faite à la pe au , la bourfoufflent dans toute l’étendue
du corps ; rcmphyfème par lequel l’air s’introduit par
les crevafl'es de la peau , & après s’y être arrêté ,
occafionne un bourfoufïlement général dans toute
la circonférence du corps, & enfin les maladies dans
lefquellcs tout ce tiffu cellulaire eft rempli d’eau ; le
ha lard, qui nous a fait v oir que l’air s’eft introduit
dans l’humeur v it ié e , même a la fuite d’un emphyfè-
me. La maladie dans laquelle l’humeur gélatineufe de
l ’hydropifie s’eft répandue dans les corps caverneux
de la v e r g e , démontre qu’ aucune partie de ce tiffu
n’en eft exceptée. On reconnoîtra l’importance de ce
tiffu , fi l’on fait attention que c’eft de lui que dépend
la fermeté 6c la folidité naturelle de toutes les. artères
, des nerfs, des fibres mufculaires, 6c par confé-
quent celles des chairs 6c des vifceres qui en font
compofés ; & de plus la configuration des parties
& les plis , les cellules, les courbures, viennent du
feul tiffu cellulaire , plus lâche dans certaines parties,
& plus ferré dans d’autres ; il compofe tous les v ifc
ere s , tous les mufcles, les glandes, les ligamens
& les capfules de concert avec les v aiffeau x, le s ,
ne r fs , les fibres mufculaires 6c tendineufes, dans la
compofition defquelles ils entre néanmoins en grande
pa rtie , puifqu’il eft certain que c’eft à lui l e u l ,
c ’eft-à-dire, à la différente longueur, à fon plus ou
moins de tenlion, à fa plus ou moins grande quantité
6c à proportion, qu’on doit rapporter la diverlité
des glandes 6c des vifceres : enfin la plus grande
partie du corps en émane ; car le corps n’éft pas entièrement
compofé de filamens cellulaires. L a gfaiffe
a différens ufages ; elle facilite le mouvement des
mufcles , en diminue le frottement, les empêche de
devenir roides ; elle remplit l’efpàce qui fe trouve
entre les mufcles, & les parties voifines des vifceres,
de forte qu’ellè cede Iorfqu’ils font en mouvement,
& qu’elle foûtient les parties qui font dans l’inaôion;
elle accompagne les vaiffeaux & les garantit ; elle
étend également la peau, lui fert de couffin , 6c pare
fa beauté ; peut-être même fe mêle-t-elle av e c les autres
liqueurs pour tremper leur acrimonie ; elle eft
la principale matière de la bile ; elle fuinte des os
au-travers les couches cartilagineufes , 6c fe mêle
a v e c la fynov ie ; elle s’exhale du méfentere, du me-
focolon , de l’épiploon , autour des reins ; elle enduit
pendant la v ie la fùperficie des vifceres d’une
vapeur molle ; 6c enfin, fe plaçant entre les parties,
elle s’oppofe à leur concrétion. Haller, Phyßol. Poye^
G raisse. (L )
C E L L U L E , f. f. ( Hiß. ecclèf. ) petite ma ifon,
chambre ou appartement qu’habitent les moines &
les religieux : ce mot ne fe dit proprement que des
chambres des monafteres.
Quelques auteurs le dérivent du mot Hébreu N73,
prifon , ou lieu deftiné à renfermer quelque chofe.
On dit qu’un dortoir eft divifé en v in g t , tren te ,
quarante cellules. Voye^ D ortoir.
Les chartreux ont pour cellule chacun une maifon
féparée, compofée de plufieurs pièces, 6c accompagné
d’un jardin. Voye[ Chartreux.
La falle oh fe tient le conclave eft divifée par des
cloifons en plufieurs cellules occupées par les cardinaux.
Koye^ Conclave. (G)
Cellules adipeufes , terme cCAnatomie , font les
petites loges ou capfules qui contiennent la graiffe
dans un corps qui a de l ’embompoint. Koye^ Graisse
& Adipeux.
Elles s’obfervent dans toutes les parties du corps ,
dans ceux qui font amaigris : ces cellules, n’étant
. point remplies de graiffe, reffemblent à une membrane
flafque & tranfparente. V. Graisse & Cellulaire.
(Z.)
* CE LO CES, f. m. ( Hiß. anc.) vaiffeaux fans
pont, ou plutôt petites barques qui n’ont point à la
proue ces éperons appelles rojlra, dont on frappoit
dans le combat les vaiffeaux ennemis pour les percer
, 6c les couler à fond. Elles alloient à deux rames
ou plus. On apperçut, dit T ite -L iv e, xxxvij. 2 7 . que
c ’étoient des bâtimenspropres à la piraterie, desce-
loces 6c des lembes , voye%_ Lembë , qui voy ant de
loin la flo tte, prirent la fuite. Ils la furpafferent en
v îte ffe , parce qu’ils étoient légers , 6c faits exprès
pour la courfe. L e celoce paffe pour être de l’invention
des Rhodiens.
C E LO R IC O o a SE L E R IC O , (Gdog.) petite v ille
du royaume de Portugal, dans la province de Beira »
fur leMondego.
C E L T E S ( Philofophie des ) . Sous Ce nom il faut
comprendre non-feulement les philofophes Gaulois,
mais encore tous ceux qui ont anciennement fleuri en
Eu rope , foitdans les îles Britanniques., fo it parmi
les Germains 6c les Iberes, foit dans l’Italie. Burnet,
dans fes Originesphilofophiques, dit qu’il eft fort vraif-
femblable que les Germains & les Bretons infulai-
r e s , ont eu des druides, moins favans peut-être , 6c
moins refpeftçs que ceux des Gaulo is , mais au fond
imbus de la même doélrine, & fe fervant de là même
méthode pour la faire connoître.
L ’hiftoire de la philofophie des Celtes ne nous o f fre
rien de certain ; 6c cette obfcurité qui la couvre ,
n’a rien de furprenant ; tant les tems oh elle fe cache
font éloignés de notre âge , & de celui même
des anciens Romains. Nous ne trouvons r ie n , fo it
dans nos moeurs 6c nos u fa g e s , fo it dans le témoignage
des auteurs Latins , qui puiffe fixer nos doutes
fur ce quiregarde ces peuples. C e qui pourroit
nous procurer des connoiffances certaines , Sc nous
inftruire de leur religion , ce feroit les écrits, ou au-
rres monumens domeftiques qu’ils nous auroient
laifles : mais tout cela nous manque, foit que le tems
les ait détruits entièrement, foit qu’ils ayent vou lu
les dérober à ceux qui n’étoient pas initiés dans leurs
myfteres, foit enfin, ce qui eft le plus vraiffembla-
ble., qu’ils n’écriviffent point leurs dognes, & qu’ils
fuffent dans l’ufage de les tranfmettre par le canal
de la tradition orale 6c vivante. Les fables qui défigurent
leur hiftoire, 6c qui ont été compilées par So-
lin , Pline, Pomponius M ê la , Aulu-gelle, H érodote,1
& Strabon, montrent affez quel fond nous devons
faire fur lés écrivains , tant Grecs que Latins , qui
fe font mêlés de l’écrire. Céfar lui-même, vainqueur
des G aule s , tout curieuxobfervateur qu’il étoif des
moeurs 6c des ufages des nations qu’il avoit vaincues,
ne nous dit que très-peu de chofe des Celtes , 6c encore
le peu qu’il en dit eft-il n o yé dans un amas de
fables. D ’ailleurs , ce qui a contribué beaucoup à
répandre de l ’obfcurité fur cette h iftoire, c’eft le mélange
de tous ces peuples, auxquels on donnoit le
nom de Celtes, avec les différentes nations qu’ils
étoient à portée de connoître ; par-là s’introduifitné-
ceffairement dans leurs moeurs & dans leurs dogmes ,
une variété étonnante. Par exemple , du tems de
Céfar 6c de Tacite , les Gaulois différoient beaucoup
des Germains , quoiqu’ils euffent une même
origine. Les Germains étoient extrêmement groffiers
en comparaifon des Gaulo is, q u i, au rapport de Juf-
t in , avoient adouci leurs moeurs par le commerce
des Grecs , qui étoient venus s’établir à Marfeille ,’
6c avoient puifé chez eux quelque teinture de cette
politeffe qui leur étoit comme naturelle. Les Grecs
6c les Latins n’ont bien connu que les derniers tems
de l’hiftoire des Celtes ; 6c l ’on peut dire que les prer,
miers ont été pour eux couverts de nuages.
Quand nous parlons des Celtes, il ne faut pas fe
repréfenter des peuples polis à la maniéré des Grecs
6c des Romains, & cultivant avec le même foin les
. Arts & les Sciences. Cette nation étoit plus guerrière
que fa vante, 6c plus exercée à chaffer dans fes
y allés fo rêts , qu’à differter avec fubtilité fûr des quef-
tions métaphyliques. C e qui cara&érife principalement
cette na tion, c’eft qu’elle avo it une excellente
mo rale, & que par-là du-moins elle étoit préférable
aux Grecs & aux Latins , dont le talent dangereux
é toit d ’obfcurcir les chofes les plus claires à force de
fubtilités. Sonmépris pour les Sciences n’étoit pourtant
pas fi exclufif, qu’elle n’eût auffi des favans 6c des
fa ges, qui étoient jaloux de répandre au loin leur phi-
lolophie , quoique fous une forme différente de celle
des G recs 6c des Romains.Ces favans 6c ces fages s’ap-
pelloiehr druides, nom fameux dans l’antiquité, mais
très-obfcur quant à fon origine. L ’opinion la plus probable
dérive cenomdu mot chêne; parce q u e , félon la
tradition confiante , les druides tenoient leurs affem-
blées dans une lieu planté de chênes, 6c qu’ils avoient
beaucoup de vénération pour cette elpece d’arbre
qu’ils regardoient comme facré. La conformité de leur
doârine av e c celle des Mages 6c des Perfes, des Chal-
déens de Babylone , des Gymnofophiftes des Indes,
prouve qu’ils ont été en relation av e c ces philofophes.
On ne peut mieux connoître quelles étoient les
fondions , l’autorité, 6c la maniéré d’enfeigner des
druides, que par ce qu’on en lit dans les commentaires
de Jules Céfar. » Les druides, nous dit ce gé-
>? néral inftruit,pi:éfidentaux chofes divines, règlent
» les facrifices tant publics que particuliers, inter-
» prêtent les augures 6c les arufpices. Le concours
» des jeunes gens qui fe rendent auprès d’eux pour
>> s’inftruire , eft prodigieux ; rien n’égale le refpeét
» qu’ils ont pour leurs maîtres. Ils fe rendent arbi-
» très dans prefque toutes les affaires foit publiques,
» foit privées ; 6c fi quelque meurtre a été commis ,
» s ’i ls ’élève quelque difpute fur un héritage, fur les
» bornes des terres , ce font eux qui règlent tout ; ils
» décernent les peines 6c les récompenfes. Ils inter-
» difent les facrifices , tant aux particuliers qu’aux
» perfonnes publiques , lorfqu’ils ont la témérité de
» s’élever contre leurs decrets : cette interdi&ion
» paffe chez ces peuples pour une peine très-grave ;
» ceux fur qui elle tombe font mis au nombre des im-
» pies 6c des fcélérats. T ou t le monde les fuit 6c évite
» leur rencontre av e c autant de foin que s’ils étoient
» d es peftiférés. T ou t accès aux honneurs leur eft
» fermé, 6c ils font dépouillés de tous les droits dei
» citoyens. Tou s les druides reconnoiffent un che f,
» qui exerce fur eux une grande autorité. Si après fa
» mort il fe trouve quelqu’un parmi eux qui ait un
» mérite éminent, il lui luccede : mais s’il y a plu-.
» fieurs contendans, c’eft le fuffrage des druides qui
»•"décide d el’éleélion ; il arrive même que les brigues
» font quelquefois fi violentes 6c fi impétueufes,
» qu’on a recours à la voie des armes. Dans un cer-
» tain tems de l’année, ils s’affemblent près des con- ,
» fins du pays chartrainfitué au milieu d elà G aule ,
» dans un lieu confacré , o h fe rendent de toutes
» parts ceux qui font en litige ; 6c là leurs dédiions
» font écoutées av e c refpeét. Les druides font
» exempts d’aller à la giierre, de payer aucun tri-
» but : en un mot ils joiiiffent de tous les droits du
» peuple fans partager avec lui les charges de l ’état.
» C e font ces privilèges qui engagent un grand nom-
» bre de perfonnes à fe mettre fous leur difcipline ,
». .& lesparens àyfoûmcttreleurs enfans. On dit qu’on
» charge leur mémoire d’un grand nombre de vers
» qu ils font obligés d’apprendre avant d’être in co r - .
» pores a u . corps des druides ; c’eft ce qui fait que
» quelques-uns, avant que d’être initiés, demeurent
» vingt ans fous la difcipline. Quoiqu’ils foient dans
» l’ufage de fe fervir de l’écriture qu’ils ont apprife
» des G r e c s , tant dans les affaires civiles que politi—
» ques, ils croiroient faire un grand crime s’il l’em-
» ployoient dans les chpfes de religion ». On v o it
par ce long morceau que je viens de tranfcrire, que Tome II.
les druides avoient une grande influence danstoutei
les délibérations de l’état ; qu’ils avoient trouvé le
moyen d’attirer à eux la plus grande partie du gouvernement
, laiffant au prince qui v iv o it fous leur tutoie
, le feul droit de commander à la guerre. La tyrannie
de ces prêtres ne pou voit être que funefte à la;
puiffance roy ale : car je fuppofe qu’un roi s’échappant
de leur tu tele , eût eu affez de force dans l’efprit
pour gouverner par lui-même fans daigner les conliil-
ter ; il eft évident qu’ils pouvoient lui interdire les
facrifices, lancer contre lui l’anathème d elà religion,
foûlever l’efprit de leurs difciples aveuglément dociles
a leurs leçons, & les menacer du courroux de leurs
d ieu x , s’ils ne refpedloient pas l’excommunication
dont ils l’a voient frappé,. Dans les druides je ne vois
pas des philofophes , mais des impofteurs, qui uniquement
occupés de leur intérêt, de leur gloire , 6c
de leur réputation, travailloient à affervir leur im-
becille nation fous le joug d’une honteufe ignorance.'
Si l’on en croit les anciens écrivains, ces prétendus
philofophes étoient vêtus magnifiquement, 6c por-
toient des colliers d’or. Le luxe dans lequel ils v i-
voient faifoient tout leur m érite, & leu ra v o it acquis
parmi les Gaulois une grande autorité.
Les druides étoient partagés en plufieurs claffes :
il y av o it parmi eux , lelon Ammien Marcellin , les.
Bardes, les Eubages , & ceux qui retenoient proprement
le nom de Druides. Les Bardes s’occupoient à
mettre en vers les grandes aftions de leurs héros ,
& les chantoient fur des inftrumens de mufique.
Les Eubages abyfmés dans la contemplation de la
nature , s’occupoient à en découvrir les fecrets.
Mais ceux qu’on appelloit druides par e xcellen ce ,'
joignoient à l’étude de la nature la fcience de la
morale , & l’art de gouverner les hommes. Ils :
avoient une double doélrine ; l’une pour le peuple
, 6c qui é toit par conféquent publique ; l’autre
pour ceux qu’ils inftruifoient en particulier , 6c qui
étoit fecrette. Dans la première , ils expofoient au
peuple ce qui concernoit les facrifices, le culte de
la religion , les augures , & toutes les efpeces de di-‘-
vinations : ils avoient foin de ne publier de leur d oc-J
trine que ce qui pouvoir exciter à la v e r tu , & fortifier
contre la crainte de la mort. Pour la doârine
qu’ils enfeignoient à ceux qu’ils initioient dans leurs
my ftere s , il n’eft pas poffible de la deviner : c’eût
été la profaner que de la rendre intelligible à ceux
qui n’a voient pas l’honneur d’être adeptes ; & pour
infpirer à leurs difciples je ne fai quelle horreur fa-
crée pour leurs dogmes, ce n’étoit pas dans les villes
ni en plaine campagne qu’ils tenoient leurs affera-
blées favantes , mais dans le filence de la folitude
6c dans l’endroit le plus caché de leurs fombres fo rêts
: auffi leurs dogmes étoient-ils des myfteres impénétrables
pour tous ceux qui n’y étoient pas admis.
C ’eft ce que Lucain a exprimé d’une maniéré fi
énergique par ces vers :
S0 lis nojfe deos , 6* cceli numina y obis ,
Aut folis nef cire datum : nemora altaremotis
Incolitis lucis.
Après cela eft-il furprenant que les Grecs & les
Romains ayent avoiié leur ignorance profonde furies
dogmes cachés des druides ? Le feul de ces dogmes
qui ait tranfpiré , 6c qui ait percé les fombres voiles
fous lefquels ils enveloppoient leur do&rine , c’eft:
celui de l’immortalité de l’ame. On favoit bien en
général que leurs inftruélions fecretes rouloient fur
l’origine & la grandeur du monde, fur la nature des
choies, fur l’immortalité 6c la puiffance des dieux :
mais ce qu’ils penfoient fur tous ces points, étoit ab-
folument ignoré. En divulgant le dogme de l ’immortalité
des efprits, leur intention é to it, félon Pomponius
Mêla , d’animer le courage de leurs compa-
K K k k k