» fe mêloit avec les autres, qui par leurs ftéqpens
» chaneemens faifoient un effet agréable. Furetiere,
» article Caméléon. Toutes ces diverfités demande-
»roient un examen plus circonfpeft, qui épargnât
„ là peine de chercher des explications pour ce qui
» n’exifte peut-être point : cependant l’on en a pro-
» pofé plufieurs : les uns difent que ce changement
i de couleurs fe fait par fuffufion, les autres par re-
» flexion, d’autres par la difpofltioa des patncules*
» qui compofent fa peau. Elle eft tranfparente, dit
» le P. Régnault ( Enir. de Phyf. tom. lF .p . iSa.) ,
» & renferme une humeur tranfparente qui renvoyé
»les rayonshold'rés, à-peu-près comme une lame
„mince de éorfie ou de verre. Mathiole rapporte
» plufieurs fuperflitions des anciens touchant le ca-
» m é lé o n . Ils ont dit que fa langue, qu on lui avoit
» arrachée étant envie, fervoit à faire gagner le pro-
» cès de celui qui la portoit ; qu’on failoit tonner oC
» pleuvoir fi l’on brûloir fa tête & ton gofier avec
>i du bois de chêne, ou fi on lôtiffqit fon tore fur une
» tuile rouge ; que fi on lui arrachoit l’oeil,droit étant
» en v ie , cet oeil mis dans du lait de chevre otoit les
»taies ; que fa . /• langue liée fur une femme enceinte ■ -i_.1 ^ ■ nu« Va •mârhoire
» droite ôtoit toute frayeur à ceux qui la portaient
» fur eu x, & que fa queue arrêtoit des rivières. Ce
„ qui montre que les Naturaliftes ont débité des cho
» fes auffi fabuleufes que les Poètes.
« Il y a en Egypte des caméléons qui ont onze à
h douze pouces, y. compris la queue ; ceux d’Arabie
»> & du Mexique ont fix pouces feulement ». ^
On ne fait pourquoi les Grecs ont donne a une
bête auffi vile 8c auffi laide, d’auffi beaux noms que
ceux de petit-lion ou de chameau-lion. Cependant on
afoupçonné que c’étoit parce qu’elle a une crête fur
la tête comme le lion : mais cette crete ne paroit a
la tête du iioh, qu’après que les mufcles des tempes
ont été enlevés. On a auffi prétendu que ;c eft parce
que le uaitüitm prend les mouches, comme le f^ n
chaffe & dévore lés antres animaux, qu’il a été comparé
au lion , de même que le; formica leo. ' ' ., ; I
Les caméléons ont les jambes plus longues que le
crocodile & le lézard : cependant ils ne marchent
aifément que fur les arhres. On en a obfervé de vr-
Vans,: qui avoientété apportés d Egypte. Le plus
orand avoir la tête de la longueur d’un pouce 8c dix
lionès 11 y avoit quatre pouces & demi depuis la
tête iùfqu’au commencement de la queue. Les près
avoient Chacun deux pouces & demi de long, 8c la
queue droit de cinq pouces. La groffeur du corps fe
trouvoit différente en différens tems ; g avoit quelquefois
deux pouces depuis ledos jufqu au-deffous du
ventre: d’autres fois il n’avôit guère plus d’un pouce
parce que le corps de l’animal fe contraêloit St
fe dilâtoit. Oes mouvemens êfeSent non-feulement
dans le thorax & le ventrfe , mais encore dans les
bras les jambes, 8c la queue ; ils ne fuivoient pas
ceux de la refpiratic» , car ils étoient irréguliers,
comme dans les tortues , .les grenouilles, 8c les le-
zards. On a vu ici des caméléons relier enfles pen-
dant plus de deux heures, 8c demeurer defenflés
pendant un plus long-tems ; dans cet état ils pafoif-
fe'nt fi maigres, qu’on croiroit qu’ils n’auroient que
la peau appliquée fur leurs fqueletes. On ne peut
attribuer CeS fortes de contractions 8c de dilatations
qn’à l’ait que tefoire l’animal : mais on ne fait pas
Comment H peut fe répandre dans tout le cotps,ï#n-
tre la peau St les mufcles ; -car il y a toute apparence
que -f air forme l’enflure, comme dans la grenouille.
Quoique le caméléon qui ai été obfervé, parût fort
maivre lorfqu’il étôit defenflé ,on ne pouvoir cependant
pas fentir le battement du. coeur. La peau étoit
froide au toucher, inégale, relevée par de petites
polies comme le.chagrin, 8c cependant allez douce,
parce que les grains étoient polis : ceux qui couvraient
les bras, les jambes, le ventre, 8c la queue,
avoient la grbffeur de la tête d’une épingle ; ceux
qui fe trouvoient fur les épaules 8c fur la tête étoient
un peu plus gros 8c de figure ovale. Il y en avoit fous
la gorge de plus élevés 8c de pointus ; ils étoient rangés
en forme de chapelet, depuis la levre inférieure
jufqu’à la poitrine. Les grains du dos 8c de la tête
étoient raffemblés au nombre de deux, trois, quatre
, cinq, fix, & fept ; les intervalles qui fe trou-
voient entre ces petits amas, étoient parfemés de
grains prefqu’imperceptibles.
Lorfque le caméléon avoit été à l’ombre 8c en repos
depuis long-tems, la couleur de tous les grains
de fa peau étoit d’un gris bleuâtre, excepté le def-
fous des pattes qui étoit d’un blanc un peu jaunâtre ;
& les intervalles entre les amas de grains du dos 8c
de la tête étoient d’un rouge pâle 8c jaunâtre, de
même que le fond de la peau.
La couleur grife du caméléon changeoit lorfqu’il
étoit expofé au foleil.Tous les endroits qui en étoient
éclairés prenoient, au lieu de leur gris bleuâtre, un
gris plus brun 8c tirant fur le minime ; le refie de la
peau changeoit fon gris en plufieurs couleurs éclatantes
, qui formoient des taches de la grandeur de
la moitié du doigt ; ’quelques-unes defeendoient depuis
la crête de l’épine jufqu’à la moitié du dos ; il y
en avoit d’autres fur les côtés, fur les bras, 8c fur la
queue; leur couleur étoit ifabelle, par le mélange
d’un jaune pâle dont les grains fe coloraient, 8c d’un
rouge clair qui étoit la couleur du fond de la peau
entre les grains. Le refte de cette peau , qui n’étoit
pas expofée au foleil 8c qui étoit demeurée d’un gris
; plus pâle qu’à l’ordinaire, reffembloit aux draps mêlés
de laines de plufieurs couleurs ; car on voyoit
quelques-uns des grains d’un gris un peu verdâtre,
d’autres d’un gris minime, d’autres d’un gris bleuâtre
qu’ils ont d’ordinaire ; le fond demeurait rouge
comme auparavant. Lorfque le caméléon ne fut plus
expofé au foleil, la première couleur grife revint
peu - à-peu fur tout le corps, excepté le deffous des
piés qui conferva fa première couleur, avec quelque
teinte de brun de plus. Lorfqu’on le toucha, il parut
incontinent fur les épaules & fur les jambes de devant
plufieurs taches fort noires de la grandeur de
ffl’ongle ; quelquefois il devenoit tout marqueté de
taches brunes qui tiraient fur le verd. Après avoir
été enveloppé dans un linge pendant deux ou trais
minutes, il devint blanchâtre, ou plutôt d’une couleur
grife fort pâle, qu’il perdit infenfiblement quelque
tems après. Cette expérience ne réuffit qu’une
feule fois , quoiqu’elle fût répétée plufieurs fois en
différens jours : on la tenta auffi fur d’autres couleurs,
mais l’animal ne les prit pas. On pourrait
croire qu’il ne pâlit dans le linge blanc, que parce
qu’il s’y trouva dans l’obfcurité, 8c parée que le linge
etoit froid de même que l’air, qui fe trouva plus .
froid le jour de cette expérience, qu’il ne le fut les
autres jours où on la répéta.
La tête de ce caméléon étoit alfez femblable à celle
d’un poiffon, parce qu’il avoit le cou fort court, 8c
recouvert par les côtés, de deux avances cartilagi-
neufes allez reffemblantes aux oiiies des poiffons.
Il y avoit fur le fommet de la tête une crête élevée
& droite ; deux autres au - deffus des yeux, contournées
comme une S couchée ; 8c entre ces trais crêtes
deux cavités le long du deffus de la tête. Le mufeau
formoit une pointe obtufe, & la mâchoire de deffous
étoit plus avancée que celle de deffus. On voyoit
fur le bout du mufeau, un trou de chaque côté pour
les narines, & il y a apparence que ces trous fervent
auffi pour l’oüie. Les mâchoires étoient garnies de
dents, ou plutôt c’étoit un os dentelé, qui n’a pas
paru fervir à aucune maftication ; parce que l’animal
-avaloit les mouches & les autres infe&es qu’il pre-
noit fans les mâcher. La bouche étoit fendue de
deux^ignes au-delà de l’ouverture des mâchoires, 8c
cette continuation de fente defeendoit obliquement
en-bas. ' .
Le thorax étoit fort etendu en comparauon du ventre.
Les quatre piés étoient pareils;, ou s’il y avoit ?
quelque différence, c’eft que ceux de devant étoient
pliés en-arriere, 8c ceux de derrière en-devant ; de ■
forte que l’on pourrait dire que ce font quatre bras
qui ont leur coude en-dedans, y ayant dans chacun
l’os du bras & les deux os de l’avant-bras. Les quatre ;
pattes étoient compofées chacune de cinq doigts, &
reffembloient plûtôt à des mains qu’à des piés. Eiles
étoient néanmoins auffi larges l’une que l’autre, les
doigts, qui étoient deux à deux, étant plus gros que
ceux qui étoient trois à trois. Ces doigts etoient enfermés
enfemble fous une même peau, comme dans
*me mitaine, & n’étoient point féparés l’un de l’autre,
mais paroiffoient feulement à-travers la peau. La
dilpofition de ces pattes étoit différente, en ce que
celles de devant avoient deux doigts en-dehors 8c
trois en-dedans ; au contraire de celles de derrière,
qui en avoient trois en-dehors & deux en-dedans.
Avec ces pattes il empoignoit les petites branches
des arbres, de meme que le perroquet, qui pour fe
percher partage fes doigts autrement que la plupart
des autres oifeaux, qui en mettent toujours trois devant
8c un derrière ; au lieu que le perroquet en met
•deux derrière de même que devant.
Les ongles étoient un peu crochus, fort pointus,
&: d’un jaune pâle, & ils ne fortoient que de la moitié
hors la peau ; l’autre moitié étoit cachée & enfermée
deffous : ils avoient en tout deux lignes 8c demie de
loïlg. , ' ^ ' ' -.V' o - • ■
Le caméléon marchoit plus lentement qu une tortue
, quoique fes jambes fuffent plus longues & moins
embarrafiées. On a cru que les animaux de cette ef-
pece pourraient aller plus vite , & on a foupçonne
que c’eft la timidité qui les arrête. La queue de celui
qui a été obfervé, reffembloit affez à une vipere ou à
la queue d’un grand rat, lorfqu’elle étoit gonflée;
autrement elle prenoit la forme des vertebres fur lesquelles
là peau eft appliquée. Lorfque l’animal étoit
fur des arbres , il entortiiloit fa queue autour des
branches ; & lorfqu’il marchoit, il la tenoit parallèle
au plan fur lequel il étoit pofé, & il ne la laiffoit traîner
par terre que rarement.
On l’a vu prendre des mouches & autres infeél.es
avec fa longue langue. On a trouvé ces mêmes mouches
& des vers'dans Peftomac & les inteftins : il eft
vrai qu’il les rendoit prefqu’auffi entiers qu’il les
-avoit pris ; mais on fait que cela arrive à d’autres
animaux qui n’ont jamais été foupçonnés de vivre
d’âir, comme le caméléon. Ce préjugé n’eft pas mieux
fondé que celui qui a rapport au changement de couleurs,
qu’on a dit lui arriver par l’attouchement des
différentes chofes dont il approche. Mém. de Vacad.
royale des Sciences, tome I ll.part.j-.pag .jS. &fuiv.
Voyei QUADRUPEDE. ( / )
GAMÊLÉOPARD, voye{ Giraffe.
CAMELFORD, (Géog.) ville d’Angleterre, dans
la'province de Cornouailles.
* CAMELOT, f. m. {Draperie.) étoffe non croifée
qui fe fabrique, comme la toile ou comme 1 etaniine,
-fur un métier à deux marches. Il y en a de différentes
longueurs &: largeurs, & de toutes couleurs. On en
diftirigue de plufieurs fortes , entré léfquels les uns
font tout poil de chevrè ; d’autres! ont ta trame poil-,
& la chaîne moitié poil & moitié foie ; de troisièmes
-qui font tout laine ; & de quatrièmes Ôù là. chaîne eft
hl 6 c la trame eft laine. Tous c Q S camelots. prennent
différens noms, félon la façon ; il y en a de teints en
fil & de teints en piece. On appelle teint.s en fil, ceux
Tome II,
dont le fil, tant de chaîne que de trame, a été teint
avant que d’être employé ; & teints en piece, ceux
qui vont à la teinture au fortir du métier. Il y en a
de jafpés, de gauffrés, d’ondés, de rayés, &c. On en
fait des habits, des meubles, desornemens d’églife,
&c. Il s’en fabrique particulièrement en Flandre *
en Artois, en Picardie ; on en tire auffi de Bruxelles,
de Hollande & d’Angleterre, qui font eftimées. Il
en vient du Levant. On en fait de foie , cramoifis,
incarnats, violets , &cr mais ce font des taffetas 8c
des étoffes tabiféès, qu’ôn fait paffer pour des camelots.
Comme cette étoffe eft d’un grand üfage, le coni
feil a pris des précautions pour quë la fabrication en
fût bonne. Il a ordonné que les camelots de grain tout
laine auraient la chaîne de quarante-deux pprtées,
8c chaque portée ou biibot, dé vingt fils, avec demi-
aune demi-quart de largeur entre les lifieres, 8c teen-
te-fix aunes de longueur : que ceux à'dèux fils dé foie
auraient quarante-deux portées, 8c vingt-fix ou huit
fils à chaque portée, avec même longueur Sc largeur
que les précédents : que le$ camelots {üperfins auraient
la chaîné de poil de chèvre filé, avec deux fils
de foie ; quarante-deux portées à trénte-fix fils chacune
, la trame double, de fil.de tiircôin, Ou de poil
de chevre filé, avec même longueur 8c largeur que
ci-deffus : enfin que les rayés & unis, tout laine, auraient
trente-trois portées, 8c douze fils à chacune,
fur demi-aune de largeur entre les lifieres, 8c vingt-
une aunede longueur pour revenir à vingt-une. Voyeç
les reglemens de i6ç)Cj.
Les camelots ondes ont pris cette façon à la calen-
dre, de même que les gaufrés à la gaufrerie. roye£ Calendre & Gaufrer. Les camelots à eau ont reçu
une eau d’apprêt, qui les a difpofés à fe luftrer fous
la preffe à chaud; .. Il faut être fort attentif à ne point laiffer.pfendre
de mauvais plis au camelot, parce qu’bn aurait beaucoup
de peine à les.luiôtèr. Portée , Bùhot,
Ccahtiaonîn 8ec, lTa rdaifmféere ;n 8cce àd .le' atrotuictlees D cèrsa éptoefrfeies., la5 fabriCAMELOTER,
v. neut. c’eft travailler un ouvrage
de tiffu, comme on travaille le camelot. Il y
a des étamines camelotées. à. gros grain &c . k petit
grain.
CAMELOTINE, f. f. ( Draperie?) petite étoffe
faite de poil 8c de fleuret, à la maniéré .des camelots.
Elle eft paffiée de mode : iPÿ- en avoit de différentes
largeurs.
C AMELQTTE, f; f. reliures à .la.^c?im,elotte. G es reliures
font d’ufage pour les liyres d’un très-modique
prix, comme les. livres des plus baffes- clàffes ; ou de
prières , à très-bon marché. La cameiotte<zonfiftè à
çoudre un livre à deux nerfs feulement : après qu’on
a marqué les endroits de la co.uture avec la.greque ,
on les paffe en carton greffier, mais, mince ; on les
endoffe fans mettre des ais entre les volumes-, 8c on
ne met que du papier fur le' dos, 8c le refté fe. finit
groffier ement.
CAMEN, ( Géog.) petite ville d’Allemagne dans
le comté de la Marck, en Weftphalie. '
- ÇAMENEC, {Géog.) ville, de Pologne au grand
duché de Lithuanie, dans le palatinat de Briefcia.
CAMENTS ou CAMENITZ, {Géog.) ville d’Allemagne
dans la Luface, fur l ’Elfter.
CAMERA, (La torre.de) Géog. petite ville
i d’Afrique en Barbarie?* au royaume de Barca.
CAMERAN, {Géogr.) île d’Afrique dépendante
de l’Abyffinie, dans la mer Rouge. •
CAMERARIA * füb., fv {Uljl. nat. bot.) genre de
plante dont le nom a été dérivé de celui de Joachim
Çamer anus, médecin de Nuremberg. La. fleur des
plantes de ce genre eft monopétale, faite en forme
de tuyau 8c de foûcoupe _ découpée. Il s’élève du
C C c c ij