» ils attaquent les plantes, quoique defféchees avec
» le plus grand foin ; on fait que le bois niênje peut
» être réduit en poudre parles vers : les papillons ne
» font pas autant de mal que les fcarabées ; & il n’y
» a que ceux qui produifent les teignes qui l'oient nui-
» libles. Tous ces infeûes pullulent en peu de teins,
» &c leur génération eft fi abondante, que le nombre
» en deviendroit prodigieux $ li on n’employoit pas
» différens moyens pour les détruire. La plupart de
» ces petits animaux commencent ordinairement à
» éclorre ou à fe mettre en mouvement au mois d’A-
» vril, lorfque lé printems eft chaud, ou au mois de
» M ai, lorfque la faifon eft plus tardive; c ’eft alors
» qu’il faut tout vifiter, & examiner fi on n’apper-
» cevra pas la trace de ces infe&es, qui eft ordinai-
» rement marquée par une petite pouffiere qu’ils font
» tomber des endroits oii ils font logés; dans ce cas
» il y a déjà du mal de fait ; ils ont rongé quelque
» chofe : ainfi on ne doit point perdre de tems, il faut
>> travailler à les détruire. On doit obferver ces petits
» animaux jufqu’à la fin de l’été ; dans ce tems il n’en
» refie plus que des oeufs, ou bien ils font arrêtés &
» engourdis.par le froid. Voilà donc environ cinq
» mois pendant lefquels il faut veiller fans ceffe ;
» mais auffi pendant le refte de l’année, on peut s’é-
» pargner ce foin* v
,» Il fuffit en-général de garantir l’intérieur d’un ca-
» binet du trop grand froid, de la trop grande chaleur,
» & fur-tout dé l'humidité, Si les animaux defléchés,
» particulièrement ceux de la mer,, qui relient toû-
» jours imprégnés de fel marin, éf oient expofés à l’air
» extérieur dans les grandes gelées, après avoir été
» imbibés de l’humidité des brouillards ,.des pluies >
» ou de$ dégels, ils feroient certainement altérés &
» décompolés en partie, par l’àâion de la gelée &
„ par de fi grands changemens de température. Auffi
» pendantlafinde l’automne & pendant toutl’hy ver,
» on ne pfeut mieux faire que de tenir tous les cabi-
» nets bien fermés ; il ne faut pas craindre que l’air
» devienne mauvais pour n’avoir pas été renouvel-
» lé : il ne peut avoir de qualité plus nuifible que celle
» de l’humidité. D ’ailleurs les faites des cabinets font
» ordinairement àffez grandes pour que l’air y circu-
» le aifement : aii refte en choififlant un tems fec yon
»> pourroit les ouvrir au milieu du jour. Pendant l’été
» on a moins à craindre de l’humidité : mais la cha-
» leur produit de mauvais effets, qui font la fermén-
» tation & la corruption. Plus l’air eft chaud, plus les
» infèâes font vigoureux , plus leur multiplication
» eft facile,& abondante, plus les ravages qu’ils font
» font confidérables : il faut donc parer les rayons du
» (pleil par tous les moyens poffibles, & ne jamais
» donner l’entrée à l’air du dehors, que lorfqu’il eft
» plus frais que celui du dedans. Il feroit à fouhaiter
» que les cabinets d’hiftoirc naturelle ne fuîfent ouverts
» que du côté du nord ; cette expofition eft celle qui
» leur convient le mieux y pour les préferver de l’hu-
» midité dé l’hyver, & des chaleurs de l ’été. .
» Enfin par rapport à la diftribrition & aux propor-
» tions de l’intérieur ; comme lés planchers ne doi-
» vent pas être fort élevés, on rie peut pas faire de
» très-grandes falles ; car fi l’on veut décorer un ca-
» binet avec le plus d’avantage, il faut meubler les
» murs dans toute leur hauteur y & garnir lè plat-
» fond comme les murs y e’eft le feul moyen de faire
»> uh enfemble qui ne foit point interrompu;; & même
» il y a des chofes qui font mieux en place étant fuf-,
» pendues, que par-tout ailleurs. Mais fi elles fe trou-
» vent trop élevées, on fe fatigueroit inutilement à
» les regarder fans pouvoir lès bien diftinguer. En
» pareil cas, l’objet qu’on n’apperçoit qu’à demi, eft
» toujours celui qui pique le plus la curiofité : on ne
» peut guere voir un cabinet d?hijïoire naturelle y faris
une certaine application qui eft déjà affez fatiguan-
» te ; quoique la plupart de ceux qui y- entrent,, ne
» prétendent pas en faire une occupation férieufe ,
» cependant la multiplicité & la fingularité des ob-
» jets firent leur attention.
» Par rapport à la maniéré de' placer & de préfen-
» ter avantageufement les différentes pièces d’hiftoi-
» re naturelle y jé crois que l’on a toujours à choifiri,
» Il y en a plufieurs qui peuvent être auffi convena-
» blés les unes que les autres pour le même objet;
» c’e.ft au bon goût à fervir de réglé». M. Daubenton
rie prétend entrer dans aucune difeuffion à cet égard;
il s’eft contenté dans fa defcription du cabinet du Roi ,
dé rapporter la façon dont les chofes de différens genres
y font difpofées, & en même tems les moyens de
lés eonfervër.
Me fera-t-il permis de finir cet article par l’expo*-
fitiôn d’un projet qui ne feroit guere moins avantageux
qu’honorable à la nation ? Ce feroit d’élever à
la nature un temple qui fût digne d’elle. Je l’imagine
compofé de plufieurs corps de bâtimens proportionnés
à la grandeur des êtres qu’ils devrorent renfermer
: celui du milieu feroit fpatieux, immenfe, Sc
deftiné pour les monftres de la terre & de la mer :
de quel étonnement ne feroit-on pas frappé à P entrée
de ce lieu habité par les-crocodiles, les éléphans &c
les baleines? On paffèroit de-là dans d’autres falles
contiguës les unes aux autres, où l’on verroit la nature
dans toutes fes variétés & fes dégradations. On
entrèprerid tous les jours, des voyages dans les différens
pays, pour en admirer les raretés ; croit-on
qu’un pareil édifice n’aftirèroit pas les hommes eu*
rieux de toutes les parties, du monde , & qu’un étranger
un peu lettré pût fe refoudre à mourir, fans
avoir vu une fois la nature dans fon palais ? Quel
fpeétacle que celui de tout ce que la main du tout-
puiffanf a répandu fur la furface de la terre, expofé
dans un feul endroit i Si je pouvois juger du goût
des autres hommes par le mien , il me femble que
pour jouir de ce fpe&acle, perfonfie ne regretteroit
un voyage de cinq ou fix cents lieues ; & toits les
jours ne fait-on pas la moitié de ce chemin pour voir
des morceaux de Raphaël & de Michel-Ange ? Les
millions qu’il en coûteroit à l’état pour un pareil éta*
bliffement, feroient payés plris d’utie fois par la muh
titùde des étrangers qu’il attireroit en tout tems. Si
j’en icrois l’hiftoire, le grand Colbert leur fit autfe-
fois acquittér la fiiagnificence d’une fête pompetife ;
mais paffagere. Quelle comparaifon entré un car*
roufel & le projet dont i l .s’agit j 6c quel tribut ne
pOurrions-nous paè en èfpérer de la curiofité dé tou*
tes lesnàfionk?;
Cabinets.secrets , (Pfoyfiqut.) forte de cabi*
nets dont la Conftruéfion êft telle que la voix de celui
qiii parle à un bout de la voûté, eft entendue à l’âu*
tre bout : on voit un cabinet ou chambre de cëtte
efpece à l’Obfervatoifé royal de Paris. Tout Parti*
fice de ces fortes de chambrés confifté en ce que la
muraille auprès de laquelle eft placée la perforine
qui parle bas, foit unie 6c cititreê en éllipfe ; Parc
circulaire pourroit aüffi convenir, mais il fèrôit
moins bon. Voici pourquoi les voiîtek elliptiques ont
la propriété dont nous parlohs. Si dn imagine (jfg;
16 i 72°. j . Pntumaïiqùè^y line voûte elliptique ÂtSB,
dont lés deux foyers foient F f iyoye{ Ellipse) ,
& qu’une perfonne placée au point F parle tout àtlffi
bas qu’pn périt parler à l’oreille de quelqu’un , l’àir
pouffé fuivant les diteékions F\D± > . FQ , fe
réfléchira à Pautre foyèr ƒ par la propriété de Pel-
lipfe qui eft connue & déinoiitrëe en Géotriétriè ;
d’où il s’enfuit qu’une perfdnft'e qui auroit l’oreillê à
l ’endroit ƒ , doit entendre celui qui parle eri i 7 auffi
diftinlftément que fi elle en étoit tout proche, y
Les endroits fameux par celte propriété étoierit.la
prifori de Denys à Sytacrife ; qui thangecAt eri rirt
bruit confidérable un fimple chuchotement , & un
claquement de mains en un coup très-violent ; l’aqué-
duc de Claude, qui portoit la vo ix, dit-on, jrifqu’à
feize milles ; & divers autres rapportés par Kircher
dans fa Phonurgie.
Le cabinet de Denys à Syracüfe, étoit, dit-on, de
forme parabolique : Denys ayant l’oreille au foyer
de la parabole, entendoit tout ce qu’on difoit en-bas ;
parce que c’eft une propriété de la parabole , que
toute aftion qui s’exerce fuivant des lignes parallèles
à l’a xe, fe réfléchit au foyer.. Voye^Parabole &
Foyer.
Ce qu’il y a de plus remarquable fur ce point en
Angleterre, c’eft le dôme de Péglife de faint Paul de
Londres, où le battement d’une montre fefait entendre
d’un côté à Pautre, & où le moindre chuchotement
femble faire le tour du dôme. M. Derharn dit
que cela ne fe remarque pas feulement dans la galerie
d’en-bas, mais au-deffus dans la charpente, où la
voix d’une perfonne qui parle bas, eft portée en rond
au-deffus de la tête jufqu’au fommet de la voûte, quoique
cette voftte ait une grande ouverture dans la partie
füpérieure du dôme. 11 y a encore à Glocefter un lieu fameux dans ce
genre; c’eft la galerie qui eft au-deffus de l’extrémité
orientale du choeur, & qui va d’un bout à l’autre
de Péglife: deux perfonnèsqui parlent bas, peuvent
s’entendre à la diftance de vingt-cinq toifes. Tous les
phénomêriesde ees difforens lieux dépendent à-peti-
près des rriêriiès principes. Voye^ Echo & Porte-
voix. (O)
CA B I R E S , f. m. plur. ( Mythologie.) divinités
du Paganifme révérées particulièrement dans l’ilé
de Samothraee. Ges dieux éfoient, félon quelques-
uns, Plu fort, Proferpinè & Cerès ; & , félon; d’autres,
c’étoient toutes les grandes divinités des Payens.
Ce nom eft hébreu où phénicien d’origine , cabir,
& fignifie grand & puijfant. Mriafcàs met ces dieux
au nombre de trois; Axieris, Cerès; Axioeerfa,
Proférpirie ; & Axiocerfùs, Phitdn, auxquels Die-
nyfiodore ajôûte un quatrième nommé CajimiL , e’ëft-
à-dire Mercure. Gn croyoit que ceux qui étorent initiés
dans les myfteres de ees dieux, en obtenOient
tout ce qu’ils poûvoient fouhaiter ; mais leurs prêtres
atvoierrt affeÊlé de répandre une fi grande obfeu-
rité fur ces myfteres , qufon regardoit eo’mme un fa-
crilége de prononcer feulement en publie lé nom de
ces dieux: de-là vient que les anciens fe font contentés
de pàrler des myfteres dè Samothraee & du
culte des dieux Cabires, comrrie’d’une chofe très-ref-
peâable, mais fans.entrer dans le moindre détail. M.
Pluche , dans fon hijioin du Ciel, dit que les figures
de ces dieux venues d’Egypfé en Phénicie', & de-là
en Grece , portoient fur la tête- des feuillages, des
cornés , deà ailes & des glôbésy qui, ajoûte cet auteur;
ne pdiivoiérit pas manquerdeparoître ridicules
à ceux qui ne comprenoient pas la fignification de ces
fymboles, comme il arriva à Càmbyfe, roi des Per-
fes, en entrant dans leur temple. Mais ces mêmes figures
, fi firigulieres en appafèffce, défignoient Ofi-
r is , Ms 6i Horus, qui enfeignoient an peuple à fe
précautionrier contre les ravages de l’eau. Voilà, Lésion
lui, à qiloi fe réduifoit tout l’appareil de ces myfteres,
à apprendre à ceux qtii y étoient initiés, une
vérité fort fimple & fort corrtmune.
CabïrêS dans Origene contre Celfe, fé prehd
pour les aïïéiëns Perfans qui adoroient le foleil & le
féu. Hydé, 'dàris fon hijloite de la religion dis anciens
PerfanS, confirme cette étybiologie : Cabiri, dit y il
ch. xxjx. funt G abri, voce p'erjicâ aliquantulàm detbr-
tâ ; c’efi-à-dire qrie da rtiotGdbres ou GuebreS f ^m
eft perfan, on à fait celui dé Cabires. Voyt{ GuÈ-
BRES. (G)
CABlRlES, f. f, pi. ( Myth. ) fêtes que les anciens
habitans de Lemnos & deThebes célébroient èn l’hon*
neur des dieux Cabires.
Cette fête paffoit pour être très-ancienne, &£antérieure
au tems même de Jupiter, qui la renouvellà, à
ce qu’on dit. Les cabines fe célébroient pendant la
nuit, & l’on y confacroit les en fans depuis un certain
âge. Cette confécration étoit, félon l’opinion pàyen-
ne, un préfervatif contre tous les .dangers' de la mer.
La cérémonie de la confécration, appellée Spovd-
<ne, ou d-povïirpioç, confiftoit à> mettre l’initié für un
throite, autour duquel les prêtres faifoient des dan-
fës. La marque des initiés étoit une ceinture ou écharpe
d’un ruban couleur de pourpre.
Quand on avoit commis quelque meurtre, c’étoit
un afyle que d’allér aux facrifices des cabiries. Meur-
fius produit les preuves de tout ce que nous venons
d’avancer. (G);
CABITA, (Géog.'y une des îles Philippines, avec
un port, à deux lieues de Ntonilla.
CABLAN, (Géog.) ville & royaume d’Afie dans
l’Inde, au-delà dri' Gange, dépendant du roi d’Ava.
CABLE, f. m. ( Corderie.) fe dit en généralde tous
cordages nécëffaires porir Gra-xner & enlever les far*
deaux. Ceux qu’on nomme beayers, en Architeélure ,
fervent pour lier les piertes , baquets à mortier, bou-
riquets à moilon , &c. Ie9 haubans, pour retenir ÔC
haubaner les engins, grues & gruaux, &c. les vin-
taineSy qui font les moindres cordages, pour conduire
les fardeaux en- les montant', & pour lès détourner
des faillies & des échafauds : ils fervent auffi à attacher
les boulins pour former les échafauds. On dit
bander, pour tirer un câblé. Ce mot vient du latin ca-
pulum ou caplurn , fait du verbe capere, prendre. Voy,
Bander. (P)
Câbée, f. m. en Mariai, que quelques-uns écrivent
& prononcent chable : ce dernier n’eft point ufité
parles gens de mer. C’eft imegtoffe Ôe longue corde
ordinairement de chanvre, faite de trois hanfieres,
dont- chacune a trois torons. V. Hansiere <^Toron.
Le cable fert à tenir üri variffeau en rade ou en quel-
qu’autre lieu. On appelle auffi cables, les cordes qui
iervent à remonter les grands bateaux d'ans les rivières,
& à élever de gros fardeaux dans les bâtimens,
par le moyen des poulies.
ïl y a ordinairement quatre cables dans les vaif-
feaux, & le plus gros s’appelle maitre-cablc. Ce maître
cable eft long de i zo braffes, & cela eft ea-ufe que
le mot de’ cable fe prend auffi- pour cette mefrire ; de
forte que quand on dit qu’on mouille à deux ou trois
cables de terre ou d’un vaiffeait ,.on veut dire qu’on
en éft à là diftance de 240 ou 3 60 braffes. A l’égard
de la fabrique des cables, voyeç Cordage , Corde ,
& Corderie.
Les plris petits vaiffeaux ont au moins trois cables..
Il y a le cable ordinaire, le maître-cable, &C le cable d?affourché,
qri-’ôn nomme auffi glofiii, qui eft le plus petit.
La longueur la plus ordinaire de ces cables eft de
r 1 o & de r 20 braffes.
On proportionne fouvent la grbffeur du cable de la
moyenne ancre à la longueur du vaiffeau, & on lui
donne un pouce d’épais pëür chaque dix pies de cette
longueur. On fe fert bien auffi de èes iriêmes cables
pour lamaîtrefle ancre. LorfqU’on mouille dans un
très-mauvais tems,-on met jufqu’à deux cables à une
même ancre ; afin qu’ils ayent plus de force, & qu’en
même teriisTancre pùiffë joiier plus facilement.
Un vaiffeau de 134 pies de long de l’étrave à l’é-
tambord, doit être pourvu de quatre cables de treize
ponces dè circonférence & de 100 braffes de long,
& d’un àiitre de douze ponces.
Mais lés vaiffeaux de guerre font péurvûs de cables
de 110 braffes, afin qu’ils joiient plus aifértierit fur
l’ancre. Ces cables ont vingt à vingt-deux pouces de
circonférence ^ 6c font compofés de trois hanfieres ;•