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publique ; elle confifte en une cavalcade de plufieurs
feigneurs fuperbement vêtus 6c équipes à la manière
des anciens chevaliers ; on fe divife en quadrilles ;
on fe rend à quelque place publique : là le font des
joûtes, des tournois, & d’autres exercices convenables
à la noblede. Voyt^loûte & T ournoi.
Ce mot vient de l’italien carofcllo, diminutif de
can'o , chariot.
Tertullien attribue à Circé l’invention des catrou-
fels; il prétend qu’elle les inftitua en l’honneur du Soleil
, dont les Poètes l’ont fait fille; de forte que quelques
uns croyent que ce mot vient de carriis fohs.
Les Maures y introduifirent les chiftres 6c les livrées
dont ils ornèrent leurs armes ô£ les houfies de
leurs chevaux , & c. Les Goths y ajoutèrent l’ufage
des aigrettes 6c des cimiers, &c.
On diftinguoit dans les carroufels plufieurs parties;
i°. la lice ou le lieu où devoit le donner le combat,
terminé par des barrières à fes deux bouts, 6c garni
dans toute fa longueur de chaque côté d’amphithea-
tres pour placer Tes dames & les principaux fpedta-
teurs ; 2°. le fujet qui eft une repréfentation allégorique
de quelqu’évenement fameux pris dans la fable
ou dans l’hiftoire, & relatif au prince en l’honneur
de qui fe fait le carroufcL; 30. les quadrilles ou
la divifion des combattans en plufieurs troupes qui
fe diftinguent par la forme des habits Sc par la diver-
fité des couleurs, & prennent quelquefois chacune le
nom d’un peuple fameux : ainfi dans un carroujel
donné fous Louis XIV. il y avoit les quadrilles des
Romains , des Perles, des Turcs , 6c des Mofcovi-
tes ; 40. l’harmonie foit militaire, foit douce , ufitée
dans ces fortes de fêtes ; 50. outre les chevaliers qui
compofent les quadrilles, tous les officiers qui ont
part au carroufcL, comme le meltre de camp 6c fes
aides, les hérauts, les pages, les étafiers, les parrains
6c les juges ; 6°. la comparfe ou l’entrée des
quadrilles dans la carrière, dont elles font le tour en
ordre pour fe faire voir aux fpedlateurs ; 70. enfin
les différentes efpeces de combats , qui font de rompre
des lances les unes contre les autres, de les rompre
contre la quintane ou figure de bois ; de courre
la bague, les têtes, de combattre à cheval l’épée à
la main, & de faire la foule, c’eftà-dire, de courir
les uns après les autres fans interruption. Ges combats
qui tenoient de l’ancienne chevalerie , furent
introduits en France à la place des joutes & tournois
fous le régné d’Henri IV : il y en a eu quelques-uns
fous Louis XIV : mais ces divertiffemens ont celle
d’être de mode. ( G )
* CARRUQUE, f. f. ( Antiq. ) char des Romains
à Pillage des gens de qualité & du peuple : ceux-là
l’ornoient d’argent ; il étoit à quatre roues, tiré ordinairement
par des mules ou des mulets. Le peuple
le faifoit garnir de cuivre ou d’ivoire ; l’empereur
Alexandre Severe ne permit les carruqucs argentées
qu’aux iénateurs ; l’empereur Aurelien rendit J a liberté
à chacun d’avoir des carruqucs telles qu’il les
defireroit ; & on en vit de très-hautes, dans lefquel-
les on fe faifoit promener en habits fomptueux.
CARS , ( Géog. ) ville forte d’Afie dans l’Arménie
fur la riviere de même nom. Long. Go. zjj.Lat.
CARSCHI, (Géog.) grande ville d’Afie dans la
Tartarie, dans la grande Boucharie.
CARSO , ( Gcog. ) partie du Frioul en Italie, qui
eft entre le comté de Gortz, le golfe de Venife, &
Triefte, à la maifon d’Autriche.
CARSWICK., ( Géog. ) petite ville 6c port d’E-
cofl'e, dans l’île de Mula.
CARTA , f. f. ( Commerce. ) nom ufité parmi quelques
marchands Provençaux & plufieurs négocians
étrangers, pour lignifier la page ou le folio d.’un re-
giftre. Dicîionn, de Commerce , tome II.page nâ. (G.)
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* CARTAGER, v. neut. (Agriculture & (Economie
ruflique. ) c’eft donner à la vigne un quatrième
labour ; il ne faut pas l’épargner à celle où l’on aura
mis du fumier depuis la derniere vendange, 6c quand
l’année aura été pluvieufe;. le fumier 6c les pluies
fréquentes produifant des herbes qui ufent la terre,
& empêchent le raifin de profiter & de mûrir. Les
Vignerons ne font point obligés à cette façon, à
moins que ce ne foit une condition du marché. Au
relie il vaut mieux la leur payer à part que de les y
obliger. Voye{ Vigne. Le mot cartager eft principalement
d’ufà^e dans l’Orléanois., .
CARTAHU, jim. (Marine.) c’eft une manoeuvre
qu’on palfe dans une poulie, au haut des mâts,
& qui fert à hilfer les autres manoeuvres, ou quel-
qu’autre chofe.
CARTAMA , (Géog.) petite villed’Efpagne au
royaume de Grenade. Long. 13. 32. lut. 36. 3 2. ....
CARTA-SOURA, ville d’Afie, capitale de l’île
de Java, 6c réfidence de l’empereur.
CARTAYER, y. neut. ( terme de Meffageric. ) c’eft
conduire une voiture de maniéré que les roues loient
entre les ornières & les ruifleaux, & non dedans, ce
qui facilite le roulement 6c foulage les chevaux.
CARTE , f. f. (Géog.) figure plane qui repréfente
la furface de la terre, ou une de fes parties,
fuivant les lois de la perfpeélive. Voye^ T erre , &
Perspective.
Une carte eft donc une projeélion de la furfacedu
globe ou d’une de fes parties , qui repréfente les figures
6c les dimenfions, ou au moins les fituations
des villes, des rivières, des montagnes, &c. Foye^
Projection.
Canes univerfelles y font celles qui repréfentent tou-
te la furface de la terre , ou les deux hémifpheres.
On les appelle ordinairement mappemondes. Foye^
Mappemonde.
Cartes particulières, font celles qui repréfentent
quelques pays particuliers, ou quelques portions de
pays.'; "1 - ,
Ces deux efpeces de cartes font nommées fouvent
cartes géographiques , ou cartes terreflres, pour les distinguer
des hydrographiques ou marines, qui ne repréfentent
que la mer, fes îles, & fes côtes.
Les conditions requifes pour une bonne carte, font
i°. que tous les lieux y loient marqués dans leur
jufte fituation, eu égard aux principaux cercles cle
la terre, comme l’équateur, les parallèles, les méridiens
, &c. z°. que les grandeurs de différons pays
ayent entr’elles les mêmes proportions fur la carte ,
qu’elles ont fur la furface de la terre : 30. que les dif-
ferens lieux foient refpeélivement fur la carte aux
mêmes diftances les uns des autres, & dans la même
fituation que fur la terre elle-même.
Pour les principes de la conftruélion des cartes, &
les lois de proje&ion, voyc{ Perspective & Projection
de lafphere. Voici l'application de ces principes
à la conflruclion des cartes.
Conflruction d'une carte , l'ail étant fuppofé placé
dans L'axe. Suppofons, par exemple, qu’il faille rc-
; préfenter l’hémifphere boréal tel qu’il doit paraître
! à un oeil fitué dans un des points de l’axe, comme
dans le pôle auftral, & en prenant le plan de l’équateur
pour celui oîi la repréfentation doit fe faire :
nous imaginerons pour cela des lignes tirées de chaque
point de l’hémifphere boréal à l’oeil, & qui coupent
le plan en autant de points. Tous ces derniers
points joints enfemble, formeront par leur affem-
blage la carte rèquife.
Ici l’équateur fera la limite de la projeélion ; le
pôle de la terre fe repréfentera ou fe projettera au
centre ; les méridiens de la terre feront reprélentés
par des lignes droites qui iront du centre de l ’équateur
ou du pôle de la carte, à tous les points de i’é-
C A R
qnateur; les parallèles de latitude formeront de^pe-
tits cercles dont les centres feront le centre même
de l’équateur ou de la proje&ion.
La meilleure maniéré de concevoir la projeâion
d’un cercle fur un plan, c’eft d’imaginer un cône dont
le fommet placé à l’endroit oh nous fuppofons l’oe il,
foit radieux, ou envoyé, des rayons dont la bafe foit
le cercle qu’il faut repréfenter, 6c dont les côtés
/oient autant de. rayons lanpés pqr le pointlumineux :
.la repréfentation du cercle ne fera alors autre chofe
que la fe&ion de ce cône par le plan fur lequel elle
doit fe faire ; 6c il eft clair.que félon les différentes
■ pofitrQns du cône , la’repréfe»tation.fera une figure
différente.
Voici maintenant l’application de cette'théorie à
la pratique. Prenez pour pôle le milieu P (PL. de Géog.
fig, 2..) de la feuille d;e laquelle vous voulez faire
votre cartei & dece point comme centre, décrivez
pour repréfenter. l’équateur, un cercle de.la grandeur
que vous voulez donner à votre carte. Ges deux choies
peuvent fe faire à la volonté .c’eft d’elles que
dépend la détermination de tous les autres points ou
cercles. Divifez votre équateur en 360 parties, 6c
tirez des droites du centre à chaque commencement
de degré :.ces droites-feront les méridiens de votre
carte, 6c vous prendrez pour premier méridien celle
qui paffera par le commencement du premier degré
ou par zéro. Foye{ Méridien.
Conflruclion des parallèles fur la carte. Marquez par
les lettres A B., B C , C D , D A , les quatre quarts
de l’équateur, compris le premier depuis zéro jufqu’à
ç)o;le fécond, depuis 90 jufqu’à 180; le troifieme,
depuis 180 jufqu’à 170 ; & le quatrième, depuis
270 jufqu’à zéro ; 6c de tous les degrés d’un de ces
quarts de cercle B C, comme auffi des points qui marquent
23d 30/ à 66d 30*, tirez des droites occultes
au point D , qui marquent celui où ces lignes coupent
le demi-diametre A P C: enfin du point P comme
centre, décrivez différens arcs qui paffent par les
différens points d e P C ; ces arcs feront les parallèles
de latitude; le parallèle de 23d 30' fera le tropique
du cancer ; & celui de 66d 30' fera le cercle polaire
arâique. Foyc{ Parallèle 6* T ropique.
Les méridiens & les parallèles ayant été ainfi décrits
on écrira les différens lieux au moyen d’une
table de longitude & de latitude, comptant la longitude
du lieu fur l’équateur, à commencer du premier
méridien, & continuant vers le méridien du lieu ; &c
pour la latitude du lieu, on la prendra fur le parallèle
de la même latitude. Il eft évident que le point
d’interfeélion de ce méridien & de ce parallèle , repréfentera
le lieu fur la carte ; & on s’y prendra de
même pour y repréfenter tous les autres lieux.
Quant à la moitié de l’écliptique qui paffe dans
cet hémifpherc, ce grand cercle doit fe repréfenter
par un arc de cercle ; de façon qu’il ne s’agit plus
que de trouver fur la carte trois points de cet arc. Le
premier point, c’eft-à-dire celui où l’écliptique coupe
l’équateur, eft le même que celui où le premier méridien
coupe l’équateur ; & il fe diftingue par cette
raifon par le figne d'aries. Le dernier point de cet
arc de cercle, ou l’autre interfe&ion de l’équateur &
d’écliptique, c’eft-à-dire la fin de virgo, fera dans
le point oppofé de l’équateur à 18od le milieu de
l’arc, c’eft le point où le méridien de 90d coupe le
tropique du cancer : ainfi nous avons trois points de
cet arc qui donneront l’arc entier. Voye£ Cercle &
Corde.
Les cartes de cette première projettion ont la première
des qualités requifes ci-deffus : mais elles manquent
de la fécondé 6c de la troifieme ; car lefc degrés
égaux des méridiens font reprélentés fur ces cartes par
des portions de ligne droite inégales.
On peut par cette méthode repréfenter dans une
Tome If.
C A R 7°7
carte prefque toute la terre, en plaçant l’oe il, par
exemple, dans le pôle autarcique, 6c prenant pour
plan deprojeélion celui de quelque cercle voifin, par
exemple celui du cercle antarCique. il ne faut ici de
plus qu’à la première projedlion, que continuer les
méridiens, tirer des parallèles du côté de l’équateur,
& achever l’écliptique :,mais ces cartes feroient trop
embrouillées ôc trop difformes pour qu’on pût en faire
ufage.
On le contente pour l’ordinaire de tracer les deux
hémifpheres féparément ; ce qui rend la carte beaucoup
plus nette & plus cornmode. Si on; ,ye,ut avoir
par le moyen de cette carte la diftance de deux lieux
A , B , (fig. 3. rP.z. Géog.) fitués fous le même méridien
P B , on décrira; les arcs de cercle A E ., B D ;
on verra combien la partie E Z?icontient dedivifions
où de degrés * 6c on aura le nombre de degrés depuis
E jufqu’en D ._Or comme un degré de la terre cont
ien t^ lieues, il faudra prendre 25 fo;$:ce pombro 4e degrés pouïiavoir la diftance de A en B.
M. de Maupertuis a démontré dans fon difeours
fur la farallapçj d$ la lune,s que les loxodromiqucs
dans cette jirojeftion devenoient dès fpirales loga-
rithrçiiques. Koÿeç LoxQDROiyiiQUE, & S p i r a l e
lo g ar ithm iqu e. Supppfons. donc que A Gt (fig-
3. n°. 4..'G4ftg^ ;fpit une. portion, de fpirale logarithmique,
ôti projeÇiou.dç lpjXôdfP.n^ique,, 6c qu’on:
veuille favoir la diftance. A G ■ des depx lieux placés
«fur le même jhuinb, il eft certain que A G fera k
A B en raifgn confiante, c’eftr.à-diredans le rapport
du fxnus total au cofinlis cle l’angle dp rhurnb , ou de
l’angle de la.loxodromique avec le méridien : donc
connoiffant A B pat. la • méthode précédente , 6c
fachant de plus, conçue;on le fuppofe,, [’angle di^
rhurnb, on connoîtra A (G ; e ’eft-à-dire , on connôfy
tra de combien de .lieriez/çnt élpignés, l’un de l’autre
les deux endroits dont des,points A , G , font Ia pro-
jeftion.
Cette projcêlion eft la plus aifée de toutes : mais on
préféré pour l’ufage celle où l ’oeil eft placé dans l ’équateur..
C ’eft en effet de, cette derniere forte qu’on
fait ordinairement \qs--cartes. Au refte, comme la fituation
de l’écliptique,,.par rapport à qhaque lieu d e
la terre, change continuellement, ce cerclq ne doiq
point avoir lieu , à proprement parler, fur la furfa-
cé de la terre : mais on s’çn fert pour repréfenter „
conformément,à fa fituation, quelques mqmens marqués
; par exemple, celui où le commencement, paries
6c de Ul>ra (croit dans l’interfeélion du .premier,
méridien & de l’équateur.
Conflruclion des carte,s, enfuppofant L'oeil placé danse
le plan de Véquateur. Cette méthode de projedlion ,
quoique plus difficile, eft cependant plus jufte, plus
naturelle, 6c plus commode que la première. Pour,
la concevoir, nous fuppofefons que la furface de la
terre foit coupée en deux hémifpheres par la circonférence
entière du premier méridien ; nous propofant
de repréfenter chacun de ces hémifpheres dans une
carte particulière, l’oeil, fera placé dans un point de
l’équateur,éloigné, de 90d du premier méridien, 6c
nous prendrons pour plan tranfparent où la repréfentation
doit fe faire, celui du premier méridien. Dans
cette projedlion l’équateur devient une droite, auffi
bien que le méridien éloigné de 90d du premier :
mais les autres méridiens, ou parallèles aux equa-*
teurs, deviennent des arcs de cercle , ainfi que l’é-
chptique. ^qyetP R0JECTION STÉRÉOGRAPHIQUE
DE LA SPHERE. » .
Voici la méthode pour les conftruire. Du point E
comme centre ( fig. 3. ) décrivez un cercle de la
grandeur que vous voulez donner à votre carte, il
repréfentera le premier méridien , qui eft auffi le
même que celui de 18od ; car tirant le diamètre B D „
il partagera le méridien en deu* demi-cercles, dont