chine (impie & commode de quatorze à quinze pouces
de longueur, fur un pouce ou environ de large,
dans laquelle on fond des lames de la longueur de quatorze
pouces, & de la hauteur d’un caractère donné.
Le même moule fert pour telle hauteur qu’on veut :
pour avoir des lames d’une épaiffeur déterminée, il
ne s’agit que d’y difpofer le moule, ce qui s’exécute
en un moment: on met ces lames dans le coupoir,
& avec les rabots fervant aux lettres, & des fers
jfaits exprès, on taille fur une des faces un reglet de
telle figure qu’on le fouhaite.
L’utilité de ce moule à reglets a été fi généralement
"reconnue, que deux ou trois mois après qu’il en fut
fait ufage, les autres Fondeurs s’empreflerent de l’imiter:
mais ce qu’ils ont trouvé eft greffier, moins
'firnple, d’un ufage moins commode , le fieur Four-
'nier n’ayant point communiqué le fien, & l’ayant
toujours réfervé pour fa Fonderie. Voyt-^àV article R eglet , l’explication de cette machine , 8c dans
nos planches de Fonderie en caractères , fa figure 8c fes
détails.
Pour.jetter un peu de variété dans l’impreffion ,
& fervir à l’exécution de quelques ouvrages particuliers
, M. Fournier vient de graver un caractère nouveau
dans fon genre ; il eft en deux parties & fur deux
corps différens. La première fondue fur le corps de
Gros-Parangon, s’appelle bâtarde coulée ; 8c l’autre
partie qui a l’oeil plus gros, eft fondue fur leTrifmé-
gifte, qu’on appelle bâtarde. Ces caractères avec l’alphabet
de lettres ornées Scfeftonées, pour tenir lieu
de petites capitales, font faits pour aller enfemble,
ôi forment un tout qu’il appelle caractère de finance ,
parce qu’il imite l’écriture. Voye\-tn le modelé dans
•les planches qui fuivent.
La partie la plus utile pour l’Imprimerie, & qui
fera le plus d’honneur à M. Fournier, après fa table
des rapports, c’eft le changement des caractères italiques
auxquels il a donné une figure plus terminée,
dont il a rendu les pleins 8c les déliés plus fenfibles,
& qu’il a plus approchés de notre écriture.
Au commencement de cefiecle, les fieurs Grand-
jean & Alexandre firent quelques changemens dans
les italiques qu’ils gravèrent pour l’Imprimerie du
Roi; cet exemple a enhardi le fieur Fournier. Pour
mettre le le&eur en état de juger de fon travail, voici
quelques lignes des italiques, telles qu’il les a trouv
ées , & de celles qu’il leur a fubftituees.
Italique ancienne de Gros Romain.
Vous égalez les Dieux, défait Cicéron à.
Céfar ; "vous 'voulez faire du bien, y 'vous,
le pouvez comme eux.
Italique nouvelle de Gros Romain.
Vous égales^ les D ieu x , d ifoit Cicéron
à Céfar; vous voule^faire du bien, &
vous le pouvez[ comme eux.
Pour l’exécution des proportions données aux car
racteres, 8c pour s’aflurer de leur exa&itude, il faut
faite une juftification ou mefure jufte de quarante lignes,
mefure de l’échelle de M. Fournier, 8c de tren-
le-fept lignes géométriques : elle contiendra ou quarante
huit Parviennes, ou quarante Nompareilies, ou
trente-deux Mignones & un gros Texte, ou trente Éfî
titsTextes, ou vingt-fix Gaillardes 8c une Nompareil-
le, ou vingt-quatre petits Romains, ou vingt-un Phi—
lofophies 8c une Gaillarde, ou vingt Cicéros, ou feize
Saint-auguftins & un gros-Texte, ou quinze gros Textes
, ou treize gros-Romains 8c une Nompareille, ou
douze petits-Parangons, ou dix gros-Parangons & un
petit Parangon, ou dix Paleftines, ou huit petits-Ca-
nons & un gros Texte, ou fix Trifmégiftes 8c une Pa-
leftine, ou cinq gros-Canons 8c un petit-Parangon,
ou quatre doubles Canons 8c un gros-Texte, ou trois
triples Canons 8c une Paleftine , ou deux groffes
Nompareilies 8c deux Paleftines.
• S’il y a ou quelques gros ou quelques petits caractères
dont il ne loit point fait mention dans la table
des rapports, ni dans la juftification précédente ,
c’eft que ces gros caractères ne fe fondent pas, & que
les petits tels que la Perle, laSédanoife,d,c. font hors
de proportions, quoiqu’ils fe fondent. Au refte il fe-
roit à fouhaiter qu’on les réduisît aux mefures de la
table ; l’art de l’Imprimerie n’en feroit que plus parfait
, 8c fa pratique que plus facile.
Il ne nous refte plus qu’un mot à dire des regle-
mens auxquels les Fondeurs en caractères font affu-
jettis.
Les Fondeurs font tenus, avant que d’exercer leur
. profeffion, de fepréfenter auxfyndic 8c adjoints de
l’Imprimerie, & de fe faire inferire fur le regiftre de
la communauté en qualité de Fondeurs de caractères:
ce qui doit fe faire fans fraisa
Il leur eft néanmoins défendu d’exercer la Librairie
ou l’Imprimerie.
Ils doivent réfider & travailler dans le quartier
de l’Univerfité.
On a vu par ce qui précédé , ce qu’il faut penfer
de l’article des reglemens fur la proportion des caractères.
Il leur eft enjoint de fondre les caractères de
bonne matière forte 8c caftante ( voy e^plus haut ce
que cejt que cette matière ) .* de travailler pour les Imprimeurs
de Paris par préférence à ceux de province
: de n’envoyer au-dehors aucune fonte fans en
avoir déclaré au bureau de la communauté la qualité
, le poids, & la quantité : de fondre les fontes
étrangères fur la hauteur de celles de Paris : de ne
livrer des fontes & caractères qu’aux Imprimeurs.
Voilà les principaux reglemens ; d’où l’on voit
combien ils font imparfaits, & combien il eft incertain
qu’en féparant les arts de Graveur, de Fondeur,
8c d’imprimeur, on ait travaillé à leur perfection
réelle.
Je n’ai rien épargné pour expofer clairement ce
qui concerne les deux premiers, qui fervent de préliminaires
eftentiels au troifieme ; 8c j’efpere que les
gens de lettres, qui ont par leurs ouvrages quelque
prétention à l’immortalité, ne m’accuferont pas d’avoir
été prolixe : quant au jugement des autres, il
m’importe peu. J’aurois été beaucoup plus étendu,
fi je n’avois pris fur moi de glifler legerement fur les
opérations les moins importantes. En revanche j’ai
tâché de décrire les autres de maniéré à m’acquiter
envers l’art & à le conferver, s’il étoit jamais menacé
de fe perdre. Voye\_ la fuite à V article Imprimerie.
Devions-nous moins à la Fonderie en caractères ,
par laquelle les productions des grands génies fe multiplient
8c s’éternifent, qu’à la fonderie en bronze,
qui met en relief les héros 8c leurs aûions? Voye^Fon-
| derie en bronze à l'article Bronze.
Voici des exemple, de tous les CaraCteres en ufage : ils font de l'Imprimerie de M. le Breton, notre Imprimeur ,‘
& de la Fonderie du fieur Fournier, excepté la Perle 6* la Sédanoife, qui ne fe trouvent qu'à l'Imprimerie Royalet
6* que M. Anijfon, directeur de cette Impriment, a bien voulu communiquer.
Nous renvoyons À nos Planches gravées les alphabets de la plupart des peuples , tant anciens que modernes.
E X E M P L E S
d e T O U S L E S C A R A C T E R E S R O M A I N S E T I T A L I Q U E S
E N U S A G E D A N S L ' I M P R I M E R I E .
I V
P E T I T - T E X T E .
ES honneurs , l’autorité &Jes
j richeffes ne méritent pas d’être
i les , pa
'elles
cel-
V.
g a i l l a r d e .
L ’Amour eft une paflion de l’ap*
petit concupifcible qui fe porte au
bien fenfible, conçû tel par l’imagination
, & l’amitié eft une vertu
qui porte notre volonté au bien
honnête, conçû tel par l’entendement.
Le premier eft fouvent contraire
a l’autre,car les pallions violentes
troublent la raifon, & .......
PE T IT -T E X T E .
Z A pluspart des manières que l ’art
que chose de fatiguant pour des esprits
'transports lorsqu’il ne s^agitque des
fentimens : ces^ l°ua^ j^jinicts *
l ’on entrevoit quelque chose de gêne
& de farouche; vains artifices des hommes,
qui font les charmes du vulgaire
& le mépris des gens de bien.
G A I L L A R D E .
L ’Empereur Trajan avoit pour ma*
xime qu’il fallait
î“* eut ymlulrou
‘verl^Emferxur, j'fleZ7téUlu“-mZ'e
firnple Citoyen. Heureux que l ivponés
amours, vices fi
déplorables dans iun fi grand homme,
■ fait abandonner les
intérêts & le boniheur de fes Peuples.
V I .
P E T IT -R OM A IN .
ON n’av.oit pas honte de fes
débauches fous Henri III.
Louis X I . a nui a la droiture
& a la franchife naturelle à la
Nation qu’il gouvemoit: fans
François!, nous ferions devenus
diffimulés. Il n’y a pas plus
de cinquante ou foixante ans ,
que l ’ivrognerie avoit un air de
qualité comme l’ignorance. Ne
reprochons-nous pas à certaines
Nations de fe permettre des excès
que les autres ne peuvent
fouffrir?
PETIT-ROMAIN.
I l faut s’armer Contre les vices
i ils mentent feuls notre indignation.
Si nous ne pouvons les
détruire , en les rendant odieux 3
du moins nous Us affaiblirons.
Gardons nous fur-tout d ’en dè-
guifer la difformité , par égard
pour le nombre de ceux qui s ’y
livrent : A force de voir des gens
vicieux , on fe familiarife avec
les vices , comme on s’habitue
avec les yifages les plus laids.
V
P H I L O S O P H I E .
Lorsque les grands hommes
fe laiffent abattre par
la longueur de leurs infortunes
ils font voir qu’ils ne
les (bûtenoient que par la
force de leur ambition, &
non par celle de leur ame,
& qu’à une grande vanité
près , les Héros font faits
Comme les autres hommes.
IL
PHILOSOPHIE.
Jtfousfommesfipréoccupis
en notre faveur , que fou-
vent ce que nous prenons
pour des vertus ne font que
des vices qui leur ressemblent
, & que l'amour propré
nous déguise*
C î C E R O . *
QU’on choififle telle
condition que l’on
voudra , & qu’on y af-
femble les biens & les
fatisfa&ions qui femblent
pouvoir contenter un
homme. Si celui qu’on
aura mis dans cet état
éft fans occupation, &
qu’on le laiffe faire réflexion
fur ce qu’il eft, cette
félicité languiflante ne le
C I C É R O ;
/ .L faut gouverner la fér-
tune comme la fanté>
tri jouir quand elle efi bonne
, prendre patience quand
elle efi mauvaife, & ne faire
jamais de grands remedes
Jans un extrême befoin.
Cefi une ennuyeuse maladie
que de conferver fit
fanté par un trop grand
‘ C’eft le caraftere de l'Encyclopédie»'
SAINT-AUGUSTIN.
JE m’imagine avec
plaifir qu’il y a dans
l’Univers une certaine
quantité de bien & de
mal, qui rend en un
fens toutes les conditions
égales.Si les Rois
ont plus d’agrémens
que leurs fuj ets, ils font
auffi plus vivement
frappés des difgraces
auxquelles un partial*
lier n’eft pas fenfible.
SAINT-AUGUSTIN.
A condition d}autrui
paroit plus
L
agréable que la notre >
parce qu elle nous eft
moins connue. Elle ref-
femble ■ à ceS figures
d ’ Optique 9 qui de loirt
repréfientent une bellè
ville ou une belle maifon^
& qui de près ne font
qu’un amas de traité
grojjiers & confus*
X.
G R O S - T É X T E .
L ’homme croit fouvent fe conduire lors
qu’il eft conduit ; & pendant que par fon
efprit il tend à un but, fon coeur l ’entraîne
infenfiblement à un autre.
Aflez de Gens méprifont le bien ; mais
peu favent le donner comme il faut.
G R O S - T E X T E .
J l y a des crimes qui deviennent innocehs
& même glorieux par leur éclat, leur nombre
& leur excès* I l arrive de-la que les ***** t