leurs écrits une matière rare tirée du régné végétai &
même minéral, en divers lieux & en divers pays ; de
laquelle matière ils faifoient diverfes étoffes riches
& précieufes. Il y avoir le byffe des Indes, d’Egypte,
de Grece, comme nous avotts de la .porcelaine de
divers pays»
Nous ne doutons point encore que fous ce nom les
anciens n'ayent confondu les cotons , les oiiates,
en un mot tout ce qui fe fil'oit, & qui étoit d’un plus
grand prix que la laine.
Mais s’il eft certain qu’il y avoit chez les anciens
du byjfe tiré du régné végétal, il y a tout lieu de pen-
fer qu’ils tiroient auffi du byjjus des pinnes-marines.
Que dis-je, de penfer? Ariftote l’affûre pofiti ventent,
car il nomme byjjus la foie de ces coquilles. ^
On a connu de tout tems l’art de la filer: ainfi l’on
ne peut douter qu’elle n’ait été fouvent employée
pour les habits des grands feigneurs, dans des fiecles
où la foie n’ëtoitque très-peu connue & ne fe voyoit
que rarement.
En effet ce byjfus de coquillage, quoique filé gro£
lierement, paroît beaucoup plus beau que la laine,
& approche aflèz de la foie : on en fait encore à-pré-
fent des bas & d’autres ouvrages, qui feroient phis
recherchés fi la foie étoit moins commune.
Pour filer cette forte de byjjus, on le laiffe quelques
jours dans la cave pour l’humeôer & le ramollir ;
enfuite on le peigne pour en féparer la bourre & les
autres ordures qui y font attachées ; enfin on le file
comme on fait la foie.
Si je connoiffois quelqu’ouvrage , quelque traité
particulier fur le byjfus des anciens, j ’y renverrois
les curieux. Yoye^ cependant Varticle B y s s U S. Article
de M. le Chevalier DE J A U CO UR T,
BYSSUS:, f. m. {Jlijl. n.at. bot.) genre de plante
qui différé du coralloïde , en ce que les plantés du
genre dont il s’agit, font compofées de filamens cylindriques
qui ont des rameaux dans des efpeçes, &
n’en ont pas dans d’autres ; enfin d’autres efpeces de
ce même genre ont fur le même pie des filamens fans
rameaux & des filamens avec des rameaux : la longueur
de Ces filamens varie dans les différentes efpe-
ces ; il y en a de fort courts & de fort longs. Le byf-
fus différé du conferva, en ce que les filamens n’ont
aucuns noeuds apparens, même lorfqu’ils font defle-
chés. Le byjfus eft plus durable & plus confiftant que
le botrytis ; fes femences rie font pas difpofées en épi
ou en grappe, mais placées le long des tiges. Il y a
quelques efpeces de byjfus fi ont la fubftancè eft allez
dure , & d’autres qui ne font qu’herbacées. Oii en
trouve qui reffemblent, comme le conferva , à un
amas de fils de foie, à un tapis, à une peau de rat ou
de chat, à une toifon de brebis, à un morceau de drap,
ou enfin à une toile d’ârâignëe. Les femences qui ont
été apperçues, font longues ou oblongues. Micheli,
nova plant, gen. Veye^ PLANTÉ, (ƒ)
BYSTRICE o« BY STRY TZ, (Géog.)fi y a trois
villes de ce nom dans le royaume de Bohème.
BYTHAU, (Géog.) petite ville delàPruffe polo*:
noife.
B Y T TE , (Géog.) île de la mer d’Allemagne, près
de celle de Falfter.
B Z
BZO, (Géogr.) ville d’Afrique, au royaume de
Maroc.
C c
Le C , c, (Gram.) eft la troifieme
lettre de notre alphabet. La figure
de cette lettre nous vient des
Latins. Elle a aujourd’hui un fon
doux devant Ve & devant l’i ; on
prononce alors le c comme unf ,
. ce, ci, commefe ,Ji; enforte qti’a-
. lors on pourroit regarder le c ,
comme lefigma des Grecs, tel qu’il fe voit fouvent,
fur tout dans les inferiptions, avec la figure de notre
C capital, taic hmepaic (Gruter., tom. I.p . y o. ) ,
c’eft-à-dire tais emerais ; & au tome II. pag. ti 020 ,
on lit une ancienne infeription qui fe voit à Alexandrie
fur une colonne, a h m o k p a t h c riEPiKAiTOC
APXITEKTOC , Démocrates pericletos architeclos t Démocrates
illuftre architecte. II y a un très-grand nombre
d’exemples du Jigma ainfi écrit, fur-tout en lettres
majeures ou capitales ; car en lettres communes
le figma s’écrit ainfi <r au commencement & au milieu
des mots, & ainfi f à la fin des mots. A l’égard de la
troifieme figure du figma, elle eft précifément comme
notre c dans les lettres capitales, & elle eft en
ufage au commencement, au milieu, & à la fin des
mots: mais dans l’écriture commune on recourbe la
pointe inférieure du c, comme lion ajoûtoit une
virgule au c : en voici la figure Cf
Ainfi il paroît que le c doux n’eft que le figma des
Grecs ; & il feroit à fouhaiter que le c eût alors un
caraCtere particulier qui le diftinguât du c dur : car
lorfque le c eft fuivi d’un a , d’un o , ou d’un u , il a
un Ion dur ou fe c , comme dans canon, cabinet y cadenat,
coffre , Cologne, colombe, copifie, cur'tpfité, curette
y &c. Alors le c n’eft plus la même lettre que le
c doux, quoiqu’il paroiffe fous la même figure ; c ’eft
le cappa des Grecs, K , x , dont on a retranché la première
partie ; c’eft le q des Latins écrit fans u , ainfi
qu’on le trouve en quelques anciens : pronunciandum
q lalinum fine u , quod hcevOces ojlendunt, punicè. qa-
lam, y.dxct/xoç y calamus, qane, xdvvct, canna. Angeli
Canifil EXXnvurp.oç. Parifiis , I 578 , pag. 3 /.
En bas-breton on écrit auffi le q fans u , ê qêver,
envers ; qen, qer, tant, tellement. Le q fans u eft le
cappa des Grecs, qui a les mêmes réglés & le même
fon. Grammairefrançoife celtique, à Vannes, 1738.
S’il arrive que par la raifon de l’étymologie on con-
ferve le c dans l’écriture devant a t o yu; que dans la
prononciation on donne le fon doux au c , comme
quand on écrit, il prononça , François, conçu y reçu,
& c. à caufe de prononcer, France, concevoir, recevoir y
&c. alors on met fous le c une petite marque, qu’on
appelle cédille ; ce qui pourroit bien être le même
figma dont nous avons déjà parlé, qui en lettre commune
s’écrit ainfi c , eu, sô : enforte que la petite
queue de ce figma pourroit bien être notre cédille.
Depuis que l ’auteur du bureau typographique a
mis en ufage la méthode dont on parle au chapitre vj.
de la grammaire générale de P. R. les maîtres qui montrent
aujourd’hui à lire, à Paris, donnent une double
dénomination au c ; ils l’appellent ce devant e &
devant i : ainfi en faifant épeler, ils font dire ce, e,
A l’égard du c dur ou fec, ils l’appellent ke ou que;
ainfi pour faire épeler cabane, ils font dire ke, a ,
ca ; be y a , ba y caba ;ne ,e yne y ca-ba-ne ; car aujourd’hui
on ne fait que joindre un e muet à toutes les
confonnes : ainfi on dit be , ce , de yfe , me , re, te,fe ,
ve ; & jamais effe, emme, enne, erre, effe. Cette nouvelle
dénomination des lettres facilite extrêmement
Tome II .
la Ie&ure, parce quelle fait affembler les lettres aveé
bien plus ae facilité. On lit en vertu de la dénomi*
nation qu’on donne d’abord à la lettre.
Il n’y a donc proprement que le c dur qui foit là
kappa des Grecs k, dont on a retranché la première
partie. Le c garde ce fon dur après une voyelle ôt de*
vant une confonne ; dicter, effectif.
Le c dur & le q fans il ne font prefque qu’une même
lettre : il y a cependant une différence remarquable
dans l’ufage que les Latins oht fait de l’une & de l’autre
de ces lettres, lorfqn’ils ont voulu que la voyelle
qui fuit le q accompagné de Vu , ne fît qu’une même
fyllabe ; ils fe. font fervis de qu : ainfi ils ont écrit *
aqua, qui, quiret, reliquum, &c. mais lorfqu’ils ont
eu befoin de divifer cette fyllabe, ils ont employé
le c au lieu de notre tréma ; ainfi on trouve dans Lu-*
crece a-cu-a en trois fyllabes, aü lieu de aquà en deux
fyllabes : de même ils ont écrit qui monofyllabe au
nominatif, au lieu qu’ils écrivoient cu-i diflyllabe au
datif. On trouve auffi dans Lucrèce cui-ret pour qui*
rtt y rélicu-um pour reliquumt
Il faut encore obferver le rapport du c au g. Avant
que le cara&ere g eût été inventé chez les Latins *
le c avoit en plufieurs mots la prononciation du g; ce
fut ce qui donna lieu à Sp; Carvilius, au rapport dé
Terentius Scaurus, d’inventer le g pour diftinguer
ces deux prononciations: c’eft pourquoiDiomede,
lib. II. cap. de litterâ, appelle le g lettre nouvelle.
Quoique nous ayons un caraûere pour le c , & un
autre pour le g , cependant lorfque la prononciation
du c a été changée en celle du g , nous avons con-
fervé le c dans notre orthographe, parce que les yeux
s’étoient accoutumés à voir le c en ces mots* là : ainfi
nous écrivons toûjours Claude, Gicogncy fécond,J'e-
condement, féconder, fecret , quoique nous prononcions.
Glaude , Cigogne , fegond , fegondement > fecon-
der : mais on prononce fecret y fecretement, fecrètaire.
Les Latins écrivoient indifféremment vicefimus ou
vigefimus ; Gaius ou Caius ; Gneius pour Cneius.
Pour achever ce qu’il y a à dire fur ce rapport du c
au g y je ne puis mieux faire que de tranferire ici ce
que l’auteur de la méthode latine de P. R. a recueilli
à ce fujet, pag. 647.
« Le g n’eft qu’une diminution du c, au rapport
» de Quintilien; auffi c es deux letttes ont-elles gran-
» de affinité enfemble, puifque de y.vCtpnlrtiç nous fai*
» fons gubernator ; de y.Xtoc, glorta ; de agere , a clurn g
» de nec-otium , negotium : & Quintilien témoigne
»que dans Gaius, Gneius, on ne diftinguoit pas û
» c’étoit un c ou un g: c’eft de-là qu’eft venu que de
» centum on a formé quadringenti, quingenti , jépten-
» genti, &c. de porricere, qui eft demeuré en ufage
»dans les facrifices, on a faitporrigere; & fembla-
» blés. » On croit que le g n’a été inventé qu’après la
» première guerre de Carthage, parce qu’dn trouve
» toûjours le c pour le g dans la colonne appelléé
» rofirata, qui fut élevée alors en l’honneur de Dui-
» lius conful, & qui fe » tôle ; on voit encore à Rome au capi* y lit, macifiratos leciones puenando copias
» Cartacinienfis : ce que l’on ne peut bien entendre fi
» l’on ne prend le c dans la prononciation du k. Auffi
» eft-il à remarquer que Suidas parlant du croififant
» que les fénateurs portoient fur leurs fouliers, l’ap*
» pelle to v u/aclixov x0.7171 d ÿ faifant allez voir par-là
» que le c & le k paffoient pour une même chofe ,
» comme en effet ils n’étoient point différèns dans
» la prononciation ; car au lieu qu’aujourd’hui nous
O 00