Bourre , en umts d'Artillerie, ç’eft tout ce que l
l’on met fur la poudre en chargeant les armes à feu,
papier, foin, &c. Voyc^ C h a r g e & T am po n . 02) . HH Bourre fe dit de la première forte de bourgeons
des vignes & des arbres fruitiers.
Bourre fe dit aufli de la graine d’anemone. (K)
BOURREAU, f. m. (Hift. une. & mod.)le dernier
officier de juftice, dont le devoir eft d’execu-
ter les criminels. La prononciation de la féntence
met le bourreau en poflèflion de la perfonne condamnée.
En Allemagne on n’a point pour le bourreau
la même averfion qu’en France. L’exécuteur eft
le dernier des hommes aux yeux du peuple ; aux
yeux du philofophe , c’eft le tyran.
BOURRÉE, f. f. terme dOrcheflique. Il y a des pas
qu’on nomme pas de bourrée. Voy e^plus bas.
Il y a une danfe qu’on nomme La bourrée : elle eft
gaie, 8c on croit qu’elle nous vient d’Auvergne : elle
eft en effet toujours en ufage dans cette province.
Elle eft compofée de trois pas joints enfemble, avec
deux mouvemens. On la commence par une noire
en levant.
Mouret a fait de jolies bourrées ; il a porté ce gen- ^
re d’airs & de danfe dans fes ballets.
On l’a peu fuivi, cette danfe ne paroiffant pas affez
noble pour le théâtre de l’opéra. (B)
La bourrée eft à deux tems, 8c compofée de deux
parties, dont il faut que chacune ait quatre mefures,
ou un nombre de mefures multiple de quatre. Elle
différé peu du rigaudon. Poye^ Rigaudon.
Bourrée, (Pas de) ce pas eft compofé de deux
mouvemens; favoir d’un demi-coupé avec un pas
marché fur la pointe du pié, 8c d’un demi-jetté : je
dis un demi-jetté, parce qu’il n’eft fauté qu’à demi ;
& comme ce pas eft coulant, fon dernier pas ne doit
pas être marqué fi fort. On en a adouci l’ufage, parce
qu’il demande beaucoup de force dans le coup-de-
pié : on y a donc ajoûté le fleuret. Voye^ la définition
de ce pas.
Pas de bourrée avec fleuret deffus & deffous. Ces pas
fe font en revenant du côté gauche, le pié droit étant
à la première pofition. On plie fur le pié gauche en
ouvrant les genoux, 8c étant plié on croife le pié devant
foi jufqu’à la cinquième pofition, 8c l’on s’élève
deffus. On porte enfuite le pié gauche à côté à la fécondé
pofition, & le droit fe croife derrière à la cinquième
; ce qui fait l’étendue du pas.
Ceux qui fe font deffous & deffus ne different du
premier, qu’en ce que le demi-coupé fe croife derrière
, & le troifieme fe croife devant.
Quant à ceux qui fe font de côté en effaçant l’épaule
; le corps étant pofé fur le pié gauche, on plie
deffus, ayant le pié droit en l’air près du gauche, 8c
on le porte à côté en s’élevant fur la pointe, & en
retirant l’épaule droite en arriéré : mais la jambe gauche
fuit la droite, 8c fe pofe derrière à la troifieme
pofition, les genoux étendus fur la pointe ; 8c pour
le troifieme on laiffe gliffer le pié droit devant à la
quatrième pofition, en laiffant pofer le talon à terre,
ce qui finit ce pas. Le corps étant pofé fur le droit, on
peut plier deffus, 8c en faire un autre du gauche.
Pas de bourrée ouvert ; fi on prend ce pas^du pié
droit, l’ayant en l’air à la première pofition, on plie
fur le gauche, 8c l’on porte le droit à la fécondé pofition
; ou l’on s’élève fur ce pié , en faifant ce pas.
de la forte : la jambe gauche fuit la droite, en s’approchant
à la première pofition, & dansle même tems
le droit fe pôle entièrement, 8c de fuite le gauche fe
pofe à côté à la fécondé pofition, en laiffant tomber
le talon le premier. Lorfque le corps fe pofe fur ce
p ié, on s’élève fur la pointe ; par cette opération on
attire la jambe droite, dont le pié fe gliffe derrière
le gauche jufqu’à la troifieme pofition, & le pas eft
terminé. Si l’on en veut faire un autre du pie gauche,
il faut porter le talon droit à terre , plier deffus, 8c
porter le pié gauche à côté, en obfervant les memes
réglés. . ;
Pas de bourrée emboîté; ce pas s’appelle ainfi, parce
qu’il s’arrête au fécond pas à l’emboiture. Il faut faire
le demi-coupé en arriéré, en portant le pié à la quatrième
pofition. Le fécond pas fe porte vite à la troifieme
, 8c l’on refte un peu dans cette pofition fur la
pointe des piés, les jambes étendues ; puis on laiffe
gliffer le pié qui eft devant jufqu’à la quatrième pofition.
Ce mouvement fe fait en laiffant plier le genou
de la jambe de derrière, qui renvoyé par fon plie le
corps fur le pié de devant ; ce qui fait l’étendue de ce
pas.
B o u r r é e , e ft un p etit fa g o t q u i n’e ft fa i t q u e de
ramaflis d e b o is 8c d e b ro ffa ille s , te lle s q u e c e lle s
d o n t o n fa i t l ’am e d ’un fa g o t . Voy. Bois d e c h a u f f
a g e , voye^ F a g o t .
BOURRELIERS, f. m. ouvriers qui font les har-
nois de chevaux de carroffe, de charrette ; ils font
de la communauté des Selliers. Ils ont été nommés
bourreliers, du collier des chevaux, qu’on appelloit
autrefois bourrelet. Voye^ S e l l i e r .
BOURRU, BOURRUE, adj. (Manufacl. en foie.)
fe dit de tout fil ou foie inégal, ou chargé de différentes
bourres de la même efpece, qui s’y font introduites
lors de la fabrique de ce fil ou foie ; cette
bourre doit être ôtée foit de la chaîne ou de la trame
fi l’on veut que l’ouvrage foit beau.
BOURSAULT, terme de Plombier, eft une piece
de plomb qu’on place au haut des trois couverts d’ar-
doife. C ’eft la principale piece de l’enfaîtement ; au-
deffous du bdurfault eft la bavette, 8c au-deffous de
la bavette eft le membron.
B o u r s a u l t RO ND , outil de Plombier, c ’eft un infiniment
de bois plat d’un côté 8c arrondi de l’autre,
dont les Plombiers fe fervent pour battre & arrondir
les tables de plomb dont ils veulent faire des tuyaux
fur les tondins. Le manche du bourfault eft attaché le
long du côté qui eft plat ; il n’y a que le côté arrondi
qui ferve à battre le plomb. Voye^ la figure Plane, de
Plomberie & du Fontainier.
BOURSE, en termes de Bourfiers, dont ils tirent
leur nom, eft une efpece de petit fac portatif, fermé
par des cordons, 8c propre à recevoir tout ce qu’on
veut y mettre. Il y a des bourfes à cheveux, à jetions ,
8cc. Poyes ces mots.
BOURSE à c h e v e u x , terme de Bourfier & autres,
c’eft un petit fac de taffetas noir, environ de huit pouces
en quarré, au haut & en-deffus duquel eft attaché
un ruban fort large, noir 8c plié en rofe. Ce fac eft
fermé de deux côtés, 8c eft ouvert par en-haut. Il y a
un faux ourlet à chaque bord, dans lefquels paffent
des cordons qui le font ouvrir ou fermer. Les hommes
s’en fervent pour mettre leurs cheveux par-der-
riere. Les marchands de modes en font peu, mais ils
les font faire par des ouvriers.
B o u r s e a j e t t o n s , les Bourfiers appellent de ce
nom un fac de cuir, de velours, &c, qui fe ferme
avec des cordons qui traverfent les quarrés en fens
contraires. Il y a des bourfes à dix, douze quarrés plus
ou moins, c’eft-à-dire à dix ou douze plis,
B o u r s e , en Anatomie, fe dit de deux facs formés
par le darthos 8c le ferotum, qui enveloppent les tef-
ticules comme dans une bourfe. Kyye^ D a r t h o s &
S c r o t u m . (L), • ; ••
B o u r s e , (Commerce.) en termes de Négocians, eft
un endroit public dans la plupart des grandes villes,
oïi les Banquiers, Négocians| Agens, Courtiers, Interprètes,&
autres perfonnes intéreffees dans le commerce,
s’affemblent en certains jours, §c à une heure
marquée, pour traiter enfemble d’affaires de commerce,
de change, de remifes, de payemens, d’affinances,
de fret, 8c d’autres chofes de cette nature,"
qui regardent les intérêts de leur commerce, tant fur
terré que fur mer.
Bruges en Flandre a été la première ville oïi l’on fe
fe foit fervi du mot de bourfe, pour defigner le lieu où
les Marchands tenoient leurs affemblées, à caufe que
les Marchands de cette ville s’affembloient dans une
place vis-à-vis d’une maifon qui appartenoit à la famille
de Vander bourfe.
En Flandre, en Hollande, 8c dans plufieurs villes
de la France, on appelle ces endroits bourfes ; à Paris
8c à Lyon, place de change ; 8ç dans les villes libres
8c anféatiques du Nord, collèges des Marchands.
Ces affemblees fe tiennent avectantd’exa&itude,
8c il eft fi néceffaire aux négocians de s’y trouver,
que la feule abfence d’un homme le fait quelquefois
foupçonner d’avoir manqué ou fait banqueroute.
Voye?^ B a n q u e r o u t e & F a i l l i t e .
Les bourfes les plus célébrés de l’Europe font, celle
d’Amfterdam, 8c celle de Londres, que la reine
Elifabeth fit appeller le change royal, nom qu’elle a
retenu depuis. Poye^-enladefcriptionàVarticle C h a n g
e r o y a l .
La bourfe. d’Anvers n’étoit guere inférieure à celles
de Londres 8c d’Amfterdam, avant le déclin du commerce
de cette ville.
Dans le tems même des anciens Romains , il y
avoit des lieux où les commerçans s’affembloient
dans les villes les plus confidérables de l’empire. La
bourfe que quelques-uns prétendent avoir été bâtie à
Rome, l’an 159 après la fondation de cette v ille ,
c’eft-à-dire 49 3 ans avant la naiffance de Jefus-Chrift,
ibus le confulat d’Appius Claudius , 8c de Publius
Servilius, fut nommee collegium mercatorum ; on prétend
qu’il en refte encore quelque chofe, que les romains
modernes appelle loggia , la loge , 8c qu’ils
nomment aujourd’hui la place S. George. Voye^ C o l l
è g e .
C’eft fur l’autorité de Tite-Live qu’on fonde cette
opinion d’une bourfe dans l’ancienne Rome ; voici ce
que dit cet auteur : Certamen confulibus inciderat uter
dedicaret Mercurii oedem. Senatus à fe rem ad populum
rejecit : utri eorum dedicatio juffu populi data effet,
eum prceejfe annonce , mercatorum collegium inflituere
jufjit. Lib. II. Mais il eft à remarquer que dans la pureté
de la langue latine, collegium ne fignifioit jamais
un édifice fait pour une foeiété de gens ; de forte que
collegium mercatorum inflituere, ne peut pas fe rendre
par bâtir une place de change ou un collège pour les négocians.
Le fens de cette expreflion eft que les négocians
furent incorporés 8c formés en compagnie ; 8c
comme Mercure étoit le dieu du commerce, cette
te des Mercurii femble avoir été le lieu deftiné aux dévotions
de cette compagnie de commerçans.
La bourfe des marchands de Touloufe fut établie
par Henri II. en 1549, à l’incitation des juges confer-
vateurs des privilèges des foires de Lyon.
L’édit d’éreftion confirmé par lettres patentes du
roi en 1551, permet aux marchands de cette ville
d’élire 8c de faire chaque année un prieur ÔC deux
confuls d’entre eux pour connoître 8c décider en première
inftance de tous 8c chacuns les procès 8c différends
qui pour raifon de marchandifes, affûrances ,
&c. feroient mus 8c intentés entre marchands 8c trafiq
u a i à Touloufe, 8t par appel au parlement de ladite
ville ; leur permettant d’acheter ou conftruire un
bâtiment pour y tenir la jurifdi&ion 8c les affemblées
de ladite bourfe commune.
Les marchands qu’il eft permis aux prieur 8c confuls
de choifir 8c de s’affocier pour aflifter aux juge-
mens de la bourfe , s’appellent juges - confeillers de la
retenue^ & font au nombre de foixante. Voye{ Juges
DE LÀ RETENUE.
La bourfe de Rouen , ou , comme on l’appelle, la
conventionné Roiien, eft de quelques années plus moderne
que celle de Touloufe , n’étant que de l’année
1566, fous le régné de Charles IX. pour le refte elle
lui eft à-peu-près femblable.
La plus nouvelle de toutes les bourfes confulaires eft
celle de Montpellier, érigée en 1691 parLouisXIV.
pour les marchands de cette ville, & dont la jurif-
diftion s’étend dans les diocèfes de Montpellier, Nîmes
, Uses, Viviers, le Puy, Mende, Lodève, Agde,
Befiers,Narbonne, 8c Saint-Pons. Ses officiers font
un prieur, deux juges-confiils, un fyndic, 8c un certain
nombre de bourgeois pour aflifter avec eux aux
jugemens.
A Bourdeaux, les confuls font appellés jugts-con-
fuls delà bourfe commune des marchands. Voye? CO N SULS.
Jufqu’en 17 14 , le lieu d’affemblée où les marchands,
banquiers, négocians, 8c agens de change
de Paris s’affembloient pour traiter de leur commerce,
étoit fitué dans la grande cour du palais, au-deffous
de la galerie dauphine , du côté de la conciergerie
; 8c on l’appelloit la place du change. Mais alors
on choifit l’hôtel de Nevers , rue Vivienne ; 8c aux
bâtimens quiyétoient déjà, on enajoûta de nouveaux
pour la commodité des négocians, banquiers, &c. 8c
c’eft ce qu’on nomme aujourd’hui à Paris la bourfe.
On peut en voir les principaux reglemens dans l’arrêt
du confeil du 24 Septembre 1724, 8c dans le dictionnaire
du Commerce de Savary, tom. I. pag. /080.
&fuiv.
La bourfe d'Amflerdam eft un grand bâtiment de brique
8c de pierre de taille, qui a 230 piés de long fur
13 o de large, 8c autour duquel régné un périftile, au-
deffus duquel eft une galerie de vingt piés de largeur.
Les piliers du périftile font au nombre de quarante-
fix, tous numérotés depuis un jufqu’à quarante-fix,
pour diftinguer les places où fe tiennent les marchands,
8c aider à les trouver aux perfonnes qui ont
affaire avec eux ; ce qui fans cela feroit fort difficile,
puifque ce bâtiment peut contenir jufquà 4500 perfonnes.
La bourfe eft ouverte tous les jours ouvrables
depuis midi jufqu’à une heure 8ç demie ou deux heures
; on en annonce l’ouverture par le fon d’une cloche.
A midi 8c demi on en ferme les portes ; on y peut
néanmoins entrer jufqu’à une heure en payant un certain
droit à un commis établi pour le recevoir.
Outre cette bourfe, il y en a encore une dans la même
ville, qu’on appelle la bourfe aux grains. Ç ’eft une
halle fpacieufe où les marchands de grains, faveurs.
&c. s’affemblent tous jes lundis, mercredis, 8c vendredis
, depuis dix heures du matin jufqu’à midi 8c
vendent ou achètent des grains fous montre. II y a
aufli à Rotterdam une bourfe très-belle , 8c qui fait
un des principaux ornemens de cette v ille, quoique
moins grande 8c moins fpacieufe que celle d’Amfterdam.
Bourse a encore, dans le Commerce, plufieurs lignifications
, dont voici les principales.
Il fe dit de ceux qui ont beaucoup d’argent comptant,
qu’ils font valoir fur la place en efeomptant des
lettres ôc billets de change : ainfi on dit, ce marchand
efl une des meilleures bourfes de Paris.
Bourfe commune eft proprement une foeiété qui fe
fait entre deux ou plufieurs perfonnes de même pro,
feffion, pour partager par égale portion les profits,
ou fupporter les pertes qui peuvent arriver dans leur
trafic. On dit quelquefois tenir ia bourfe , pour tenir
la caiffe. Voye[ CAISSE.
Bourfe commune s’entend aufli de ce qui provient
des droits de réceptions, foit à l’apprentiffage , foit
à la maîtrife , dans les corps des marchands 8c les
communautés des Arts & Métiers ; ce qui compote
un fonds qui ne peut être employé que pour les be-
foins 8c affaires communes. Ce font ordinairement