesfig. z 3$ & z o , où cette faillie des
faces inclinées des jets eft fenfiblement marquée.
Chaque jet porte une vis, qu’on voit fig. G. par le
moyen de laquelle & d’un écrou, on fixe cette piece
fur la platine, comme on le voit en a ,fig. z /. La partie
de cette vis ou tenon viffé qui répond à l’épaiffeur
de la platine, eft quarrée , & entre dans un trou de
même figure ; ce qui empêche le jet de vaciller: inconvénient
qui eft encore prévenu par l’application
éxafte de l’une de ces faces contre la platine, & de
l’autre contre la longue piece 8c le blanc.
. Au-deffous du trou quarré d de la longue piece eft
une vis/fixée en queue d’aronde dans cette longue
piece.Cette vis au moyen d’un écrou F,fig. zo , af-
fujettit la piece E , fig. icf, qu’on appelle regijlre. La
partie de la vis ou du tenon vifle ƒ qui fe loge dans
l’épaiffeur du regiftre, eft quarrée 8c entre dans une
mortoife plus longue que large ; ce qui donne la commodité
d’avancer ou de reculer le regiftre à difcré-
tion, 8c de laiffer entre fon extrémité E ,fig. zo. 8c
l’extrémité ou l’angle failiant du blanc, tant & fi peu
de diftance que l’on voudra. L’écrou F fert à l’affermir
dans la fituation convenable.
Chaque platine porte à fa partie poftérieure une
vis G , qu’on voit fig. z i. elle traverfe une petite
planche appellée bois, qui a la forme 8c la grandeur
de la platine, au derrière de laquelle on la fixe par le
moyen d’un écrou ; & pour que la platine 8c le bois
s’appliquent plus exactement l’une contre l’autre, on
a pratiqué au bois des cavités propres à recevoir les
v is , écrous, & autres parties faillantes qu’on voit à
la partie poftérieure de la platine ffig. z i.
Les deux moitiés femblables du moule conftruites
comme nous venons de l’expliquer, & comme on les
v o i t fig. z - & 3 , s’ajuftent exactement, 8c forment
un tout qu’on voit/g.-/ . La potence de l’une entre
dans l’entaille fourchue de la longue piece de l’autre
; & comme les entailles ont la même direction que
les potences, elles fe fervent réciproquement de cou-
liffes ; & il eft évident qu’ainfi les blancs pourront
s’approcher ou s’éloigner l’un de l’autre, en faifant
mouvoir les deux moitiés du moule l’une fitr l’autre.
On voit avec la même évidence que le vuide formé
par les jets aura la forme d’une pyramide tronquée
; 8c que celui qui eft entre les longues pièces 8c
les blancs, aura la forme d’un prifme quadrangulai-
re d’environ dix lignes de hauteur, d’une épaiffeur
confiante ; celle des blancs eft d’une largeur à difcré-
tion, cette largeur augmentant ou diminuant félon
qu’on tient les blancs plus ou moins près l’un de l’autre
: ce qui s’exécute par le moyen des regiftres qu’on
avance ou qu’on recule à difcrétion , comme nous
avons dit. Le vuide du jet 8c celui du prifme communiquent
enfemble, & ne font proprement qu’une même
capacité.
Voilà bien des pièces affemblées : cependant le
moulé n’eft pas encore formé ; il y manque la piece
principale, celle pour laquelle toutes les autres ont
été inventées 8c difpofées, la matrice. La matrice fe
place entre les deux regiftres en M , comme on la
voit fig. z . elle appuie d’un bout contre la platine
de l’autre moitié, 8c elle eft liée par fon autre extrémité
à l’attache. L’attache eft une petite piece de
peau de mouton qu’on colle au bois d’une des parties
du moule. L ’attache paffe entre le jimblet & le bois.
On appelle jimblet une petite fiche de fer plantée
dans le bois de la piece de deffus, & qui retenant
l’attache, empêche la matrice de fortir de place.
La matrice ainfi placée entre les regiftres, eft tenue
appliquée aux longues pièces 8c aux blancs par
le reffort D C E 3fig. i . qu’on appelle Y arc ou archet:
l’extrémité E de ce reffort entre dans l’entaille C de
la matrice 9fig. iz & là. 8c fait effort pour preffer
la matrice contre la platine oppofée, 8c fur le heurtoir
ou la piece qu’on voit fig. z z . cette piece eft
adoffée à celle qu’on voit en m 3 fig. z i. rivée à la
partie poftérieure de la platine ; elle fert à monter
ou defcendre à difcrétion la matrice vers l’ouverture
intérieure du moule, & à mettre la lettre dans la
place qu’elle doit avoir fur le corps : pour cet effet
on la prend plus ou moins épaiffe.
Pour empêcher la matrice de tomber, 8c de for-
tir d’entre les regiftres , on met entre la platine &
le bois qui porte l’attache, un petit crochet qu’on
voit fig. z j . ce crochet s’appelle jobet. L’anneau du
jobet s’enfile fur la tige G de la platine , fig. z i 8c
fon crochet defcend au-deffous de la matrice, 8c la
foutient, comme on l’apperçoit en x 3fig. z . én laifi*
fant toutefois la place de la matrice qu’il embraffe.
Outre les parties dont nous venons de parler, on
peut remarquer à chaque moitié du moule ,fig. i , z 9
3 y un crochet a b9 dont nous expliquerons l’ufage
plus bas.
Il eft à propos, avant que de fermer le moule ,
d’obferver à la partie fupérieure de la longue piece
repréfentée fig. iy 3 un demi - cylindre ab3 placé à
deux lignes au-deffous ou environ de fon arrête fupérieure
: ce demi-cylindre qu’on appelle cran , eft
une piece de rapport qui traverfe la longue piece ,
8c dont la partie Taillante eft arrondie : mais comme
cette partie Taillante empêcheroit le blanc de l’autre
moitié de s’appliquer exactement à la longue piece
qui la porte, on a pratiqué à cette moitié un canal
concave dans le blanc. Ce canal hémi-cylindrique
reçoit le demi-cylindre. On voit ce canal en b a 3fig.
i 5.V
oilà tout ce qui concerne la ftruCture du moule ,
qui eft une des machines les plus ingénieufes qu’on
pouvoit imaginer, ainfi qu’on achèvera de s’en convaincre
par ce que nous allons dire de la fonte.
Le moule eft compofé de douze pièces principales,
dont nous avons fait mention. Toutes ces pièces
de fer ont été bien limées, 8c font bien jointes (
elles forment avec les autres un tout, qui a depuis
deux pouces de long jufqu’à quatre, fuivant la grofi
feur du caractère, fur deux pouces environ de large,
contenant fur fon plan horifontal au moins quarante
pièces de morceaux diftinCts. Les deux portions presque
femblables dans lesquelles il fe divife s’appellent
l’une pUce de dejfus , l’autre piece de defious :
c’eft celle qui porte l’archet qu’on appelle piece de
dejfous. H , . , ,
La première operation qu On ait a taire quand on
a conltruit & difpofé le moule , eft de préparer la
matière dont les caractères doivent être fondus. Pour
cet effet, prenez du plomb & du régule d’antimoi-
jie, fondez-les féparément ; mêlez-les enfuite , mettant
quatre cinquièmes de plomb & un cinquième de
régule » 8c ce mélange vous donnera un compofé propre
pour la fonte des caractères.
Ou , prenez de l’antimoine crud , prenez égale
quantité de potin ; mettez le tout enfemble avec du
plomb fondu, 8c vous aurez une autre compofitiom
La précédente eft préférable à celle-ci, qu’ilfem-
ble qu’on a abandonnée en France depuis une vingtaine
d’années, parce qu’on a trouvé que le potin 8t
l ’antimoine faifoient beaucoup de feories, rendoient
la matière pâteufe, & exigeoient beaucoup plus de
feu. ■ ■
Au refte nous pouvons affuref en général que la
jnatiere dont on fond les caractères d'imprimerie eft un
mélange de plomb & de régule d’antimoine , oîi le
dernier de ces ingrédiens corrige la molleffe de
l ’autre.
Cette fonte fe fait dans un fourneau, tel que celui
qui occupe le milieu de la vignette , Planche I. de
Fonder, il eft divifé en deux parties, l’une & l’autre
de brique. Celle qui répond à la fig. 4. eft un fourneau
fur lequel on a établi une chaudière de fonte,
dans laquelle le plomb eft en fufion : cette chaudière
eft chauffée avec du bois , comme on voit ; la
fumée s’échappe par une ouverture qu’on peut diftin-
guer fur le fond, & fuit la cheminée qui eft commune
aux deux fourneaux.
Le fécond fourneau qui correfpond à la figure 3.
même vignette, eft un fourneau proprement dit : à fa partie fupérieure eft l’ouverture du fourneau ;
l’inférieur eft un cendrier ; elles font féparées par
une grille horifontale : cette grille foutient un creu- '
fet qui contient le régule d’antimoine, 8c les charbons
allumés qui fervent à le mettre en fufion. Le feu
eft excité par le courant d’air qui fe porte à la grille.
On recommande aux ouvriers occupés à ce fourneau
de l’operation qu’ils y ont à faire , de fe garantir
avec foin de la vapeur du régule , qu’on regarde
comme un poifon dangereux : mais c’eft un préjugé ;
l ’ufage du régule n’expofe les Fondeurs à aucune maladie
qui leur foit particulière, fa vapeur n’eft fu-
nefte tout au plus que pour les chats : les premières
fois qu’ils y font expofés, ils font attaqués de vertiges
d’une nature fi finguliere, qu’après s’être tourmentés
pendant quelque tems dans la chambre oîi ils
font forcés de la refpirer, ils s’élancent par les fenêtres
: j’en ai vû deux fois l’expérience dans un même
jour. Mais quand ils en réchappent , & qu’ils ne pé-
riffent pas dans les premiers accès, il n’ont plus’rien à redouter des féconds ; ils fe font à la vapeur qui
les a voit d’abord fi violemment agités , 8c vivent
fort bien dans les fonderies.
Le régule fondu dans le creufeteft verfé en quantité
fuffitànte dans la chaudière qui contient le plomb :
l’ouvrier 4. prend le mélange avec une cuillicre, 8c
le verfe dans les moules ou lingotieres qui font à fes
piés : on voit aufli fur le plancher des tenailles pour
le creufet, fon couvercle, une cuilliere , & d’autres
outils au fer vice de la fonderie.
Le rapport entre le plomb 8c l’antimoine n’eft pas
le même pour toute forte de caractères : la propriété
de l’antimoine étant de donner du corps au plomb 7
oh en mêle phis au moins , félon que lés caractères
qu’on a à fondre font plus ou moins gros ; les petits
caractères n’étant pas aufli propres .à réfifterà l’aCtion
de la prefle que les gros, on les fond de la matière
que les ouvriers appellent matière forte , & ceux-ci dè
celle qu’ils appellent matière foible. La matière fortè
deftinée polir les petits carcleres3 eft un mélangé de
régule 8c de plomb, ôîi le premier de ces ingrédiens
eft en quantité beaucoup plus confidérable , relativement
à celle du plomb, que dans la matière roible-.
Quand la matière ou çortipofition eft ainfi préparée
& mife en lingots, elle paffe dans les fourneaux
des Fondeurs. Voye{ ces fourneaux dans la vignette,
fig. z . & z. à droite & à gauche. Ce fourneau eft fait
de la terre dont fe fervent les fournaliftes pour la far
brique des creufets, mais moins fine ; elle eft compô-
fée de ciment de pots à beurre caffés , 8c de terre
glaife pétris enfemble : fa grandeur eft de dix-huit à
vingt pouces de hauteur, fur dix à douze de diamètre,
8c deux piés & demi de long ; il eft féparé e n deux dans
fa hauteur par une grille qui peut être indifféremment
de terre ou de fer. On pofe le bois fur cette
grille ; la partie inférieure D fert de cendrier : la face
fupérieure eft percée d’un trou rond B d’environ
dix pouces de diamètre ; ce trou rond eft environné
d’une efpece de bourlet qui fupporte la chaudière de
fer A 3 fig. 9. on appelle cette chaudière cueillere.
Cette cueillere eft divifée en deux oit trois portions
comme on voit ; ces divifions fervent à contenir des
matières de différentes forces ou qualités , fuivant
les ouvriers qui y travaillent, 8c chaque ouvrier
puife dans là divifion qui contient la compofition
dont il a befoin.
Le fourneau a encore une autre ouverture H , à
laquelle on adapte un autre tuyau de tôle qui porte
les fumées hors de l’attelier, comme on voit dans
la vignette. Tout ce fourneau eft porté fur itn banc
F GG G 9 au milieu de la hauteur duquel on a pratiqué
une tablette F , qui fert à placer différens u£
tenfiles.
A côté du fourneau on range plufieurs autres
bancs , tels qu’on les voit dans la vignette, & au bas
de la Plan. fig. 11.ee font des efpeces de tables dont
le deffus eft à hauteur d’appui ; ces bancs font environnés
d’un rebord ; ils doivent être de deux ou trois
pouces moins hauts que la partie fupérieure du fourneau
, à un des côtés duquel ils doivent s’arranger
comme on voit dans la vignette. On a une plaque de
tôle ou de fer, qu’on place de maniéré qu’elle porté
d’un bout fur le fourneau , 8c de l ’autre fur le banc;
L’ufage de cette tôle eft de ramaffer les gouttes de matière
fondue qui s’échappent de la cüilliere, ou que
l’ouvrier rejette du mouleqiiànd il eft trop plein.
Quand l’ouvrier veut fondre un caractère, il prend
le moule préparé comme nous avons dit, & comme
on le voit/g. /. de la main gauche, il place l’extrémité
de l’arc ou archet dans l’entaille que nous avons
dit être à la partie inférieure de la matrice, afin
qu’elle s’applique exactement contre les longues pièces
8c les parties faillantes des blancs : il preffe en-
fuite les deux moitiés du moule, de maniéré que les
regiftres foient bien placés contre les faces latérales
delà matrice ; 8c il enduit fuperficiellement le fond
d’un jet d’un peu d’ocre délayé dans de l’eau froide ,
quand la lettre eft extrêmement fine. Cet enduit fait
couler le métal promptement, & le précipité au fond
du parallelepipede vuide, avant que rafraîchi par lè
contaCt de la furface des pièces qui forment cet ef-
pace vuide, il ait eu le tems de fe figer 8c de ^’arrêter.
On fe fert de la même précaution dans l’ufagè
du moule à réglet, dont nous parleroris plus basi
Comme dans ce moule le métail a fouvent plus d’é-
paiffeur, 8c qu’il a beaucoup de chemin à parcourir,
il n’en eft que plus difpofé à fe figer, 8c à he pas def