couleur d’un blanc jaunâtre, & qui contiennent cha- |
eune une femence calleufe , .pour ainfi dire ovale, :
voûtée fur fon dos, & -plate du côté oppofé, creus
e dans le milieu & dans toute la longueur de ce même
côté, d’un fillon affez profond. Son goût eft tout-
à-fait pareil à-celui du café qu’-on nous apporte d’A- .
rabie : une de fes deux -femences venant à avorter ,
celle qui Telle-acquiert ordinairement plus de volume
, a fes deux côtés plus convexes, & occupe feule
le milieu du fruit. Voyc^Plan. JLXVIII. d'Hifl. -nat.
^On appelle caffé en coque, ce fruit entier & deffé-
ché ; & café mondé, (es femences dépouillées de leurs
-enveloppes propres & communes.
Par cette defcription faite d’après nature, il eft aifé
de juger que l’arbre du café , que l’on peut appeller
le caffier,ne peut être rangé fous un genre qui lui convienne
mieux que -fous celui des jafmins , fi l ’on a
égard à la figure de la fleur, à la ftruâure de fon fruit,
-& à la difpolition de fes feuilles.
Cet arbre croît dans fon pays natal, & même à ;
.Batavia, jufqu’à la hauteur de quarante pies ; le diamètre
de fon tronc n’excede pas quatre à cinq pouces
: on le cultive avec foin ; on y voit en toutes les
faifons des fruits, & prefque toûjours des fleurs. Il
fournit deux ou trois fois l’année une récolte très-
abondante. Les vieux piés portent moins de fruit que
les jeunes, qui commencent à en produire dès la troi-
fieme & quatrième année après la germination.
Les mots café en françois, & cofee en anglois &
•en hollandois , tirent l’un & l’autre leur origine de
xaouhe, nom que les Turcs donnent à la boiflon qu’on
prépare de cette plante.
Quant à fa culture , on peut aflïirer que fi la femence
du café n’eft pas mife en terre toute récente,
comme plulieurs autres femences des plantes ,.on ne
doit pas efpérer de la voir germer. Celles de l’arbre
qu’on cuhivoit depuis une année au jardin-royal,
mifes en terre aufli-tôt après avoir été cueillies, ont
prefque toutes levé lix femaines après. Ce fait, dit
M. de Juflieu, juftifie les habitans du pays où fe cultive
le café y de la malice qu’on leur a imputée de
tremper dans l’eau bouillante, ou de faire fécher au
feut tout celui qu’ils débitent aux étrangers, dans la
crainte que venant à élever comme eux cette plante
, ils ne perdiffent un revenu des plus confidéra-
bles.
La germination de ces femences n’a rien que de
commun.
A l’égard du lieu où cette plante peut fe confer-
ver, comme il doit avoir du rapport avec , le pays
dans lequel elle naît naturellement, & où l’on ne
reffent point d’hyver , on a été obligé jufqu’ici de
fuppléer au défaut de la température de l’air & du
climat, par une ferre à la maniéré de celles de Hollande
, fous laquelle on fait un feu modéré, pour y
entretenir une chaleur douce ; & l’on a obfervé
que pour prévenir la féchereffe de cette plante , il
lui falloit de tems en tems un arrofement propor-,
îionné.
Soit que ces précautions en rendent la culture difficile
, foit que les Turcs , naturellement parelfeux,
ayent négligé le foin de la multiplier dans les autres
pays fujets à leur domination ; nous n’avons pas encore
appris qu’aucune contrée que celle du royaume
d’Yemen en Arabie , ait l’avantage de la voir
croître chez elle abondamment ; ce qui paroît être
la caufe pour laquelle avant le xvj. fiecle fon ufage
nous ait été prefqu’inconnu.
On laiffe à d’autres le foin de rapporter au vrai ce
qui y a donné occalion, & d’examiner fi l’on en doit
la première expérience à la vigilance du fupérieur
d’unmonaftere d’Arabie, qui voulant tirer fes moi- .
pes du fommeil qui les tenoit aflbupis dans la nuit
aux offices du choeur, leur en fit boire l’infufion, fur
la relation des effets que ce fruit caufoit aiix boucs
qui en avoient mangé ; ou s’il faut en attribuer U
découverte à la piété d’un mufti , qui pour faire de
plus longues prières, & pouflér les veilles plus loin
que les dervis les plus dévots, a pafle pour s’en être
fer vi des premiers. ..
L’ufage depuis ce tems en eft devenu fi familier
chez les Turcs, chez les Perfens, chez les Arméniens,
& même chez les différentes nations de l’Europe ,
qu’il eft inutile de s’étendre fiir la préparation , ôc
lur la qualité des vaiffeauxÔC inftrumens qu’on y employé.
ïl eft bon d’obferver que des trois maniérés d’en
prendre l’infufion, fa voir ou du café mondé & dans
fon état naturel, ou du café rôti, ou feulement des
enveloppes propres & communes de cette fubftance,
auxquelles nos françois au retour de Moka ont improprement
donné le nom de fleur de café; la fécondé
de ces maniérés eft préférable à la première, & à la
troifieme appellée aufli café à la fultane.
Qu’entre le gros & le blanchâtre qui nous vienj:
par Moka, & le petit v.erdâtre qui nous eft apporte
du Caire par les caravanes de la Meque , celui-ci
doit être choifi comme le plus mûr , le meilleur au
goût, & le moins fujet à fe gâter.
Que de tous les vaiffeaux pour le rôtir , les plus
propres font ceux de terre verniffée, afin d’éviter
l’impreffion que ceux de fer ou d’airain peuvent lui
communiquer. ;
Que la marque qu’il eft fuffifament brûlé ou rôti
eft la couleur tirant fur le violet, qu’on ne peut apr
percevoir qu’en fe fervant pour le rôtir d’un vaifleau
découvert.
Que l’on ne doit en pulvérifer qu’autant & qu’au
moment que l’on veut l’infufer : on fe fert pour cet
effet d’un petit moulin portatif, compofé de deux
ou trois pièces ; d’une gorge qui fait la fonction de
trémie, dans laquelle on met le café grillé, &c qu’on
bouche d’un couvercle percé d’un trou ; d’une noix
dont l’arbre eft foûtenu & fixé dans le coffre ou le
corps du moulin qui la cache, & dans lequel elle fe
meut fur elle-même : la partie du coffre qui corref-
pondà la noix eft de fer , & taillée en dent » il y a.
au-deffous de la noix un coffret qui reçoit le café à
mefure qu’il fe moud. Voye^Plan. du Tailland. 3 un
moulin à café, r f tout monté ; & dans les fig. 4. m
m lf k , o p p , n, un autre moulin 6c fon détail. La
fig. 4. eft l’arbre féparé du moulin r f : mm l , autre
moulin ; m, fon arbre ; k , fon embafe ", n, fa coupe
par le milieu ; o , fa noix ;fig. r f , r eft la trémie. ,
Et qu’étant jetté dans l’eau bouillante , l’infufion
en eft plus agréable , 6c fouffre moins de diflipation
de fes parties volatiles, que lorfqu’il eft mis d’abord
dans l’eau froide.'
Quant à fa maniéré d’agir 6c à fes vertus , la matière
huileufe qui fe fépare du café, 6c qui paroît
fur fa fuperficie lorfqu’on le grille, 6c fon odeur particulière
qui le fait diftinguer du feigle , de l’orge ,
des pois, des feves, 6c autres femences que l’épargne
fait fubftituer au café, doivent être les vraie,s
indications de fes effets, fi l’on en juge par leur rapport
avec les huiles tirées par la cornue, puifqu’elîe
contient aufli-bien que celles-là, des principes volatils
, tant falins que fulphureùx.
C ’eft à la diffolution de fes fels, & au mélange de
fes foufres danlje fang , que l’on doit attribuer la
vertu principalé^de tenir éveillé, que l’on a toûjours
remarquée comme l’effet le plus confidérabie de fon
infufion. C ’eft de-là que viennent fes propriétés de
faciliter la digeftion, de précipiter les alimens, d empêcher
les rapports des viandes, 6c d’éteindre les aigreurs
, lorfqu’il eft pris après le repas.
C ’eft par-là que la fermentation qu’il caufe daqs
le fang , utiles aux perfonnes graffes, repletes, pi-
tuiteufes , 6c à celles qui font fujetes aux migraines,
devient nuifible aux gens maigres, bilieux , 6c à
ceux qui en ufent trop fréquemment.
Et c’eft aufli ce qui dans certains fujets rend cette
boiflon diurétique. # ■
L ’e x p é r ien c e a in tro d u it q u elq u e s p ré c a u tio n s
qu’ o n n e fa u r o i t b lâm e r , to u ch an t la m a n ié ré de
prendre c e t te in fu fion : te lle s fo n t c e lles d e b o ir e u n
v e r r e d’ e a u a u p a r a v a n t , afin d e la r en d re la x a t iv e ;
de c o r r ig e r par le fu c r e l’ am ertume q u i p o u r ro it la
ren d re d e fa g r é a b le , & d e la m ê le r o u de la fa ire
q u e lq u e fo is au la it o u à la c r em e , p o u r en é te in d re
le s fo u f r e s , en em b a r ra ffe r le s p rin c ip e s f a l in s , 6c
la r en d re nou rriffante.
Enfin l’on peut dire en faveur du café, que quand
il n’auroit pas des vertus aufli certaines que celles
que nous lui connoiflons , il a toûjours l’avantage
par-deffus le vin de ne laifler dans la bouche aucune
odeur defagréable, ni d’exciter aucun trouble dans
l’efprit ; 6c que cette boiflon au contraire femble
l’égayer, le rendre plus propre au travail, le récréer,
en difliper les ennuis avec autant de facilité, que
ce fameux Népenthe fi vanté dans Homere. Mémoires
de P académie royale des Sciences, année 1J13. pag.
M. Leaulté pere, dofreur en Medecine de la faculté
de Paris, a fait une obfervation fur l’infufion
de café, qu’il n’eft pas inutile de rapporter ici. Un
homme à qui un charlatan avoit confeillé l’ufage d’une
compofition propre, à ce qu’il difoit, à arrêter
une toux opiniâtre qui le tourmentait depuis long-
tems, prit le remede, fans être inftruit des ingré-
diens qui y entroient : cet homme fut tout-à-coup
faifi d’un affoupiffement &c d’un étouffement confidérabie
, accompagnés de la fuppreflion de toutes
les évacuations ordinaires, plus de crachats, plus
d’urine, &c. On appella M. Leaulté, qui informé
de la nature des drogues que cet homme avoit pri-
fes , lui ordonna fur le champ une faignée : mais le
poil'on avoit figé le fane, de maniéré qu’il n’en vint
ni des bras ni des piés : le médecin ordonna plufieurs
taffes d’une forte infufion de café fans fucre, ce qui
en moins de cinq à fix heures reftitua au fang un
mouvement affez confidérabie pour fortir par les.
quatre ouvertures, 6c le malade guérit.
Simon Pauli, médecin danois, a prétendu qu’il
enivroit les hommes, 6c les rendoit inhabiles à la
génération. Les Turcs lui attribuent le même effet,
te penfent que le grand ufage qu’ils en font, eft la
caufe pour laquelle les provinces qu’ils occupent ,
autrefois fi peuplées, le font aujourd’hui fi peu. Mais
Dufour réfute cette opinion, dans fon traité du café,
du thé, & du chocolat.
Le pere Malebranche affûra à MM. de l’académie
des Sciences, qu’un hommede fa connoiffance avoit
été guéri d’une apoplexie par le moyen de plufieurs
lavemens de café : d’autres difent qu’employé de la
même maniéré , ils en ont été délivrés de maux de
tête violens 6c habituels. (AT)
Le commerce du café eft confidérabie : on affûre
que les feuls habitans du royaume d’Yemen en débitent
tous les ans pour plufieurs millions ; ce qu’on
n’aura pas de peine à croire, fi l’on fait attention à la
confommation prodigieufe.
. M mariné; c’eft ainfi qu’on appelle celui qui
dans le tranfport a été mouillé d’eâu de mer : on en
fait peu de cas, à caule de l’acreté de l’eau de mer,
que la torréfa&ion ne lui ôte pas.
C a f f é s : c e fo n t des lieu x , à l’é ta bliffem ent def-
q u e ls l’u fa g e du ca ffé a d onné lieu : o n y p ren d 'to u -
te s fo r te s d e liqueurs. C e font a u fli d es m a n u fa â u re s
d ’e fp r i t , tan t b onne s q u e m a u v a ife s .
CÂFFETIER , f. m. ( Comment. ) celui qui a le
Tome II.
droit de vendre au publie du caffé, du thé, du chocolat
, & toutes fortes de liqueurs froides & chaudes.
Les Cafetiers font de la communauté des Limonadiers.
Voye^ Limonadier.
CAFFILA, f. f. (Commerce.) troupe de marchands
ou de voyageurs, ou compofée des uns & des autres,
qui s’affemblent pour traverfer avec plus de
sûreté les vaftes états du Mogol, & autres endroits
de la terre ferme des Indes.
Il y a aufli de femblables caflas qui traverfent une
partie des deferts d’Afrique, & particulièrement ce
qu’on appelle la mer de fable , qui eft entre Maroc &:
Tamboufrou, capitale du royaume de Cago. Ce
voyage, qui eft de quatre cents lieues, dure deux
mois pour aller, & autant pour le retour, la caffila
ne marchant que la nuit à caufe des chaleurs excefli-
ves du pays.
La caffila eft proprement ce qu’on appelle caravane
dans l’empire du grand-feigneur, en Perfe, &
autres lieux de l’Orient. Voye{ Caravane.
Caffila fe dit aufli dans les différens ports que les
Portugais occupent encore fur les côtes du royaume
de Guzarate, des petites flotes marchandes qui vont
de ces ports à Surate, ou qui reviennent de Surate
fous l’elcorte d’un vaifleau de guerre que le roi de
Portugal y entretient à cet effet.
CAFFIS, f. m. ( Commerce.) mefure de continence
dont on fe fert pour les grains à Alicante. Le caffis
revient à une charge & demie de Marfeille, & contient
fix quillots de Conftantinople, c’eft-à-dire quatre
cents cinquante livres poids de Marfeille ; ce qui
revient à trois cents foixante-quatre livres poids de
marc. (G)
* CAFICI, ( Commerce. ) mefure pfitée en Afrique
, fur les côtes de Barbarie. Vingt guibis font un
cafici, & fept caficis font un laft d’Arnfterdam, ou
162 j livres de Hollande.
CAFRERIE , ( Géog. ) grand pays fitué dans la
partie méridionale de l’Afrique, borné au nord par
l’Abyflinie & la Nigritie ; à l’occident par la Guinée
& le Congo ; au fud par le cap de Bonne-Èfpérance ;
à l’orient par l’Océan. Les habitans dé cette contrée
font negres & idolâtres. Ce pays eft peu connu des
Européens, qui n’ont point encore pû y entrer bien
avant : cependant on accufe les peuples qui l’habitent
d’être anthropophages.
* CAFRI, ( Hiß. nat. bot. ) fruit des Indes, qui
croît fur de petits arbriffeaux. Il eft à-peu-près de la
groffeur des noix ; lorfqu’il eft mûr, il eft d’un beau
rouge, comme la cerife ; fes fleurs reffemblent à celles
du diétamne de Crete.
GAFSA, (Géog?) ville d’Afrique dans le Biledul-
gérid, tributaire du royaume de Tunis. Long. 40.
lat. 27. 10.
CAFTAN, ( Hift. mod.') c’eft le nom qu’on donne
à une efpece de manteau chez les Turcs & les
Perfans.
CAGASIAN, (Géog.') fort d’Afrique fur la côte
de Malaguette.
* CAGASTRUM, (Medecine.) Paracelfe fe fert
de ce mot, pour défigner le germe & le principe de
toutes les maladies.
CAGAVEL, poiffon de mer. Voye{ Merdole.
CAGAYAN, ( Géog. ) province & rivière d’Afie
dans l’île de Luçon, l’une des Philippines.
* CAGE, f. f. c’eft au propre un affemblage de
plufieurs petits bois équarris, emmortoifés les uns
avec les autres, & traverfés de bas en-haut par des
fils-d’archal, de maniéré que le tout renferme un ef-
pace dans lequel des oifeaux puiffent fe mouvoir facilement,
fans s’échapper. On place en travers dans
l’intérieur de la cage, quelques petits bâtons ronds ,
fur Iefquels les oifeaux puiffent fe repofer. On en
couvre le fond d’une planche mince, qui entre par