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* BIDASSOA, {Géog. ) riviere d’Efpagne fur les
frontières de France , qui prend fa fource dans les
Pyrénées , & fe jette dans la mer entre Andaye &
Fontarabie. Cette riviere eft commune à la France
& à FEfpagne , depuis la convention de Louis XII.
& Ferdinand le catholique ; c’eft elle qui forme l’île
des Faifans, appellée île de la Conférence, depuis celle
que Louis XIV. & Philippe IV. y eurent enlemble.
BIDAUX, f. m. pl. {Hift. mod. ) terme de l’ancienne
milice françoife, pour defigner un corps d’infanterie
, dont on faifoit allez peu de cas. La chronique
de Flandre en parle au fujet de la bataille & de
la prife de Fûmes en 1297. Jean de Gaure , qui s’é-
toit retiré dans cette ville,ne vouloit point fe rendre;
mais les bidaux lui faillirent au col par-derrière, l’abattirent
& le tuerent. Guillaume Guyart, qui en fait
aufli mention fous les années 1298,1302 & 1304,
femble faire entendre qu’ils tiroient leur origine des
frontières d’Efpagne.
De Navarre & devers Efpagnt
Reviennent bidaux à grans routes.
Il paroît par le même auteur, que ces foldats por-
toient pour armes deux dards & une lance, 6* un
coüt'el à la ceinture. M. de Cafeneuve prétend après
Joan.Hocfemius, dansfes geftes des évêques de Ton-
gres, liv. I. chap. xxjv. que les bidaux etoient ainfi
appellés kbims dardis, des deux dards qu’ils portoient.
Ne pourroitt-on point croire que ce nom leur étoit
donné à caufe du pays d’où ils fortoient, des environs
de la riviere de Bidaffoa r II eft certain du moins
que les auteurs les appellent plus ordinairement bidaux
, bidaldi, que bidarii ; 5c Hocfemius eft le feul
qui leur ait donné ce fécond nom latin, pour l’approcher
davantage de fa prétendue étymologie. Il paroît
que les bidaux n’étoient pas de fort bonnes troupes ;
fouvent ils Iâchoient pié, & lançoient leurs dards en
s’enfuyant. Bidaux rerr<z/e/zr,c’eft-à-dire s’enfuyent,5c
dards ruent, dit le même poëte que nous avons déjà
cité; & le continuateur de Nangis rend à-peu-près
le même témoignage à leur bravoure à la bataille de
Caffel, où il dit que les bidaux s’étant mis à fuir
félon leur coutume , cauferent quelque defordre dans
l’armée françoife : ce qui fait voir que ces bidaux
étoient des troupes legeres ; plus propres à harceler
l’ennemi qu’à l’attendre de pié-ferme. Ménage a parlé
de ces bidaux dans fon étymologie au mot pitaux.
Mémoire de l'acad. tom. X . dans une note. {G }
* BIDBURG ou BIEDBURG, {Géog.} petite ville
du duché de Luxembourg.
*B IDERT-CA PP, ( Géog.} petite ville fur la
Lohn, à 3 lieues de Marpurg, à la maifonde Heffe-
Darmftadt.
BIDENS ou TESTE CORNUE, ( Hift. nat. bot. } genre de plante dont la fleur eft ordinairement com-
pofée de fleurons, c’eft-à-dire de plufieurs pétales
pofés fur des embryons & foûtenus par le calice ;
il y a quelquefois des demi - fleurons à la circonférence.
Les embryons deviennent dans la fuite des fe-
mences qui font terminées par deux pointes. Tour-
nefort, Injl. rei herb. Voye%_ PLANTE, (ƒ)
BIDENTALES, f.m. pl. {Hift. anc.) prêtres chez
les anciens Romains. Les bidentales étoient des prêtres
inftitués pour faire certaines cérémonies, lorfque
la foudre étoit tombée quelque part & les expiations
prefcrites. VoylT o n n e r r e . La première & la principale
de leurs fondions, étoit le facrifice d’une brebis
de deux ans, qui en latin s’appelle bidens. De-là le
lieu frappé de la foudre s’appelloit bidental ; il n’étoit
point permis d’y marcher : on l’entouroit de murailles
ou de paliffades : on y drefloit un autel ; & les
prêtres qui faifoient ces cérémonies étoient nommés
bidentales, du même mot bidens. Ce nom fe trouve
dans les infcriptions antiques. Semonifanclodeo Fidio
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facrumSex. Pompeius f p . f col. Muffianus quinquennal
Iis de cur. bidentalis donum dédit. (G }
BIDET , f. m. (Manège.) on appelle ainfi un cheval
de la plus petite taille. Bidet depojle , eft un petit
cheval de pofte fur lequel on monte , & qu’on n’attelle
point à la chaife de pofte. Bidet pour la bague,
eft un petit cheval deftiné dans une académie à monter
pour courre la bague. Un bidet ne paffe guere trois
pies & demi de haut. Double bidet, eft un cheval entre
le bidet 5c la taille ordinaire : il ne paffe guere quatre
piés& demi de haut. Les chevaux de cette taille fervent
ordinairement pour la promenade, l’arquebufe,
& aux meffageries. Les meilleurs bidets viennent de
France. (V")
B i d e t , (en terme de Cirier ) c’eft un inftrument
de boiiis, à-peu-près fait comme un fufeau, taillé à
plufieurs pans par un bout pour former les trous
d’un cierge pafcal, où l’on met des clous d’encens :
de l’autre il eft rond pour former les creux & les angles
des flambeaux. Voyeç la fig. Pl. du Cirier.
BlDET , ou charger le bidet ( au trictrac} fe dit de
l’aâion par laquelle un joueur met un grand nombre
de dames fur une même fléché. Ce terme autrefois
affez ufité, n’eft plus d’ufage à préfent.
* BIDGOSTI ou BYDGOSTY ou BROMBERG,
ville de la grande Pologne.
* B ID IM A , ( Géog. ) l’une des îles des Larrons
dans l’Océan oriental.
B ID O N , f. m. ( Commerce.) mefure des liquides
qui tient environ cinq pintes de Paris; ce terme n’eft
guere d’ufage que parmi les équipages de marine ,
où ce vafe fert à mettre le vin qu’on donne à chaque
plat de matelots. C ’eft une efpece de broc de
bois relié de cercles de fer. Voye^ Br o c . (G )
* B ID O U R L E , ( Géog.} petite riviere du bas
Languedoc , qui'fe jette dans la mer Méditerranée.
* B IDOUZE, ( Géog. ) riviere de la Gafcogne,
qui fe jette dans la Gave près de Bayonne.
* BIF.CZ, (Géog. ) petite ville de Pologne, dans
le Palatinat de Cracovie, fur la riviere de 'Wifeloke ;
elle eft remarquable par fes mines de vitriol. Long.
38. 53. lat. 4$. 5o. '
* BIEL ou BIEN, ( Géog. } ville de Suiffe fur la
Schufs, entre Soleure 5c Neufchâtel, dans le voifi»
nage d’un la c , qui porte le même nom.
* Biel , ( Géog. ) petite ville d’Efpagne, dans le
roy a ume'd’Aragon.
* BIELA, ( Géog.} ville de l’empire Rufïien , capital
de la province de même nom, fur la riviere
d’Opska. Long. 5z . z5. lat. 55. .
* Bie l a , ( Géog.) ville de Boheme, à 7 lieues de
Prague.
* B i e l a , (Géog.} il y a deux rivières de ce nom ,’
l’une en Boheme, 5c l’autre en Siléfie, & qui tombe
dans la Viftule.
* BIELA-OZERO , {Géog. ) c’eft un duché de la
Mofcovie , entre ceux de Novogrod-Weliki & du
Wologda, avec la capitale de même nom, près d’un
lac qui a 22 lieues de long 5c 12 de large. Long. 56".
40. lat. 58. 55.
*BIELEFELD, {Géog.} capitale du comté deRa-
vensberg en Weftphalie, à 5 lieues de Minden.
* BIELICA, ( Géog. ) petite ville du Palatinat de
Troki en Lithuanie.
* BIELLA ou BIELA, {Géog.} petite ville d’Italie
dans le Piémont, capitale du Belîeffe, près de la riviere
de Cerva. Long. i 5.3 3 . lat. 4.5. z z .
BIE L L E , f. f. ( dans les Arts mèchaniques } c’eft
une piece de fer tournante dans l’oe il d’une manivelle
, laquelle à chaque tour fait faire un mouvement
de vibration à un valet fur fon eflieu, en le
tirant à foi ou le pouffant en avant : il y a des biel-
les pendantes attachées aux extrémités d’une piecê
de bois , lefquelles font accrochées par une des ex*
B I E
trémités à un varlet, & par l’autre à un des bouts
d’un balancier. ( K }
* B1ELSKO, {Géog.} grande ville de la Pologne,
dans le Palatinat, & fur la riviere de même
nom. Long. 41. 41. lai. 5z. 40.
* BIELSK.Y, ( Géog.} ville forte 5c principauté
de Mofcovie, fur l’Opska, entre Refchow, Smolens-
k o , Novogrod, 5c la Lithuanie.
BIEN, i. m. {en Morale.} eft équivoque : il lignifie
ou leplaifir oyi\ nous rend heureux, ou la caufe du
plaifir. Le premier fens eft expliqué à l’article P l a i sir
; ainfi dans l’article préfent nous ne prendrons le
mot bien que dans le fécond fens.
Dieu feul, à proprement parler, mérite le nom
de bien ; parce qu’il n’y a que lui feul qui produife
dans notre ame des fenfations agréables. On peut
néanmoins donner ce nom à toutes les chofes, qui,
dans l’ordre établi par l’auteur de la nature, font les
canaux par léfquels il fait pour ainfi dire couler le
plaifir jufqu’à l’ame. Plus les plaifirs qu’elles nous
procurent font v ifs , folides, & durables, plus elles
participent à la qualité de bien.
Nous avons dans Sextus Empiricus l’extrait d’un
ouvrage de Crantor fur la prééminence des différens
biens. Ce philofophe célébré feignoit qu’à l’exemple
des déeffes qui a voient fournis leur beauté au jugement
de Paris, la richeffe, la volupté, la fanté, les
vertus , s’étoient préfentées à tous les Grecs raffem-
blés aux jeux olympiques, afin qu’ils marquaffent
leur rang, fuivant le degré de leur influence fur le
bonheur des hommes : la richeffe étala fa magnificence
, 5c commençoit à éblouir les yeux de fes juges
, quand la volupté repréfenta que l’unique mérite
des richeffes étoit de conduire au plaifir. Elle alloit
obtenir le premier rang, la fanté le lui contefta ; fans
elle la douleur prend bientôt la place de la joie : enfin
la vertu termina la difpute, 5c fit convenir tous
les Grecs, que dans le fein de la richeffe, du plaifir,
& de la fanté, l’on feroit bientôt, fans lç fecours de
la prudence 5c de la valeur , le joiiet de tous fes ennemis.
Le premier rang lui fut donc adjugé, le fécond
à la fanté, le troifieme au plaifir, le quatrième
à la richeffe. En effet, tous ces biens n’en méritent le
nom, que lorfqu’ils font fous la garde de la vertu ;
ils deviennent des maux pour qui n’en fait pas ufer.
Le plaifir delà paflion n’eft point durable ; il eft fujet
à des retours de dégoût 5c d’amertume : ce qui avoit
amufé, ennuie : ce qui avoit plû , commence à déplaire
: ce qui avoit été un objet de délices", devient
fouvent un fujet de repentir 6c même d’horreur. Je
ne prétens pas nier aux adverfaires de la vertu & de
la morale, que la paflion 5c lè libertinage n’ayent
pour quelques-uns des momens de plaifir : mais de
leur côté ils ne peuvent difconvenir qu’ils éprouvent
fouvent les fituations les plus fâcheufes par le dégoût
d’eux-mêmes & de leur propre conduite, par les au-
tres fuites naturelles de leurs pallions * par les éclats
qui en arrivent, par lés reproches qu’ils s’attirent -t
par le dérangement de leurs affaires, par leur vie qui
s’abrege ou leur fanté qui dépérit, par leur réputation
qui en fouffre, 5c qui les éxpofe fouvent à tomber
dans la mifere. « L’empereur Vinceflas, nous
dit l’auteur de YEJfai fur le mérite & la vertu, « trou-
» voit du goût aux voluptés indignes qui faifoient
» fon occupation, & à l’avarice'qui lè'dominoit.
» Mais quel goût put-il trouver dans l’opprobre avec
» lequel il fut dépofé, & dans la paralyfie où il lan-
» guit à Prague, & que fes débauches avoient atti-
» ree ! Ouvrons les annales de Tacite, ces fartes de
» la méchanceté des hommes : parcourons les re-
» gnes de Tibere, de' Claude j de Caligula, de Né-
» ron , de Galba, & le deftin rapide de tous leurs
m courtifans ; & renonçons à nos principes, fi dans
* * ~l e ces fcélérats infignes qui déchirèrent les
Tome II,
B I E û43*
»» entrailles de leur patrie, & dont les fureurs ont
» enfanglanté tous les paffages, toutes les lignes de
» cette hiftoiré, nous rencontrons un heureux. Choi-
» fiffons entr’eux tous. Les délices de Caprée nous
» font-elles envier la condition de Tibere ? Remon-'
» tons à l’origine de fa grandeur, fuivons fa fortune ,
» confiderons-Ie dans fa retraite, appuyons fur fa fin ;
» & tout bien examine, demandons-nous, fi nous
» voudrions être .à préfent ce qu’il fut autrefois , le
>> tyran de fon pays, le meurtrier des fiens, l’efclave
» d’une troupe de proftituées, & le protefteur d’une
» troupe d’efclaves. Ce n’eft pas tout : Néron fait
» périr Britannicus fon frere, Agrippine fa mere, fa
»femme Oétavie, fa femme Poppée, Antonia fa
» belle-foeur, fes inftituteurs Séneque & Burrhus.
» Ajoûtez à ces affaflinats une multitude d’autres cri-
» mes de toute efpecé ; voilà fa vie. Aufli n’y ren-
» contre-t-on pas un moment de bonheur ; on le voit
» dans d’éternelles horreurs ; fes tranfes vont quel-
» quefois jufqu’à l’aliénation de l’efprit; alors il ap-
» perçoit le Ténare entr’ouvert; il fe croit pourfui-
» v i des furies; il ne fait où ni comment échapper à
» leurs flambeaux vengeurs; & toutes ces fêtes monf-
» trueufementfomptueufes qu’il ordonne, font moins
» des amufemens qu’il fe procure , que des diftrac-
» tions qu’il cherche ». Rien, ce femble, ne prouve
mieux, que les exemples qu’on vient d’alléguer, qu’il
n’y a de véritables biens que ceux dont la vertu réglé
l’ufage : le libertinage & la paflion fement notre vie
de quelques inftans de plaifirs : mais pour en connoî-
tre la valeur, il faut en faire une compenfation avec
ceux que promettent la vertu & une conduite réglée
; il n’eft que ces deux partis. Quand le premier
aüroit encore plus d’agrément qu’on ne lui en fup-
pofe, il ne pourroit fenfément être préféré au fécond ;
il faut pefer dans une jufte balance lequel des deux
nous porte davantage au but commun auquel nous
afpirons tous, qui eft de vivre heureux, non pour
un feul moment, mais pour la partie la plus confi-
dérable de notre vie. Ainfi quand un homme fenfuel
offufque fon efprit de vapeurs groffieres que le vin
lui envoyé , & qu’il s’enivre de volupté , la morale
n’entreprendra pas de l’en détourner, en lui difant
Amplement que c’eft un faux plaifir, qu’il eft paffa-
ger & contraire aux lois-de l’ordre ; il répondroit
bien-tôt, ou du moins il fe diroit à lui-même , que
le plaifir n eft point faux, puilqu’il en éprouve actuellement
la douceur ; qu’il eft fans doute paffager,
mais dure affez pour le réjoüir; que pour les lois de
la tempérance &c de l’honnêteté, il ne les envie à
perfonne, des qu’elles ne conviennent point à fon
contentement , qui eft le feul terme où ilafpire. Cependant
Jorfque je tomberois d’accord de ce qu’il
pourroit ainfi répliquer, fi je pouvois l’amener à
quelques momens de réflexions, il ne feroit pas
long-tems à tomber d’accord d’un autre point avec
moi. Il conviendroit donc que les plaifirs auxquels
il fe livre fans mefure, & d’une maniéré effrénée,
font fuivis d’inconveniens beaucoup plus grands
que les plaifirs qu’il goûte : alors pour peu qu’il
iàffe- ufage de fa raifon, ne conclurra-t-il pas que
même par rapport à la fatisfaftion & au contentement
qu il recherche, il doit fe priver de certaines
fatisfa&ions & de certains plaifirs ? Le plai-
fir paye par la douleur , difoit un des plus délicats
Epicuriens du monde , ne vaut rien &c ne peut- rien
valoir : à plus forte raifon, un plaifir payé par une
grande douleur, ou un feul plaifir paye par la privation
de mille autres plaifirs ; la balance n’eft pas égale.
Si vous aimez votre bonheur, aimez-le conftamment *
gardez-vous de le détruire par le moyen même que
vous employez afin de vous le procurer. La raifon
vous eft donnée pour faire, le difcernement des objets
, où vous le devez rencontrer plus complet &