les accroiffemens prodigieux qu’elle a reçus depuis
2.5 ans, à leur zele ; l’utile facilité de puif'er dans ce
thrélor litéfaire, à leur amour pour les Lettres, & à
l’cftime particulière qu’ils portent à tous ceux qui les
cultivent. C ’eft du mémoire hiftorique que ces deux
la vans hommes ont mis à la tête du catalogue de la
bibliothèque du R o i, que nous avons extrait tout ce
qui la concerne dans cet article. Nous invitons à le
lire ceux qui voudront connoître dans un plus grand
détail l'es progrès 6c les accroiffemens de cette im-
menfe bibliothèque.
Pendant ie cours de l’année 1718 il entra dans la
bibliothèque du Roi beaucoup de livres imprimés : il
en vint de Lisbonne , donnés par MM. les comtes
d’Ericeira ; il en vint aufli des foires de Leipfic 6c
de Francfort pour une fomme confidérable. La plus
importante des acquifitions de cette année, fut faite
par M. l’abbé Sallier à la vente de la bibliothèque Colbert
: elle confiftoit en plus de mille volumes. Mais
de quelque mérite que puiffent être de telles augmentations
, elles n’ont pas l’éclat de celle que le minifte-
re fe propofoit en 1718.
L’établiffement d’une imprimerie turque à Conf-
tantinople, a voit fait naître en 1717 à M. l’abbé Bignon
l’idée de s’adreffer, pour avoir les livres qui
fortiroient de cette imprimerie, à Zaid Aga, lequel,
difoit-on, en a voit été nommé le directeur, 6c pour
avoir aufli le catalogue des manuferits grecs & autres
qui pourroient être dans la bibliothèque du grand-
feigneur. M. l’abbé Bignon l’avoit connu en 1 7 1 1 ,
pendant qu’il étoit à Paris à la fuite de Mehemet Ef-
fendi fon pere, ambaffadeur de la Porte. Zaïd Aga
promit les livres qui étoient aftuellement fous la
preffe ; mais il s’exeufa fur l’envoi du catalogue, en
affinant qu’il n’y avoit perfonne à Conftantinople
affez .habile pour le faire. M. l ’abbé Bignon communiqua
cette réponfe à M. le comte de Maurepas,
qui prenoit trop à coeur les intérêts de la bibliothèque
du Roi, pour ne pas faifir avec empreffement &
avec zele cette occafion de la fervir. Il fut arrêté
que la difficulté d’envoyer le catalogue demandé,
n’étant fondée que fur l’impuiffance de trouver des
fujets capables de le compofer, on enverroit à Conf-
tantinople des favans qui, en fe chargeant de le faire
, pourroient voir 6c examiner de près cette bibliothèque.
Ce n’eft pas qu’on fut perfuadé à la cour que la
bibliothèque tant vantée des empereurs grecs exiftât
•encore ; mais on vouloit s’affûrer de la vérité ou de
la fauflété du fait. D ’ailleurs le voyage qu’on projet-
toit , avoit un objet qui paroiffoit moins incertain ;
c ’étoit de recueillir tout ce qui pouvoit reffer des mo-
numens de l’antiquité dans le Levant, en manuferits,
en médailles, en inferiptions, &c.
M. l’abbé Sevin & M. l’abbé Fourmont, tous
deux de l’académie des Inferiptions & Belles-Lettres,
frirent chargés de cette commiflion. Ils arrivèrent au
mois de Décembre 1728 à Conftantinople ; mais ils
ne purent obtenir l’entrée de la bibliothèque du grand-
feigneur : ils apprirent feulement par des gens dignes
de foi f qu’elle ne renfermoit que des livres turcs 6c
arabes, 6c nul manuferit grec ou latin ; 6c ils fe
bornèrent à l’autre objet de leur voyage. M. l’abbé
Fourmont parcourut la G rece, pour y déterrer des
inferiptions & des médailles ; M. l’abbé Sevin fixa
fon féjour à Conftantinople. Là , fécondé de tout le
pouvoir de M. le marquis de Villeneuve, ambaffadeur
de France, il mit en mouvement les confuls &
ceux des Echelles qui avoient le plus de capacité,
6c les excita à faire chacun dans fon diftriâ quelques
découvertes importantes. Avec tous ces fecours 6c
les foins particuliers qu’il fe donna, il parvint à raf-
fembler en moins de deux ans plus de fix cents manuferits
en langue orientale ; mais il perdit l’efpérance
de rien trouver des ouvrages des anciens grecs,’
dont on déplore tant la perte. M. l’abbé.Sevin revint
en France , après avoir établi des correfpon-
dances néceffaires pour continuer ce qu’il avoit commencé
; 6c en effet la bibliothèque du Roi a reçu pref-
que tous les ans depuis fon retour plufieurs envois
de manuferits, foit grecs, foit orientaux. On eft redevable
à M. le comte de Maurepas, de l’établiflc-
ment des enfans ou jeunes de langue qu’on éleve à
Conftantinople aux dépens du Roi ; ils ont ordre de
copier & de traduire les livres tuijcs, arabes 6c per-
fans ; ufage bien capable d’exciter parmi eux de l’émulation.
Ces copies & ces traductions font adreflées
au miniftre, qui après s’en être fait rendre compte,
les envoyé à la bibliothèque du Roi. Les tradudions
ainfi jointes aux textes originaux, forment déjà un
recueil affez confidérable , dont la république des
Lettres ne pourra par la fuite que retirer un fort
grand avantage.
M. l’abbé Bignon, non content des thréfors dont la
bibliothèque du Roi s’enrichiffoit, prit les mefures les
plus fages pour faire venir des Indes les livres qui
pouvoient donner en France plus de connoiffance
qu’on n’en a de ces pays éloignés, oh les Sciences ne
laiffent pas d’être cultivées. Les directeurs de la compagnie
des Indes fe prêtèrent avec un tel empreffement
à fes vues , que depuis 172,9 il a été fait des
envois affez confidérables de livres indiens , pour
former dans la bibliothèque du Roi un recueil en ce
genre, peut-être unique en Europe.
Dans les années fuivantes , la bibliothèque du Roi
s’accrut encore par la remife d’un des plus précieux
manuferits qui puiffe regarder la monarchie, intitulé
regijlre de Philippe Augujle, qu’avoit légué au Roi
M. Rouillé du Coudray, confeiller d’état ; 6c par
diverfes acquifitions confidérables : telles font celles
des manuferits de S. Martial de Limoges, de ceux de
M. le premier préfident de Mefmes ; du cabinet' d’ef-
tampes de M. le marquis de Beringhen ; du fameux
recueil des manuferits anciens & modernes de la bibliothèque
de M. Colbert, la plus riche de l’Europe ,
fi l’on en excepte celle du Roi & celle du Vatican ;
du cabinet de M. Cangé , collection infiniment cu-
rieufe, dont le catalogue eft fort recherché des con-
noiffeurs.
Pour ne pas donner à cet article trop d’étendue,
nous avons crû devoir éviter d’entrer dans le détail
des différentes acquifitions ; & nous renvoyons encore
une fois au mémoire hiftorique qui fe trouve à
la tête du catalogue de la bibliothèque du Roi.
M. Bignon, maitre des requêtes, l’un des quarante
de I’académieFrançoife,& defeendant de MM.Bignon
à qui nous avons eu occafion de donner les plus
grands éloges, héritier de leur amour pour les Lettres
, comme il l’eft des autres grandes qualités qui les
ont rendus célébrés, exerce aujourd’hui avec beaucoup
d’intelligence & de diftinction la charge de maître
de la Librairie du Roi.
On a vû par ce que nous avons dit, avec combien
de zele plufieurs miniftres ont concouru à mettre la
bibliothèque du Roi dans un état de fplendeur 6c de
magnificence qui n’a jamais eu d’exemple. M. de
Maurepas eft un de ceux fans doute à qui elle a eu
les plus grandes obligations. M. le comted’Argenfon,
dans le département de qui elle eft aujourd’hui, ami
des Lettres 6c des Savans, regarde la bibliothèque du
Roi comme une des plus précieufes parties de fon ad-
miniftration ; il continue par goût & par la fupério-
rité de fes lumières , ce qui avoit été commencé par
fon prédéceffeur : chofe bien rare dans les grandes
places. Qu’il foit permis à notre reconnoiffance d’élever
la vo ix, & dè dire : Heureufe la nation qui peut
faire, faufil grandes pertes, & les réparer aufii facilement
!
BIBLISTES ,
BIBLISTES, f. m. pl. {Hiß. tccllf. & Théol.)nom
donné par quelques auteurs aux hérétiques qui n’admettant
que le texte de la Bible ou de l’Ecriture fain-
1 c , fans aucune interprétation, rejettent l’autorité de
la tradition & celle de l’Eglife pour décider les contro-
verfesde religion. ^ o y e ^ T R A D iT iO N ,E g l i s e . (G)
* BIBRA ou BEBRA, {Géog.) petite ville de Thu-
ringe, à deux lieues de Naumbourg.
* BIBRACTE , (Géog. anc. mod. & Myth. ) ancienne
ville des Eduens, qu’on croit être aujourd’hui
Autun. Il paroît par une infeription trouvée à Autun
même, qu’il y a eu aufli une déeffe de ce nom.
* BICANER, ( Géog.) ville d’Afie dans les états
du Mogol, fur le Gange ; c’eft la capitale de la province
de Bacar. Long. 100. 20. lat. 28. 40.
* B IC A R S , f. m. pl. ( Hiß. mod. ) pénitens Indiens
qui paffoient toute leur vie nuds , laiffoient
croître fcrupuleufement leurs cheveux & leurs ongles
, 6c portoient par- tout une écueil e de terre pendue
à leur cou : lorfqu’ils étoient preffés de la faim
ils s’arrêtoient aux portes , & on rempliffoit leur
écuelle de riz cuit. Ces efpeces de gueux étoient très-
communs dans l’Inde pendant le jx. fiecle.
* B ICCARI, ( Géog anc. & mod. ) petite ville de
la vallée de Mazaraen Sicile, entre la fource du Bic-
cari & celle de la Belice. Quelques géographes prétendent
que c’eft l’ancienne Hyccarum.
BICEPS, adj. nom que les Anatomifies ont donné
aux mufcles qui (ont divifés par l’une de leur extrémité
en deux portions diftinCtes qu’ils ont appellées
têtes.
Le biceps du coude eft fitué le long de la partie interne
du bras ; une de fes têtes vient de la partie fu-
périeure de la cavité glénoïde, & paffe dans la fi-
nuofitéde l’humerus, entre les tendons du grand pectoral
6c du grand dorfal , comme dans une gaîne ;
l’autre tête vient de l’apophyfe coracoïde, 6c s’unit
avec la première vers le milieu de la partie interne
du bras : ce mufcle va enfuite s’inférer par un fort
tendon à une tubérofité qui fe remarque un peu au-
deffous de la tête du radius, après avoir fourni quelques
fibres tendineufes, qui par leur épanoiiiffement
forment une aponévrofe qui s’étend fur la partie fu-
périeure 6c interne des mulcles qui font fitués fur le
cubitus.
Le biceps de la jambe eft fitué le long de la partie
poftérieure de la cuiffe ; la plus longue tête vient de
la tubérofité de l’ifehium ; la fécondé de la ligne
âpre, au-deffous du tendon du grand feflier ; il s’in-
fere à la partie fupérieure 6c poftérieure du tibia 6c
du péroné. ( L )
BICHE, f. f. ( Hifi. nat. Zool. ) femelle du cerf.
royei C erf. ( ƒ )
BlCHE, f. f. {Hiß. nat. Ichthyol. ) glaucus primus
Rond, poiffon de mer qui a le ventre blanc 6c le dos
bleu, d’où lui vient fon nom latin ; le corps eft long,
le ventre p lat, 6c le dos voûté : il a une ligne droite
qui s’étend depuis les oiiies julqu’à la queue ; fes
écailles font fi petites, qu’elles ne parodient bien dif-
tin&ement qu’après qu’il a été defléché. La bouche
eft petite ; les mâchoires font garnies de petites pointes;
les yeux font de médiocre grandeur : il a deux
nageoires auprès des oiiies qui font courtes 6c larges,
& qui femblent être dorées, 6c deux autres nageoires
en-deffous. Ce poiffon a fur le dos, du côté de la
tête , fix aiguillons courts & pointus , dont le premier
eft dirigé en avant, les autres font tournés en
arriéré. Il s’en trouve fous le ventre près de l’anus
deux autres, que ce poiffon abaiffe 6c renferme dans
une gaîne. Il a fur le dos une nageoire qui s’étend
depuis le dernier aiguillon jufqu’à la gueue ; la partie
antérieure de cette nageoire eft plus élevée que
le refte, &c marquée par une tache noire : il y a une
autre nageoire fous le ventre, qui occupe l’efpace
Tome II,
qui eft depuis l’anus jufqu’à la queue; cette nageoire
eft femblable à celle du dos. La queue eft terminée
par deux nageoires ; l’ouverture de l’anus eft en forme
de fente. On donne aufli à ce poiffon le nom de
derbio. Il a julqu’à trois coudées de longueur. Sa chair
e ft blanche, & de bon goût. Rond. Voyer P o i s s o n .
( ' )
B i c h e , ( Myth. ) fymbole de Junon conferva-
trice. Les payens croyoient ( car quelles fables ne
fait-on pas croire aux hommes) que des cinq biches
aux cornes d’o r, 6c plus grandes que des taureaux,
que Diane pourfuivit dans les forêts de Theffalie ,
elle n’en prit que quatre qu’elle attacha à fon char,
& que Junon lauva la cinquième. La biche aux pics
d’airain & aux cornes d’or du montMenale étoit con-
lacrée à Diane ; &c c’eût été un facrilége que de la
tuer. Eurifthée ordonna à Hercule dê la lui amener.
Le héros la pourfuivit pendant un an, l’atteignit enfin
fur les bords du Ladon , la porta à Mycenes, 6c
accomplit le quatrième de fes travaux.
BICHET, f. m. {Comm.) quantité ou mefure de
grains, qui eft différente fuivant les lieux où elle eft:
en ufage. Le bicket n’eft pas une mefure réelle, telle
que peut être le minot à Paris; c’eft une mefure factice
compofée de plufieurs autres mefures.
A Tournus le bicket eft de l’eize mefures ou boif-
feaux du pays, qui font dix-neufboiffeaux de Paris
6c un peu plus.
Le bichet de Beaune auffi-bien que celui de Tour-
nus , fe divife enfeize mefures ou boiffeaux du pays,
mais qui ne rendent à Paris que dix-huit boiffeaux.
' Celui de Verdun, compofé de huit mefures ou
boiffeaux, rend quinze boiffeaux de Paris ; & le bicket
de Châlon-fur-Sône, qui contient huit mefures
du pays, eft égal à quatorze boiffeaux de Paris.
En quelques autres endroits de France, & notamment
à L yon, le boiffeau fe nomme bicket, quoique
fort différent des autres bichets dont on vient de
parler.
On fe fert aufli du bichet dans quelques endroits
de l’Alface 6c des trois évêchés : mais prefque partout
il varie pour la capacité 6c le poids , félon la
nature des grains : ainfi à Sarebourg le bichet de froment
pefe 23 livres poids de marc, celui de meteil
22, celui de feigle 2 1 , & celui d’avoine 146 livres ;
& à Toul le bichet de froment pefe 134 , de meteil
129 , de feigle 1 1 9 , 6c celui d’avoine feulement 80
livres
Bichet fe dit aufli en quelques endroits d’une mefure
de terre qui s eftime par celle d’un bichet de grain
qu’on y peut ferner. Voyc1 A r p e n t . (G )
* BICHOW, {Géog.) fortereffe dans le Palatinat
de Meiflàu en Pologne , fur le fleuve Nieper.
* BICIOS, {Hiß. nat. Infectol.) l’on appelle ainlï
dans le Brelil un infe&e fort petit & fort incommode
qui entre par les pores, s’inünue entre cuir & chair,
6c caufe des douleurs très-confidérables.
* B IC O N G E , ( Hiß. anc. ) c ’é to i t u n e m e fu re
u f it c c c h e z les an c ien s R om a in s ; e lle c o n te n o it dou z
e fe x t ie r s . f'byei C o n g e .
* BICORNlGER, adj. ( Myth. ) c’eft ainfi qu’on
a furnomme Bacchus , qu’on trouve quelquefois re-
préfentë avec deux cornes , fymbole des rayons du
îoleil, ou de la force que donne le vin.
BICQUETER, ce mot fe dit (e/zf^/zew) des chèvres
qui font leurs petits.
B IC O Q U E , f. f. c’eft ainfi qu’on appelle, dans
l'Art militaire, une petite place mal fortifiée 6c fans
défenfe. ( Q )
* B IC U R E , ( Géog. ) petite riviere de l’île de
France, dont les eaux lont très-bonnes pour les teintures
en écarlate.
* B ID A C H E , ( Géog. ) petite ville de France ,
dans la baffe Navarre , proche le pays de Labour*
Hh