fi on fait réflexion que la plupart des fu jets des diftilla-
tions analytiques ordinaires font des compofés ou des
mélanges naturels, qui portent en eux-mêmes des
principes de réaôion, qui n’ont befoin que d’être mis
en jeu par le feu pour produire de nouvelles combi-
fraifons ; & que ce h’eft qu’à la faveur de ces nouvelles
combinaifons, dont on retrouve les produits dans
les réfidus, qu’on obtient les produits plus mobiles ,
les fubftances qui paffent ou qui s’élèvent dans la distillation.
F. Distillation , & Analyse végétale
à l'art. VÉGÉTAL. Cet articleeft de M. F EN EL.
* CAPUUPEBA, (Hiß. nat. bot') forte de gafon
qui vient au Brefil, à la hauteur de deux ou trois
piés ;fa tige eft ronde ôc lifte, genouillée, & garnie
d’une feuille à chaque noeud ; elle fe diftribue à fon
fommet en une trentaine de branches plus petites ,
dont l’extrémité fe termine en une ombelle argentée
d’où naît la femence.
CAQUE , f. f. (Commerce.) que nous appelions
communément barril; c’eft un petit tonneau dans lequel
on encaque les harengs, c’eft-à-dire où on les
enferme après qu’ils ont été apprêtés & falés.
Caque le dit auftî des petits barrilsdans lefquels on
renferme la poudre à canon.
Caque eft encore le nom qu’on donne en Champagne
à ce qu’on nomme jflus communément un quar-
teau. Foye^ QüARTEAU. (G)
* CAQUEUX, f. m. pi. ( Hiß. mod. ) efpece de
fefte que les.Bretons, entre lefquels elle s’étoit formée
, regardaient avec une extrême averfion, comme
un refte dè Juifs infeâé de lepre. Les caqueux excr-
çoient tous le métier de cordier,& il leur étoit pref-
que défendu de faire autre chofe : la haine ôc le préjugé
public les traitoient du refte à-peu-près comme
les cagots. Foyt{ l'article Cagot. La police civile
ôc eccléfiaftique fit des efforts pour détruire la prévention
des peuples, ôc rétablir dans lesdroits de la
fociété des gens qui contribuoient à fon avantage :
mais ces efforts furent long-tems inutiles.
* CARA , (Hiß. nat. bot.) efpece de convolvulus
à tige quarrée, fort anguleui'e, velue ôc barbue aux
angles, verte, rougeâtre, & tortueufe : il rampe &
s’étend fi prodigieufement, qu’une feule plante fuf-
fit pour garnir une furface de cent vingt piés en quar-
ré : les branches ÔC la tige prennent racine partout
où elles touchent terre ; il a la tige de notre fagitta-
le ; quand on en coupe la tige il en fort des larmes :
fa racine entre en terre de plus d’un pié, ôc a jufqu’à
douze doigts de diamètre : elle eft couverte d’une
peau mince, obfcure , jaunâtre, & cendrée ; elle a
une pulpe blanche & pleine d’un fuc laiteux : on la
mange comme un légume: les habitans de Guinée
en font même du pain. Margg.
* CARABACCIUM, (Hiß. nat. bot.) c’eft le
nom que l’on donne à un bois aromatique des Indes
, dont l’odeur reffemble beaucoup à celle du clou
de girofle, excepté qu’elle eft plus douce ôc moins
pénétrante ; extérieurement il eft brun, ou de la couleur
de la cannelle : on lui attribue la qualité d’adoucir
l’acrimonie de la lymphe, ôc d’être un excellent
remede contre le feorbut ; il fortifie l’eftomac, ôc facilite
la digeftion. On le prend en décoâion, ou in-
fufé comme du thé ôc du caffé.
CARABANA , (Géog.) province de l’Amérique
méridionale, appartenante aux Eljpagnols.
CARABI, (Géog.) petite riviere de Sicile dans
la vallée de Mazara, qui fe jette dans la mer d’Afrique.
CARABINE , f. f. eft une efpece de moufque-
ton dont le canon eft rayé circulairement ou en fpi-
rale, depuis la culaffe jufqu’à l’autre bout ; en forte
que lorique la balle qu’on y enfonce à force , fort
pouilée par l ’impétuoûté de la poudre, elle s’alonge
environ d’un travers de doigt, & elle fort empreinte
des rayures du canon.
Le canon de la carabine a trois piés de long, & elle
a quatre piés étant toute montée : elle a une baguette
de fer, ôc l’on commence à y faire entrer la balle
avec une efpece de verge de même métal appellée
pou(Je~balle, fur la tête de laquelle on frappe avec un
petit marteau deftiné à cet effet.
La carabine a beaucoup plus de portée que le fu-
fil; parce que les rayures du canon arrêtant la balle,
la font réfifter aux premières impreflions de la poudre
, qui ayant le tems de s’enflammer entièrement
avant que de pouvoir la faire fortir, la chaffe enfuite
avec bien plus de force que le fiifil ordinaire. Traité
(TArtillerie par M. le Blond. (Q)
CARABINER, v . aft. c’eft tracer en-dedans d’un
canon des traces longitudinales ou circulaires. Foy.
Fusil.
CARABINIERS, f. m. pl. (Art. milit.) efpece de
chevaux-legers qui portent des carabines plus longues
que les autres, ôc qui fervent quelquefois à
pié.L
es François ont formé des corps entiers de ces carabiniers
, qui ne peuvent être que très-utiles, parce
que ce font des troupes choifies dans toute la cavalerie
, & qui font mieux payées que les autres. On
dit qu’il n’y en a point du tout parmi les Anglois, excepté
dans lin feul.
Il y a en France le régiment royal des carabiniers.
Plufieurs années avant l’inftitution de ce régiment,
on avoit mis deux carabiniers dans chaque compagnie
de cavalerie, que l’on choififfoit parmi les plus
habiles tireurs ,& qu’on mettoit dans les combats à
la tête des efeadrons , pour faire une décharge de
loin fur ceux des ennemis.
Sur la fin de la campagne de 1690, le Roi ordon».
na que l’on formât par régiment de cavalerie une
compagnie de carabiniers, cette compagnie étoit de
trente maîtres ; elle avoit un capitaine, deux lieute«
nans, un cornette, ôc un maréchal des logis : chaque
meftre de camp dans fa compagnie choififfoit fes
officiers. Le capitaine pour faire fa compagnie, avoit
le choix de donner 260 liv. pour un cavalier tout
monté, ou 60 livres pour un homme tout feul. Il
choififfoit aufli par compagnie un nombre égal dans
chacune, ôc il n’y avoit d’exclus pour lui que les
deux brigadiers ÔC les deux carabiniers, pour laiffer
toûjours des têtes aux régimens de cavalerie.
Le Roi accorda à tousles officiers des penfions qu’il
attribua à leurs emplois. La compagnie devoit toujours
fuivre le régiment, & cependant être toujours
prête à camper féparément. Elle étoit aufli recrutée
à tour de rôle des compagnies, moyennant cinquante
francs par homme. Tous les meftres de camp fe
firent une idée différente de cette création , ôc ne
s’accordèrent que fur la valeur qu’ils cherchèrent
tous également dans les officiers qu’ils choifirent.
Quoiqu’une des conditions impofées par Sa Majefté
fïit qu’ils n’euffent pas plus de trente-cinq ans , on ne
s’y arrêta pas beaucoup , & les meftres de camp y
placèrent ou ceux qui s’accordoient le moins avec
eux, ou les plus anciens , ou leur parens, ou leur?
amis , ou au moins ceux qui témoignoient le plus
d’envie d’y aller; ce qui compofaun affemblage d#
très-braves gens, mais très-différens.
Toutesces compagnies étoient furnuméraires dans
leurs régimens, ôc furent en très - bon état pour la
campagne fui vante 1691. Le roi ordonna que toutes
les compagnies de carabiniers campaffent enfemble,
ôc compofaffent une brigade à laquelle on nommoit
un brigadier, ÔC deux meftresdècaçnp fous lui quand
la brigade étoit forte.La deftination de ce corps étoit
d’aller en parti.
L’année 1692 les carabiniers firent le même feryiee
que l’année précédente ; on étoit très-fatisfait d’eux:
mais on commença à trouver qu’étant la plupart habillés
dediverfes couleurs, cette bigarrure étoit choquante
, ôc que de plus les officiers ne fe connoif*
lôient point les uns les autres ; ce qui fit prendre à fa
majefté la réfolution de formerun leul régiment, fous
Je nom de Royal - Carabiniers, de toutes ces compagnies
, excepté celles des régimens allemands. Le
roi qui affe&ionnoit fort ce corps, dont il étoit très-
content, choifit pour le commander M. le duc du
Maine, qu’il jugea très-propre pour le mettre en bon
état, ôc lui donner l’efprit qu’il vouloit qu’il prît, le
deftinant à un genre de fervice tout particulier. Sa
jnajefté prit la peine elle-même de donner par écrit
des inftruftions lur ce fujet.
Les compagnies allemandes étoient retranchées ;
il en refta cent françoifes, qui furent divifées en cinq
brigades de quatre efeadrons chacune , ôc les efeadrons
de cinq compagnies.
Le roi affeéla à chaque compagnie un meftre de
camp, un lieutenant-colonel, un major, un aide-major
, avec des penfions attachées à leur emploi.
Les cinq meftres de camp eurent le titre de chefs
de brigade : le premier étoit le chevalier du Mefnil ;
le fécond étoit le chevalier du Profel ; le troifieme,
le fieur d’Achi ; le quatrième, le fieur de Signi ; ôc le
cinquième, le commandeur de Courcelles.
Tout le régiment fut habillé de bleu : au lieu de
deux lieutenans qu’il y avoit par compagnie, il n’y
en eut plus qu’un. Le roi donna deux étendarts par
efeadron, ÔC un timbalier par brigade.
Tout le. régiment ayant été mis en état dès le
commencement de l’année 1694, fa majefté voulut
le voir à Compiegne au mois de Mars de la même
année, ôcelle en fut très-contente. Le roi ayant def-
fein que ce régiment ne fît pas un corps à part dans
la cavalerie, M. le duc du Maine voulut bien prendre
l’attache de M. le comte d’Auvergne , colonel
général de la cavalerie legere, quoique l’intention
du roi fut de l’en exempter ; il fe contenta du titre
de meftre de camp lieutenant. Il prit pour fa compagnie
de meftre de camp celle qui avoit été tirée
de fon régiment du Maine, ôc elle fut attachée à la
première brigade ; de forte que toutes les fois que
les brigades changent de rang, ce qui arrive par l’ancienneté
ou la dignité de ceux qui les commandent,
elle change aufli de brigade, ôc eft toûjours à la première.
Le corps des carabiniers fut trouvé fi bon ôc fi nombreux
, que fa majefté le partagea dans différentes armées;
ce qui s’eft .prefque toûjours pratiqué depuis.
bïul corps ne l’a furpaflé pour la difeipline , pour la
fermeté , ôc pour la valeur, dans toutes les occasions
: Fontenoy les a immortalifés.
En 1698 la paix étant faite, ôc le roi ayant réformé
une grande partie de fes troupes, il réforma foi-
xante compagnies des carabiniers, fans pourtant diminuer
le nombre des brigades ni leur état major ; elles
furent feulement réduites chacune à huit compagnies,
qui formèrent deux efeadrons ; ôc à la fin de l’année
11698 les compagnies furent encore réduites à viqgt
carabiniers. Elles ne furent plus recrutées comme elles
i’avoient été par les régimens dont elles fortoient ;
mais tous les régimens qui reftoient fur pié y four-
niffoient à tour de rôle le remplacement néceffaire,
auquel les infpeâeurs tenoient la main. Tous les officiers
des foixante compagnies réformées demeurèrent
chacun à la fuite de leur brigade, féparés par
compagnies, excepté les cornettes qui ne fe trouvèrent
pas dix ans de fervice dans le tems de la réforme
, ôc qui furent congédiés abfolument. M. le duc du
Maine reçut ordre de remplacer tous les autres par
rang d’ancienneté , à mefure qu’il vaqueroient des
»emplois qui leur feroient propres. Tome ƒ/.
En 1094 le chevalier du Mefnil étant mort, le roi
donna la brigade au comte d’Aubeterre, ôc par - là
elle devint la derniere : ainfi la compagnie de M. le
duc du Maine paffa à celle de du Rolel, qui devint la
première ; ôc cela s’eft toûjours ainfi pratiqué à tous
les changemens des chefs de brigade. Sous quelque
prétexte que ce puiffe être, le roi ne veut jamais permettre
de vendre les compagnies de carabiniers.
Pour conferver toûjours les compagnies de cara->
biniers fur un pié de diftinfrion , le roi permettoit de
prendre quelquefois des capitaines dans la cavalerie ,
mais il ne confentoit pas qu’ils vendiffent leurs compagnies
: fa majefté trouvoit bon aufli qu’on y prit
des chefs de brigade ; ôc l’on obfervoit allez de les
prendre alternativement avec les lieutenans-colonels
du corps.
On accordoit affez aifément aux lieutenans-colonels
du corps,des commiflions de meftres de camp,
ôc on ne refufoit guere aux aides-majors ôc aux lieutenans
des compagnies meftres de camp, des commif-
fions de capitaines.
Les compagnies des carabiniers furent remifes à
trente maîtres dans l’hyver 1701 ôc 1702. Voici le
reglement qu’on leur donna pour lors.
Le régiment des carabiniers du roi fera compofé de
cent compagnies de carabiniers de 30 maîtres chacune
, faifant en tout 3000 carabiniers, ôc 411 officiers ,
y compris le meftre de camp en chef, les cinq meftres
de camp fous lu i, les cinq lieutenans-colonels ,
les cinq majors, ôc les cinq aides-majors. Ils feront
vingt efeadrons de cinq compagnies chacun, dont il
y en aura deux de vieux régimens, ôc trois de nouveaux.
Le meftre de camp en chef aura l’infpefrion
fur tous les régimens, ôc les autres l’auront feulement
fur vingt compagnies , faifant quatre efeadrons, ôc
cela par police, ôc pour la commodité du fervice ; car
ils auront aufli autorité fur tous également félon leur
emploi ôc leur grade, aufli-bien que les lieutenans-
colonels; les majors, les aides-majors.
Quand on féparera le régiment en différentes armées
, on mettra toûjours un meftre de camp commander
les différens corps, ôc les autres officiers de
l’état-major à proportion.
Le fervice fe fera comme les carabiniers l’ont fait
jufqu’à préfent, tant pour les gardes que pour les dé-
tachemens.
Les compagnies feront entretenues par tous les ré*
gimens de cavalerie françois, qui fourniront les recrues
néceffaires à tour de rôle, tant pour les officiers
que pour les cavaliers, à moins que le roi n’en
ordonnât autrement.
Le régiment fera habillé de bleu doublé de rouge;
les cavaliers d’un bon drap tout uni, ôc les officiers
de même ; à la réferve des boutons d’argent fur les
manches ôc aux colets des manteaux qui feront bleus
comme ceux des cavaliers ; le chapeau fera bordé
d’argent d’un galon plus large que celui des cavaliers
; les houffes des cavaliers feront bleues, tout
unies, bordées d’un.galon de foie blanche, les bour-
fes des piftolets de même ; leur ceipturon de bufle ,
avec un bord de cuir blanc ôc la bandoulière de même
, des gants ôc des cravates noirs ; les officiers en
auront aufli, excepté que ce qui eft blanc au cavar
lier j ils l’auront d’argent.
Les têtieres des chevaux feront propres ôc tout
unies, des boffettes dorées tout unies aufli, des épées
de même longueur ôc largeur, des.carabines rayées
pareilles, & tout ce qu’il faut pour les charger ; onfer-
vant d’avoir des balles de deux calibres, les unes
pour entrer à force avec le marteau Ôc la baguette de
fer, ôc les plus petites pour recharger plus prompte?
ment fi l’on en a befoim
Les piftolets feront les meilleurs que l’on pourra, ôc
de quinze pouces de longueur ; les chevaux tous de
M M m m i j