fa raifon à fe reprocher, il ne s’en chagrinera guere
8c n’en rougira point. Il n’y a qu’un moyen d’eviter
les inconvéniens de la bajjeffe d’état & les humiliations
de Y abjection, c’eft de fuir les hommes ou de ne
voir que fes femblables. Le premier me femble le
plus sûr; & c’eft celui que je choilirois.
B ASSETS, f. m. plur. ( ChaJJe.) ce font des chiens
pour aller en terre. Ils ont les oreilles longues, le
corps long, ordinairement le poil roux, les pattes
cambrées en-dedans, 8c le nez exquis.
BASSETTE, f. f. forte de jeu de carte qui a été
autrefois fort à la mode en France ; mais il a été défendu
depuis, & il n’eft plus en ufage aujourd’hui.
En voici les principales réglés :
A ce jeu, comme à celui du pharaon (voye{ Pharaon),
le banquier tient un jeu entier compofé de
52 cartes. Il les mêle, & chacun des autres joiieurs
qu’on nomme pontes, met une certaine fomme fur
une carte prife à volonté. Le banquier retourne en-
fuite le jeu, mettant le delfus deffous; enforte qu’il
voit la carte de deffous : enfuite il tire toutes fes cartes
deux à deux jufqu’à la fin du jeu.
Dans chaque couple ou taille de cartes, la première
eft pour le banquier, la fécondé pour le ponte
; c’eft-à-dire que fi le ponte a mis, par exemple,
fur un roi, 8c que la première carte d’une paire foit
un roi, le banquier gagne tout ce que le ponte a mis
d’argent fur fon roi : mais fi le roi vient à la fécondé
carte, le ponte gagne, & le banquier eft obligé de
donner au ponte autant d’argent que le ponte en a
mis fur fa carte.
La première carte, celle que le banquier voit en
retournant le jeu, eft pour le banquier, comme on
vient de le dire : mais il ne prend pas alors tout l’argent
du ponte, il n’en prend que les y , cela s’appelle
ficer.
La derniere carte, qui devroit être pour le ponte,
eft nulle.
Quand le ponte veut prendre une carte dans le
cours du jeu, il faut que le banquier baiffe le jeu,
enforte qu’on voye la première carte à découvert :
alors fi le ponte prend une carte ( qui doit être différente
de cette première), la première carte que tirera
le banquier fera nulle pour ce ponte ; fi elle vient
la fécondé, elle fera facée pour le banquier ; fi elle
vient dans la fuite, elle fera en pur gain ou en pure
perte pour le banquier, félon qu’elle fera la première
ou la fécondé d’une taille.
M. Sauveur a donné dans le journal des Savans ,
1679, fix tables, par lefquelles on peut voir l’avantage
du banquier à ce jeu. M. Jacques Bernoulli a
donné dans fon ars conjeclandi I’analyfe de ces tables
, qu’il prouve n’être pas entièrement exaftes.
M. de Montmort, dans fon effai d'analyfe fur Les jeux
de hafard, a aufli calculé l’avantage du banquier à ce
jeu. On peut donc s’inftruire à fond fur cette matière
dans les ouvrages que nous venons de citer : mais
pour donner là-deffus quelque teinture à nos lecteurs
, nous allons calculer l’avantage du banquier
dans un cas fort fimple.
Suppofons que le banquier ait fix cartes dans les
mains, 8c que le ponte en prenne une qui foit une
fois dans ces fix cartes, c’eft-à-dire dans fes cinq cartes
couvertes : on demande quel eft l’avantage du
banquier.
Il eft vifible ( voyc[ Alternation & Combinaison)
que les cinq cartes étant défignées par a ,
b, c, dy e , peuvent être combinées en 120 façons
différentes, c’eft-à-dire en ç fois 24 façons. Imaginons
donc que ces 120 arrangemens foient rangés fur cinq
colonnes de 24 chacune, de maniéré que dans la première
de ces colonnes a fe trouve à la première place
, que dans la fécondé ce foit b qui occupe la première
place t c dans la troifieme, &c.
Suppofons que a foit la carte du ponte, la colonne
oit la lettre a occupe la première place, eft nulle
pour le banquier 8c pour les pontes.
Dans chacune des quatre autres colonnes la lettre
a fe trouve fix fois à la fécondé place, fix fois à la
troifieme, fix fois à la quatrième, & fix fois à la cinquième
, c’eft-à-dire qu’en fiippofant A la mife du
ponte, il y a 24 arrangemens qui font gagner au
banquier, 24 qui le font perdre, c’eft-à-dire qui lui
donnent — A , 24 qui le font gagner, c’eft-à-dire qui
lui donnent A , 8c 24 enfin qui font nuis. Cela s’enfuit
des réglés du jeu expliquées plus haut.
O r , pour avoir l’avantage d’un joiieur dans un
jeu quelconque, il faut i° . prendre toutes les com-
binaifons qui peuvent le faire gagner ou perdre, ou
qui font nulles, 8c dont le nombre eft ici 120. 20.
Il faut multiplier ce qu’il doit gagner (en regardant
les pertes comme des gains négatifs) par le nombre
des cas qui le lui feront gagner ; ajouter enfemble
ces produits, 8c divifer le tout par le nombre total
des combinaifons. Voyeç Jeu, Pari. Donc l’avantage
du banquier eft ici
24 x f A + 24 x — A + 24 x A
-------------------------------------------- --- — A ;
120 ’
,V A , c’eft-à-dire que fi le ponte a mis, par exemple
, un écu fur fa carte, l’avantage du banquier eft
de J d’écu ou de huit fous.
M. de Montmort calcule un peu différemment l’avantage
du banquier: mais fon calcul, quoique plus
long que le précédent, revient au même dans le
fond. Il remarque que la mife du banquier étant égale
à celle du ponte, l’argent total qui eft fur le jeu ,
avant que le fort en ait décidé, eft 2 A ; dans les cas
nuis, le banquier ne fait que retirer fon enjeu ; 8c le
ponte, le fien, ainfi le banquier gagne A : dans le cas
oii il perd, fon gain eft o; dans les cas facés, il retire
A + \ A ; dans les cas qui font pur gain, il retire
2 A ; ainfi le fort total du banquier, ou ce qu’il
peut efpérer de retirer de la fomme 2 A , eft
24 x A 24 x j A 2 4X 0 + 24 X 2 A + 24X A
120
— A -\ -~ jA &comme ila mis A au jeu; il s’enfuit
que A eft ce qu’il peut efpérer de gagner, ou
Ion avantage. Voyeç Avantage.
M. de Montmort examine enfuite l’avantage du
banquier lorfque la carte du ponte fe trouve, deux,
ou trois, ou quatre fois, &c. dans les cartes qu’il
tient. Mais c’eft un détail qu’il faut voir dans fon livre
même. Cette matière eft aufli traitée avec beaucoup
d’exaftitude dans l’ouvrage de M. Bernoulli
que nous avons cité.
A ce jeu, dit M. de Montmort, comme à celui du
pharaon, le plus grand avantage du banquier, eft
quand le ponte prend une carte qui n’a point paffé,
8c fon moindre avantage quand le ponte en prend
une qui a paffé deux fois. Voye^ Pharaon ; fon
avantage eft aufli plus grand, lorfque la carte du
ponte a paffé trois fois, que lorfqu’elle a paffé feulement
une fois.
M. de Montmort trouve encore que l’avantage du
banquier à ce jeu eft moindre qu’au pharaon ; il ajoûte
que fi les cartes facées ne payoient que la moitié de
la mife du ponte, alors l’avantage du banquier feroit
fort peu confidérable ; & il dit avoir trouvé, que le
banquier auroit du defavantage, fi les cartes facées
ne payoient que le tiers. (O)
BASSICOT, f. m. c’eft ainfi qu’on appelle dans
les carrières d'ardoife une efpece d’auge, dont on fe
fert pour fortir les morceaux d’ardoife du fond de la
carrière. Voye[ à Varticle Ardoise l’ufage & la def-
cription de ce vaiffeau.
B A S S IE R S ,f . m. pl, en terme deRiviere, efpece
d’amas de fable dans une riviere qui empêche la ftâ»
vigation. Il y en a un au bout du Cours-la-reine.
BASSIGNI ( l e ) (Géog.') petit pays de France,
dans la partie méridionale de la Champagne, 8c dans
le Barrois, dans le dioc. de Langres 8c celui deToul,
BASSIN ; f. m. fe dit en général ou d’un réfervoir
d’eau , ou d’un vaiffeau deftiné à en puifer ou à en
contenir. Voy. ci-deffous des définitions & des exemples
des différentes fortes de baffins. Bassin (en Architecture) , c’eft dans un jardin un
efpace creufé en terre, de figure ronde., o vale, quar-
ré e , à pans, &c. revêtu de pierre, de pavé, ou de
plomb, 8c bordé de gafon, de pierre ou de marbre,
pour recevoir l’eau d’un je t , ou pour fervir de réfèr-
voir.pour arrofef. Les Jardiniers appellent bac , un
petit bajjin avec robinet, comme il y en a dans tous
les petits jardins du potager à Verfailles. Bassin" de fontaine, s’entend de deux maniérés,
Ou de celui qui eft feulement à hauteur d’appui au-
deffus du rez-de-chauffée d’une cour ou d’une place
publique : ou de celui qui eft élevé fur plufieurs degrés
, avec un profil riche de moulures 8c de forme
régulière, comme ceux de la place Navone à Rome. Bassin figuré, eft celui dont le plan a plufieurs
corps ou retours droits, circulaires ou à pans, comme
ceux'de la plûpart des fontaines de Rome. Bassin àbalufirade, celui dont 1’enfoncement plus
bas que le rez-de-chauffée , eft bordé d’une baliifira-
de de pierre , de marbre ou de bronze , comme le
bajjin de la fontaine des baflins d’Apollon à Verlàilles. Bassin à rigole, celui dont le bord de marbre ou
de caillou, a une rigole taillée, d’oit fort d’efpace en
efpace un jet ou bouillon d’eau, qui garnit la rigole,
& forme une nappe à l’entour de la baluftrade, comme
à la fontaine du rocher de Belvéder à Rome. Bassin en coquille y celui qui eft fait en conque
Ou coquille , & dont l’eau tombe par nappes ou gargouilles
, comme la fontaine de Paleftrine à Rome. Ba ssin de décharge, c’eft dans le plus bas d’un
jardin, une piece d’eau ou canal, dans lequel fe déchargent
toutes les eaux après le jeu des fontaines,
8c d’où elles fe rendent enfuite par quelque ruifl'eau
ou rigole dans la plus prochaine riviere. BASSIN de partage ou de difiribution, c’eft dans
un canal fait par artifice, l’endroit oîi eft le fommet
du niveau de pente, & oii les eaux fe joignent pour
la continuité du canal. Le repaire oii fe fait cette
jon&ion eft appellépoint départagé. Il y en a un beau
à Verfailles au-deffus des refervoirs du parc au cerf,
8c un autre à Chambly, appellé le bajjin des fources. Bassin de port de mer, c’eft un elpace bordé de
gros murs de maçonnerie, où l’on tient des vaiffeaux
à flot. Voye^plus bas Bassin (Marine. ) Ba ssin de bain, c’étoit dans une lalle de bain
chez les anciens, un enfoncement quarré long où
l’on defcendoit par degrés pour fe baigner ; c’eft ce
que Vitruve appelle labrum. Bassin à chaux, vaiffeau bordé de maçonnerie,
8c plancheyé de doffes où maçonné de libages, dans
lequel on détrempe la chaux. Mortarium dans Vitru-
ve , lignifie autant le bajjin que le mortier. (P')
Conflruclion des baffins des Jardins. On ne lauroit
apporter trop de foin à la conftru&ion des baffins 6c
pièces d’eau ; la moindre petite fente qui augmente
toujours de plus en plus, peut devenir, par la pelan-
teur de l’eau, une fente confidérable.
On place ordinairement les baffins à l’extrémité ou
dans le milieu d’un parterre : ils ne font pas moins
bien dans un potager, dans une orangerie 8c dans les
bofquets. Leur forme ordinaire eft la circulaire , il y
en a cependant d’oétogones, de longs, d’ovales, 8c
de quarres : quand ils paffent une certaine grandeur,
ils fe nomment pièces d’eau, canaux, miroirs , -viviers
, étangs & réfervoirs.
Tome II.
Pour la grandeur des baffins, on ne peut guere déterminer
de jufte proportion, elle dépend du terrein ;
8c celle qui eft entre le jet 8c le bajjin, eft déterminée
par la chute 8c la force des eaux : leur profondeur
ordinaire eft de 15 à 18 pouces, ou deux piés tout
au plus , 8c s’augmente quand ils fervent de réfervoirs.
On conftruit les baffins de quatre maniérés , en
glaife , en ciment, en plomb , 8c en terre franche :
foit \q bajjin A (fig. 1. Jardin.) qu’on veut conftruire
en glaife, de fix toifes de diamètre dans oeuvre ; faites
ouvrir la place tracée fur le terrein , de ce qu’il
convient pour les épaiffeurs du pourtour 8c du plafond
; le mur de terre B doit avoir un pié au rnoins ;
le mur de douve, ou d’eau C , dix-huit pouces, & le
corroi de glaife entre-deux, dix-huit de large, ce qui
fait en tout quatre piés , dont il faut augmenter de
chaque côté le diamètre pour la fouille : on a donc
huit piés en tout ; on creufera aufli, pour le fond ou
plat-fond du bajjin y deux piés plus bas que la profondeur
qu’on lui voudra donner ; ces deux piés de fouille
feront pareillement occupés par le corroi de glajL
fe de dix-huit pouces, & les autres fix pouces feront
pour le fable 8c le pavé qu’on répandra deffus la
glaife ; ainfi ce bajjin creufé de fept toifes deux piés
de diamètre, & de quatre piés de bas, reviendra à
fix toifes d’eau dans oeuvre, 8c deux piés de creux,
qui font l’étendue 8c la profondeur requifes. Elevez
8c adoffez, contre les terres, le mur B d’un pié d’é-
paiffeur depuis le bas de la fouille, jufqu’à fleur de
terre ; bâtiffez de moilons , libages, ou pierres de
meuliere avec du mortier de terre ; faites enfuite apporter
la glaife dans le fond du bajjin, que vous préparerez
en la rompant par morceaux, en y jettant de
l’eau, 8c la labourant deux ou trois fois fans y fouf-
frir aucunes ordures ; faites enfuite jetter par pelletées
la glaife contre le mur, & pétrir à piés nuds, de
dixdiuit pouces d’épaiffeur, & de fept à huit piés
environ de large , tout au pourtour de ce mur,
pour y pofer, à dix-huit pouces de diftance , le mur
de douve C , qui doit porter fur une plate-forme 8c
racinaux D D . Prenez du chevron de trois pouces
d’épaiffeur, Ou des bouts de planches de bateau ,
épais de deux pouces, & larges de cinq à fix ; enfon-
cez-les à fleur de glaife, de trois piés en trois piés ,
enforte qu’ils débordent un peu le parement du mur
en-dedans le bajjin, c’eft ce que l’on nomme les racinaux
>• mettez enfuite deffus de longues planches
de bateau dont deux, jointes enfemble, feront de la
largeur du mur, lefquelles vous clouerez ou chevillerez
fur les racinaux ; vous poferez enfuite la première
aflïfe du mur de douve, que vous élèverez à
' la hauteur de l’autre, 8c de dix-huit pouces d’épaiffeur
, bâti avec du mortier de chaux 8c fable. On
remplira le vuide, ou l’efpace entre les deux murs E .
appellé le corroi, d’une glaife bien préparée, & on
la pétrira jufqu’à fleur de terre.
Pour travailler au plat-fond F , on remplira de glaife
toute l’étendue du bajjin pour y faire un corroi de
dix-huit pouces de haut, en recommençant à pétrir
les glaifes que l’on a d’abord étendues au-delà des
racinaux, 8c les liant avec celles du plat-fond, qu’on
couvrira enfuite de fable, de cinq à fix pouces de
hauteur , avec un pavé garni d’une aire GG , d’un
pouce d’épaiffeur de ciment, ou une biocaille de
pierres plates pofées de champ & à fec dans le fable
pour nettoyer plus proprement le bajjin, 8c empêcher
le poiffon de'fouiller.
Les baffins de ciment (fig. 2. ) font conftruits d’une
maniéré bien différente. On recule la trace du baf-
fin , d’un pié neuf pouces dans le pourtour, & autant
dans le plat-fond, ce qui eft fuffifant pour retenir
l’eau ; ainfi pour un baffin de fix toifes de diamètre ,
on fouillera fix toifes trois piés 8c demi, & on crèu-
R ij