Cio C A N
tance, leurs derniers difeours, le genre de leurs Supplices
, les circonftances de leurs accufations, & Surtout
la caufe 8c le motif de leur condamnation. Et
afin que ces notaires ne puffent pas falfifier ces aftes ,
l’Eglife nommoit encore des foûdiacres 8c d’autres
officiers, qui veilloient fur la conduite de ces hommes
publics, 8c qui vilitoient les procès-verbaux de
la mort de chaque martyr, auquel l’Eglife, quand
elle le jugeoit à propos, accordoit un culte public
& un rang dans lë catalogue des Saints. Chaque évêque
avoit le droit d’en ufer de même dans Ion dio-
cèfe, avec cette différence, que le culte qu’il ordon-
noit pour honorer le martyr qu’il permettoit d’invoquer
, ne s’étendoit que dans les lieux de fa jurifdic-
tion, quoiqu’il pût engager les autres évêques , par
lettres, à imiter fa conduite ; s’ils ne le faifoient pas,
le martyr n’étoit regardé comme bienheureux que
dans le premier diocefe : mais quand l’églife de Rome
approuvoit ce culte, il devenoit commun à toutes
les églifes particulières. Ce ne fut que long-tems
après qu’on canonifa les confeffeurs.
Il eu difficile de décider en quel tems cette difei-
pline commença à changer, en forte que le droit de
canonifation, que l’on convient avoir été commun
aux évêques, 8c fur-tout aux métropolitains, avec
le pape, a été réfervé au pape feul. Quelques - uns
prétendent qu’Alexandre III. élû pape en 1 150, eft
le premier auteur de cette réferve , qui ne lui fut
conteftée par aucun évêque. Les jéfuites d’Anvers
aflûrent qu’elle ne s ’eft établie que depuis deux ou
trois liecles par un confentement tacite 8c une coû-
tume qui a paffé en loi, mais qui n’étoit'pas généralement
reçue dans le x. & xj. fiecle : on a même
un exemple de canonifation particulière , faite en
1373 par "Witikind, évêque deMindon enWeftpha-
lie , qui fit honorer comme faint l’évêque Félicien ,
par une fête qu’il établit dans tout Son diocefe. Cependant
on a des monumens plus anciens, qui prouvent
que les évêques qui connoiffent le mieux leurs
droits 8c qui y font les plus attachés, les évêques de
France, reconnoiffoient ce droit dans le pape. C’eft
ce que firent authentiquement l’archevêque de Vienne
8c fes fuffragans,dans la lettre qu’ils écrivirent à
Grégoire IX. pour lui demander la canonifation d’E-
fienne, évêque de Die, mort en izo8. Quia nemo,
difoient-ils , quantâlibet meritorum preerogativâpolleat,
ab ecclefiâ Dei pro fanclo habendus aut venerandus ejl ,
‘nifipriiis per fedem apojlolicam ejus fanclitas fuerit ap-
probata.
Quoi qu’il en foit, le faint fiége apoflolique eft en
poffeffion de ce droit depuis plufieurs fiecles, 8c l’exerce
avec des précautions 8c des formalités qui doivent
écarter tout foupçOn de furprife 8c d’erreur.
Le cardinal Profper Lambertini, aujourd’hui pape
fous le nom de Benoît XIV. a publié fur cette matière
de favans ouvrages, qui prouvent qu’il ne peut rien
s’introduire de faux dans les procès-verbaux que l’on
dreffe au fujet de la canonifation des faints.
Le P. Mabillon diftingue aufli deux efpecés de canonifation;
l’une générale, qui fe fait par toute l’É-
glife affemblée en concile oecuménique , ou par le
pape ; & l’autre particulière, qui fe faifoit par un
évêque, par une églife particulière, ou par un concile
provincial. On prétend auffi qu’il y a eu des ca-
nonifations faites par de Simples abbés. Voy. Pompé
TyRRHENIQUE. (G)
CANONISTE, f. m. ('Jurifprud.) dofteiif, ou du
moins homme verfé dans le droit canonique. (H )
* CANOPE, f. m. (Myth.') dieu des Egyptiens ,
dont Suidas raconte ainfi l’origine : il s’éleva, dit-il,
un grand différend entre les Egyptiens,les Chàldéens,
8c les autres peuples voifins, fur la primauté de leurs
dieux : après bien des conteftations il fut arrêté qu’on
les oppoferoit les uns aux autres, 8c que celufqüi ref-
C A N
teroit vainqueur feroit reconnu pour Souverain. Or
lesChaldéens adoroient le feu,qui eut bientôt dévoré
les dieux d’or, d’argent, de pierre 8c de bois ^u’on
lui expofa; 8c il âlloit être déclaré le maître des dieux
quand un prêtre de Canope, ville d’Egypte, s’avifa de
prendre une cruche de terre, qui fervoit à la purification
des eaux du Nil, d’en boucher les trous avec de
la cire, de la remplir d’eau, 8c de la placer fur la tête
du dieu de Canope, qui devoit lutter contre le feu.
A peine le dieu de Canope fut-il fur le feu, que la cire
qui bouchoit les petits trous du vafe s’étant fondue,
l’eau s’écoula, éteignit le feu, 8c que la Souveraineté
fur les autres dieux fut acquife au dieu de Canope, grâce
à l’invention de fon miniftre. On raconte la chofe
d’une autre maniéré > qui eft un peu plus honorable
pour le dieu, 8c où la prééminence fut une fuite toute
fimple de fes qualités perfonnelles. On dit que le dieu
même étoit repréfenté fous fa forme d’un vafe percé
d’une infinité de petits trous imperceptibles, du milieu
duquel s’élevoit une tête d’homme ou de femme,
ou de chien, ou de boite , ou d’épervier, ce qui ne
Iaiffe au miniftre que le mérite d’avoir bouché avec
de la cire les petits trous de la divinité.
* CANOPIEN, adj. (Mytk.') Surnom donné à Hercule
, de la ville de Canope, dans la baffe Égypte ,
où il étoit particulièrement honoré.
CANOPINA, ( Géog. ) petite ville d’Italie, dans
l’état de l’Eglife.
CANOPUS, ( A(lron.) étoile de la première gram
deur, fituée dans l’hémifphere àuftral, à l’extrémité
la plus auftrale de la conftellation appellée argo ou le
navire argo. Voye{ Arg o . Voye^ l’afeenfion droite de
cette étoile pour 1750, à VarticleA s c e n s i o n , f O)
CANOSA, {Géog.) ville d’Italie , au royaume de
Naples, près de la mer, dans la province de Bazi.
CANOT, füb. m. (Marine.) c’eft une petite chaloupe
ou petit bateau deftiné au Service d’un grand
bâtiment.
Canot à bois ; on appelle ainfi un canot, qui eft
fait d’un feul tronc d’arbre creufé.
Canot de Sauvages & Canot d'écorces ; te font
de petits bateaux faits d’écorce d’arbre, dont fe fervent
les Sauvages de l’Amérique pour pêcher à là
mer, 8c pour voyager 8c aller en courfe 8c en traite
fur les rivières. Ils les nommentpiroques. Ceux du
Canada les font d’écorce de bouleau, 8c affez grands
quelquefois pour contenir quatre ou cinq perfonnes.
Les François du Canada,qu’on appelle coureurs de
bois 8c traiteurs, s’en fervent auffi-bien que les Sauvages
pour aller jufque dans, leurs habitations leur
porter des marchandifes 8c en rapporter des pelleteries.
Deux hommes conduifent ces canots; 8c quand
à caufe des fauts des rivières il faut faire portage, ils
chargent canots 8c marchandifes fur leurs épaules, 8c
les transportent aü-deffus 8c au-deffous des fautsj félon
qu’ils montent ou qu’ils defeendent les rivières.
Les canots des Indiens 8c des Caraïbes font faits dé
troncs d’arbres qu’on creufe ; 8c ces fortes de bateaux
font plus grands ou plus petits, félon la grandeur 8c
groffeur des arbres qu’on employé pour les faire. Oii
dreffe ces troncs d’arbres félon la forme qu’on veut
donner au canot, 8c l’on les creufe. On les conduit
avec des pagaies 8c des rames, 8c on y ajoûte quelquefois
une petite voile ; on met la charge ait fond :
mais comme ils ne font point leftés, ils tournent foii-
vent fens-deffus deffoiïs. Ils n’ont point de gouvernail
, 8c ce font les rames de l’arriére qui leur en fervent.
La plupart des canots ont à l’avant 8C à l’arriere
dès avances comme les navettes , 8c quelques-unes
de ces avances fe terminent auffi de même ën pointé.
D ’autres ont l’ayant 8c l’arriere tout plat ; il n’y en à
prefqüë point qui ayent un avant arrondi. Lorfqii’ôii
Veut y-ajoûter une voile , on élevé un petit niât
C A N vers l’a vaut. Les voiles font ou de qattes, ou de toile
, ou de joncs entrelacés.
On voit pourtant en Mofcovie, fur le lac de "Vol-
da des canots arrondis à l’àvant 8c à l’arriere , 8c
beaucoup plus larges au milieu que par les bouts : on
les fait avancer avec une feule rame ,• dont on fe fert
a l’arriere : mais tous les autres canots de ce pays-là
font aigus à Barrière 8c à l’avant, 8c ont du relèvement
par les bouts ; on les peint, on leur donne le
feu , 8c on les braye pour les conferver.
Les canots dont fe fervent les Negrès de la côte de
Guinée, ne font que desarbres creufés : ils font d’une
figure longue , 8c il ne leur refte guere de bois au-
deffus de l’eau, de forte que celui qui eft à l’arriere 8c qui gouverne le canot fe trouve fouvent dans l’eau.
Ils vont fort vîte , 8c he laiffentpas que d’aller affez
avant en mer ; ils font donc fort longs, bas, 8c étroits,
8c il n’y a d’efpace dans la largeur que pour tenir un
feul homme, 8c dans la longueur fept à huit : les hommes
y font affis fur de petits fiéges de bois ronds, 8c
la moitié de leur corps s’élève au-deffùs du bord. Ils
ont à la main une rame debois bien dur, 8c ils rament
tous à la fois , à la maniéré des galeres , 8c s’accordent:
ou fi quelqu’un tire trop fort 8c que le bâtiment
penche, il eft redreffépar celui qui gouverne, fi bien
qu’ils femblent voler fur la furface de l’eau, 8c il n’y
a pas de chaloupe qui puiffe les fuivre d’un beau
tems ; mais auffi quand la mer eft haute , ils ne peuvent
filler, l’élévation des flots empêchant leur aire*
Lorfque la hame les renverfe, ils ont l’adreffe de les
(retourner dans l’eau, de les vuider , 8c de s’y rembarquer
fans courir le moindre danger, nageant tous
comme des poiffons. Ces canots ont ordinairement 16
piés de long 8c un à deux piés de large. II y en a de
plus grands, qui ontjufqu’à 3 5 piés de long, 5 de larg
e , 8c 3 de profondeur : ils font plats par l’arriere ,
o ù ily aun gouvernail 8c un banc ; ils y ajoûtent des
voiles faites de jonc 8c de natte. Les Negres ne laif-
fent point \exvts canots à l’eau ; ils les tirent à terre 8c
les éle vent fur quatre fourches pour les faire féeher ; 8c quand ils font fecs , deux hommes peuvent les
charger fur leurs épaules 8c les porter.
Pour les conftruire 8c les creufer, les Negres fe
fervent à préferit de haches , que les Européens leur
portent. Ils leur donnent aux deux côtés un peu de
rétréciffement par le fond. Les bouts en font pointus
à l’avant 8c à l ’arriere ; à chaque bout il y à une ef-
pece de petit éperon ou gorgere d’un pié de long * 8c
largecomme la paume dé la main, qui fert à donner
prile pour enlever le canot*
Les canots des Sauvages de la terre de Feu 8c des
environs du détroit de Magellan, font d’une fabrique
particulière. Ils prennent des écorces des plus gros
arbres, qu’ils courbent pour leur donner des façons*
fi-bien qu’ils les rendent affez femblâbles aux gondoles
de Venife ; pour cet effet ils les pofent fur de
petites pièces de bois , comme on feroit un vaiffeau
fur le chantier ; 8c lorfque l’écorce a pris la forme de
gondole 8c le pli néceflàire , ils affermiflent le fond
(8c les côtés avec des bois affez minces , qu’ils mettent
en-travers depuis l’avant jufqu’à Barrière, de
même qu’on met les membres dans les vaiffeaux j 8c
au haut fur le bord ils pofent encore une autre écorce
qui régné tout-autout, prenant foin de bien lier
le tout enfemble. Ces cahots ont 10 ,1 i * 14 ,• 8c jüf-
ques à 16 piés de long, 8c i dé large : ils font à 7 Ou 8
places , c’eft-à-dire qu’il peut y tenir affez commodément
fept ou huit hommes qui rament debout 8c
extrêmement vite.
Les canots des fauvâges du détroit de Davis: font
encore plus finguliers ; ces bateaux font en formé
de navette ; longs de fept à huit piés ôc largès dé
deux piés , compofés de petites baguettes de bois
pliant en forme de claiç,couvertes de peaux de chiens
C A N du
marins ou loups marins. Chaque canot ne peut porter
qu’un homme , qui s’affied dans un trou pratiqué
au milieu. Ils s’en fervent pour aller à la pêche, 8c
d’une côte à l’autre.
Canot , jaloux ; c’eft un canot qui a le côté foi-
ble , 8c fe renverfeaifément. (Z )
CANOURGUE, (la) Géog. petite ville de France
dans le Gevàudan.
* CANSCHY, ( Hiß. nat. bot. ).c’eft le nom d’un
arbre fort gros qui le trouve au Japon , dont, les ha-
bitans du pays fe fervent pour faire une efpecè de papier.
Voici comment ils s’y prennent. Ort coupe l’arbre
à fleur de terre ; il continue à pouffer de petits
rejetions : quand ils font de la groffeur du doigt, on
les coupe, on les fait cuire dans un chauderon jufqu’à
ce que l’écôrce s’en fépare , On féehe cette écorce,
8r on la remet cuire encore deux fois , en remuant
continuellement, afin qu’il fe forme une efpece de
bouillie ; 011 la divifè 8c on l’écrafe encore plus dans
des mortiers de bois , avec des pilons de la même
matieré ;on met cette bouillie dans des boîtes quarre
es , ûir lefquelles on met de groffes. pierres pour
en exprimer l’eau : on porte la matière fur des formes
de cuivre, 8c on procédé de la même maniéré que
font les Papetiers. ;
CANSTADT, ( Géog. ) petite ville d’Allemagne
en Soiiabe fur le Neckér-, au duché de Wirtembérg.
CANTABRES, f. m. ph ( Géog. ) anciens peuples
de l’Efpagne Tarragonoife : ils babitoient le pays de
Guipufeoa ,1a Bifcaye, les Afturies, 8c la Navarre :
ils étoient très-belliqueux, 8c une liberté durable
fut la récompenfe de leur eouràge.
CANTALABRE, f. m. ( Architecl. ) ce mot n’eft
ufité que parmi les ouvriers , 8c fignifie lë bandeau
ou la bordûrè d’une porté' ou d’une croifée. II. peut
avoir été fait du gfec 'khc-tâ., autour, 8c du latin ld‘
brum , lèvre ou bord; (P)
CANTANETTES, f. f. ■ (, Marine, ) petitës ouvertures
rondes , entre léfquéllës eft le gouvernail, 8c
qui donnent la lumière au gavon. Voyc{ Gàvon ,
Gouvernail. (Z )
GANT ARA , ( Géog, ) riviere de Sicile dans la
vallée de Deroôna. Il y ert, a uné autre de même
nom en Sicile * dans la.vallée;de Noto.'
CANTARO, ( Comrhérce,') pöids dönt on fe fert
j en Italie 8c ailleurs, pôUr peler certaines efpeceà de
marchandifes.
Il y a plufieurs fortes de cantaros ; l’un pefe cènt
cinquante livres-; l’autre cent cinqUanté-uné livre,
8c le troifiemé cent foixante livres. La livre de Livourne
eft dé douze onces , poids de rnarc ; 8c celle
de Paris, d’Amfterdam , de Strasbourg , 5c de Be-
fancon, où lés poids font égaux, eft de feize onces,
auffi poids de marc ; ertforte que fur ce pié cestrois
fortes de cantaros doivent rendre à Paris , Ahifter-
dam , &c. celui de cérit cinquante livres , cent trois
livres huit-onces ; celui de cent cinquantëAine livres,
cent quatre livres trois onces j 8e celui de cent foi-
xante livres, cent dix livres fix oncés trois grosyun
peu plus. Voyt{ h dltüonn. de Commerce.
* Canïarô ; on nomme ainfi le quintal AzmVWe
de Chypre , il confient ioô rotolis ou livresdeChy-
pre j ën qui revient à près de 400 livres de notre
poids. A Cönftäntinöple, à Florence, & à LiVoüfne',
le cantàro xi’eft pas fi cortfidérable.
Cantaro , eft auffi une mefure de continence
dont on fe fert à Gochin. Il y en a jùfqu’a trois qui
différent de quelques livres. Gri s’en fert füivâfrt les
divéffes marchandifes qii*on veut mefurèr. Ordinairement
le cantaro eft dé quâtré riibis , 8c le rubis de
trente-deux rotolis. Voyc{ Rubis 6* RotoLis. (£ )
CANTATE, f. f. (Belles-Lettres. ) petit poème
fait pour être mis en miifiqùé » c-ontenâftt le récit
{