droit le faire d’une triomphe plus haute que la première
, fi l’on pouvoit.
Lorfque tous les joiieurs ont vu leur jeu & paffé,
chacun peut aller en curieufe, en mettant un jetton
au jeu. Foye^ C u r i e u s e & A l l e r e n c u r i e u s e .
La curieufe eft également avantageufe pour tous les
joiieurs, & n’eft pas un moindre agrément du jeu de
bête : mais on doit fe contenter d’en avoir une. Nous
avons déjà dit , que celui qui avoit le roi de triomphe
retiroit lés jettons qui lui fontdeftinés ; celui qui
retourne ce roi a le même privilège, pourvu toutefois
, en l’un & l’autre cas, que le jeu fe joue : celui
qui fait la dévoie, double tout ce qui eft au jeu ; fait
autant de bêtes qu’il auroit pu en gagner,. & donne
un jetton à chaque joueur.
Pour faire joiier au jeu, il faut avoir en main un
jeu dont on puiffe faire trois mains, ou deux tout au
moins , que l’on doitfe hâter de faire le premier pour
gagner. L’expérience apprendra bientôt quels font
les jeux qu’on peut joiier.
Celui qui renonce fait la bête ; celui qui donne
mal en eft quitte pour un jetton à chacun, & refait :
Torfque le jeu de cartes eft faux, le coup où il eft
trouvé tel eft nul ; mais les précédens font bons.
B ê t e ( au jeu de. ) La bête défigne la perte que fait
un joueur qui ne fait pas trois mains ou les deux premières,
quand un autre joueur en fait trois.
B ê t e fimple ; c’eft une bête faite en premier lieu,
fimplement fur l’enjeu de chaque joiieur.
B ê t e double ; fe dit d’une bête faite fur une autre
bête , non-feulement de l’enjeu de chaque joueur,
mais encore de la bête qui étoit au jeu, & qu’on fe
propofoit de tirer.
B ê t e de renonce ; c’eft le double payement qu’on
eft obligé de faire de tout ce qui s’enleve du jeu dans
un coup ordinaire, pour n’avoir pas fourni de la couleur
qu’on demandoit.
* BETELE, betela-codi, Hort. Malab. BETRE ou
TEMBOUL ; plante qui grimpe & qui rampe comme
le lierre. Planche X X IX . Hiß. nat. figure 3 . Ses
feuilles font affez femblables à celles du citronnier,
quoique plus longues & plus étroites à l’extrémité :
elles ont des petites côtes qui s’étendent d’un bout à
l’autre, comme il y en a dans celles du plantain. Le
fruit A du betele eu affez femblable à la queue d’un
léfard ou d’un loir : ce fruit eft rare , & on le préféré
à la feuille. On cultive cette plante comme la vigne,
& on lui donne des échalas pour la foûtenir ; quelquefois
on la joint à l’arbre qui porte l’areque , ce qui
fait un ombrage fort agréable. Le betele croît dans
toutes les Indes orientales, & fur-tout fur les côtes
de la mer. Il n’y en a point dans les terres, à moins
qu’on ne l’y ait planté.
Les Indiens mâchent des feuilles de betele à toute
heure du jour, & même de la nuit : mais comme ces
feuilles font ameres, ils corrigent cette amertume
en les mêlant avec de l’areque & un peu de chaux,
qu’ils enveloppent dans la feuille. D ’autres prennent
avec le betele des trochifques, qui portent le nom de
câte : ceux qui font plus riches, y mêlent du camfre
de Borneo, du bois d’aloès, du mufc, de l’ambre
gris, &c. Le betele, ainfi préparé, eft d’un fi bon
goût, & a une odeur fi agréable, que les Indiens ne
peuvent pas s’en paffer; prefque tous en ufent, au
moins ceux qui peuvent s’en procurer. Il y en a auffi
qui mâchent de l’areque avec de la canelle & du girofle
: mais c’eft ordinairement de l’areque avec un
peu de chaux enveloppée dans la feuille de betele,
comme nous l ’avons déjà dit. Ils crachent après la
première maftication une liqueur rouge, qui eft teinte
par l’areque. Ils ont parl’ufage du betele, l’haleinp.
fort douce & d’une très-bonne odeur, qui fe répand
au point de parfumer la chambre où ils font. On prétend
que fans l’ufage du betele ou d’autres aromates,
ils auroient naturellement l’haleine fort puante : mais
cette maftication gâte leurs dents, les noircit, les carie
& les fait tomber : il y a des Indiens qui n’en ont
plus à 25 ans, pour avoir fait excès du betele.
Lorfqu’on fe quitte pour quelque tems, on fe fait
préfent de betele, que l’on offre dans une bourfe de
loie ; & on ne croiroit pas avoir fon congé, fi on n’à-
voit reçu du betele. On n’ofe pas parler à un homme
eleve en dignité, fans avoir la bouche parfumée de
betele : il feroit même impoli de parler à fon égal fans
avoir pris cette précaution, qui empêche la mauvaife
odeur qui pourroit venir de la bouche ; & fi par ha-
fard un homme fe préfente fans avoir mâché du betele
, il a grand foin de mettre fa main devant fa bouche
en parlant, pour intercepter toute odeur defa-
gréable ; ce qui prouve bien que les Indiens font fuf-
pefts de mauvaife haleine. Les femmes, & fur-tout
les femmes galantes, font grand ufage du betele, &
le regardent comme un puiffant attrait pour l’amour.
On prend du betele après le repas pour ôter l’odeur
des viandes ; on le mâche tant que durent les vifi-
tes ; on en tient à la main ; on s’en offre en fe faluant
& à toute heure : enfin toujours du betele. Cela ne
vaudroit-il pas mieux que notre tabac, au moins
pour l’odeur ; & fi les dents s’en trouvoient mal, l’ef-
tomac en feroit plus fain & plus fort. Il y a dans ce
pays-ci plus de gens qui manquent par l’eftomac que
par les dents. R a y , hifi. pl. app. p. 1913..
* BETELFAGUI ou BETHELSAKI, ( Géog. )
ville d’Afie dans l’Arabie heureufe, environ à dix
lieues de la mer Rouge. Long. 65. lat. ï5. 40.
* BETHLÉEM, Géog.fainte.) enPateftine, ville
fameufe par la naiffance de Jefus-Chrift, n’eft plus
aujourd’hui qu’un village fur une montagne, à deux
lieues deJérufalem.
* B e t h l é e m , ( Notre-Dame de ) Hiß. mod. ordre
militaire inftitué par Pie II. le 18 Janvier 1459. Mahomet
II. ayant pris Lemnos, Calixte III. la fit reprendre
par le cardinal d’Aquilée ; & fon fucceffeur
Pie II. pour la conferver, créa l’ordre de Notre-Dame
de Bethléem. Les chevaliers dévoient demeurer à
Lemnos, & s’oppofer aux courfes que les Turcs fai-
foient dans l’Archipel & le détroit de Gallipoli : mais
peu de tems après l’inftitution, Lemnos fut reprife
par les Turcs, & ce grand deffein s’évanoiiit.
BETHLÉÉMITES , ( l e s F r e r e s ) Hifi. eccléf.
c’eft un ordre qui a été fondé dans les îles Canaries
par un gentilhomme françois nommé Pierre de Be-
tencourt, pour fervir les malades dans les hôpitaux.
Le pape Innocent XI. approuva cet ordre en 1687,
& lui prefcrivit de fuivre la regle de Saint Auguftin.
L’habit eft femblable à celui des Capucins, hormis
que leur ceinture eft de cuir ; qu’ils portent des fou-
liers, & qu’ils ont au cou une médaille repréfen-,
tant la naiffance de Jefus-Chrift à Bethléem.
* BETHULIE, ( Géog. facrée. ) ville de la tribu
de Zabulon dans la Terre-Sainte : elle eft fameufe
par I’hiftoire de Judith.
* BETHUNE, ( Géog. ) ville de France au comté
d’Artois, fur la petite riviere de Biette. Long. 2.0i
18. 8. lat. J 0. 31. GG.
* BETLIS , ( Géog. ) ville d’Afie, capitale du
Curdiftan , fur la riviere de Bendmahi. Long. Go.
1 o. lat. 3 y. 20 .
BETOINE, f. f. betönica, ( Hifi. nat. bot. ) genre
de plante à fleur en gueule ; dont la levre fupérieure
eft relevée, pliée en gouttière , & échancrée pour
l’ordinaire ^ l’inférieure eft divilèe en trois parties,
dont la moyenne eft fort grande & échancrée. Il
fort du calice un piftil qui eft attaché comme un
clou à la partie poftérieure de la fleur , & entouré
de quatre embryons , qui deviennent dans la fuite
autant de femences oblongues^ enfermées dans une
e/pece de.capfule qui a fervi de calice à la fleur :
ajoutez
ajoutez au cara&ere de la bétoine, que fes fleurs font
verticillées, &c forment des épis au bout des tiges.
Tournefort, Infi, reiherb, Foye^ P l a n t e . ( / )
Elle eft céphalique, hépatique, vulnéraire, bonne
contre les convulfions, les affeélions des nerfs : on en
prend en guife de tabac. Les feuilles fraîches de bétoine
broyées , s’appliqueront avec fuccès fur les blef-
fures recentes. Elle elt pleine de foufre, avec un peu
de fel volatil huileux, & de terre. La tifanne faite
avec fes feuilles, la conferve, & l’eau des fleurs, le
firop des fleurs & des feuilles, le fuc & l’extrait conviennent
dans les vapeurs, la fciatique, la goutte, la
jauniffe, la pàralyfie. Ils procurent l’expeôoration,
& font cracher les matières purulentes ; ils confoli-
dent les ulcérés intérieurs ; rétabliffent les fondions
des premières voies ; pouffent parles urines le vent,
les obftruélions. Les Chirurgiens la font entrer dans
les emplâtres & cataplafmes céphaliques.
Emplâtre de bétoine. Prenez bétoine verte, pimpre-
nelle, aigremoine, fauge, pouliot, petite centaurée,
orvale, de chaque fix onces ; d’encens, de maftic,
de chaque deux gros; d’iris, d’ariftolocheronde, de
chaque fix gros ; de cire, de térébenthine, de réfine
de pin, de chaque fix onces ; de gomme élemi, de
goudron, de chaque deux onces ; de vin blanc, trois
livres. Broyez bien d’abord dans un mortier toutes
les plantes ; Iaiffez-les en macération pendant une
femaine dans le vin ; remuez-les enfuite, & les faites
bouillir : tirez enfuite le fuc par expreflion ; paffez-
l e , & le faites bouillir jufqu’à la diminution d’un
tiers : ajoutez le goudron, la cire fondue, la réfine,
les gommes, & enfin le dernier de tous lesingrédiens,
la térébenthine : faites bouillir doucement le tout ;
retirez-le de deffus le feù , & le laiffez refroidir ; alors
répandez deffus l’iris & l’ariftoloche réduite en poudre
très-fine : battez bien le tout enfemble, enforte
qu’il foit de la confiftance d’un emplâtre. Cet emplâtre
eftréfolutif, fondant,.déterfif & incarnatif: on
l’employe beaucoup dans les maladies de la tête. (N)
BETOIRES, f. m. pi. ( Économie rufliq. ) On entend
par ce mot, dans les campagnes où l’on s’en fert,
des trous creufés en terre d’efpace en efpace, comme
des puits, qu’on emplit enfuite de pierrailles. On
y détermine le cours des eaux par des rigoles , afin
qu’elles fe perdent dans les terres. Dans les grandes
baffe-cours on les fait de pierre ; on les place de maniéré
que la faumure du fumier n’y pénétré pas ; on
les couvre d’une grille de fer à mailles ferrées ; on
ne laiffe à cette grille qu’une petite ouverture, afin
que les eaux patient feules, & que les groffes ordures
foient arretées.
* BETSCHAW, (Géog.) ville de Boheme, abondante
en mines d’étain.
* BETSKO, (Géog.') petite ville de la haute Hon-
grie.
* BETTE, f. f. (Hifi. nat. bot.) On diftingue trois
fortes de bettes ; la blanche, la rouge, & la bette-rave.
La bette ou poirée blanche, beta alba, a la racine
cylindrique, ligneufe, de la groffeur du petit doigt,
longue , blanche ; la feuille grande, large , liffe,
épaiffe, fuceulente, quelquefois d’un verd blanc ,
quelquefois d’un verd plus foncé ; la faveur nitreu-
le , une côte épaiffe Sc large ; la tige haute de deux
coudées, gtêle, cannelée, branchue; la fleur placée
à l’aiffelleaes feuilles fur des longs épis, petite, com-
pofee de plufieurs étamines garnies de lömmets jaunâtres
, & dans un calice à cinq feuilles un peu verd,
qui le change en un fruit prefque lphérique, inégal
& boffele, qui contient deux ou trois petites graines
oblongues, anguleufes, rongeâtres, & inégalement
arrondies.
La bette ou poiree rouge, beta rubra vulgaris, a la
racine blanche; la feuille.plus petite que la précé-
Tomc JJ,
dente, fort rouge : c’eft par la qu’on la diftingue de
la bette blanche.
La bette-rave y beta rubra radice rapce : elle a la tige
plus haute que la bette ou poirée rouge ; fa racine eft
groffe de deux ou trois pouces, renflée, & rouge
comme du fang en-dehors & en-dedans.
On cultive toutes ces efpeces dans les jardins. La
première donne les cardes dont on fait ufage en cui-
fine ; on fait cas des racines de bette-rave ; qu’on mange
en falade & autrement : on fe fert en Medecine
de le bette blanche.
On trouve par l’analyfe, que la bette eft compo-
fee d’un fel effentiel, ammoniacal, nitreux , mêlé
avec une terre aftringente & de l’huile ., & délayé
'dans beaucoup de phlegme. Ses feuilles deffechées
& jettees fur les charbons ardens, fufent comme le
nitre. On compte la bette blanche entre les plantes
émollientes.
*BETUWE 0« BETAW, (Géog. ) eft une des
trois parties qui compofent la Gueldre Hollandoife :
c’eft le pays qui fe trouve entre le Rhin & le Leck.
BETYLES, f. m. pl. (Hifi. anc.) pierres fameu-
fes dans l’antiquité , dont on fit les plus anciennes
idoles, qu’oncroyoitanimées, auxquelles même on
attribuoit des oracles. Bochart tire l’origine des béty-
les de cette pierre myftérieufe de Jacob, fur laquelle
ce patriarche repofant pendant la nuit, eut une vi-
fion, & qu’à fon reveil il oignit d’huile ; d’où le lieu
fut appelîé Bethel. Les bétyles étoient d’une groffeur
tres-médiocre, de figure ronde, avec des cannelures
fur leur furfaee ; & on les croyoit defeendus du cieL
On leur attribuoit mille vertus fingulieres, & entre
autres celles de faire prendre des villes & gagner des
batailles navales aux généraux qui les portoient*
Foyeç dans les Mém. de 1'Acad, des Belles-Lettres, les
lavaqtesrecherches qu’a faites fur cette partie delà
Mythologie M. Falconet, un des plus illuftres membres
de cette Académie. (G)
* BEVELAND, (Géog.) île des Provinces-Unies
en Zélande : l’Efcaut la divife en deux parties , dont
l’une s’appelle Zuyd-Beveland, &: l’autre Noort-Be-
veland.
* BEVERLAY, (Géog.) ville d’Angleterre dans
la province dYorck. Long. ty . lat. 63 . 48.
*BEVERGEN, (Géog.) ville d’Allemagne dans
le cercle de "Weftphalie, au duché de Munfter, à
neuf lieues de cette ville.
^ * BEVERUNGEN, (Géog.) ville d’Allemagne au
diocefé de Paderborn, & au confluent de la Beve &
du "Wefer. Long. 2/. lat St. 40. •
* BEURATH, (Géog.) ville de Boheme au comté
de Glatz.
BEURICHON, oi/cau. Foye^ R o i t e l e t . ( I )
* BEURRE, (Hifi. & E conom. rufiiq.) fu b fta n c e
g r a f f e , o n f tu e u fe , p r é p a r é e o u fé p a ré e d u l a i t , en
le b a t ta n t . Foyeç L a i t .
Le beurre fe fait en Barbarie, en mettant le lait ou
la creme dans une peau de bouc, fufpendue d’un côte
à l’autre de la tente, & en le battant des deux côtés
uniformément. Ce mouvement occafionne une
prompte féparation des parties onâueufes d’avec les
parties féreufes. Foyages de Shaw., page 24/. Ce n’a
été que tard, que les Grecs ont eu connoiffance du
beurre : Homere, Théocrite, Euripide , & les autres
poètes, n’en font aucune mention; cependant-ils parlent
fouvent du lait & du fromage : Ariftote qui a recueilli
beaucoup de chofes fur le lait & le fromage,
ne dit rieri du tout du beurre. On lit dans Pline, que
le beurre étoit un mets délicat chez les nations barbares
, & qui diftinguoit les rich.es des pauvres.
Les Romains ne fie fervoient du beurre qu’en re-
mede, & jamais en aliment; Scockius obferve que
c ’eft aux Hollandois que leshabitans des Indes orientales
doivent la connpiffance du beurre; qu’en Efpa-
E e ^