lieu que dans la fyncope le pouls eft bas & la face
cadavéreufe. Il différé de la luffocation hyftérique ,
en ce que dans celle-ci le malade entend ce qu’on lui
dit & s’en fcuvient, ce qu’il ne fait pas dans le carns.
Voyt^ S y n c o p e , É p i l e p s i e , &ct (N )
* CARYATIDES , f. f. ( Architecl. ) Statues de
femmes fans bras, vêtues décemment, & placées
pour ornement ou pour foûtien aux architraves des
édifices. Vitruve en raconte l’origine de la maniéré
fuivante. Il dit que Carie dans le Péloponefe ,
ayant été prife & ruinée par les autres Grecs,
vainqueurs des Perfes, avec lefquels les Cariâtes s’é-
toient ligués, les hommes furent paffés au fil de l’épée
, & Tes femmes emmenées enefclavage, où l’on
contraignit les plus qualifiées d’entre elles à garder
leurs longues robes & leurs ornemens ; & il ajoute
que dans la fuite, pour éterniler la mémoire de la
trahifon & du châtiment, les architeéles fubftitue-
rent en plufieurs édifices publics, des figures de femmes
Cariâtes aux pilaftres & aux colonnes.
* CARYATIS , ( Myth. ) furnom de Diane en
l’honneur de laquelle les jeunes filles de la Laconie
s’affembloient dans le tems de la récolte des noix, &
célebroient une fête appellée carya , c’eft-à-dire la
fête de Diane des noix.
CARYOCOSTIN, (flecluairê) fe compofe de la
façon fuivante. Prenez clous de girofle, coftus blanc,
zédoaire, gingembre, femence de cumin, de chacun
deux gros yhermoda&es mondées, diagrede, de chacun
demi-once ; miel rofat cuit en confiftance d’é-
le&uaire mou, trois fois la quantité du tout. Pulvé-
rifez le tout , à l’exception du diagrede que vous
n’ajouterez qu’après avoir mélé le relie avec le miel
rofat , au moyen d’une fpatule de bois ; faites un
éleéluaire félon l’art.
Cette compofition eft bonne pour les gens robnf-
tes, forts, les pituiteux & les hydropiques : mais il
ne convient point aux perfonnes délicates. La dofe
eft depuis un gros jufqu’à lix.
On prétend que ce purgatif eft excellent dans les
maladies foporeufes, & dans la goutte.
On appelle cet éle&uaire caryocojlin , du nom de
deux des ingrédiens qui entrent dans fa compofition,
qui font le cojlus, & les clous de girofles, appellés en
latin caryophilli. (N')
C A S , f. m. terme de Grammaire, ce mot vient du
latin cafus, chute, rac. cadere, tomber. Les cas d’un
nom font les différentes inflexions ou terminaifons de
ce nom ; l’on a regardé ces terminaifons comme autant
de différentes chûtes d’un même mot. L’imagination
& les idées acceflbires ont beaucoup de part
aux dénominations , & à bien d’autres fortes de pen-
fées ; ainfi ce mot cas eft dit ici dans un fens figuré &
métaphorique. Le nominatif, c’eft-à-dire, la première
dénomination tombant, pour ainfi dire, en d’autres
terminaifons, fait les autres cas qu’on appelle
obliques. NominativusJive reclus , cadenS à fuâ termina-
tione in alias sfacit obliquos cafus. Prife. liv. v. de cafu.
Ces terminaifons font aufli appellées dèfinances ;
mais ces mots terminaifon , déjinance , font le genre.
Cas eft Vefpcce, qui ne fe dit que des noms ; car les
verbes ont aufli des terminaifons différentes,j'aime,
f aimais , j'aimerai, &c. Cependant on ne donne le
nom de cas, qu’aux terminaifons des noms, foit au
lingulier, foit au pluriel. Pater,patris , patri,patrem,
pâtre; voilà toutes les terminaifons de ce mot au fin-
gulier, en voilà tous les cas, en obfervant feulement
que la première terminaifon pater, fert également
pour nommer & pour appeller.
Les noms hébreux n’ont point de cas y ils font fou-
vent précédés de certaines prépofitions qui en font
connoître les rapports : fouvent aufli c’eft le fens ,
c’eft l’enfemble des mots de la phrafequi, par le mé-
chanifme des idées acceûoires èi par la confidération
des circonftances, donne l’intelligence des rapports
des mots ; ce qui arrive aufli en latin à l’égard des
noms indéclinables, tels que fas & nefas, cornu, & c.
Voye£ la grammaire hébraïque de Malclef, toni. I. c.
ij. n. G.
Les Grecs n’ont que cinq cas, nominatif, génitif
datif, accufàtif, vocatif: mais la force de l’ablatif eft
fouvent rendue par le génitif, & quelquefois par le
datif Ablativi forma Grtzci eurent, non vi , quee geni-
tivo & aliquando dativo refertttr. Canifii Hellenifmi ,
Part. orat. p . 8y .
Les Latins ont fix cas, tant au lingulier qu’au pluriel
, nominatif f génitif, datif, accufatif, vocatif ablatif.
Nous avons déjà parlé de Y ablatif & de Y accufatif;
il feroit inutile de répéter ici ce que nous difons
en particulier de chacun des autres cas : on peut le
voir en leur rang.
Il fuffira de dire ici un mot du nom de chaque cas J
Le premier, c’eft le nominatif; il eft appellé cas
par extenfion, & parce qu’il doit fe trouver dans
la lifte des autres terminaifons du nom ; il nomme
il énonce l’objet dans toute l’étendue de l’idée qu’on
en a fans aucune, modification ; & c’eft pour cela
qu’on l’appelle aufli le cas direiï , reclus : quand un
nom eft au nominatif, les Grammairiensdiient qu'il
eft in recto.
Le génitif eft ainfi appellé, parce qu’il eft pour ainfi
dire le fils aîné du nominatif, & qu’il fert*enfuite
plus particulièrement à former les cas qui le fui-
vent ; ils en gardent toujours la lettre caraftériftique
ou figurative, c’eft à-dire celle qui précédé là termi-;
naifon propre qui fait la différence des déclinaifons j
par ex. is, i , em ou im, e ou i , font les terminaifons
des noms de la troifieme déclinaifon des latins au fin-,
gulier. Si vous avez à décliner quelqu’ un de ces noms,1
gardez la lettre qui précéderais au génitif: par ex»:
nominatif rex , c’eft-à-dire regs, génitif reg-is , e nfuite
reg-i, reg-em, reg-e, & de même au pluriel, reg-es ,
reg-um, reg-ibus. Genitivus naturale vinculum gêneris.
poffidct : nafùtur quidem à nominativo, générât alitent
omnes obliquos fequehtes. Prife. liv. V. de cafu.
Le datif Yen à marquer principalement le rapport
d’attribution, le profit, le dommage, par rapport à
quoi, le pourquoi, finis cui.
L’accufatif accufe, c’eft-à-dire déclare l’objet , ou
le terme de Ta&ion que le verbe lignifie : on le conf-
truit aufli avec certaines prépofitions & avecTinfi-
nitif. Foyei A c c u s a t if .
Le vocatif fert à appeller ; Prifcien l’appelle aufli
falutatorius , vale domine, bon jour monfieur, adieu
monfieur.
L’ablatif fert à ôter avec le fecours d’une prépo-
fition. Nous en avons parlé fort au long. Voye£
A b l a t i f .
Il ne faut pas oublier la remarque judicieufè de
Prifcien : « Chaque cas , dit-il, a plufieurs ufages ;
» mais les dénominations le tirent de l’ufage le plus
» connu & le plus fréquent ». Multas alias quoque &
dïverfas unufquifqtte cafus habet Jignificationes , fed il
notioribus & frequentioribus acceperunt nominationem „
Jicut in aliis quoque multis hoc invenimus. Prife. I. V_
de cafu.
Quand on dit de fuite & dans un certain ordre
toutes les terminaifons d’un nom, c’eft ce qu’on appelle
décliner:c ’eft encore une métaphore ; on commence
par la première terminaifon d’un nom , en-
fuite on defeend, on décline, on va jufqu’à la dernière.
Les anciens Grammairiens fe fervoient également
du mot décliner, tant à l’égard des noms qu’à l’égard
des verbes : mais il y a long-tems que l’on a conf acré
le mot de décliner aux noms ; & que lorfqu’il s’agit de
verbes , on dit conjuguer, c’eft-à-dire ranger toutes
les terminàifons d’un verbe dans une même lifte, &
tous de fuite, comme fous un même joug ; c ’eft encore
une métaphore.
Il y a en latin quelques mots qui gardent toujours
la terminaifon de leur première dénomination : on
dit alors que ces mots font indéclinables ; tels font
fa s , nefas, cornu au lingulier, &c. Ainfi ces mots
n’ont point de cas.
Cependant quand ces mots fe trouvent dans une
phrafe ; comme lorfqu’Horace a dit, fas atque nefas
exiguo\fine libidinum difeernunt avidi. L. 1. od. xviij. v.
io. Et ailleurs : &peccare nefas , aut pretium ejl mori. L.
III. od. jv. v. 24. Et Virgile : jam cornu petat. Ecl. jx.
v. 57. Cornu ferit ille, caveto. Ecl. jx. v . 25. alors le
fens, c’eft-à-dire l’enfemble des mots de la phrafe
fait connoître la relation que ces mots indéclinables
ont avec les autres mots de la même propofition, &
fous quel rapport ils y doivent être confidérés.
Ainfi dans le premier paflage d’Horace je vois bien
que la conftruélion eft, illi avidi difeernunt fas & nefas.
Je dirai donc que fas & nefas font le terme de
l’aûion ou l’objet de difeernunt, & c . Si je dis qu’ils
font à l’accufatif, ce ne fera que par extenfion & par
analogie avec les autres mots latins qui ont des cas ,
& qui enunepareille pofition auroientla terminaifon
de l’âccufatif. J’en dis autant de cornu ferit; ce ne fera
non plus que par analogie qu’on pourra dire que cornu
eft là à l’ablatif ; & l’on ne dira ni l’un ni l’autre,
li les autres mots de la langue latine étoient également
indéclinables.
Je fais ces obfervations pour faire vo ir, i°. que ce
font les terminaifons feules , qui par leur variété
conftituent les cas, & doivent être appellées cas : en-
forte qu’il n’y a point de cas , ni par conféqiient de
déclinaifon dans les langues où les noms gardent toujours
la terminaifon de leur première dénomination;
& que lorfque nous difons un temple de marbre , ces
deux mots de marbre, ne font pas plus un génitif que
les mots latins de martpore, quand Virgile a dit, tem-
plurti de marmore , Georg. L. III. v. 13. & ailleurs:
ainfi à Sc de ne marquent pas plus des cas en françois
que par , pour, en ,J'ur9 &c. Voye^ Ar t i c l e .
20. Le fécond point qui eft à confidérer dans les
cas , c’eft l’ufage qu’on en fait dans les langues qui
ont des cas.
Ainfi il faut bien obferver la deftination de chaque
terminaifon particulière : tel rapport, telle vue de
l ’efprit eft marquée par tel cas, c’eft-à-dire par telle
terminaifon.
Or ces terminaifons fuppofent un ordre dans les
mots de la phrafe, c’eft Tordre fucceflif des vûes de
l’efprit de celui qui a parlé ; c’eft cet ordre qui eft le
fondement des relations immédiates des mots de leurs
enchaînemens & de leurs terminaifons. Pierre bat
Paul ; moi aimer to i, &c. On va entendre ce que je
veux dire.
Les cas ne font en ufage que dans les langues où
les mots font tranfpofés , foit par la raifon de l’harmonie
, foit par le feu de l’imagination, ou par quel-
qu’autre caufe.
Or quand les mots font tranfpofés, comment puis-
je connoître leurs relations ?
Ce font les différentes terminaifons , ce font les
cas qui m’indiquent ces relations ; & qui lorfque la
phrafe eft finie, me donnent le moyen de rétablir
l’ordre des mots , tel qu’il a été néceflairement dans
1 efprit de celui qui a parlé lorfqu’il a voulu énoncer
fa penfée par des mots ; par exemple :
Frigidus agricolam f i quando continet imber.
Virg. Georg. Lib. I. v. uJc).
Je ne puis pas douter que lorfque Virgile à fait ce
vers, il n’ait joint dans fon efprit l’idée de frigidus à
celle déimber ; puifque l’un eft le fubftantif, & l’autre 1 adjettif. Or le fubftantif & l’adjeétif font la chofe
même ; c’eft l’objet confidéré comme tel : ainfi l’ef-
prit ne les a point féparés.
Cependant voyez combien ici ces deux mots font
éloignés l’un de l’autrè : frigidus commence le vers,
& imber le finit.
Les terminaifons font que mon efprit rapproche
ces deux mots , & les remet dans l’ordre des vûes
de l’efprit, relatives à l ’élocution ; car l’efprit ne
divife ainfi fes penfées que par la néceflité de l’énonciation.
Comme la terminaifon de frigidus me fait rapporter
cet adjeâif à imber, de même voyant au*agricolam
eft à l’accufatif, j’apperçois qu’il ne peut avoir
de rapport qu’avec continet : ainfi je range ces mots
félon leur ordre fucceflif, par lequel feul ils font un
fens ,Ji quando imber frigidus continet domi agricolam.
Ce que nous difons ici eft encore plus fenfible dans
ce vers.
Aret ager, vitio , moriens, jitit, aeris , herba.
Virg. Ecl. vij. v. 5y.
Ces mots ainfi féparés de leurs corrélatifs, ne font
aucun fens.
EJlJeCy le champ , vice , mourant, a fo if, de l'air ,
l'herbe : mais les terminaifons m’indiquent les corrélatifs
, & dès-lors je trouve le fens. Voilà le vrai
ufage des cas.
Ager aret , herba moriens jitit præ vitio aeris. Ainfi
les cas font les lignes des rapports, & indiquent l’ordre
fucceflif, par lequel feul les mots font un fens.
Les cas n’indiquent donc le fens que relativement à
cet ordre ; & voilà pourquoi les langues, dont la fyn-
taxe fuit cet ordre, & ne s’en écarte que par desin-
verfions legeres aifées à appercevoir, ôc que l’efprit
rétablit aifement ; ces langues, dis-je, n’ont point
de cas ; ils y feroient inutiles, puifqu’ils ne fervent
qu’à indiquer un ordre que ces langues fuivent ; ce
feroit un double emploi. Ainfi fi je veux rendre raifon
d’une phrafe françoife ; par exemple de celle-ci,
le Roi aime le peuple, je ne dirai pas que le roi eft au
nominatif, ni que le peuple eft à l’accufatif; je ne
vois en l’un ni en l’autre mot qu’une fimple dénomination
, le Roi , le peuple : mais comme je fai par
l’ufage l’analogie & la fyntaxe de ma langue, la fimple
pofition de ces mots me fait connoître leurs rapports
& les différentes vûes de l’efprit de celui qui a
parlé.
Ainfi je dis i°. que le Roi paroiflant le premier eft
le fujet de la propofition, qu’il eft Yagent, que c’eft:
la perfonne qui a le fentiment d’aimer.
2°. Que le peuple étant énoncé après le verbe, le
peuple eft le complément d'aime : je veux dire que
aime tout feul ne feroit pas un fens fuffifant, l’efprit
ne feroit pas fatisfait. Il aime : hé quoi ? le peuple.
Ces deux mots aime le peuple, font un fens partiel
dans la propofition. Ainfi le peuple eft le terme du
fentiment d’aimer; c’eft l’objet, c’eft le patient; c’eft
l’objet du fentiment que j’attribue au Roi. Or ces rapports
font indiqués en françois par la place ou pofition
des mots ; & ce même ordre eft montré en latin
par les terminaifons.
Qu’il me foit permis d’emprunter ici pour un moment
le ftyle figuré. Je dirai donc qu’en latin l’harmonie
ou le caprice accordent aux mors la liberté de
s’écarter de la place que l’intelligence leur avoit d’abord
marquée. Mais ils n’ont cette permiflion qu’à
condition qu’après que toute la propofition fera finie,
l ’efprit de celui qui lit ou qui écoute les remettra
par un fimple point de vûe dans le même ordre
oii ils auront été d’abord dans l’efprit de celui qui
aura parlé.
Amufons-nous un moment à une fiftion. S’il plai-
foit à Dieu de faire revivre Cicéron, de nous en donner
la connoiffance, & que Dieu ne donnât à Cicé