Le b 8c le d font aufli des lettres euphoniques. En
latin ambire eft compofé de l’ancienne prepofition
am, dont on fe fervoit au lieu de circum , & de ire ;
or comme am étoit ep latin une voyelle nafale, qui
étoit même élidée dans les vers, le b a été ajouté
entre am & ire, euphonia caufâ.
On dit en latin profum, profumus, profui; ce verbe
eft compofé de la prepofitionpro, & de fum; mais fi
après pro, le verbe commence par une voyelle, alors
le méchanifme de la parole ajoute un d, profum, pro-
d-es y pro-d-eft, pro-d-eram , &c. On peut faire de'pa-
reilles obfervations en d’autres langues ; car il ne faut
jamais perdre de vue que les hommes font par-tout
des hommes, & qu’il y a dans la nature uniformité
& variété, (F)
BAILLER, v . neut. refpirer en ouvrant la bouche
extraordinairement & 'învolontairement.Bâillerd'en-
nui y bâiller defommeil. F. BAILLEM ENT ci-deffus. (JS)
BAILLET, adj. ( Manège. ) cheval baillet, elt celui
qui a le poil roux tirant fur le blanc. (F )
* BAILLEUR ou BELLE , ville de France , au
comté de France. Long.zo.z5. lat.5o. 45.
BAILLEUR , f. m. terme de Pratique , elt celui des
deux parties contrariantes dans un bail, qui loue ou
afferme fa propre chofe. Il elt oppofé à preneur Foy. Preneur. ([H)
BAILLI, f. m. (Hifl. mod. & Jurifprud.) on entend
en général par ce mot, un officier chargé de rendre
la juftice dans un certain diftritt appellé bailliage,
Foyei Bailliage.
Ce mot elt formé de. b aile , vieux terme qui lignifie
gouverneur, du latin bajulus qui a la même lignification.
Pafquier allure que les baillis étoient originairement
une forte de fubdélégués, que l’on envoyoit
dans les provinces pour examiner fi les comtes, qui
alors étoient les juges ordinaires , rendoient exafte-
ment la jultice. Loifeau rapporte plus vraiflembla-
blement l’origine des baillis, à l’ufurpation & à la
négligence des grands feigneurs, qui s’étant emparés
de l’adminiftration de la jultice , & étant trop
foibles pour ce fardeau, s’en déchargèrent fur des
députés qu’on appella baillis. Ces baillis eurent d’abord
l’infpeâion des armes & l ’adminiltration de la
jultice & des finances : mais comme ils abuferent de
leur pouvoir, ils en furent infenfiblement dépouillés,
& la plus grande partie de leur autorité fut transférée
à leurs lieutenans, qui étoient gens de robe : en
France les baillis ont encore une ombre de leurs anciennes
prérogatives, & font confédérés comme les
chefs de leurs diftri&s : c’elt en leur nom que la juftice
s’adminiltre ; c’elt devant eux que fe palfent les
contrats & les autres aétes, & ce font eux qui ont le
commandement des milices.
C ’elt de-là que les baillis d’Angleterre ont pris leur
nom & leur office : comme il y a en France huit par-
lemeas qui font des cours fuprèmes, des arrêts def-
quels il n’y a point d’appel ; & que dans le relfort de
plufieurs parlemens ou de différentes provinces, la
jultice elt rendue par des baillis ou du moins par leurs
lieutenans : de même il y a en Angleterre différens
comtés, dans lefquels la jultice elt adminiltréeparun
vicomte ou shérif, qui paroît vrailfemblablement
avoir été appellé bailli, &c fon diltriét bailliage.
Le bailli dans l’origine étoit donc un feigneur ,
qui avoit dans l’étendue de fon bailliage, l’adminif-
tration de la jultice, le commandement des armes &
le maniement des finances. De ces trois prérogatives
,. il ne leur relte plus que le commandement du
ban & de l’arriere-ban. Quant à l’adminillration de
la jultice, ce ne font plus que des juges titulaires. Les
fentences & les commiflions s’expédient bien en leur
-nom : mais ce font leurs lieutenans de robe qui rendent
la jultice. Les baillis des fiéges particuliers reffortiflans
au bailliage général, ne font proprement
que les lieutenans de ceux-là,.
On diltingue de ces baillis royaux , les baillis fei-
gneuriaux par la dénomination des hauts-jufticiers.
Quelques-uns de ceux-ci relfortilfent aux bailliages
royaux, lefquels relforti fient auparlement ; mais il y
a des baillis haut-jufticiers qui relfortilfent nuement
au parlement, tels font les baillis des duchés-pairies.
(H) ,
* Bailli , ( Hiß. mod. ) nom d’un grade ou dignité
dans l ’ordre de Malte. On en diltingue de deux
fortes , les baillis conventuels & les baillis capitulaires.
Les premiers font les huit chefs ou piliers de chaque
langue. Foye{ Pilier & Langue. On les appelle
conventuels, parce qu’ordinairement ils rélident dans
le couvent de la religion à Malte.
Les baillis capitulaires , ainfi nommés , parce que
dans les chapitres provinciaux, ils ont féance immédiatement
après les grands-prieurs , font des chevaliers
qui polfedent des bailliages de l’Ordre. La langue
de France a deux bailliages, dont les titulaires
font le bailli de la Morée ou commandeur de S. Jean
de Latran à Paris, & le grand tréforier ou commandeur
de S. Jean en file proche de Corbeil. La langue
de Provence a le bailliage de Mançfque ; & celle
d’Auvergne , le bailliage de Lyon. Il y a de même
des bailliages & des baillis capitulaires dans les autres
langues. Foyei Malte. (G)
BAILLIAGE, f. m. ( Jurifp.) elt tout le territoire
où s’étend la jurifdidion d’un bailli. Un bailliage
principal en contient pour l’ordinaire plufieurs autres
, lefquels connoiflent des mêmes matières , &
relfortilfent à ce bailliage principal, lequel connoît
exclufivement aux autres en dernier reuort des cas
préfidiaux : car ces bailliages fupérieurs équivalent
pour l’autorité aux préfidiaux & auxfénéchauflees ,
dont ils ne different que par le nom. Foyei Présid
ia l & Ba illi.
On appelle aufli bailliage l’office même du bailli.
On donne aufli le même nom au lieu où il tient fa
, féance. (H )
Ba il l ie , f. f. ( J urif prudence. ) terme de coutumes
elt fynonyme à garde - noble ou bourgeoific. Foyt[
G arde.
Baillistre , f. m. ( J urif prudence. ) vieux terme
encore ufité dans quelques coutumes , qui elt fynonyme
à tuteur ou gardien; & elt dérivé de baillie , qui
dans les mêmes coutumes lignifie tutelle ou garde„
Foye^ Baillie.
BAILLI VAGE, ou Balivage, f. m. (Jurif prudence)
terme Peaux & forêts, elt l’étiquette ou la marque
des baliveaux qui doivent relter fur pié dans les bois
coupés ou à couper. ^ô^ B aliveau. (H)
BÂILLONNÉ , adj. terme de Blafon, il fe dit des
animaux qui ont un bâton entre les dents , comme
les lions , les ours, les chiens, &c.
Burneus au pays de Faux, d'argent au lion de fa ble
bâillonné de gueules à la bordure componnée d'argent
& de fable, (F)
BAILLOGUES, f. f. c’elt ainfi que \esPlumaffiurs
nomment des plumes de couleurs mêlées; blanches
& noires, par exemple.
BAILLOTTE, (en terme de Marine, ) c’ell un
feau.
BAINS, f. m. (terme P Architecture.) grands & fomp-
tueux bâtimens, élevés par les anciens pour l’ornement
& la commodité. Il faut dillinguer les bains en
naturels ou en artificiels. Les bains naturels font ou
froids comme l’eau des rivières , ou chauds comme
ceux des eaux minérales, propres à la guérifon de
plufieurs maux. Foye^ Eaux minérales , & plus
bas Ba in en Médecine.
Les bains artificiels, qui étoient plûtôtpour la propreté
du corps que pour la fanté, étoient chez les
anciens des édifices où publics ou particuliers. Les
bains publics ont été en ufage en Grèce & à Rome :
mais les Orientaux s’en férvirent auparavant. La
Greeê connoiflbit les bains chauds dès le tems d’Ho*
mere, comme il paroît par divers endroits de l’Odyf-
fée; &ils étoient ordinairement joints aux gymnafés
Ou paleftres , parce qu’en fortant des exercices on
prenoit le bain. Vitruve a donné une defeription fort
détaillée de ces bains , par laquelle il paroît qu’ils
étoient compofés dé fept pièces différentes ; la plupart
détachées les unes des autres, & entremêlées de
quelques pièces deftinées aux exercices; Ces fept pièces
étoient : i° . le bain froid , frigida lavatio , en
Grec yovTpov : i 0A'eloeothefurn,c,eû.-k-dire la chambre
où l’on fe frotoit d’huile ; 3°* le lieu de rafrai-
chiffement, fridigariüm ; 40. le propnïgeum , c’eft-à-
dire l’entrée ou le veftibule de Vhypocaufium ou du
■ poélle ; 5°. l’étuve voûtée pour faire fuer, ou le bain
de vapeur , appellé tepidarium ; 6°. le bain d eau
thaude, calida lavatio : auxquelles il faüdroit joindre
Vapodyterion ou garde-robe , fi toutefois ce n’eft pas
la même chofe que le tépidarium.
Quant aux bains détachés dés paleftres ■, il réfultè
de la defeription qif en fait Vitruve : 1 °. que ces bains
étoieftt ordinairement doublés, les uns pour les hommes
, les autres p'oür lês femmes ; du moins chez les
Romains, qui en ce point avôient plus confulte les
bienféances que les Lacédémoniens , chez qui les
deux fexes fe baignoient pêle-mêle : z°. que les deux
bains chauds fe joignoient de fort près , afin qu’on
put échauffer par un même fourneau , lés vafes de
l ’un 6c de l’autre b'aih : 30. que le milieu de cesbaihs
étoit occupé par un grand baflin, qui recevoit l’eau
par divers tuyaux, & dans lequel on defeendoit par
le moyên de quelques degrés ; ce baflin étoit environné
d’une baluftrâdé, derrière laquelle tégnoit une
efpecede corridor ,fchola, affez large, pour contenir
ceux qui attendoient que les premiers venus fortif-
fentdu bain : 50. que les deux étuves, appellées la-
conicum & tepidarium , étoient jointes enfemble i 6°-. ;
que cés lieux étoient arrondis au compas, afin qu’ils
reçuffent également à leur centre la force de la vapeur
chaude, qui tournoit & fe répandoit dans toute
■ leur cavité : 7°. qu’ils avoient autant de largeur que
de hauteur jufqu’au commencement de la voûte, au
milieu de laquelle On laifîbit une ouverture pour donner
du joiir, & on y fufpendoit avec des chaînes un
bouclier d’airain , qu’on hauffoit ou baiffoit à volonté
, pour augmenterou diminuer la chaleur ; 8°» que
le plancher de ces étuves étoit creux & fufpendù
pour recevoir la chaleur de l'hypocaufte, qui étoit un
grand fourneau maçonné deffous, que l’on avoit foin
de remplit de bois & d’autres matières combuftibles,
& dont l’ardeur fe communiquoit aux étuves à la faveur
du vuide qu’on laiffoit fous leurs planchers : 90.
que ce fourneau fervoit non-feulement à échauffer
les deux étuves j mais aufli une autre chambre app
e lle vafarium, fituée proche de ces mêmes étuves
& des bains chauds , & dans laquelle étoient trois
grands vafes d’airain, appellés milliaria à caufe de
leur capacité ; l ’un pour l’eau chaude, l’autre pour
la tiede, & letroifieme pour la froide. De ces vafes
partoient des tuyaux qui correfpondant aux bains ,
y portoient par le moyen d’un robinet l’eau, fuivant
-les befoins de ceux qui fe baignoient.
A l’égard de l’arrangement ou difpofition de ces
divers appartemens des bains, voici ce qu’on en fait :
on y voyoit d’abord un grand baflin ou vivier appellé
en grec y.oXv/j.€*&pd, en latin natio & pifeinia , qui oc-
cupoit le côté du nord, & où l’on pouvoit non-feulement
fe baigner, mais même nager très-commodéi
ment. Les bains des particuliers avoient quelquefois
de ces pifeines, comme il paroît par ceux de Pline &
de Cicéron. L’édifice des bains étoit ordinairement
Tome II»
expofé au midi, & avoit une face très-étehdüê ; dbnt
le milièu étoit occupé par Yhypocaufie , q'ui avoit à
droite & à gauche une fuite de quatre pièces fembla-
bles dés deux côtés, & difpofées de maniéré qu’où
pouvoit paffer facilement des unes dans les autres;
Ces pièces nommées en général balnearia, étoient
celles que nous avons décrites ci-defliis. La falle dù
bain chaud étoit une fois plus grande que les autres ;
à caufe du grand concours du peuple qui y abordoit ,
& du long féjour qu’on y faifoit d’ordinaire.
Les anciens prenoient ordinaire ment le Afi/z avant
fouper, & il n’y avoit que les voluptueux qui fe bai-
gnaflent à la fuite de ce repas. Au fortir du bain, ils
fe faifoient froter d’huiles ou d’onguens parfumés
par des valets nommés adyptee ou unctuarii. Les bains „
fi on eh croit Pline, ne furent en ufage à Rome que
du tems de Pompée, dès lors les é,diles eurent foin
d’en faire conftruire plufieurs. Dion , dans la vie
d’Augufte, rapporte que Mecene fit bâtir le premier
bain public : mais Agrippa, dans l’année de ion édi-
iité,enfit conftruire cent foixante & dix. A fon exemple
, Néron, Vefpafien, Tite , Domitien, Severe,
Gordien, Aurelien,Dioclétien, & prelquetous les
empereurs, qui cherchèrent à fe rendre agréables au
peuple, firent bâtir des.étuves & des bains avec le
marbre le plus précieux, & dans les réglés de la plus
belle àrchiteéhire, où ils prenoient plaifir à fe baigner
avec le peuple : on prétend qu’il y avoit jufqu’à
800 de ces édifices répandus dans tous les quartiers
de Rome.
La principale réglé des bains étoit d’abord de hë
IéS Ouvrir jamais avant deux ou trois heures après
midi, enfuite ni avant le foleil levé, ni après le fo-
leil couché. Alexandre Severe permit pourtant qu’on
les tînt ouverts la nuit dans les grandes chaleurs dé
l’été , & ajoûta même la libéralité à la coniplâifah-
ce , en fburniflant l’huile qui brûloit dans lés lampes^
L’heure de l’ouverture des bains étoit annoncée au
fon d’une efpece de cloche : le prix qu’il falloit payer
pour entrer aux bains étoit très-modique, ne montant
, qu’à la quatrième partie d’un as, nommée quadrans b
ce qui valoit à pevi près unliardàe notre monnoie.Lë
bain gratuit étoit ali nombre des largefles que lés empereurs
faifoient au peuple à l’occafion dé quelque:;
réjoüifîance plublique : mais aufli dans les calamités,
on avoit foin de lui retranche!1 cettë commodité *
ainfi que le plaifir des fpéftacles. (G)
* Tout fé pafloit dans les bains avec modeftie i les
bains des femmes étoient entièrement féparés de ceux:
des hommes ; & ç’auroit été un crime, fi l’un des fe—
xes avoit pafle dans le bain de l’autre. La pudeur y
étoit gardée jufqu’à ce fcrupule, que même lés en-*
fans puberes ne le baignoient jamais avec leurs peres^/
ni les gendres avec leurs beau-peres. Les gens qut
fervôient dans chaque bain , étoient du fexe auquel
le bain étoit deftiné. Mais quand le luxe & la vie vqj
luptùeufë eurent banni la mbdeftie, & que la débau-;
chë fe fut gliflée dans toute la v ille, les bains n’en furent
pas exempts. Les femmes s’y mêlèrent avec les
hommes, & i l n’y eut plus de diftin&ion; plufieurs
perfonnes de l’un & l’autre fexé n’ÿ alloient même
que pour fatisfaire leur vûe , ôu cacher leurs intrigues
: ils y menoient les efclaves oufervantes pour
garder les habits. Les maîtres des bains affeftoient
même d’en avoir de plus belles les unes que les autres^
polir s’attirer uh plus grand nombre de chalaiïs;
Tout ce que les magiftrats purent faire d’abord J
ce fut de défendre à toutes perfonnes de fe fervir de
femmes ou de filles pour garder les habits, ou pour
rendre les autres fervices aux bains , à peine d’êtré
notées d’infamie. Mais l’empereur Adrien défendit
abfolument ce mélange d’hontmes & de femmes foui
de rigoureufes peines. Marc Aurele & Alexandre Se-
yere confirmèrent cette même loi ; & fous leur régné*