même, il ne s’amufa point à embellir ou à réparer
ce qui avoit déjà été commencé par les autres : mais
il Ce propofa d’établir une Phyfique nouvelle, fans fe
fervir de ce qui avoit été trouvé par les anciens ,
dont les principes lui étoient fufpetts. Pour venir à
bout de ce grand deffein, il avoit refolu de faire tous
les mois un traité de Phyfique , il commença par
celui des vents. Il fit enfuite celui de la chaleur, puis
celui du mouvement, & enfin celui de la vie & de
la mort. Mais comme il étoit impoflible qu’un homme
feul fît toute la Phyfique avec la même exactitude
, après avoir donne ces échantillons pour fervir
de modèle à ceux qui voudroient travailler fur fes
principes, il fe contenta de tracer groflierement &
en peu de mots le deffein de quatre autres traités, ôc
d’en fournir les matériaux dans le livre qu’il intitula
Sylva fylvarum, où il aramaffé une infinité d’expériences
, pour fervir de fondement à fa nouvelle phyfique.
En un mot perfonne, avant le chancelier Bacon,
n’avoit connu la Philofophie expérimentale ; &
de toutes les expériences phyfiques qu’on a faites depuis
lui, il n’y en a prefque pas une qui ne foit indiquée
dans fes ouvrages.
Ce précurfeur de la Philofophie a été aufli un
écrivain élégant, un hiftorien, un bel efprit.
Ses Effais de morale font très-eftimés, mais ils
font faits, pour inftruire plutôt que pour plaire. Un
efprit facile, un jugement fain, le philofophe fenfé,
l’homme qui réfléchit, y brillent tour-à-tour. C ’étoit
un des fruits de la retraite d’un homme qui avoit
quitté le monde, après en avoir foûtenu long - tems
les profpérités & les difgraces. Il y a aufli de très-
belles chofes dans le livre qu’il a fait de la Sageffe des
anciens , dans lequel il a moralifé les fables qui fai-
foient toute la théologie des Grecs & des Romains.
Il a fait encore VHiJloire de Henri VII. roi d'Angleterre,
où il y a quelquefois des traits du mauvais goût
de fon fiecle, mais qui d’ailleurs eft pleine d’efprit,
& qui fait voir qu’il n’étoit pas moins grand politique
que grand philofophe. (C )
BA CO T I, f. f. (Hijloire moderne.') nom que les
peuples du Tonquin donnent à la grande Magicienne
, pour laquelle ils ont une extrême vénération, &
qu’ils confultent outre les deux fameux devins , le
Taybou & le Tay-phouthouy. Lorfqu’une mere, après
la mort de fon enfant, veut favoir en quel état eft
l’ame du défont, elle va trouver cette efpece de Sibylle
, qui fe met auffi-tôt à battre fon tambour, pour
évoquer l’ame du mort ; elle feint que cette ame lui
apparoît, & lui fait connoître fi elle eft bien ou mal :
mais pour l’ordinaire elle annonce, à cet égard, des
nouvelles confiantes. Tavernier, voyage des Indes.
(G)
* B ACQUET, f. m. ( Arts méchaniques.) on donne
ordinairement le nom de bacquet à un vaiffeau de
bois rond, oval, ou quarré, d’un pié & demi ou même
davantage de diamètre, plus ou moins profond ,
fkit de plufieurs pièces ou douves ferrées par des cerceaux
de fer ou de bois, & deftiné à contenir de
l’eau ou des matières fluides. Le bacquet eft à l’ufage
des Verriers, ils y raffaîchiffent leurs cannes; des
Cordonniers, ils y font tremper leurs cuirs ; des Braf-
feurs, ils y mettent de la bierre ou y reçoivent la levure
au fortir des tonneaux; des Marchands de vin,
ils y retiennent le vin qui s’échappe de la cannelle des
pièces en perce ; des Marchands de poiffon, ils y
confervent leur marchandife ; des Maçons , ils y
tranfportent le mortier au pié de l’engin, pour être
élevé de-là au haut des échaffauds ; des Carriers, ils
s’en fervent pour tirer le moellon & les autres pierres
qu’ils ne peuvent brider avec le cable ; & d’un grand
nombre d’autres ouvriers : nous allons faire mention
de quelques-uns.
Bacquet, ujlencile d'imprimerie; c’eft une pierre
de trois pies de long fur deux & demi de large, creu*
fée à trois pouces de profondeur, garnie furies bords
de bandes de fer , & percée au milieu d’une de fes
extrémités ; l’imprimeur qui veut laver fa forme,
bouche le trou avec un tampon de linge, la couche
au fond du bacquet, & verfe deffusune quantité fufli-
fante de leflive pour la couvrir; là il labroffe jufqu’à
ce que l’oeil de la lettre foit net, après quoi il débouche
le trou pour laifler écouler la leflive, retire fa
forme , & la rince avec de l’eau claire : ce bacquet
doit être pofé ou fupporté fur une table de chêne à
quatre pies bien folides.
Bacq u e t , che[ les Marbreurs de papier, eft une
efpece de boîte ou caiffe de bois, plate, fans couvercle
, quarrée, longue de la grandeur d’une feuille
de papier à l’écu, & de l’épaiffeur d’environ quatre
doigts : elle fe pofe fur la table ou l’établi du Mar-
breur, qui y verfe de l ’eau gommée jufqu’à un doigt
du bord ; c’eft fur cette eau que l’on répand les couleurs
que doit prendre le papier pour être marbré.
Voye^Pl. duMarbreur ,enF.fig. /.
BACQUET, che^ les Relieurs & Doreurs ; c’eft un
demi-muid fcié par le milieu, où l’on met de la cendre
jufqu’à un certain degré, & par-deffus de la pouf-
fiere de charbon, pour faire une chaleur douce, capable
de fécher la dorure.
Bacq u e t , en terme de Chauderonnier, fe dit en général
de tous vaiffeaux de cuivre imparfaits, & tels
qu’ils fortent de la manufatture & de la première
main.
BACQUETER, verb. a61. en bâtiment, c’eft ôter
l’eau d’une tranchée avec une pelle ou une écope.
(P)B
a cqueter Peau, en Jardinage, c’eft la répandre
avec une pelle de bois fur le gafon d’un baflin»
pour arrofer le deffus des glaifes. ( i f )
BACQUETURES, f. f. pl. terme de Marchand de
vin, c’eft ainfi qu’ils appellent ce qui tombe des ca-
nelles des tonneaux en perce, & des mefures quand
ils vendent & verfent le vin dans les bouteilles. Ils
difent qu’ils envoyent ce vin au Vinaigrier, & ils le
devroient faire.
* BACTRE, (Gèog. anc. & mod.) riviere que les
modernes nomment Bùfchian ou Bachora ; elle fe
joint à notre Gehon, ou à l’Oxus des anciens.
* BACTRES , (Gèog. anc. & mod.) capitale de la
Battriane, fur le fleuve Battre ; c’eft aujourd’hui
Bag-dafan ou Termend; elle eft voifine du mont Cau-
cafe.
* BACTREOLE,f. f.che^les Batteurs P or,rognures
de feuilles d’or ; on les employé à faire l’or en
coquille. Voye[ Or.
* BACTRIANE, f. f. (’Gèog. anc. & mod.) ancienne
province de Perfe entre la Margiane, la Schythie,
l’Inde & le pays des Meffagetes ; c’eft aujourd’hui
une contrée de la Perfe , formée en partie du Cho-
rafan, & en partie du Mawaralnahar, ou plus communément
Usbeck en Tartarie.
B ACTRIENS, f. m. peuples de la Baftriane.
* BACU, BACHIE, BACHU, BARVIE, (Gèog.)
ville de Perfe fur la mer Cafpienne, & dans la province
de Servan. Il y a près de la ville une fource
qui jette une liqueur noire dont on fe fert par toute
la Perfe, au lieu d’huile à brûler. Elle donne fon
nom à la mer qu’on connoît fous celui de mer de
Bacu ou mer de Sala.
BACULOMETRIE, f. f. c’eft l’art de mefurer
avec des bâtons ou des verges, les lignes tant ac-
ceflibles qu’inacceflibles. Voye^ A ccessible , Arp
entage, Mesure , Lever un plan, &c. (2s)
* BADACHXAN, ou BADASCHIAN, ou BUS-
DASKAN , (Géographie anc. & mod.) ville d’Afie ,
dans le Mavaralnahar , dont elle eft la capitale :
Quelques Géogrôphes prétendent que c’eft ^ancienne
Bacires.
* BÀD A I , ( Gèog. & Hiß. ) peuples de la Tartarie
déferte, qui ad'óröient le foléil, ou un morceau de
drap rouge élevé en l’air, qui en étoit apparemment
la bannière ou le fymbole.
■ * BADAJOZ , (Gèog.) ville d’Efpagne , capitale
de l’Eftramadure, fur la Guadiana. Long. /./. 27. lat.
3 8- 3*-
* BAD ARA, (Géographie.) petite ville des Indes,
capitale de la contrée du même nom, dans la pref-
qu’île de l’Inde, deçà le Gange, au Malabar, proche
Calicut. .
* BADE ou BADEN, ( Géographie.) ville d’Allemagne
, dans le cercle de Suabe. Long. 64. lat.
48. So. '
* BADE. Le margraviat de Bade eftdivifé en deux
parties, le haut &: le bas margraviat; il eft borné au
leptentrion par le Palatinat & l’évêché de Spire ; à
l’orient, par le duché de Wirtemberg & la principauté
de Furftemberg ; au midi, par le Brilgaw ; à l’occident
, par le Rhin.
* Bade ou Baden , (Gèog.) ville de Suiffe, dans
le canton de même nom, fur le Limât. Long. 2$, 65.
lat. 4 7 .2 7 . . b ,
* Bade ou Baden , ( Gèog. ) ville d’Allemagnes^
dans l’archiduché d’Autriche, fur le Suechat. Long.
24, ZO-lat. 48..
*BADEBOU, (Gèog.) petit pays d’Afrique , fur
la côte de l’Océan, dans le pays des Negres, au nord
de la riviere de Gambie.
BAD EL AIRE, f. f. vieux mot qu’on a cônfervé
dans le blafön, & qui lignifie une epée faite en fabre,
c’eft-à-dire courte, large & recourbée: on croit que
ce mot vient de baltearis, à caufe qu’un baudrier étoit
autrefois appellé baudet; d’où vient que quelques-uns
difent baudelaire. (V)
* BADENOCH, (: .Gèog. ) petit pays de I’Ecofle
feptentrionale, dans la province de Murray , vers
les montagnes & la petite province d’Athol.
* BADENWE1LER, (Gèog.) ville d’Allemagne ,
dans le Brifgaw, proche du Rhin. Long. 26, 20. lat.
4 7 • fH
* BADIANE ( Semence d e) , ou ANIS,D E LA
CHINE , (Hißoire natur. & Mat. med.) c’eft . un fruit
qui reprélente la figure d’une étoile ; il eft çompofé
de fix, fept ou d’un plus grand nombre.de capliiles
qui fe réunifient en un centre comme des rayons ;
elles font triangulaires, longues de cinq, huit & dix
lignes, larges de trois, un peu applaties & Unies par
la bafe. Ces capfules ont deux écorces, une extérieure
, dure, rude, raboteufe, jaunâtre, ou de, couleur
de rouille de fer; l’autre, intérieure, prefqu’offeufe,
liffe & luifante. Elles s’ouvrent en deux panneaux
par le dos, lorfqu’elles font feches & vieilles, & ne
donnent chacune qu’un feul noyau liffe, luifant, ap-
plati, de la couleur de la graine de lin ;>lequel,,fous
ime-poque mince & fragile, renferme une amande
blanchâtre, grafie, douce., agréable au.goût, .&
d’une faveur qui tient de celle de l’anis & du fenouil,,
mais qui eft plus douce. La capfule a le goût du fe nouil,
un peu d’acidité, & une odeur feulement un
peu plus pénétrante. Ce fruit vient des Philippines ,
de la Tartarie & de la Chine; l’arbre qui le porte
s’appelle panßpanß; fon tronc eft gros & brançhu ;
il s’élève à la hauteur de deux braflès & plus. DeTes
branches for tent, quinze feuilles alternes , rarement
crenelées, pointues-, longues d’un palme, & larges
d’un pouce & demi. Les fleurs font, à; çe qu;on d it ,
en grappes, grandes comme celles du pprvre,^&-pa-
roiffent. comme un amas de plufieurs chatóns.' /
La femence de badiane donne de l’huile effentielle,
limpide, fubtile& plus pénétrante que celle d’anis;
elle en a les propriétés. Les Orientaux lui donnent la
Tome I I . v
préférence ; elle fortifie l’eftômac, chaflc les vents
& excite les urines. Les Chinois la mâchent après le
repas; ils l’infufent aufli, avec la racine de ninzin *
dans? l’eau chaude, & en.bpivent en forme de thé»
Les Indiens en tirent aujourd’hui un efprit ardent
anifé, que les Hollandois appellent anis arak, & dont
on fait grand cas» - -
BADIGEON, f. m. en Architecture, eft un enduit
jaunâtre qui fe;fait de poudre de pierre de Saint Leu,
détrempée avec de l’eau les Maçons .s’en fervent
pour diftinguer les naifiances d’avec les panneaux,
fur les enduits & ravallemens. Les Sculpteurs l’em-
ployent aufli pour cacher les défauts des pierres, cO-
quillieres> & les faire paroître d’une même couleur.
BADIGEONNER , c’eft colorer avec du badigeon
un ravallement en plâtre, fait fur un pan de bois , ou
fur un mur de moellon, de brique, &c. La plûpart
des ouvriers mettent au badigeon de l’ocre pour le
rendre plus jaune, mais il n’y en faut point, cette reim
te devant plûtôt imiter la pierre dured’Arcueil, q u i.
eft prefque blanche, que celle de Saint-Leu, qui eft
plus colorée. (P)
BADINANT, adj. (Manège.) on appelle ainfi un
cheval qu’on mene apres un caroffe atrelé de fix chevaux
, pour le mettre à la place de quelqu’un des autres
qui pourroit devenir hors d’état de fervir. On
l’appelle aufli le volontaire. ( V )
. * BADONVILLERS, (Gèog.) yille.de Lorraine ,
dans la.principauté de Salmes.
* BADQULA, (Gèog.) petite ville du royaume de.
Candie, dans l’île de Cey.ian ,. à douze lieues; du Pic
d’Adam. Voye^ Adams’ Pis ..
* BADUK.KA , ( Hiß. hat. bot.) nom propre„chi;
Capparis, arborejeens’, indica, flore ■ tetrapetâlo. Le fuc»
de la feuille mêlé ayec la graille de fatiguer-, formel
un Uniment pour la-goutte ; la décottiôn .dqS fleurs
& de la feuille purge Ôi^déterge les tiïcëqes- de ùrf
bo,uçh.e.; & Je,fruit prisxlans.vdujait^nuit à Jajfàculté
d’engendrer-dans l’un & Palitre fexe.
* BADWEIS.S , ,pm BADEN V E 1S;S , yille’de Bohême
, cercle de Bethyn, près.Mnldaw. ^;
* B A E Ç A Géçig:*) vifte d’Elpa^ne, dans l’Àndaloufie,
' fur le Guadalquivir. Long. 14. 5,8. latitL
37 . 415.,i , A;.,--,.. | V
* Baeça , (Gèog. mod.) vijle.du Pérou, dans la
province de Los Quixos, proche la l'igpe. ' .
r *--BÆTl)QUE ,■ ( Gèog. ah'c-, niod:)yune des parties
dans lelquelles les Romains avoient .divjfé i’Ef-t.
pagne.: La Tar&epnoife-, &• la Lufitanié étoientlesi
deux, au très : la Boetiquefiit ainfi appellée -Anßcnis
aujourd’hui le Guadalquivir.,^ cqmprenoit i ’Anda-^
Ipufie, avec la plus -grande- partie du .royaume de
Grenade. • • . .. . ..........
* BAFF A , (Gèog. yanp. &;modf) v ille d e ’ î^fé 'Af
Chypre j bâtiefiir les ruines de Paphos la nouvelle»
Longy,\5o., lût. Q 4% 5o. . ,,
.U-.y.a\dftWsla mêm^ile un cap &:unepetiteîleJ,qui)
ne font pas éloignés de Baffa, & qui portent fe même
nqm.'LeT.cap' sj appelleiairffifppo^ianco,, Sc s’«ppel-^
Igit’ja4)s .Drepânumprqmantorium.,' -y
* BAFFETAß ,{„. m.. ( fajumeryf ) toile jrpffe dê-,
coton blanc, qui vient des Indes çrientalçs. La meil-c
leure eft de Surate ; la precé a in (au:nes^|;de long,
fur -} de large ; il y en a de moins large;.Ôn diftingue.
les baffetas par les endroits,d’où ils viennent, & par,
l’aunage qu’ils pnt ; ;il y/a taffetas, Ôrgaris;, Noff
laris^Gaydivis, Nerindés ,& Daboiiis; ils font étroits;,
ils n’ont que } de large, aune de.long ; il y a des
baffitas Narrow-With de i'3 aunes j de long, fur i aune
de large ; Broad-With de 14 aunes, de long, fur
de large; Broad-Brow.,& Narrow-Brow,qui ne font
que des toiles écrites,.lésmnes de 14 aunes de long-
fur-jaune de large , Si les ,autres.de la blême longueur
, fur \ de large. Il y a un autre baffetas; qui- vient