eft très-vifible dans l’homme ; ce qui forme une forte
préfomption , que la nature qui agit toujours d’une
maniéré uniforme, ne s’eftpas propofé d’en faire un
animal carnacier. Il eft vrai que le cæcum n’eft que
fort petit dans les adultes, & qu’il femble n’y avoir
que fort peu d’ufage ou même point du tout : mais
il eft plus grand à proportion dans le foetus ; & il eft
probable que les changemens que nous faifons dans
notre régime à mefure que nous devenons plus âgés,
peuvent être la caufe de cette diminution. Voye^
C a r n i v o r e , C o l ü m & C oe c u m . (L )
CARNATION, f. f. fe dit au {impie de la couleur
des chairs, 8c au figuré de l’art de les rendre. Il s’étend
en Peinture à toutes les figures d’un tableau qui
font nues 8c fans draperie. Il faut obferver que le mot
de carnation ne fe dit point d’une partie en particulier
; ce feroit parler improprement que de dire ce bras
ejl d'une belle carnation ÿ il faut dire, ce bras ejl de belle
chair y 8c non pas bien de chair y ainfi que quelques auteurs
le prétendent ; bien de chair exprime les mol-
leffes de chair, 8c fe dit également des molleffes de
chair exprimées dans un deffein, quoiqu’il n’y foit
pas queftion de la beauté des carnations. On dit encore
, les carnations de ce tableau font admirables, (R)
CARNATION, en terme de Blafon, fe dit de toutes
les parties du corps humain, particulièrement du vi-
fage , des mains, 8c des piés , qui font repréfentées
Ru naturel.
La ville de T reves, d’argent à un S. Pierre de carnation
y vêtu d’azur, tenant de la main droite deux
clés d’or pafîées en fautoir. ( V )
CARNAVAL, f. m. ( Hijl. mod.) tems de fête &
de réjoiiiffance qu’on obferve avec beaucoup de fo-
lennité en Italie, fur-tout à Venife.
Ce mot vient de l ’italien çarnavale: mais du Cange
le dérive d team-aval y parce qu’on mange alors beau:
coup de viande , pour fe dédommager de l’abfti-
nence oit l’on doit vivre enfuite ; il dit en confé-
quence que dans la baffe latinité on l’a appelle carne
levamen, carnis privium ; & les Efpagnols cames tol-
lendas.
Le tems du carnaval commence le lendemain des
Rois, ou le fept de Janvier, & dure jutqu’au carême.
Les bals , les feftins, les mariages, fe font principalement
dans le carnaval. (G )
CARNÉ, adj. ( Jardinage. ) fedit d’un oeillet dont
le blanc tire fur la couleur de chair; ce qui eft regardé
comme un défaut dans un oeillet. (K. )
CARNEAU, f. m. (Marine.') les matelots donnent
ce nom à l’angle de la voile latine , qui eft vers la
proue. ( Z )
CARN E T , f. f. (Comm.) c’eft un des nomsque les
marchands, ncgocians, & banquiers donnent à une
forte de livre dont ils fe fervent pour connoître d’un
coup-d’oe'.i le tems des échéances de leurs dettes actives
o* pafîives ; c’eft-à-dire des fommes qu’ils ont à
recevoir 8c de celles qu’ils ont à payer, afin qu’en
faifant la balance ou comparaifon des payemens à
faire ou à recevoir, ils puiffent pourvoir aux fonds
néceffaires pour payer à point nommé, 8c dans le
tems des échéances.
Le carnet eft du nombre des livres auxiliaires ; on
le nomme encore bilan. Voye{ Bilan & Livres auxiliaires.
Carnet, fe dit aufli d’une efpece de petit livre
que les marchands portent dans les foires 8c marchés,
fur lequel ils écrivent, foit la vente , foit l’achat qu’ils
y font des marchandifes, 8c même leur recette &
dépenfe journalière.
On appelle aufli quelquefois carnet, une forte de
petitlivre dont fe fervent lesmarchands & négocians
de Lyon, lorfqu’ils vont fur la place du change, pour
faire le virement des parties ; mais fon nom le plus
ufité eft bilan, Voye^ Bilan. (G )
C ARNIA, ( l a ) Géog. province ou defpotatde la
Turquie en Europe, dans la baffe Albanie.
C ar n ia , ( l a ) Géog. pays d’Italie, dans l’état
de la république de Venife, dans la partiefeptentrio-
nale duFrioul, le long de la rivieredeTajamento.
* CARNIEN, adj. ( Hijl. 6r Myth. ) furnom d’Apollon,
8c nom de fêtes inftituées en fon honneur,
fur-tout à Lacédémone , pour expier la mort du devin
Carnus. Les prêtres d’Apollon Carnien gouver-.
nerent pendant trente-cinq ans le royaume des Sy-
cioniens, après la mort de leur roi. Carnus, prêtre
d’Apollon, fut tué à coups de fléchés par les Héracli-
des , à qui il prédifoit des fuites malheureufes de la
guerre qu’ils avoient contre les Athéniens ; mais la
pefte ayant fuccédé dans l’armée prefquîimmédiate-
ment à la mort de Carnus , on ne manqua pas de la
regarder comme un effet de la colere célefte. Onéle».
va un temple à Apollon, 8c l’on inftitua les carnées.
* CARNIFICATION des os y ( Chirurgie & Med, )
maladie des os ainfi nommée par M. Petit. Danscette
maladie la fubftance des os eft entièrement changée ;
elle perd fa dureté , fes fibres ne paroiffent plus fibres
offeufes ; les os ont la confiftance de chair , 8c
l’on diroit qu’ils font devenus chair, prenant ce mot
dans la lignification générale pour toutes les fubftan-
ces de notre corps qui font faignantes , quand on les
coupe, 8c felaiffent couper avec facilité. Voye^ymé-
moires de l'académie 1J2.1, pag. 229, plufieurs obfer-
vations de MM. Petit 8c Morand, quiconftatentla
certitude de cette maladie.
CARNIOLE , ( Géog, ) province d’Allemagne y
dans les états de la maifon d’Autriche , bornée par
la Carinthie 8c la Stirie, par l’Efclavonie 8c l’Iftfie ,
la Croatie & le Frioul. Laubach en eft la capitale.
CARNIVORE , adj. (Hijl. nat. ) fe dit des animaux
qui vivent de chair. Dans les animaux carnivores
, le colon eft fimple, 8c les excrémens liquides.
C ’eft ce qu’on a obfervé dans le chat, dans le chien,
dans le lion, dans l’ours. De plus, ils n’ont qu’un ef-
tomac membraneux, mou ; & il eft de même nature
dans les léfards, dans les poiffons, dans les ferpens,
dans le veau-marin , &c. mais toutes les efpeces
d’oies , de poules, 8c d’autres oifeaux granivores ,
dont le nombre eft immenfe, qui n’ont point de dents
&• ne fe nourriffent que d’une farine végétale, enfermée
dans des grains à double écorne, ont une ftruc-
ture différente. Au cou, au-deffus. du fternum, l’oe-
fophage fe dilate en un bulbe ou finus, appellé com-
munément jabot, rempli de glandes falivaires , qui
verfent fur les grains une liqueur propre à les amollir.
Ces glandes font en grand nombre, rondes, oblon-
gues, fiftuleufes , divifées fuivant leur longueur ;
elles paroiffent caves , 8c verfent un fuc blanc un
peu vifqueux. Dans les oifeaux de proie, on trouve
beaucoup de corps glanduleux. Malpighi remarque
que dans l’aigle, non-feulement la partie fupérieu-
re de l’eftomac, mais encore l’oefophage , eft parfe-
mé de glandes ovales, & qu’on y voit par-tout de
petits tuyaux qui viennent de la tunique nerveufe ,
& qui fourniffent un fuc. Le jabot a été exa&ement
décrit par Wepfer dans la cicogne, 8c par Grew dans
le pigeon. C’eft donc dans ce jabot ou premier ventricule
, que les matières féjournent, s’amolliffent, 8c
deviennent friables ; enfuite elles font pouffées au-
deffous du diaphragme dans l’abdomen , ou au lieu
d’un eftomac mou & membraneux, comme celui de
l’homme 8c de tous les carnivores, elles ont à effuyer
l’a&ion de deux paires de mufcles, après avoir fouf-
fert celle des trois tuniques mufculeufes du jabot.
Ces mufcles ont à leur partie fupérieure, des glandes
rangées en anneaux qui defcendentde la membrane
muiculeufe, 8c font percées à leurs pointes, comme
on le voit encore dans la poule 8c dans l’outarde.
Mais ce qu’il y a peut-être ici de plus fingulier 8c de
plus digne de remarque, c’eft qu’étant de figure el- :
liptique, ilslaiffent entre eux une fente fort étroite,
8c font intérieurement incruftés d’une membrane for- 1
t e , remplie de filions tranfverfaux, raboteufe , du- j
xe, calleufe , prefque cartilagineufe ; de forte que !
cette efpece de bouclier eft capable de moudre les !
corps les plus durs : car fon aftion eft prefque comparable
à celle des dents molaires. Willis même prétend
que les écréviffes ont de vraies dents dans le
ventricule. Les organes qui font réunis dans l’homme,
font donc féparés dans les oifeaux. Nous avons
dans l’eftomac la falive qui amollit, & des fibres charnues
qui broyent ; au lieu que les oifeaux diffolvcnt
dans un ventricule avant que de broyer dans l’autre
; 8c cette ftruûure leur étoit abfolument nécef-
faire. Sans cette duplicité , qui fait que l’aftion des
fibres charnues n’eft point énervée par un velouté
& par des humeurs, comment pourroient-ifs digérer
des alimens aufli durs, que la maftication n’eût pas
préparés auparavant ? Il n’eft donc pas furprenant
qu’on trouve fi fouvent dans les pigeons des matières
friables dans le premier ventricule , 8c réduites
en bouillie dans le fécond : mais il y a des animaux
qui n’ont ni dents, ni d’autre infiniment qui leur en
tienne lieu. Pourquoi cela ? c’eft qu’ils ne fe nourif-
fent pas d’alimens durs ; d’ailleurs ce qui manque en
fofide à quelques eftomacs, leur a été donné en li-
quide. TelIe eft la variété qui s’obferve dans les efto-
xnacs des granivores & des carnivores. Voye^ C a r -
i n a c i e r , G r a n i v o r e , & E s t o m a c . (L)
CARNOSITÉ, f. f. terme de Chirurgie , qui fignifie
une excroijfance charnue 8c fongueufe formée dans
l’urethre ou col de la veflie, ou dans la verge , qui
bouche le paffage des urines.
Les carnojîtés font très-difficiles à guérir : on ne les
connoît guère qu’en introduifant la fonde dans le paffage
, oîi elle trouve en ce cas de la réfiftance. Elles
viennent ordinairement de maladies vénériennes négligées
ou mal guéries.
Les auteurs ne conviennent point unanimement de
l ’exiftence des carnojités. Ils reconnoiffent tous une
maladie dans le canal de l’urethre , qui occafionne
une difficulté d’uriner, laquelle confifte en ce que le
jet de l’urine eft fort délié, fourchu, 8c de travers.
Les efforts que font inutilement les malades pour pif-
fer , rendent cette aftion fort douloureufe, 8c leur
fait rejetter fouvent les excrémens en même tems.
La veflie, en ne fe vuidant qu’imparfaitement, peut
s’enflammer & s’ulcérer par l’acrimonie que l’urine
contraûe en féjournant dans la cavité de ce vifeere.
Cette maladie eft très-fâcheufe ; elle peut avoir plu-
sfieurs fuites funeftes, telles que la rétention totale
d’urine , & l’impoflibilité de pénétrer dans la veflie
avec la fonde, ce qui met Iss malades dans le cas
d’une opération. Voye^ R é t e n t i o n d ’u r in e . Il
peut aufli fe faire des crevaffes à l’urethre , 8c en
conféquence une inondination d’urine dans le tiffu
cellulaire qui entoure la veflie 8c le reéhim ; de-14
des abcès gangréneux fuivis de fiftules, &c,
M. Dionis attribue la caufe de tous ces accidens à
des cicatrices qui fe font faites fur les ulcérés durs 8c
calleux de l’intérieur de l’urethre. Il affûre que quelque
diligence qu’il ait faite en ouvrant les corps qu’on
accufoit d’avoir des carnojités, il n’en a jamais trouvé.
Il traite d’erreur commune la perfuafion de l’exiftence
des carnojités. Il ajoûte que ceux qui préten-
doient avoir des remedes particuliers pour les guérir
, avoient intérêt de confirmer cette erreur plutôt
que d’en defabufer ; d’autant plus que cette maladie
ayant été abandonnée des véritables chirurgiens,
étoit devenue le partage des charlatans ou diftribu-
îeurs de fecrets.
Dionis rapporte à ce fujet l’exemple de Jean-Bap-
îifte L o ife au , maître chirurgien de Bordeaux, qui Tome II,
dans un recueil d’obfervations chirurgicales qu’il a
écrites,dit qu’il fut appellé pour traiter le roi Henri
IV. d’une carnojité ; qu’il l’a voit panfé & guéri , 8c
qu’il en avoit été récompenfé par une charge de chirurgien
de fa majefté , que le roi lui donna. Dionis
tient cette hiftoire pour apocryphe ; « elle ne prouve
» point, dit-il, qu’il y ait des carnojtés; elle fait voir
>> que ce M. Loifeau fait le myftérieux, 8c tient du
» charlatan, en publiant ce qu’il a fait, fans dire ni
» les moyens ni les remedes dont il s’eft fervi. S’il
» avoit.été v r a i, continue-t-il , que le roi eût eu
» une carnojité; il falloit qu’en écrivant cette hiftoi-
» re, M. Loifeau ne fît point un fecret ni de la mé-
» thode, ni des drogues qu’il avoit employées à une
»'guérifon pour laquelle il avoit été fi libéralement
» gratifié : & puifqu’il fe taît fur l’effentiel, ajoûte
» M. Dionis, je tiens le tout pour apocryphe ». Ce
raifonnement eft d’un ami du genre humain : mais il
n’eft pas concluant contre les carnojités.
Des praticiens poftérieurs à M. Dionis ont effayé
dans la maladie dont eft queftion, de dilater peu-à-
peu le canal de I’urethre, en fe fervant d’abord de
fondes de plomb fort déliées, 8c les augmentant en-
fuite jufqu’à rétablir le diamètre naturel de ce conduit.
D ’autres, avec des bougies de cordes à boyau
qui fe gonflent par l’humidité, font parvenus à mettre
en forme le canal de l’urethre ; ils ont en confé-
quence attribué le retréciffement de l’urethre au
gonflement du tiffu fpongieux de ce canal, en rejet-
tant l’opinion des carnojités & des cicatrices.
Benevole, chirurgien de Florence, a compofé eu
1725 un petit traité en langue italienne, fur les maladies
de l’urethre. Il n’eft d’aucune des opinions que
nous venons d’expofer : il penfe que la maladie fâ-
cheufe dont nous parlons , eft un effet de la tuméfaction
des glandes proftafes en conféquence de leur
ulcération, puifque I’ulcere de cette glande eft toujours
le principe de ce qu’on appelle camojtl.
S’il m’étoit permis d’expofer mon fentiment après
celui de tous ces praticiens, je dirois librement qu’ils
ont erré en donnant pour caufe exclufive le vice que
quelques obfervations leur avoient fait apperce-
voir ; 8c je penfe qu’ils n’ont trouvé cette maladie fi
rebelle, que pour avoir réglé leur méthode de traiter
invariablement fur la caufe qu’ils avoient reconnue
, & qu’ils croyoient être unique.
Le retréciffement de i’urethre par la préfence des
carnojités eft indubitable. La maniéré avec laquelle
M. Daran traite ces maladies, en eft-une preuve. Il
fe fert de bougies , qui mettent en fuppuration les
obftacles de Furethre. A mefure qu’ils difparoiffent ,
l’urine reprend fon cours ; 8c lorsqu'elle fort à plein
canal, & que les bougies d’une groffeur convenable
paffent librement jufque dans la velue, il cicatrife le
canal avec des bougies deflicatives. On voit que M>
Daran traite ces maladies comme on feroit un ulcéré
à la jambe. On doit rendre juftice à la vérité : on
ne peut difeonvenir des fuccès de M. Daran ; fon application
à cette forte de traitement, en lui faifant
honneur, en fait beaucoup à la Chirurgie, dont cette
maladie étoit prefque devenue l’opprobre. Les gué-
rifons qu’il a faites ne font point, comme quelques
perfonnes le penfent, le fondement d’une nouvelle
théorie : elles rétâbliffent la doftrine des anciens
; elles encouragent tous les Chirurgiens à ne
pas abandonner le traitement d’une maladie, 8c à ne
pas fe rebuter par les difficultés qu’il préfente. M.
Daran poffede un remede pour mettre les obftacles
de l’urethre en fuppuration : il a apparemment des
raifons particulières pour en garder le fecçet. Mais
il y a tant de perfonnes qui ont befoin d’un tel fe-
cours ! ce remede n’auroit-il point de fubftituts qu’un
habile chirurgien pourroit employer ? M. Goulard,
célébré chirurgien de Montpellier, en a découvert