
niée dans une capfnle qui a la figure d’une étoile ÿ
8c qui étoit le calice de la fleur.
La plante entière eft d’ufage : on la trouve dans
les lieux incultes & les mafures, le long des chemins,
des vieilles murailles 8c des haies des champs, ou
même on la cultive dans les potagers.
La plante entière, graine & racine, diflillée à la
cornue , donne une liqueur limpide , d’une couleur
& d’une faveur d’herbe ; une autre liqueur limpide,
de la même odeur 8c faveur, mais plus manifefle &
fort acide ; une liqueur roufsâtre, empyreumatique,
fort acide , un peu falée 8c un peu auftere ; une liqueur
rouffe, empyreumatique, imprégnée de beaucoup
de fel volatil urineux, une huile épaiffe comme
du firop.
La maffe noire de la cornue calcinée , a donné
des cendres dont on a tiré par lixiviation un fel fixe
purement alkali.
Ainfi cette plante contient un fel effentiel, nitreux,
ammoniacal, mêlé de beaucoup d’huile , 8c délayé
dans beaucoup de phlegme ; d’où il réfulte que c’eft
un compofé vifqueux, 8c un peu mucilagineux.
Cette plante relâche le ventre, & eft émolliente ;
fa feuille pelée 8c hachée réunit les plaies récentes,
déterge les ulcérés fordides 8c vieu x, & tue les
vers qui y furviennent. Elle eft encore digeftive, ré-
folutive, & calmante. Le cataplafme de la plante entière
foulage dans la goutte.
BONHEUR, f. m. {Morale.') fe prend ici pour un
éta t, une fitùation telle qu’on en defireroit îa durée
fans changement ; & en cela le bonheur eft différent
du plaifir , qui n’eft qu’un fentiment agréable , mais
court 8c paffager, & qui ne peut jamais être un état.
La douleur auroit bien plûtôt lp privilège d’en pouvoir
être un.
Tous les hommes fe réunifient dans le defir d’être
heureux. La nature nous a fait à tous une loi de notre
propre bonheur. Tout ce qui n’eft point bonheur
nous eft étranger : lui feul a un pouvoir marqué fur
notre coeur ; nous y fommes tous entraînés par une
pente rapide , par un charme puiffant, par un attrait
vainqueur ; c’eft une impreflion ineffaçable de la nature
qui l’a gravé dans nos coeurs, il en eft le charme
& la perfection.
Les hommes fe réunifient encore fur la nature
du bonheur. Ils conviennent tous qu’il eft le même que
le plaifir, ou du moins qu’il doit au plaifir ce qu’il a
de plus piquant & de plus délicieux. Un bonheur que
le plaifir n’anime point par intervalles , 8c fur lequel
il ne verfe pas fes faveurs , eft moins un vrai
bonheur qu’un état 8c une fitùation tranquille : c’eft
un trifte bonheur que celui-là. Si l’on nous laiffe dans
une indolence pareffeufe, où notre aftivité n’ait rien
à faifir, nous ne pouvons être heureux. Pour remplir
nos defirs, il faut nous tirer de cet afloupiffement
où nous lànguiflons ; il faut faire couler la joie juf-
qu’au plus intime de notre coeur, l’animer par des
fentimens agréables , l’agiter par de douces fecouf-
fes, lui imprimer des.mouvemens délicieux, l’enivrer
des tranfports d’une volupté pure, que rien ne puifle
altérer. Mais la condition humaine ne comporte point
un tel état : tous les momens de notre vie ne peuvent
être filés par les plaifirs. L’état le plus délicieux a
beaucoup d’intervalles languiffans. Après que la première
vivacité du fentiment s’eft éteinte , le mieux
qui puifle lui arriver, c’eft de devenir un état tranquille.
Notre bonheur le plus parfait dans cette v ie ,
n’eft donc, comme nous l’avons dit au commencement
de cet article , qu’un état tranquille, femé çà &
là de quelques plaifirs qui en égayent le fond.
Ainfi la diverfité des fentimens des philofophes fur
le bonheur, regarde non fa. nature, mais fa caufe efficiente.
Leur opinion fe réduit à celle d’Epicure, qui
faifoit confifter effentiellementla félicité dans leplaifir.
Voyt{ cet article. La poffeflion des biens eft le fondement
de notre bonheur, mais ce n’eft pas le bonheur-
même ; car que feroit-ce fi les ayant en notre puif-
fance , nous n’en avions pas le fentiment ? Ce fou
d’Athènes qui croÿoit que tous les vaifleaux qui ar-
rivoient au Pirée lui appartenoient, goûtoit le ^o/z-
heur des richefles fans les pofféder ; & peut-être que
ceux à qui ces vaifleaux appartenoient véritablement
, les pofledoient fans en avoir de plaifir. Ainfi,
lorfqu’Ariftote fait confifter la félicité dans la con-.
noiffance & dans l’amour du fouverain bien, il a apparemment
entendu définir le bonheur par fes fonde»
mens : autrement il fe feroit groflïerement trompé ;
puifque, fi vous fépariez le plaifir de cette connoif-
fance & de cet amour, vous verriez qu’il vous faut
encore quelque chofe pour être heureux. Les Stoïciens
, qui ont enfeigné que le bonheur confiftoit dans
la poffeflion de la fageffe , n’ont pas été fi infenfés
que de s’imaginer qu’il fallût féparer de l’idée du
bonheurXdi fatisfaélion intérieure que cette fageffe leur
infpiroit. Leur joie venoit de l’ivreffe de leur ame,
qui s’applaudiffoit d’une fermeté qu’elle n’a voit point.
Tous les hommes en général conviennent néceffai-
rement de ce principe ; & je ne fai pourquoi il a
plu à quelques auteurs de les mettre en oppofition les
uns avec les autres, tandis qu’il eft confiant qu’il n’y
a jamais eu parmi eux une plus grande uniformité de
fentimens que fur cet article. L’avare ne fe repaît que
de l’efpérance de joiiir de fes richefles, c’eft-à-dire,
de fentir le plaifir qu’il trouve à les pofféder. Il eft
vrai qu’il n’en ufe point : mais c’eft que fon plaifir
eft de les conferver. Il fe réduit au fentiment de
leur poffeflion, il fe trouve heureux de cette façon
; 8c puifqu’ill’eft, pourquoi lui contefter fon bonheur?
chacun n’a t-il pas droit d’être heureux, félon
que fon caprice en décidera ? L’ambitieux ne cherche
les dignités que par le plaifir de fe voir élevé au-
deffus des autres. Le vindicatif ne fe vengeroit point,
s’il n’efpéroit de trouver fa fatisfaûion dans la vengeance.
Il ne faut point oppofer à cette maxime qui eft Certaine
, la morale & la religion de J. C. notre législateur
8c en même tems notre Dieu ; lequel n’eft
point venu pour anéantir la nature, mais pour la per-
teélionner. Il ne nous fait point renoncer à l ’amour
du plaifir, 8c ne condamne point la vertu à être
malheureufe ici-bas. Sa loi eft pleine de charmes 8c
d’attraits ; elle eft toute comprife dans l’amour de
Dieu 8c du prochain. La fource des plaifirs légitimes
ne coule pas moins pour le Chrétien que pour l’homme
profane : mais dans l’ordre de la grâce il eft infiniment
plus heureux par ce qu’il efpere, que par ce
qu’il poffede. Le bonheur qu’il goûte ici-bas devient
pour lui le germe d’un bonheur éternel. Ses plaifirs
font ceux de la modération, de la bienfaisance ,
de la tempérance , de la confidence ; plaifirs purs ,
nobles, Spirituels, 8c fort fupérieùrs aux plaifirs
des fens. F o y c { P l a i s i r .
Un homme qui prétendroit tellement fubtilifer la
vertu qu’il ne lui laiffât aucun fentiment de joie 8c
de plaifir, ne feroit aflurément que rébuter notre
coeur. Telle eft fa nature qu’il ne s’ ouvre qu’au plaifir
; lui feul en fait manier tous les replis & en faire
joiier les refforts les plus fecrets. Une vertu que n’ac-
compagneroit pas le plaifir, pourroit bien avoir notre
eftime, mais non notre attachement. J’avoue
qu’un même plaifir n’en eft pas un pour tous : les uns
font pour le plaifir groffier, & les autres pour le plaifir
délicat ; les uns pour le plaifir v i f , 8c les autres
pour le plaifir durable ; les uns pour le plaifir des
lens, & les autres pour le plaifir de l’efprit ; les uns
enfin pour le plaifir du fentiment, 8c les autres pour
le plaifir de la réflexion ; mais tous fans exception
font pour le plaifir, Confulte{ cet article.
' On peut lire dans M. de Fonteftelle les réflexions
folides & judicieufes qu’il a'écrites'fur le bonheur.-
Quoique notre bonheur ne dépende pas en tout de
nous, parce que nous né fôrnmes pas lès maîtres d’être
placés par la fortune dans une condition médiocre
, la plus propre de toutes pour une fitùation tranquille,
& par conféquent pour le bonheur, nous y
pouvons néanmoins quelque chôfe par notre façon
de penfer. {C )
* B o n h e u r , P r o s p é r i t é , ( Gramm, ) termes
relatifs'à-l’état d’un être: qui penfe 8c qui lent. Le
bonheur ‘eft l’effet du hafard ; il arrive inopinément.
La profpéritéeft un bonheur continu , qui femble dépendre
de la bonne conduite. Les fous ont quelquefois
du bonheur. Les fages ne profperent pas toûjours.
On dit du bonheur qu’il eft grand , & de la profpérité
qu’elle eft rapide. Le bonheur fe dit 8c du bien qui
nous eft arrivé, 8c du mal que nous avons évité.
La profpérité ne s’entend jamais que d’un; bien augmenté
par degrés. Le capitole fauvé de la furprife
des Gauloispar les cris des oies facrées, dit M. l’abbé
Girard , eft un trait qui montre le grand bonheur
des Romains : mais ils doivent à la fageffe de leurs
lois & à la valeur de leurs foldats, leur longueprofpérité.
BON HOMME DE CHEVAL, BON HARAS,
BON P IÉ, BON TRAIN ; voyez tous ces mots à leurs WÊÊBÊM H H i I ■ BONICHON,f. m. {Verrerie.) c’eft un trou qui
communique du four aux lunettes des arches à pots :
il fait dans chaque arche à pot la fonélion de ven-
toufe. Comme on met cuire les bouteilles dans les
arches à pots, dès qu’on a quitté le travail, pour empêcher
le feu du four d’entrer, & laiffer refroidir
les bouteilles, on marge la lunette : mais la lunette
étant margée , 8c la flamme du four n’ayant plus
d’entrée ni de fortie, le four feroit étouffé , fi on
n’ouvroit le bônickon.
* BONJEAU, f. m. {Econ. ruß. ) c ’e ft un a ffem-
b la g e d e d eu x b o t te s d e lin lié e s ï’u n e co n tre l ’au tre
d e la tê te au p i é , afin d ’o c c u p e r mo ins d e p lace -d ans
l ’e a u , o ù o n d o it m e t tr e le l in r o u ir . Foye^ L i n .
* BONIER, f. m. {Commerce & Agriculture.) me-
fuie de terre qui contient en furface 4074toifes cinq
pouces 8c quatre lignes. Ainfi l’arpent contenant 900
toifes, il faut quatre \ arpens 24 toifes 5 pouces &
4 lignes, pour l’équivalent d’un bonier en mefure de
Paris. Cette mefure varie d’un canton à l’autre de
la Flandre, où elle eft en ufage.
BONIFACIO, petite ville & port dans
la partie méridionale de l’île de Corfe. Long. xy. lat.
41. 20. Le détroit qui fépare la Côrfe de la Sardaigne
fe nomme Bocca di Bonifacio.
* B O N IT E , ( Hiß. nat. ) poiffon fort commun
dans la mer Atlantique : il eft d’une couleur affez approchante
de celle de nos maquereaux, à’ qui il ref-
femble auffi par le goût, hormis qu’il eft beaucoup
plus grand. Il fe trouve plûtôt en plaine mer que près
des côtes. Il eft de la forme d’un oval, dont le grand
diamètre auroit deux piés, & le petit un ouun& demi:
il y a près de la tête deux grands ailerons pointus, 8c
depuis fes ailerons une ligne d’écaille tirée jufqu’àfa
queue, qui eft fourchue, 8c deux autres au-deffous ;
une au bas-ventre, 8c l’autre de grandeur inégale, depuis
le milieu du dos jufqu’à la queue. Il eft couvert
d une peau ou cuir : la chair en eft excellente ; elle eft
feche, ferme, 8c nourriffante. La mer en eft quelquefois
prefque couverte. Il faute à dix ou douze piés de
haut. On le prend foit à la foiiine, foit au trident, foit
au harpon, ou à l’hameçon. Cet hameçon eft de la
grofleur du petit doigt : on l’amorce avec deux plumes
de pigeon blanc , enveloppées de petits linges :
on attache la ligne à la vergue; onfait familier à une
certaine hauteur 1 hameçon ainfi armé ; la bonite le
Lome II. 3
prend pour nnpetitpoifibn volant, fe jette déffds 8c
le trouve accrochée à l'hameçon. Voyee l ’hitloïri du
_ B°NlTpN.pf. tti. àMia, ( Hift. HM.) poiffon de
. er qui'r-effembleauthon , & au maquereau par la
f j e f f l B E E V pour les nageoires & pourla queue.
11 a iebec pointu, les yeux petits & de couleur d’o r ,
le ventre gros 6c argenté . le dos bleu & luifant & la
queue mmee & faite én forme de croiffant : i! y a des
hgnes.de-couleur noirâtre qui: s’étendent obliquement
depms-le dos jufqu’au ventre, 8c qui font affea
i f l01g«.éesdes unesjdes autres ; il n’a des écailles qu’à-
: 1 entour des ouies. Les dents font fort pointues Sc re-
! CDUrbéès .emdedans ; elles font ferrées les unes con-
tre les mitres. Ce poiffon aime l’eau douce. Sa chair
elt graffe 8c bonne. Rondelet. Voyez P o i s s o n . ( l\
BONN , {Gédg.) ville forte & ancienne d’Allemagne
dans l’éleftorat de Cologne, 8c fituée fur la rive
gauche du Rhin. Elle eft la réfidence de l’éle£leiir4
Long. x3. lat. 5o. 40.
BONNE, ( Géog. ) ville maritime d’Afrique dans
la Barbarie, au royaume d’Alger. Long, z5 x8 lat ! 37- •
B o n n e , bourg de Faucini, dans la Savôie, à *
lieues de Geneve. ç *
BONNE-DAME, f. f. ( Hifi. nat. bot. ) plante qui
doit le rapporter au genre appellé arroche. Foyer
A r r O c h e . j v
B o n n e - d a m e , m i p k x , ( L a r i ) elle eft potagère.1
Elle fe nomme encore arrecAe ipniiis elle en eft itn'peu
différente. Elle croît de la hauteur de fix piés j pouffe
des feuilles latges qui reffemblent à celles de la blette
, dont le goût eff fade. S es fleurs fontpetites-, à plu-
| fictifs étamines jaunâtres. Là bonne-dame vient dé
graine qui fc feme au printems. On fe fert de fa feuille
pour le potage & pour la -farce. Cette plante vient
en toute forte de,terre „ & fa culture n’a rien de nar-
ticulier. (Ü ) r
"BONNE DÉESSE i (Mÿth.ybryaJt, femme de
Faune, roi d’Italie,' que fon époux fit mourir à coups
de verges, pouf s’être eniVrée, & à laquelle de regret
d eleva dans la fuite .des autels. Quoique Fauna
aimât fortlé v in , on dit toutefois qu’elle futfrchaC
te , qu’aucun homme n’aVoit fil fon nom ni vû fon
vifaoe. Ités hommes-rt’étoient point admis à Célébrer
fa fête, ni le myrte à parer fes autels. On lui faifoit
tous les ans-un facrifice dans la maifon. & parles
maihs de la femme du grand-prêtre. Les vénales y
etoient appellèes, 6c la cérémonie ne commençoit
quavec la nuit : alors on voiloit les repréfentatiOhs.
memes-des animaux mâles • le grand-prêtre s’éloi-
gnoit, emmenant avec lui tout ce qui étoit dé fon
fexe. On prétend que c’étoiten mémoire de la faute
6c du châtiment de Famia, qu’bn banniffoit le myrte
de fon autel, 8c qu’on y plaçoit une etuche pleine
de vin: le vin , parce qu’elle l’aVoit aiméç lemyrte
, parce que ce fut de branche de myrte qu’oit
fit la verge dont elle fut fi cruellement fouettée pour
en avoir trop bû. Les Grecs facrifioient auffi à la
YVOnc-dieJJi, quïls appelloient la dêéjfc des femmes , &
i qu’ils donnoient pour une des nourrices de Bacchus ,
dont il leur étoit: défendu de prononcer le nom. Du
tems de Cicéron, qui appelle les myfteres de labonm
iltfliyvc excellence myfUrcs des Romains, Publiés
ClodiuS’ les profana en le gliffant en habit de femme
chez Jules Cefar , dans le deffein de corrompre Mu-
tia, fà femme. La déeffe Fauna faifoit undoubïê rôle
en Italie ; e’étoit une ancienne reine du pays,; 6c c’é-
toit auffi la terre:: cette duplicité de perfonnage eft
commune à la plupart des dieux: du : paganifme ç 8c
vôici la raifon qu'on en lit dans le. grand DiHionrudrî
UJlorique. Dans lès premiers tems tous les cubés fe
rapportoient à des êtres matériels , comme le ciel
les aftres, la terre, la mer, les bois, les fleuves,