On prétend que les cannelures ont été employées
pour la première fois à l’ordre ionique, enfuite on
les a introduites au corinthien , puis au dorique ,
avec cette différence qu’on n’en diftribue que vingt
fur la circonférence du fut de cet ordre, à caufe de
fon cara&ere folide, au lieu que l’on en peut diftri-
huer vingt-quatre, fur celle des ordres ionique &
corinthien, ainfi qu’au comporte, n’y ayant pas d’exemple
qu’on en ait jamais employé autofcan, que
l ’on charge plutôt, quand on veut orner le fût de
cet ordre, de boffages, ainfi qu’on l’a pratiqué au
palais du luxembourg. Voye^ BOSSAGES.
Ordinairement on pratique un lifte au ou liftel pour
féparer les cannelureslefquelles fe forment d’un
demi-cercle ou bien d’une portion de cercle foûte-
nue par le côté d’un triangle équilatéral infcrit : mais
prefque tous les auteurs ont retranché ce liftel aux
cannelures de l’ordre dorique ; je crois que ce-tte méthode
d’introduire des canelures à un ordre folide eft
contraire à fon caraûere. Voyt{ les différentes efpe-
ces de cannelures tant artcienr.es que modernes dans nos
Planches d'Architecture. Je regarde aufli comme abus
de pratiquer de cannelures torfes, formant un® fpirale,
autour d’un fût perpendiculaire ; cela ne peut être
autorifé qu’aux décorations théâtrales ou fêtes publiques
, qui ne demandent pas autant de févérité
que les édifices conftruits de pierre, ainfi que nous
l’avons dit ailleurs.
Ces candelures concaves fe rempliffent affez fou-
vent de rudentures,voye{ Ru dentures , dans toute
la hauteur du tiers inférieur des colonnes ou pilastres
, tant pour enrichir leur fût, que pour affefter de
la folidité dans les parties d’en-bas ; alors on les appelle
cannelures rudentées. Quelquefois à l’ordre dorique
on ne fait régner les cannelures que dans les deux
tiers du fût fiipérieur, afin de laiffer au tiers inférieur
toute fa folidité.
Ces rudentures font fouvent enrichies d’ornemens,
tels qu’il s’en voit à l’ordre ionique du château des
tuileries du côté des jardins, dont l’exécution fur-
paffe tout ce que nous avons de meilleur en France
dans ce genre : mais il faut obferver, lorfqu’on y
affefte des ornemens, ou qu’on enrichit feulement
les cannelures de baguettes ou de doubles lifteaux ,
de ne les pas orner indifféremment ; leur richeffe aufli
bien que leur élégance doit être en rapport avec
la folidité ou la legereté de l’ordre ; il faut éviter, fur-
tout lorfque l’on furmonte un ordre corinthien fur
lin ordre ionique, de faire les cannelures de l’ordre
d’en-haut plusiimples que celles de l’ordre d’en-bas ;
c ’eft un défaut de convenance que l’on peut remarquer
aux colonnes corinthiennes & ioniques du portail
des Feuillens à Paris.
On fait ufage aufli des cannelures dans les gaines
&dans les confoles, lefquelles font fufceptibles d’ornemens
félon la richeffe de la matière dont elles font
conftruites, ou des figures, thermes, vafes , buftes,
qu’elles foutiennent. (P)
* CANNEQUINS , f. m. ( Commerce. ) toiles de
coton qui viennent des Indes, & dont on fait le com- j
merce à la côte de Guinée.
CANNER, fignifie mefurer les étoffes avec la canne
dans les lieux oit cette mefure eft en ufage , comme
on dit auner à Paris, & par-tout oit l’on fe fert de
l ’aune. Dicl. du Comm. torn. II. pag. 7 « ;:(G)
CANNETILLE, f. f. (Boutonniez.) c’eft un morceau
de fil d’or ou d’argent trait, fin ou faux , plus
ou moins gros, qu’on a roulé fur une longue aiguille
de fer parle moyen d’un roiiet. On employé la can-
netille dans les broderies , les crépines, & autres ouvrages
femblables.
La fabrique & l’emploi de la cannetille forme une
portion du métier des Paffementiers - Boutonniers.
la cannetille eft plate & luifante, pour avoir
été ferrée entre deux roues d’acier, on l’appelle bouil-
Ion : cette marchandife entre aufli dans la compofi-
tion des crépines & des broderies.
C ANNETTE, f. f. ( Manufactures en foie. ) petit
tuyau de rofeau ou de boiiis fait au tour ,• fur lequel
on met la foie pour la trame ou la dorure. Faire des
cannellesfC’eû mettre la foie ou dorure fur ces tuyaux,
Voyt{ Brocher , Espolin, & Navette.
Cannette , Ç Géog. ) petite ville de l’Amérique
méridionale au Pérou, dans la vallée de Guarco.
CANNEY, (Géog.') île d’Ecoffe , l’une des Wcf-
ternes.
CANNIBALES, voyeç Caraïbes.
C àNNOBIO, (Géogr) petite ville d’Italie au du-'
ché de Milan fur le lac majeur , aux frontières de
la Suiffe.
CANNS , ( Géog. ) riviere d’Angleterre dans la
province de "Weftmorland, qui va fe jetter dans la
mer d’Irlande.
C ANNULE, f. f. terme de Chirurgie , petit tuyau
fait d’or, d’argent, d’étain, ou de plomb, qu’on introduit
dans les plaies pour les tenir ouvertes, & donner
iffue aux matières qui y croupiffent. Il y a aufli
une cannule pour faciliter l’entrée & la fortie de l’air
dans les poumons, dont on fe fert dans l’opération
dé la bronchotomie. Voye^ Bronchotomie.
Les différens ufages des cannules, & la différence
des parties auxquelles on les deftine, obligent d’en
conftruire de différentes formes : il y en a de rondes
, d’ovales, de plates, de courtes, de longues ,
d’ailées ou à platine, à anfes Ou à anneaux pour les
attacher. M. Foubert,de l’académie royale de Chirurgie
, fe fert toujours d’une cannule flexible, lorfi»
qu’il taille à fa méthode ( PI. X I I I . Chir.fig. z . )
cette cannule procure la liberté du cours des urines
, & empêche l’épanchement de ce fluide dans le
tiffu cellulaire, qui entoure la partie antérieure de
la veflie & le reftum, ce qui occafionneroit des dépôts
qui font capables de faire périr les malades.
Voyez le premier volume des mémoires de C académie
royale de Chirurgie , & l'article LITHOTOMIE dans ce
Dictionnaire.
M. Foubert fe fert aufli d’une cannule particulière
pour les perfonnes auxquelles on a fait une incifion
au périnée, pour procurer le cours des urines & du
pus dans le cas de veflie ulcérée ou paralytique. Voy%
Boutonnière. Cette cannule a à fon extrémité pof-
térieure un petit robinet, au moyen duquel les malades
peuvent uriner à leur volonté, & ne font pas
continuellement baignés de leur urine, qui s’échappe
par les cannules ordinaires, à mefure que ce liquide
excrémenteux diftille par les ureteres dans la veflie.
M. Petit a inventé une cannule faite d’un fil d’argent
tourné en fpirale, qui la rend flexible dans toute
fia longueur. Cette cannule a un pié & demi de long ;
elle eft garnie à fon extrémité d’un morceau d’éponge
; elle fert à enfoncer dans l’eftomac, ou à retirer
de l ’oefophage les corps étrangers arrêtés à la partie
inférieure de ce conduit. Lorfqu’on veut fe fervir de
cet inftrument, on met dans la cannule un brin de [baleine
proportionné à fa longueur & à fon diamètre,
afin de lui donner toute la force qui lui eft néceffaire
pour l’ufage auquel elle eft deftinée. Cette baleine
eft plus longue que la cannule, & l’extrémité qui n’entre
pas dedans eft plus groffe, afin qu’elle püiffe fervir
de manche. La baleine ainfi adaptée, eft retenue
en place dans la cannule par deux petits crochets, qui
font au dernier fil de cette cannule , & qui s’engre-
nent dans deux rainures qui font au manche de la baleine.
Voye{ la fig. i. PI. V. de Chir.
Les anciens qui faifoient un grand ufage du cautère
a&uel, avoient des cannules de fer ou de cuivre ,
femblables à des cercles peu élevés, à-travers desquelles
quelles ils paffoient le fer rougi, de peur qu’il n’offensât
les parties circonvoifines. Voye^ Cautere.
On ne doit pas fe fervir fans néceflité des cannules
pour le panfement des plaies, parce que ce font
autant de corps étrangers, qui parleur préfence ren-
‘ dent les parois des plaies dures & calleufes , & occasionnent
des fiftules. Il faut fa voir s’en fervir à propos
, & en fupprimer Biffage à tems. ( T )
CANO ou ALCANEM , ( Géog. ) royaume d’A frique
dans la Nigritie, avec une ville qui porte le
même nom.
* CANON, f. m. ce terme a dans notre langue
une infinité d’acceptions différentes, qui n’ont pref-
qu’aucun rapport les unes avec les autres. Il défigne
un catalogue, une décijîon, une arme, & plufieurs
inftrumens méchaniques de différentes fortes.
* C a n o n ,:«/? Théologie, c’eft un catalogue authentique
des livres qu’on doit reconnoître pour di^jjns,
fut par une autorité légitime, & donné au peuple
pour lui apprendre quels font les textes Originaux
qui doivent être la réglé de fa conduite & de fa foi.
Le canon de la Bible n’a pas été 1 e même en tout tems ;
il n’a pas été uniforme dans toutes les fociétés qui re-
connoiffent ce recueil pour un livre divin. Les Catholiques
Romains font en conteftation fur ce point
avec les Proteftans. L’Eglife chrétienne, outre les IL
vres du nouveau-Teftament qu’elle a admis dans fon
.canon, en a encore ajoûté, dans le canon de l’ancien-
Teftament qu’elle a reçu de l’églife Juive, quelques-
uns qui n’étoient point auparavant dans le canon de
celle-ci, & qu’elle ne reconnoiffoit point pour des livres
divins. Ce font ces différences qui ont donné
lieu à la diftribution des livres faints en protocanoniques
, deutèrocanoniques, & apocryphes. Il faut cependant
obferver qu’elles ne tombent que fur un très-
petit nombre de livres. On convient fur le plus grand
nombre qui compofe le corps de la Bible. On peut
former fur le fujet que nous traitons, plufieurs quef-
rionsimportantcs. Nous en allons examiner quelques,-
unes, moins, pour les décider, que pour propofer à
ceux qui doivent un jour fe livrer à la critique, quelques
exemples de la maniéré de difcuter & d’éclaircir
les queftions de cette nature.
Y a-t-il eu chez Us Juifs un canon des livres facrés ?
Première queftion. Le peuple Juif ne reconnoiffoit
pas toutes fortes de livres pour divins ; cependant il
accordoit ce cara&ere à quelques-uns : donc il y a eu
chcfluiun canon de ces livres, fixé G déterminé par P autorité
de la fynagogue. Peut-ondouter de cette vérité
quand on confidere que les Juifs donnoient tous le titre
de divins aux mêmes livres, & que le confente-
ment étoit entr’eux unanime fur ce point ? D ’oîi pou-
voit naître cette unanimité ? finon d’une réglé faite
& connue cjui marquoit à quoi l’on devoit s’en tenir ;
c’eft-à-dire d’un canon ou d’un catalogue authentique
qui fixoit le nombre des livres , & en indiquoit les
noms. On ne conçoit pas qu’entre plufieurs livres
écrits en différens tems & par différens auteurs, il y
en ait eu un certain nombre généralement admis pour
divins à l’exclufion des autres, fans un catalogue au-
forifé qui diftinguât ceux-ci de ceux pour qui l’on n’a
pas eu la même vénération ; & ce feroit nous donner
une opinion aufli fauffe que dangereufe de la nation
Juive, que de nous la repréfenter acceptant in-
diftinûement & fans examen tout ce qu’il plaifoit à
chaque particulier de lui propofer comme infpiré :
ce qui précédé me paroît fans répliqué. Il ne s’agit
plus que de prouver que les Juifs n’ont reconnu pour
divins qu’un certain nombre de livres , & qu’ils fe
font tous accordés à divinifer les mêmes. Les preuves
en font fous les yeux. La première fe tire de l’u-
niformite des catalogues que les anciens peres ont .
rapportés toutes les fois qu’ils ont eu lieu de faire l’é- ^
numération des liyres reconnus pour facrés par les
Tome II,
Hébreux. Si les Juifs n’avoient pas eux-mêmes fixé le
nombre de leurs livres divins, les peres ne fe feroient
pas avifés de le faire : ils fe feroient contentés de marquer
ceux que les Chrétiens dévoient regarder contr
e tels, fans.fe mettre en peine de la croyance des
Juifs la-deffus ; ou s’ils avoient ofé fuppofer un canon
Juif qui n’eût pas exifté, ils ne i’auroient pas tous fabriqué
de la même maniéré ; la vérité ne les dirigeant
pas, le caprice les eût fait varier, foit dans le choix,
foit dans le nombre ; & plufieurs n’auroient pas manqué
fur-tout d’y inférer ceux que nous nommons deu-
térocanoniques, puifqu’ils lescroyoient divins , & les
citoient comme tels. Nous devons donc être p.erfua-
dés de leur bonne foi pai l’uniformité de leur langage,
& par la fincérité de l’aveu qu’ils ont fait que quel*-
cjues livres mis par l’Eglife au rang des anciennes
écritures canoniques, en étoient exclus parlesfyna-
gogues. La même raifon doit auflinous convaincre
qu’ils ont été fuflifamment inftruits de ce fait : car s’il
y avoiteu deladiverfité ou des variations fur ce point
entre les Juifs, ils auroient eu au moins autant de
facilité pour s’en informer, que pour l'avoir qù’on y
comptoit ces livresparles lettres de l’alphabet, & ils
nous auroient tranfmis l’un comme l’autre. L’accord
des peres fur la queftion dont il s’agir, démontre donc
celui des Juifs fur leur canon. .
Mais à l’autorité des peres fe joint celle cleJofephe,
qui fur ces matières, dit M. Huet ,,en vaut une foui®
d’autres, unuspro mille. Jofephe, de race facerdotale,
& profondément inftruit de tout ce qui concernoit fa
nation, eft du fentiment des peres. On lit dans fon
premier livre contre Appion, que les Juifs n’ont pas
comme les Grecs, une multitude de livres ; qu’ils
n’en reconnoiffent qu’un certain nombre comme divins;
que ces, liyres contiennent tout ce qui s’eft
paffé depuis le commencement du monde jufqu’à
Artaxerçès ; que quoiqu’ils;âyent d’autresécrits,ees
écrits n’ont pas entr’etix la même autorité que.les
livres divins , & que chaque. Juif eft prêt à répandre
fon fang pour la défenfe de ceux-ci : donc il y avait
che * les Juifs , félon Jofephe , un nombre fixé & déterminé
de livres reconnus pour divins ; & c’eft-là préci-
fément'ce que nous appelions canon.
La tradition confiante du peuple ju if eft une troU
fieme preuve qu’on ne peut rejetter. Ils ne comptent
encore aujourd’hui entre les livres divins que ceux,
difent-ils, dont leurs anciens peres ont dreffé le canon
dans le tems de la grande fynagogue, qui fleurit après
le retour de la captivité. C’eft même en partie par
cette raifon qu’elle fut nommée grande. L’auteurdu
traité Megillah dans la Gémare nous apprend au ch,,
iij. que ce titre lui fut donné non-feulement pour
avoir ajoûté au nom de Dieu l’épithete gadol, grand,
magnifique, mais encore pour avoir dreffé le canon
des livres facrés : donc, pouvons - nous conclure
pour la troifieme fois, il efl certain qü'ily a eu chez les
Juifs tin canon déterminé & authentique des livres de Vancien
Tefiament regardés comme divins.
N'y a-t-il jamais eu che[ les Juifs qu'un même & feul
canon desfaintes Ecritures ? Seconde queftion, pour
fervir de confirmation aux preuves de la queftion
précédente. Quelques auteurs ont avancé que les
Juifs avoient fait en différens tems différens canons
de leurs livres facrés ; & qu’outre le premier compo-
fé de vingt-deux livres, ils en avoient dreffé d’autres
où ils avoient inféré comme divins, Tobie , Judith ,
V Eccléfiaflique , la Sagejfe , & les Machabées.
Genebrard fuppofe dans fa chronologie trois différens
canons faits par les affemblées de la fynagogue :
le premier au tems d’Efdras, dreffé par la grande fynagogue
, qu’il compte pour le cinquième fiynode ; il
contenoit vingt-deux livres : le fécond au tems du
pontife Eléàzar, dans un fynode aflfemblé pour délibérer
fur la verfion que demandoit le roi Ptolémée ,