l’oâave au-deffous, étant d’un plus grand diapafon.
Voyez la table du rapport des jeux de l’orgue. Il y a
des orgues oii les baffes de ce jeu font en bois ; alors
les tuyaux ont la forme repréfentée dans la fig. 6. PI.
d'Orgue. Ceux des deffus & des tailles font faits comme
ceux de la trompette , & font d’étain fin , ainfi
que les baffes, fi on ne les fait point en bois.
Ordinairement on place la bombarde fur un fom-
micr féparé ; car comme ce jeu confomme beaucoup
de vent, il altéreroit les autres. Voyeç O r g u e , oii
on explique la fafture 6c les proportions des parties
de ce jeu.
BOMBARDIER, f. m. c’eft, dans VArtillerie, celui
qui exécute les mortiers 6c les bombes.
Les bombardiers ont formé en France un régiment
attaché à l’Artillerie, comme celui des fufiliers, ap-
pellé enfuite régiment royal artillerie. Mais le régiment
des bombardiers a été incorporé dans royal artillerie
, par l’ordonnance du 5 Février 1710. Voye£
M o r t i e r . ( Q )
BOMBARDEMENT, f. m. ( Artillerie.) c’eft le
fracas que l’on fait en jettant des bombes dans une
place ou ailleurs. (Q )
BOMBARDER , c’eft jetter des bombes dans un
fort ou dans une place. (Q )
* BOMBARJOHN-SIGGEAR, ( Hijl.mod. ) c’eft
le nom qu’on donne, à la cour de Maroc, à un eunuque
noir qui eft commis à la garde des thréfors &
bijoux de l’empereur.
* BOMBASIN, f. m. ( Commerce.') on donne ce
nom à deux fortes d’étoffes : l’une de foie dont la manufacture
a paffé de Milan en quelques provinces de
France ; l’autre croifée 6c de fil de coton.
BOMBE , f. f. ( Artill.) eft un gros boulet creux
que l’on remplit de poudre , 6c qu’on jette par le
moyen du mortier fur les endroits qu’on veut détruire.
Elle produit deux effets ; favoir , celui de ruiner
les édifices les plus folides par fon poids ; 6c celui
de caufer beaucoup de defordre par fes éclats : car
lorfque la poudre dont elle eft chargée prend feu ,
fon effort rompt ou creve la bombe, & il en fait fauter
les éclats à la ronde.
Le mot de bombe vient de bombus, crepitus , ou Jibi-
lus ani, à caufe du bruit qu’elle fait.
M. Blondel croit que les premières bombes furent
jettées, en 1588 , au fiége de "Wachtendonck, ville
du duché de Gueldres. D ’autres prétendent qu’un
fiecle auparavant, en 1495 , on en Jetta ^ Naples
fous Charles VIII. 6c ils tâchent de le prouver par un
endroit du Verger d'honneur, compofé par Oûavien
de Saint-Gelais, & par André de la Vigne. Strada
dit que ce fut un habitant de Venlo qui fe mêloit de
faire des feux d’artifice, qui inventa les bombes. Les
habitans de cette ville fe propoferent de régaler de
cette invention le duc de Cleves qui étoit venu chez
eu x, 6c à qui ils avoient donné un grand repas. Ils
voulurent donc en faire la première expérience devant
lui, 6c elle réuffit beaucoup mieux qu’ils ne l’a-
voient prétendu : car la bombe étant tombée fur une
maifon, elle enfonça le toit 6c les planchers, & y mit
le feu , qui s’étant communiqué aux maifons voifi-
nes, brilla les deux tiers de la v ille , le feu étant devenu
fi violent qu’il ne fut pas pofiible d’arrêter
l’incendie. Le duc fe fervit de cette invention au
fiége de Wachtendonck, qu’il entreprit peu de jours
après.
« Je fa i, ajoute Strada, que quelques-uns ont écrit
» qu’un mois ou deux auparavant, une pareille expé-
» rience avoit été faite à Berg-op-zoom par un Italien
» deferteur des troupes d’Efpagne, qui s’étoit donné
»> aux Hollandois, & leur avoit promis de faire des
» boules creufes de pierre ou de fer, qui étant jettées
*> dans une ville afîiégée, & fe crevant après leur chû-
p t e , mettoient le feu par-tout ; mais comme ilprépa-
» roit fon artifice, une étincelle étant tombée fur la
» poudre, il en fut tué, 6c laiffa en mourant ceux
» pour qui il travailloit, dans l’incertitude fi fon fe-
» cret auroit réufli ».
C ’eft feulement au fiége de la Motte, en 1634
qu’on voit le premier ufage des bombes en France. Le
roi Louis XIII. avoit fait venir de Hollande un ingénieur
Anglois nommé Mathus, qui employa les bombes
avec fuccès en différens fiéges, & qui fut tué à
celui de Gravelines en 1658. Nous avons un livre de
cet ingénieur, intitulé pratique de la guerre , contenant
Vufage de P artillerie, bombe , & c .
Les figures 5 & G. de la PI. V il. de Vart milit. peu-]
vent fervir à donner une idée exafte de la bombe.
La fig. 5. fait voir une bombe telle qu’elle paroît k
la v u e , & la fig. G. en fait voir la coupe ou le profil.
Les parties A 6c B font les anfes de la bombe , & F
eft la lumière de la fig. S. Dans la fig. G. l’épaiffeur
du métal eft marquée par l’efpace rempli de petits
points ; C D eft la fufée de la bombe enfoncée par la
lumière C qui eft entre les anfes A 6c B. V o y e ^ F u s é e
& M o r t i e r . Cette fufée fert à porter le feu dans la
poudre dont la bombe eft chargée, laquelle poudre
en s’enflammant, fait crever la bombe.
La bombe qui eft jettée par un mortier de 18 pouces
4 lignes de diamètre, qui contient douze livres
de poudre dans fa chambre concave en forme de
p o ix, appellée de la nouvelle invention, a dix - fept
pouces dix lignes de diamètre. Voyeç C h a m b r e .
Elle a deux pouces d’épaiffeur par-tout, excepté
au culot qui a deux pouces dix lignes.
Sa lumière a 20 lignes d’ouverture dehors, & dedans
elle contient 48 livres de poudre , 6c pefe fans
fa charge 490 livres 6c un peu plus ; elle a deux anfes
coulées auprès de la lumière.
Le mortier qui a 12 pouces 6 lignes de diamètre^
contient dans fa chambre 18 livres de poudre. Sa bombe
a 11 pouces 8 lignes de diamètre; 1 pouce 4 lignes
d’épaiffeur par-tout, hors le culot qui a un pouce 8
lignes ; fa lumière a 16 lignes d’ouverture par-deffus
6c par-dedans ; elle contient quinze livres de poudre;
elle a deux anfes coulées auprès de fa lumière , 6c
elle pefe fans fa charge environ 130 livres.
Les bombes qui font jettées par des mortiers de 1 i
pouces, 3 ,4 & jufqu’à 6 lignes de diamètre, 6c qui
ont dans leurs chambres concaves 12 6c 8 livres de
poudre , ont les mêmes proportions que la précédente.
C ’eft aufli la même chofe pour la bombe qui fert au
mortier ordinaire de 12 pouces, qui contient dans fa
chambre 5 à 6 livres de poudre.
La bombe jettée par un mortier de 8 pouces 4 lignes
de diamètre, & qui porte 1 livre 6c \ de poudre dan9
fa chambre, a 8 pouces de diamètre , 1 0 lignes d’épaiffeur
par-tout, hors du culot qui en a 13. Sa lumière
a un pouce de diamètre par-deffus & par-dedans.
Elle contient quatre livres de poudre ; elle a
des anfes de fer battu coulées avec la bombe, 6c elle
pefe fans fa charge 3 5 livres.
La bombe jettée par un mortier de 6 pouces de
diamètre, qui porte dans fa chambre une livre 6c un
peu plus de poudre, a 6 pouces de diamètre, 8 lignes
par-tout, hors par le cuîot où elle a 11 à 12 lignes;
fa lumière a 10 lignes d’ouverture par-deffus 6c par-
dedans. Elle contient trois livres & demie de poudre
& elle pefe fans fa charge, 20 livres ou environ ; ces
fortes de bombes n’ont point d’anfes ordinairement.
Il y a des cas où l’on peut diminuer la poudre dont
la bombe eft chargée , c’eft-à-dire lorlqu’on n’em-
ploye les bombes que pour ruiner les édifices , fans
vouloir y mettre le feu , ou pour tirer fur les troupes
; car alors l’objet de la charge n’eft que de faire
crever la bombe ; par conséquent il ne faut que la
quantité de poudre néceffaire pour produire cet effet.
Or Suivant ce qui eft rapporté dans le Traité des armes
& machines en ufage à la guerre depuis Vinvention de la
foudre, M. Belidor a trouvé que trois livres de poudre
étoit tout ce qu’il falloit pour faire crever les bombes
de 12 pouces, & 1 livre pour celle de 8 ; ce qui
doit faire préfumer que 8 ou 1 o livres fuffiroient pour
charger les bombes de 18 pouces, au lieu des 48 liv.
dont on les charge ordinairement.
La fig. 7. de la PL. VII. de l'art milit. fait connoî-
tre comment l’on coule une bombe de 11 pouces 8
lignes, 6c ainfi des autres;
E f noyau de terre.
F , place qu*occupe le métal, formant l'épaijfeur de la
bombe , & d’où l'on a tiré la terre douce qui étoit entre
le noyau & la chappe,
Il faut obferver que la terre fe tire aifément, parce
que la chappe eft de deux pièces.
G , chappe qui ejl de terre fort dure & recuite.
H , ejl la lance qui pajfe au-travers du noyau, & qui
le fufpend en l'air pour laiffer couler le métal entre le
noyau & la chappe.
I , 1 , ouvertures où font placées les anfes , 6* par lef-
qutlles on coule la bombe.
Pour qu’une bombe foit bien conditionnée, il faut
qu’elle foit de bonne fonte, 6c d’une matière douce
6c liante, pour éviter les fouflures, les chambres 6c
les évents, en forte qu’elle foit à toute forte d’épreuve.
Elle doit être bien nette en-dedans, & i l faut que
le morceau de fer qui tient toujours au culot après la
fonte, & que l’on appelle lance, foit rompu.
La bombe doit être encore bien coupée, bien ébar-
bée par le dehors, 6c bien ronde; avoir fa lumière
bien faine 6c les anfes entières, afin de la placer plus
aifément dans le mortier.
Maniéré de charger les bombes. Pour charger les bombes
, il faut les emplir de poudre avec un entonnoir ,
y mettre enfuite la fufée C D ,fig. G. PI. VII. de
l'art milit. qu’on frappe ou enfonce dans la lumière
de la bombe avec un maillet de bois, & jamais de fer,
crainte d’accident. A l’égard de la maniéré de fexé-
cuter avec le mortier, voyei M o r t i e r & Ba t t e r
i e d e M o r t i e r s . ( Q )
La théorie du jet des bombes eft l’objet principal
de la Baliftique. Voyeç B a l i s t i q u e . On trouvera
cette théorie expliquée à l’article P r o j e c t i l e .
B o m b é , adj. ( Coupe des pierres. ) fe dit d’un arc
peu élevé au-deffus de fa corde, ou d’un petit arc
d’un très-grand cercle.
Lorfqu’au lieu de s’élever au-deffus, l’arc s’abaiffe
au-deffous de fa corde, on l’appelle bombé en contre- ’
bas, comme il arrive aux plates-bandes mal-faites. m| I mm 1
BOMBEMENT, f. m. en Architecture, fe dit pour
cavité , convexité 6c renflement. Voyeç BOMBÉ. ( P )
BOMBER, v. aft. & n. en Architecture, c’eft faire •
lin trait plus ou moins renflé. ( P )
B o m b e r , en terme de Bijoutier, c’eft proprement
emboutir ou creufer les fonds d’un bijou ', tel qu’une !
tabatière, plus ou moins. Pour cet effet l’on a une pla- •
que de fer de la forme que l’on veut donner à fon ,
fond : dans cette plaque on met un mandrin de
plomb, le fond deffus, 6c le frappe-plaque fur l’or,
puis on frappe fur ce frappe-plaque avec une malle,
jufqu’à ce que le fond foit bombé. Voye{ F r a p p e -p l a q
u e .
BOMERIE, f. f. terme de commerce de mer, c’eft
une efpece de contrat, ou de prêt à la groffe aven-
ture, affigné fur la quille du vaiffeau, différent de
j affurance, en ce qu’il n’eft rien dû en vertu de ce
contrat, en cas de naufrage, mais feulement quand
le navire arrive à bon port. On a donné ce nom à
1 interet des fommes prêtées entre marchands fur la
quille du vaiffeau, ou fur les marchandifes qui y font
chargées, moyennant quoi le prêteur fefoûmet aux
rifqites de la mer 6c de la guerre ; 6c Comme la quille
d un vaiffeau s’appelle bodem en hollandois , on a
nomme ce prêt bodemerie ou bodmerie , dont nous
avons fait celui de bomerie,
. BOMBON, ( Géog. ) provincë de l’Amérique me-
ridionale, dans le Pérou, de l’audience de Lima où
la rivière des Amazones prend fa fource. ( Z ) ’
BOMMEL, {Géog. ) ville fortifiée de la Gueldré
hollandoife, dans une île formée par le Waal qu’oil
appelle Bommeler Weert.
BOMMEN ( Géog. ) petite ville des Provinces-
Unies , dans l’île de Schouwen.
BOMONIQUES, adj. ( Hifi. anc.) nom que les
Lacédémoniens dônnoient aux jeunes gens de leur
nation, qui faifoient gloire à l’envi, de fouffrir conf-
tamment les coups de foüet qu’on leur donnoit dans
les facrifices de Diane. Ils fe défioient les uns les autres
à qui fupporteroit plus long-tems cette efpece
de fupplice : quelques-uns le foûtenoient une journée
toute éntiere, 6c l’on en voyoit fouvent expirer
avec joie fous les verges ; leurs meres préfentes à
cette ceremonie, les encourageoient par des exhor-
tations 6c par des chants d’allégreffe. On prétend que
par-là les Lacedemoniens avoient en vue de rendre
la jeuneffe de bonne heure infenfible aux douleurs*
6c de l’endurcir aux fatigues de la guerre. Les éty-
mologiftes tirent ce nom de èZ/xoç, autel, 6c de vU» i
victoire ; comme fi l’on difoit victorieux a l'autel, parce
que cette flagellation fe faifoit devant l’autel de
Diane. ( G )
BON , adj. ( Métaph. ) S’il eft difficile de fixer l’o-
rigme du beau, il ne l’eftpas moins de rechercher celle
du bon. Il fe fait aimer, ainfi que le beau fe fait admirer
, dans les ouvrages de la nature 6c dans les pro-
duftions des arts. Mais quelle eft fon origine & quel-
. le eft fa nature ? en a-t-on une notion précife, une
véritable idée, une exafre définition ? Ce qui embar-
raffe le plus, ce font les diverfes acceptions qu’il reçoit
» félon les diverfes circonftances où on l’appli-
que^Ufignifie tantôt une bonté d'être, tantôt une bonté
animale, tantôt une bonté raifonnée propre à l’être
penfant. Ëffayons de développer ces divers fens.
J La bonté d'être confifte dans une certaine convenance
d’attributs qui conftitue une chofe ce qu’elle
eft. Tous les êtres en ce fens font néceffairement bons%
parce qu’ils ont ce qui les conftitue tels qu’ils font •
6c il eft meme impoffible qu’ils ne Payent pas. J’ajoû-
te que tous les êtres font également bons de ce gen-
re de bonté. Mais outre les rapports intérieurs, qui
conftituent leur bonté abfolue , ils en ont encore d’ex-
terieurs, d’oùréfulte leur bonté relative, La bonté re-,
lative confifte dans l ’ordre, l’arrangement, les rapports
, les proportions, 6c la fymmetrie que les êtres
ont les uns avec les autres. Ici commence cette variété
infinie de bonté qui différencie fi fort tous les
êtres. Ils ne font pas tous également nobles & parfaits
: un corps organifé eft fans doute préférable à
une maffe brute 6c groffiere. Par la même raifon, un
corps organifé 6c en même tems animé, l’emportera
fur un corps organifé qui ne I’eft pas ; 6c parmi les
etres animes, qui doute qu’il n’y en ait de plus parfaits
les uns que les autres ? On diroit que la nature
a ménagé, pour la perfefrion de cet univers, une
efpece de gradation qui nous fait monter à des êtres
toujours plus parfaits, à mefure qu’on s’avance dans
la fphere qui les comprend tous. Ces nuances, il eft
vrai, ces paffages imperceptibles n’ont plus lieu
quand il eft queftion de paffer du monde matériel au
monde fpirituel. De l’un à l’autre le trajet eft im-
menfe : mais quand nous fommes une fois parvenus
au monde fpirituel, qui pourroit exprimer la diftan-
ce qui féparé l’ame des bêtes , des fublimes intelligences
céleftes ? Les nuances qui diftinguent les
différentes efpeçes d’efprits font imperceptibles, Sç